L’ivermectine et la perméthrine pour le traitement de la gale

Quel est l’objectif de cette revue ?

L’objectif de cette revue Cochrane était d’évaluer l’efficacité et la sécurité de la perméthrine topique et de l’ivermectine topique ou systémique contre la gale chez les personnes de tous âges. Nous avons recherché toutes les études pertinentes afin de répondre à cette question et nous avons trouvé 15 études que nous avons rassemblées et analysées.

Messages clés

Nous avons constaté que pour l’essentiel, il n’y avait aucune différence détectée entre l’efficacité de la perméthrine et celle de l’ivermectine topique ou systémique. Dans l’ensemble, quelques effets indésirables légers ont été signalés. Notre confiance en l’estimation de l’effet était essentiellement faible à modérée. De mauvais comptes-rendus d’études représentaient une limitation majeure.

Des études supplémentaires d’un niveau élevé de certitude sont nécessaires pour renforcer la confiance que nous avons dans les résultats et améliorer les preuves.

Quel est le sujet de la revue ?

La gale est une infection parasitaire de la peau provoquant des démangeaisons intenses. Elle existe partout dans le monde, mais elle est particulièrement problématique dans les régions présentant des installations sanitaires insuffisantes, une surpopulation et des perturbations sociales. Ces dernières années, la perméthrine et l’ivermectine sont devenues les options de traitement de la gale les plus pertinentes.

Nous avons examiné la perméthrine topique, l’ivermectine topique et l’ivermectine systémique comme traitement de la gale chez les femmes et les hommes de tous âges. Nous avons évalué l’efficacité comme une disparition complète des lésions cutanées à différents moments après le début du traitement. D’autres critères d’évaluation étaient le nombre de participants traités de nouveau, le nombre de participants présentant au moins un événement indésirable et le nombre de participants ayant cessé de participer à l’étude en raison d’un événement indésirable.

Quels sont les principaux résultats de la revue ?

Nous avons trouvé 15 études pertinentes. Presque toutes les études étaient réalisées en Asie du Sud ou en Afrique du Nord. Ces études comparaient l’ivermectine systémique à la perméthrine topique, l’ivermectine topique à la perméthrine topique ou l’ivermectine systémique à l’ivermectine topique pour traiter les personnes atteintes de la gale. Toutes les études étaient effectuées dans un centre unique avec pour la plupart de petits nombres de participants par groupe d’étude.

L’ivermectine par voie orale pourrait entraîner des taux de disparition complète après une semaine légèrement plus bas qu’une crème de perméthrine (preuves d’un faible niveau de certitude), mais les taux de disparition complète à la deuxième semaine diffèreraient peu ou ne diffèreraient pas (preuves d’un faible niveau de certitude). Les traitements avec une à trois doses d’ivermectine ou une à trois applications de perméthrine entraîneraient des taux de disparition complète différant peu ou ne différant pas après quatre semaines (preuves d’un faible niveau de certitude).

Après une semaine de traitement avec de l’ivermectine par voie orale ou une application de perméthrine en lotion, les taux de disparition complète diffèreraient peu ou ne diffèreraient pas (preuves d’un niveau modéré de certitude).

Les taux de disparition complète entre l’ivermectine systémique à la dose standard et l’ivermectine topique en lotion diffèreraient peu ou ne diffèreraient pas quatre semaines après le début du traitement (preuves d’un niveau modéré de certitude). De même, après quatre semaines, les taux de disparition complète observés avec l’ivermectine en lotion diffèreraient peu ou ne diffèreraient pas de ceux observés avec la perméthrine en crème (preuves d’un niveau modéré de certitude), et ces taux diffèreraient peu ou ne diffèreraient pas entre les traitements avec l’ivermectine systémique à différentes doses (preuves d’un niveau élevé de certitude).

Aucun participant des groupes ivermectine systémique ou perméthrine n’a cessé de participer à l’étude en raison d’un événement indésirable (preuves d’un niveau modéré de certitude). Deux semaines après le début du traitement, la proportion de participants traités avec l’ivermectine systémique ou la perméthrine en crème ayant subi au moins un événement indésirable diffèrerait peu ou ne diffèrerait pas (preuves d’un niveau modéré de certitude ). Après quatre semaines, l’ivermectine pourrait entraîner une proportion légèrement plus élevée de participants ayant au moins un événement indésirable (preuves d’un faible niveau de certitude).

