Que pensent les gens des stratégies d'identification des cas de tuberculose dans les pays à revenu faible et intermédiaire ?

Qu'est-ce que la recherche active de cas ?

La recherche active de cas implique que les agents de santé se rendent dans les communautés pour identifier les personnes atteintes de tuberculose qui, autrement, n'auraient peut-être pas cherché à obtenir de l'aide dans les cliniques (par exemple, parce qu'elles vivent trop loin des établissements de santé ou n'ont pas les moyens de s'y rendre). L'objectif de la recherche active de cas est de trouver les personnes atteintes de tuberculose et de leur fournir un traitement, afin de réduire la propagation de la maladie et d'améliorer la santé des personnes infectées.

Que voulions-nous savoir ?

Nous avons cherché à comprendre les expériences et les points de vue des personnes ayant participé à des recherches actives de cas, notamment des personnes atteintes de tuberculose, des membres de la communauté et des agents de santé.

Qu’avons-nous trouvé ?

Nous avons inclus 45 études et prélevé un échantillon de 20 études dans un large éventail de régions de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) (Afrique, Asie du Sud-Est, Méditerranée orientale et Amériques). Ces données nous ont permis de tirer les cinq principales conclusions suivantes.

- La recherche active de cas améliore l'accès au diagnostic pour de nombreuses personnes, mais ne fait pas grand-chose pour aider les plus pauvres
La recherche active de cas améliore l'accès aux services de santé pour les personnes dont l'état de santé est moins bon et qui disposent de moins de ressources. Cependant, les programmes ne sont pas toujours sensibles aux difficultés que rencontrent les personnes dans leur vie quotidienne. Les personnes qui migrent pour travailler ou qui vivent dans des zones reculées ont également peu accès à la recherche active de cas.

- Les gens ont peur du diagnostic et de son impact
Le fait d'être ciblé pour un dépistage est effrayant. Cela expose les personnes à la discrimination en raison de la stigmatisation, et les autres pourraient également supposer que ces personnes ont le VIH. Pour cette raison, certaines personnes pourraient refuser de participer au diagnostic et au traitement. En outre, les personnes interrogées se disent accablées et effrayées par le diagnostic, car elles anticipent les effets secondaires des médicaments et la perspective de vivre avec une maladie grave.

- Le dépistage est entravé par la faiblesse des infrastructures de santé
Dans de nombreux cas, le manque d'investissement s'est traduit par des services médiocres. En conséquence, les personnes sont confrontées à des tests et des visites médicales répétés, à une perte de temps et à des interactions difficiles avec les agents de santé. Les personnes atteintes de tuberculose ou d'autres affections qui se soumettent au dépistage s'attendent à recevoir des soins de suivi, qu'elles pourraient ou non recevoir. Enfin, les membres de la communauté, les parents et les agents de santé reçoivent souvent des informations inadéquates, ce qui peut entraîner des préjudices pour les enfants.

- Les agents de santé sont une partie sous-estimée mais importante de la recherche active de cas
La recherche active de cas peut s'avérer difficile pour les agents de santé en raison du manque de soutien. Ils sont également mal protégés contre la tuberculose et craignent qu'eux-mêmes ou leur famille ne soient infectés. Malgré ces obstacles, les soins et le soutien apportés par les professionnels de la santé aident les personnes à se sentir capables de gérer leur maladie.

- Le leadership local est nécessaire mais pas suffisant pour garantir des programmes appropriés
Lorsque des personnes de la communauté locale promeuvent ou mènent des activités de recherche active de cas, le soutien au service s'en trouve renforcé. Cependant, les agents de santé doivent trouver un équilibre entre l'autorité professionnelle, les connaissances locales et les relations.

Ces données probantes sont-elles à jour ?

Nous avons recherché les études publiées avant le 22 juin 2023.

Conclusions des auteurs: 

La recherche active de cas de tuberculose (recherche active de cas) et le traçage de personnes-contacts permettent d'offrir un service de diagnostic à des personnes qui, autrement, n'en bénéficieraient pas, comme celles qui sont en bonne santé ou ne présentent pas de symptômes et celles qui sont malades mais qui disposent de moins de ressources et vivent plus loin des établissements de santé. Toutefois, le recensement de ces « cas manquants » peut s'avérer insuffisant s'il n'est pas accompagné d'un renforcement approprié du système de santé afin de maintenir les personnes dans le système de soins. Les personnes qui reçoivent un diagnostic de tuberculose doivent faire face à une cascade de soins complexe et non viable, ce qui affecte leur perception de la recherche active de cas et leur décision de s'y engager.

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Contexte: 

La recherche active de cas désigne l'identification systématique des personnes atteintes de tuberculose au sein des communautés et des populations qui ne se présentent pas dans les établissements de santé, par le biais d'approches telles que le dépistage porte-à-porte ou le traçage des personnes-contacts. La recherche active de cas pourrait améliorer l'accès au diagnostic et au traitement de la tuberculose pour les pauvres et les personnes éloignées des centres de diagnostic et de traitement. Par conséquent, la recherche active de cas pourrait également réduire la transmission ultérieure. Toutefois, il est nécessaire de comprendre comment ces programmes sont vécus par les communautés afin de concevoir des services appropriés.

