Implants métalliques utilisés pour réparer les os cassés dans l'articulation de la hanche chez les personnes âgées

Cette revue a évalué les données probantes issues d'essais contrôlés randomisés (ECR) et de quasi-ECR, sur les bénéfices et les risques relatifs aux différents implants métalliques utilisés pour traiter un type de fracture de hanche chez les adultes âgés (60 ans ou plus).

Contexte

Une fracture de hanche est une rupture de la continuité osseuse au sommet de l'os de la jambe. Nous avons inclus les personnes ayant une fracture juste en dessous de l'articulation cotyloïdienne. Ces types de fracture de la hanche sont fréquents chez les personnes âgées dont les os sont fragiles en raison d'une maladie appelée ostéoporose. Elles surviennent souvent après une chute d'une position debout ou assise. Une façon courante de réparer cette fracture consiste à fixer les parties osseuses brisées à l'aide d'implants métalliques. Lors d'une opération, le chirurgien pourrait insérer une broche lisse ou une vis à travers les deux parties de l'os cassé. Une broche lisse n'est pas filetée comme une vis mais pourrait avoir des caractéristiques supplémentaires comme un crochet rabattable Le chirurgien pourrait également utiliser une « plaque à angle fixe » qui se place sur le bord extérieur de l'os cassé et est fixée à ce dernier par des vis ou des broches.

Date des recherches

Nous avons recherché les ECR (études cliniques dans lesquelles les personnes sont réparties de manière aléatoire dans l'un des deux groupes de traitement ou plus) et les quasi-ECR (dans lesquels les personnes sont réparties dans les groupes par une méthode qui n'est pas aléatoire, comme la date de naissance ou le numéro du dossier hospitalier), publiés jusqu'au 6 juillet 2020.

Caractéristiques des études

Nous avons inclus 38 études, dont 8585 adultes avec 8590 fractures de la hanche. L'âge moyen des participants variait de 60 à 84 ans ; 73 % étaient des femmes, ce qui est habituel pour les personnes souffrant de ce type de fracture de la hanche.

Principaux résultats

Broches lisses comparées à des plaques à angle fixe (quatre études, 1313 participants) : nous ne sommes pas certains s'il existe une différence entre ces implants en ce qui concerne : l'amélioration de la capacité à la marche de manière indépendante (avec une canne au maximum), le nombre de personnes qui décèdent précocement (dans les quatre mois suivant l'opération) ou jusqu'à 12 mois après l'opération, et le nombre de personnes qui doivent subir une opération supplémentaire (ex: infection profonde autour de l'implant).

Vis comparées à des plaques à angle fixe (11 études, 2471 participants) : nous n'avons pas trouvé de données probantes indiquant une différence entre ces implants en ce qui concerne la fonction de la hanche (capacité à utiliser la hanche), la qualité de vie liée à la santé (QVLS), le décès à 12 mois et la chirurgie supplémentaire. Nous ne sommes pas certains qu'il y ait une différence entre ces implants en ce qui concerne la marche indépendante et les décès précoces.

Vis comparées à des broches lisses (sept études, 1119 participants) : nous n'avons pas trouvé de données probantes indiquant une différence entre ces implants en termes de décès à 12 mois. Nous ne sommes pas certains qu'il y ait une différence entre ces implants en ce qui concerne les décès précoces et les interventions chirurgicales supplémentaires.

Vis ou broches comparées à des plaques à angle fixe (15 études, 3784 participants) : nous n'avons pas trouvé de données probantes indiquant une différence entre ces implants en ce qui concerne les décès à 12 mois, ou les interventions chirurgicales supplémentaires. Nous ne sommes pas certains qu'il y ait une différence entre les implants de marche indépendante et la mort précoce. Nous n'avons pas trouvé de données probantes supplémentaires concernant la fonction de la hanche ou la QVLS.

Les études incluses dans la revue n’ont pas rapporté sur les activités de la vie quotidienne ou le délire.

Niveau de confiance des données probantes

Bien qu'il y ait eu quelques études de grande envergure, la plupart des données probantes pour chaque critère de jugement provenaient de peu de participants seulement. De nombreuses études plus anciennes n'ont pas été bien rapportées. Il n'a pas été possible de cacher aux chirurgiens le type de fixation utilisé, ce qui pourrait influencer la décision d'un chirurgien quant à la nécessité d'une intervention supplémentaire. Nous avons constaté parfois des différences entre les résultats des études individuelles que nous ne pouvions pas expliquer.