Les événements indésirables chez les participants traités avec l’ivermectine topique étaient rares et d’intensité légère, et étaient comparables à ceux observés avec l’ivermectine systémique. Pour cette comparaison, on ignore si le nombre de participants présentant au moins un événement indésirable diffère entre les deux traitements (preuves d’un très faible niveau de certitude). Aucun participant des groupes traités par ivermectine topique ou systémique n’a cessé de participer à l’étude en raison d’un événement indésirable (preuves d’un niveau modéré de certitude).

On ignore si le nombre de participants ayant au moins un événement indésirable diffère entre l’ivermectine topique et la perméthrine (preuves d’un très faible niveau de certitude). Nous n’avons trouvé aucune étude comparant une dose par rapport à deux doses d’ivermectine systémique et ayant évalué des critères de sécurité.

À quel point cette revue est-elle à jour ?

Nous avons recherché des études publiées jusqu’au 25 avril 2017.

Conclusions des auteurs: 

Nous avons constaté que pour l’essentiel, il n’y avait aucune différence détectée entre l’efficacité de la perméthrine et celle de l’ivermectine topique ou systémique. Dans l’ensemble, quelques effets indésirables légers ont été signalés. Notre confiance en l’estimation de l’effet était essentiellement faible à modérée. Un mauvais compte-rendu des résultats est une limitation majeure.

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Contexte: 

La gale est une infection parasitaire de la peau provoquant des démangeaisons intenses. Elle existe partout dans le monde, mais elle est particulièrement problématique dans les régions présentant des installations sanitaires insuffisantes, une surpopulation et des perturbations sociales. Ces dernières années, la perméthrine et l’ivermectine sont devenues les options de traitement de la gale les plus pertinentes.

Objectifs: 

Évaluer l’efficacité et la sécurité de la perméthrine topique et de l’ivermectine topique ou systémique contre la gale chez les personnes de tous âges.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches sur les bases de données suivantes jusqu’au 25 avril 2017 : le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les maladies infectieuses, CENTRAL, MEDLINE, Embase, LILACS et IndMED. Nous avons recherché des essais en cours sur le système d’enregistrement international des essais cliniques de l’Organisation mondiale de la Santé, le registre ISRCTN, la liste d’essais cliniques CenterWatch, ClinicalTrials.gov, TrialsCentral et le registre de la recherche nationale du ministère de la santé britannique. Nous avons aussi effectué des recherches dans la littérature grise et vérifié les listes bibliographiques des études incluses pour trouver des essais supplémentaires.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais randomisés contrôlés comparant la perméthrine ou l’ivermectine l’une contre l’autre pour les personnes atteintes de gale, de tous âges et des deux sexes.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont indépendamment passé au crible les archives identifiées, extrait les données et évalué le risque de biais des études incluses.

Le critère d’évaluation principal était la disparition complète de la gale. Les critères d’évaluation secondaires étaient le nombre de participants traités de nouveau, le nombre de participants ayant au moins un événement indésirable et le nombre de participants s’étant retirés de l’étude en raison d’un événement indésirable.

Nous avons synthétisé les résultats dichotomiques sous la forme de risques relatifs (RR) avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %. S’il n’était pas possible de calculer l’estimation ponctuelle, nous avons décrit les données qualitativement. Lorsque cela était adapté, nous avons calculé l’estimation de l’effet combiné en utilisant un modèle à effets aléatoires et évalué l’hétérogénéité. Nous avons calculé le nombre de sujets à traiter pour un résultat bénéfique supplémentaire lorsque nous avons constaté une différence.

Nous avons évalué le niveau de certitude des preuves en utilisant l’approche GRADE. Nous avons utilisé le taux de contrôle moyen pour fournir un taux de disparition illustratif dans les groupes de comparaison.

Résultats principaux: 

Quinze études (1896 participants) comparant la perméthrine topique, l’ivermectine systémique ou l’ivermectine topique remplissaient les critères d’inclusion. Dans l’ensemble, le risque de biais dans les essais inclus était modéré : le compte-rendu était mauvais pour de nombreuses études . Presque toutes les études ont été menées en Asie du Sud ou en Afrique du Nord, où la maladie est plus fréquente et est associée à la pauvreté.