Objectifs: 

Synthétiser les points de vue des communautés sur les programmes de recherche active de cas de tuberculose dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans MEDLINE, Embase et huit autres bases de données jusqu'au 22 juin 2023, ainsi que des vérifications de références, des recherches de citations et des contacts avec les auteurs des études pour identifier des études supplémentaires. La littérature grise n'a pas été prise en compte.

Critères de sélection: 

Cette revue a fait la synthèse de recherches qualitatives et d'études à méthodes mixtes comportant des données qualitatives distinctes. Les études éligibles ont porté sur les expériences, les perceptions ou les attitudes des communautés à l'égard des programmes de lutte contre la tuberculose dans n’importe quel pays endémique à revenu faible ou intermédiaire, sans restriction temporelle.

Recueil et analyse des données: 

En raison du grand nombre d'études identifiées, nous avons choisi d'échantillonner les études qui présentaient une description « dense » et qui examinaient des sous-groupes clés d'enfants et de réfugiés. Nous avons suivi les méthodes Cochrane standards pour la description des études et l'évaluation des limites méthodologiques. Nous avons réalisé une synthèse thématique et élaboré des codes de manière inductive à l'aide du logiciel ATLAS.ti. Nous avons examiné les codes à la recherche des idées, connexions et interprétations sous-jacentes et, à partir de là, nous avons généré des thèmes analytiques. Nous avons évalué le niveau de confiance dans les résultats à l'aide de l'approche GRADE-CERQual et nous avons produit un modèle conceptuel pour montrer comment les différents résultats interagissent.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus 45 études dans cette synthèse et en avons échantillonné 20. Les études couvraient un large éventail de régions de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) (Afrique, Asie du Sud-Est, Méditerranée orientale et Amériques) et exploraient les points de vue et les expériences des membres des communautés, des agents de santé communautaires et du personnel clinique dans les pays à revenu faible et intermédiaire où la tuberculose est endémique. Les cinq thèmes suivants ont émergés.

- La recherche active de cas améliore l'accès au diagnostic pour de nombreuses personnes, mais ne fait pas grand-chose pour aider les communautés en difficulté
Concernant la tuberculose, la recherche active de cas et le traçage des personnes-contacts améliorent l'accès aux services de santé pour les personnes en plus mauvaise santé et disposant de moins de ressources (niveau de confiance élevé). La recherche active de cas contribue à trouver cette population, exposée à des conditions de vie défavorables, mais n'est pas sensible aux dimensions supplémentaires de leur détresse (niveau de confiance élevé) et aux frais remboursables nécessaires à la poursuite des soins (niveau de confiance élevé). Enfin, les migrations et les difficultés géographiques réduisent encore l'accès des communautés à la recherche active de cas (niveau de confiance élevé).

- Les gens ont peur du diagnostic et de son impact
Certains membres de la communauté trouvent le dépistage effrayant. Elle les expose à la discrimination selon des voies distinctes (isolement de leur famille et de la communauté au sens large, perte d'emploi et de logement). La stigmatisation liée au VIH aggrave la stigmatisation liée à la tuberculose et accroît la vulnérabilité à la discrimination le long de ces mêmes voies (niveau de confiance élevé). Par conséquent, les membres de la communauté pourraient refuser de participer au dépistage, au traçage des personnes-contacts et au traitement (niveau de confiance élevé). En outre, les personnes atteintes de tuberculose ont fait part de leur désarroi émotionnel au moment du diagnostic, car elles anticipaient des régimes de traitement intenses et la perspective de vivre avec une maladie grave (niveau de confiance élevé).

- Le dépistage est entravé par la faiblesse des infrastructures de santé
Dans de nombreux contextes, le manque de ressources se traduit par des services insuffisants, en concurrence avec d'autres programmes de lutte contre les maladies (niveau de confiance modéré). Dans ce contexte de faible investissement, les personnes sont confrontées à des tests et des visites médicales répétés, de la perte de temps et à des interactions sociales difficiles avec les prestataires de soins de santé (niveau de confiance modéré). La recherche active de cas peut créer des attentes en matière de suivi des soins de santé qu'elle ne peut pas satisfaire (niveau de confiance élevé). Enfin, l'éducation communautaire améliore la sensibilisation à la tuberculose dans certains contextes, mais le manque d'informations complètes a un impact sur les membres de la communauté, les parents et les agents de santé, et entraîne parfois des préjudices pour les enfants (niveau de confiance élevé).

- Les agents de santé sont une partie sous-estimée mais importante de la recherche active de cas
La recherche active de cas peut s'avérer difficile pour les agents de santé dans le contexte d'un système de santé disposant de peu de ressources et avec des personnes qui ne souhaiteraient pas être identifiées. En outre, les données probantes suggèrent que les agents de santé sont mal protégés contre la tuberculose et craignent qu'eux-mêmes ou leur famille ne soient infectés (niveau de confiance modéré). Cependant, ils semblent jouer un rôle central dans la réussite du programme, car l'humanité qu'ils offrent est souvent le moteur du maintien des personnes atteintes de tuberculose dans le système de soins (niveau de confiance modéré).

- Le leadership local est nécessaire mais pas suffisant pour garantir des programmes appropriés
Le leadership local crée une motivation intrinsèque pour que les communautés valorisent les services de santé (niveau de confiance élevé). Cependant, le leadership local ne peut pas garantir le succès des programmes de la recherche active de cas et de traçage de personnes-contacts. Il est important de trouver un équilibre entre l'autorité professionnelle, les connaissances locales et les relations (niveau de confiance élevé).

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Natalie Moyen et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.