Pour ces raisons, nous avons évalué les données probantes des critères de jugement comme étant d’un niveau de confiance faible ou très faible. Ce qui signifie que nous avions une confiance limitée ou très peu confiance dans les résultats.

Conclusions

Il se peut qu'il y ait peu ou pas de différence entre les vis et les plaques à angle fixe concernant la fonction de la hanche, la qualité de vie liée à la santé, les décès à 12 mois et les interventions chirurgicales supplémentaires, et entre les vis et les broches concernant les décès à 12 mois. Nous sommes cependant incertains des effets pour les autres critères de jugement, y compris ceux des broches lisses par rapport aux plaques à angle fixe car les données probantes sont d’un niveau de confiance très faible. Il serait utile de disposer d'un plus grand nombre d'ECR bien conçus sur les implants métalliques.

Conclusions des auteurs: 

Il existe des données probantes d’un niveau de confiance faible indiquant qu’il pourrait y avoir peu ou pas de différence entre les vis et les plaques à angle fixe en ce qui concerne l'état fonctionnel, la qualité de vie liée à la santé, la mortalité à 12 mois ou le retour non planifié au bloc opératoire, et entre les vis et les broches en ce qui concerne la mortalité à 12 mois. Les données probantes limitées et d’un niveau de confiance très faible concernant les critères de jugement avec données disponibles comparant les broches lisses et les plaques à angle fixe, ainsi que les critères de jugement avec données disponibles pour les comparaisons entre les vis et les plaques à angle fixe, et entre les vis et les broches, signifient que nous avons très peu confiance dans les estimations d’effet pour ces critères de jugement. Des ECR supplémentaires augmenteraient le niveau de confiance des données probantes. Nous encourageons ce type d’études à rapporter des critères de jugement conformes à l'ensemble des critères de jugement de base pour la fracture de la hanche, y compris les indicateurs de qualité de vie à long terme tels que les activités de la vie quotidienne et la mobilité.

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Contexte: 

Les fractures de la hanche constituent un problème de santé majeur représentant un défi et une charge considérables pour les patients, les systèmes de santé et la société. La proportion accrue de personnes âgées dans la population mondiale signifie que le nombre absolu de fractures de la hanche augmente également rapidement dans le monde entier. La majorité des fractures de la hanche sont traitées chirurgicalement. Cette revue évalue les données probantes pour des types d'implants de fixation interne utilisés dans la chirurgie de préservation de l'articulation pour les fractures intracapsulaires de la hanche.

Objectifs: 

Déterminer les effets relatifs (bénéfices et risques) de différents implants pour la fixation interne de fractures intracapsulaires de la hanche chez les personnes âgées.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL, MEDLINE, Embase, Web of Science, base des revues systématiques Cochrane, Epistemonikos, Proquest Dissertations and Theses, et National Technical Information Service en juillet 2020. Nous avons également effectué des recherches dans les bases de données d'essais cliniques, dans les comptes rendus de conférences, dans les références bibliographiques des articles récupérés et nous avons effectué des recherches par rétro-citation.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) et des quasi-ECR comparant les implants utilisés pour la fixation interne des fractures intracapsulaires fragiles du fémur proximal chez les personnes âgées. Les types d'implants étaient des broches lisses (y compris les broches avec crochets rabattables), des vis ou des plaques à angle fixe. Nous avons exclu les études dans lesquelles toutes ou la plupart des fractures étaient causées par des pathologies spécifiques autres que l'ostéoporose ou étaient le résultat d'un traumatisme à haute énergie.

Recueil et analyse des données: 

Deux des auteurs de la revue ont indépendamment évalué les études en vue de leur inclusion. Un des auteur de la revue a extrait les données et évalué le risque de biais, ce qui a été vérifié par un deuxième auteur de la revue. Nous avons recueilli des données sur sept critères de jugement : les activités de la vie quotidienne, le délire, l'état fonctionnel, la qualité de vie liée à la santé (QVLS), la mobilité, la mortalité (déclarée dans les quatre mois suivant l'opération comme mortalité précoce, et à 12 mois après l'opération), et le retour non planifié au bloc opératoire pour traiter une complication résultant directement ou indirectement de l'intervention primaire (telle qu'une infection profonde ou une absence de consolidation). Nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes pour ces critères de jugement en utilisant GRADE.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus 38 études (32 RCTs, six quasi-RCTs) avec 8585 participants et 8590 fractures intracapsulaires. L'âge moyen des participants variait de 60 à 84 ans ; 73 % étaient des femmes et 38 % des fractures étaient non déplacées.