Efficacité

L’ivermectine par voie orale (à une dose standard de 200 μg/kg) entraînerait une légère baisse des taux de disparition complète après une semaine par rapport à la perméthrine en crème à 5 %. En utilisant le taux de disparition moyen de 65 % dans les essais avec la perméthrine, la disparition illustrative observée avec l’ivermectine est de 43 % (RR 0,65 ; IC à 95 % 0,54 à 0,78 ; 613 participants ; 6 études ; preuves d’un faible niveau de certitude). Cependant, à partir de la deuxième semaine il y aurait une différence faible ou nulle (disparition illustrative de la perméthrine 74 % par rapport à 68 % avec de l’ivermectine ; RR 0,91 ; IC à 95 % 0,76 à 1,08 ; 459 participants, 5 études ; preuves d’un faible niveau de certitude). Les traitements avec une à trois doses d’ivermectine ou une à trois applications de perméthrine entraîneraient des taux de disparition complète différant peu ou ne différant pas après quatre semaines de suivi (guérison illustrative : 93 % avec 1 à 3 applications de perméthrine et 86 % avec 1 à 3 doses d’ivermectine ; RR 0,92 ; IC à 95 % 0,82 à 1,03 ; 581 participants ; 5 études ; preuves d’un faible niveau de certitude).

Après une semaine de traitement à l’ivermectine par voie orale à une dose standard de 200 μg/kg ou une seule application de perméthrine à 5 % en lotion, les taux de disparition complète diffèreraient peu ou ne diffèreraient pas (taux de guérison illustratifs : perméthrine 73 %, l’ivermectine 68 % ; RR 0,93, IC à 95 % 0,74 à 1,17 ; 120 participants, 1 étude ; preuves d’un niveau modéré de certitude). Après deux semaines de traitement, une dose d’ivermectine systémique par rapport à une application de perméthrine en lotion conduirait à des taux similaires de disparition complète (taux de guérison extrapolés : 67 % dans les deux groupes ; RR 1,00 ; IC à 95 % 0,78 à 1,29 ; 120 participants ; 1 étude ; preuves d’un faible niveau de certitude).

Les taux de disparition complète entre l’ivermectine systémique à la dose standard et l’ivermectine topique en lotion à 1 % diffèreraient peu ou ne diffèreraient pas quatre semaines après le début du traitement (taux de guérison illustratifs : 97 % avec l’ivermectine par voie orale et 96 % avec l’ivermectine en lotion ; RR 0,99 ; IC à 95 % 0,95 à 1,03 ; 272 participants ; 2 études ; preuves d’un niveau modéré de certitude). De même, après quatre semaines, les taux de disparition complète observés avec l’ivermectine en lotion diffèreraient peu ou ne diffèreraient pas de ceux observés avec la perméthrine en crème (taux de guérison extrapolés : 94 % avec la perméthrine en crème, 96 % avec l’ivermectine en lotion ; RR 1,02 ; IC à 95 % 0,96 à 1,08 ; 210 participants ; 1 étude ; preuves d’un niveau modéré de certitude), et ces taux diffèreraient peu ou ne diffèreraient pas entre les différentes doses d’ivermectine systémique (taux de guérison extrapolés : 90 % avec 2 doses et 87 % avec 1 dose ; RR = 0,97 ; IC à 95 % 0,83 à 1,14 ; 80 participants ; 1 étude ; preuves d’un niveau élevé de certitude).

Sécurité

La déclaration des événements indésirables était sous-optimale dans les études incluses. Aucun retrait en raison d’événements indésirables ne s’est produit dans les groupes ivermectine systémique ou perméthrine (preuves d’un niveau de certitude modéré). Deux semaines après le début du traitement, la proportion de participants traités avec de l’ivermectine en crème ou de la perméthrine systémique ayant subi au moins un événement indésirable diffèrerait peu ou ne diffèrerait pas (55 participants ; 1 étude ; preuves d’un niveau modéré de certitude). Après quatre semaines, l’ivermectine entraînerait une proportion légèrement plus importante de participants présentant au moins un événement indésirable (taux extrapolés : 4 % avec la perméthrine et 5 % avec l’ivermectine ; RR 1,30 ; IC à 95 % 0,35 à 4,83 ; 502 participants ; 4 études ; preuves d’un faible niveau de certitude).

Les événements indésirables chez les participants traités avec l’ivermectine topique étaient rares et d’intensité légère, et étaient comparables à ceux observés avec l’ivermectine systémique. Pour cette comparaison, on ignore si le nombre de participants présentant au moins un événement indésirable diffère entre les deux traitements (preuves d’un très faible niveau de certitude). Aucun retrait en raison d’événements indésirables ne s’est produit (62 participants ; 1 étude ; preuves d’un niveau modéré de certitude).

On ignore si le nombre de participants présentant au moins un événement indésirable diffère entre l’ivermectine topique et la perméthrine (preuves d’un très faible niveau de certitude). Nous n’avons trouvé aucune étude comparant différentes doses d’ivermectine systémique et ayant évalué des critères de sécurité.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Sophie Fleurdépine et révisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.