Nous rapportons ici les résultats des quatre principales comparaisons, qui concernaient différentes catégories d'implants.

Nous avons abaissé le niveau de confiance des données probantes sur les critères de jugement en raison de l'imprécision (lorsque les données étaient disponibles pour un nombre insuffisant de participants ou que l'intervalle de confiance (IC) était large), des limites de l'étude (par exemple, des risques de biais élevés ou pas clairs) et de l'incohérence (lorsque nous avons noté des niveaux substantiels d'hétérogénéité statistique).

Les broches lisses par rapport à la plaque à angle fixe (quatre études, 1313 participants)

Nous avons trouvé des données probantes d’un niveau de confiance très faible indiquant peu ou pas de différence entre les deux types d'implants en ce qui concerne la mobilité indépendante avec une seule canne (1 étude, 112 participants), la mortalité précoce (1 étude, 383 participants), la mortalité à 12 mois (2 études, 661 participants) et le retour non planifié au bloc opératoire (3 études, 736 participants). Les études n’ont pas rapporté sur les activités de la vie quotidienne, le délire, l'état fonctionnel ou la QVLS.

Les vis par rapport aux plaques à angle fixe (11 études, 2471 participants)

Nous avons trouvé des données probantes d’un niveau de confiance faible indiquant l'absence de différences cliniquement importantes entre les deux types d'implants en ce qui concerne l'état fonctionnel selon l’indice WOMAC (DM = -3,18, IC à 95 % : -6,35 à -0,01 ; 2 études, 498 participants ; scores variant de 0 à 96, les valeurs les plus basses indiquant une meilleure fonction), et la QVLS selon EQ-5D (DM = 0,03, IC à 95 % : 0,00 à 0,06 ; 2 études, 521 participants ; étendue: -0,654 (pire), 0 (mort), 1 (meilleur)). Nous avons également trouvé des données probantes d’un niveau de confiance faible montrant peu ou pas de différence entre les deux types d'implants en ce qui concerne la mortalité à 12 mois (RR = 1,04, IC à 95 % : 0,83 à 1,31 ; 7 études, 1690 participants) et le retour non planifié au bloc opératoire (RR = 1,10, IC à 95 % : 0,95 à 1,26 ; 11 études, 2321 participants). Nous avons trouvé des données probantes d’un niveau de confiance très faible montrant peu ou pas de différence entre les deux types d'implants en ce qui concerne la mobilité indépendante (1 étude, 70 participants) et la mortalité précoce (3 études, 467 participants). Les études n’ont pas rapporté sur les activités de la vie quotidienne ou le délire.

Le vis par rapport aux broches lisses (sept études, 1119 participants)

Nous avons trouvé des données probantes d’un niveau de confiance faible montrant peu ou pas de différence entre les deux types d'implants en ce qui concerne la mortalité à 12 mois (RR = 1,07, IC à 95 % : 0,85 à 1,35 ; 6 études, 1005 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Nous avons trouvé des données probantes d’un niveau de confiance très faible montrant peu ou pas de différence entre les deux types d'implants concernant la mortalité précoce (3 études, 584 participants) et le retour non planifié au bloc opératoire (5 études, 862 participants). Les études n’ont pas rapporté sur les activités de la vie quotidienne, le délire, l'état fonctionnel, la QVLS ou la mobilité.

Les vis ou broches lisses par rapport aux plaques à angle fixe (15 études, 3784 participants)

Dans cette comparaison, nous avons combiné les données issues des deux premiers groupes de comparaison. Nous avons trouvé des données probantes d’un niveau de confiance faible montrant peu ou pas de différence entre les deux groupes d'implants en ce qui concerne la mortalité à 12 mois (RR = 1,04, IC à 95 % : 0,83 à 1,31 ; 7 études, 1690 participants) et le retour non planifié au bloc opératoire (RR = 1,02, IC à 95 % : 0,88 à 1,18 ; 14 études, 3057 participants). Nous avons trouvé des données probantes d’un niveau de confiance très faible montrant peu ou pas de différence entre les deux groupes d'implants en matière de mobilité indépendante (2 études, 182 participants) et de mortalité précoce (4 études, 850 participants). Nous n'avons pas trouvé de données probantes supplémentaires pour appuyer les résultats relatifs à l'état fonctionnel ou à la QVLS tels qu'ils sont rapportés dans la section « Les vis par rapport aux plaques à angle fixe ». Les études n’ont pas rapporté sur les activités de la vie quotidienne ou le délire.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Antoine Rohel et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.