La technique du «prostatic urethral lift» pour le traitement des signes fonctionnels du bas appareil urinaire chez les hommes atteints d’hypertrophie bénigne de la prostate

Problématique de la revue

La technique du prostatic urethral lift (PUL) améliore-t-elle les troubles de la miction gênants pour le patient, et sans effets secondaires indésirables, chez les hommes ayant une prostate augmentée de volume ?

Contexte

L'hypertrophie de la prostate est fréquente chez les hommes qui vieillissent et peut causer des difficultés à uriner. Le PUL est une nouvelle technique pour soulager les troubles de la miction tels que le besoin fréquent d'uriner, l'effort de poussée ou l'incapacité à vider complètement la vessie. Les effets secondaires indésirables du traitement peuvent être des problèmes d'érection, d'éjaculation ou la nécessité d'un nouveau traitement. Le PUL est une procédure mini-invasive consistant à comprimer mécaniquement les lobes prostatiques par des implants, avec pour conséquence immédiate une expansion de la lumière urétrale. Pour cela, on place un crochet sur la face externe de la glande et un autre sur sa face urétrale, tous deux reliés par un fil en tension afin de rétracter le tissu glandulaire. Ainsi, il n’est pas nécessaire de réséquer le tissu. Nous avons fait cette revue pour comparer le PUL à d'autres traitements chirurgicaux chez les hommes ayant une prostate augmentée de volume et des troubles de la miction handicapants.

Caractéristiques des études

Nous avons inclus deux études contrôlées randomisées (essais cliniques où des personnes sont réparties au hasard dans l'un des groupes de traitement testés) avec 297 hommes comparant le PUL à une fausse chirurgie (on fait croire aux participants qu'ils ont reçu un traitement, alors qu'en réalité ils ne l'ont pas reçu) ou à une résection transurétrale de la prostate (Autrement appelée RTUP: retirer le tissu excessif de prostate à l’aide d’une boucle métallique de résection électrique insérée par le méat urétéral du pénis, et repéré par une caméra). L'âge moyen des participants était de 65,6 ans.

Résultats principaux

Comparé à une fausse chirurgie jusqu'à trois mois de suivi, le PUL peut améliorer les troubles de la miction et probablement améliorer la qualité de vie sans effets secondaires indésirables supplémentaires après la chirurgie. À court terme, il n'y a pas eu d'interventions chirurgicales supplémentaires pour cause d’échec du traitement par PUL. Le PUL n'aggrave probablement pas les troubles de l’érection ou de l'éjaculation.

Comparé au RTUP jusqu'à 24 mois de suivi, le PUL pourrait être moins efficace pour soulager les troubles de la miction, et pourrait apporter une qualité de vie similaire. Le PUL pourrait préserver l'éjaculation, et pourrait avoir moins d'effets indésirables sur les érections que le RTUP. Cependant, nous sommes soit très incertains, soit sans preuve concernant les effets secondaires indésirables graves ou la nécessité d'un traitement supplémentaire après la chirurgie.

Les conclusions de cette revue sont à jour jusqu'au 31 janvier 2019.

Valeur probante des données

Le degré de certitude des données probantes pour la plupart des critères de jugement était faible. Cela signifie que l'effet réel peut être substantiellement différent de ce que montre cette revue.

Conclusions des auteurs: 

Le PUL semble moins efficace que le RTUP pour améliorer les symptômes urologiques à court et à long terme, tandis que la qualité de vie à l’issue des deux interventions pourrait être similaire. L'effet sur la fonction érectile semble similaire mais la fonction éjaculatoire pourrait être meilleure. Nous ne sommes pas certains des événements indésirables majeurs à court terme et n'avons trouvé aucune information sur le long terme. Nous sommes très incertains concernant les taux de traitement additionnels à court et à long terme. Nous n'avons pas été en mesure d'évaluer les effets du PUL dans des sous-groupes en fonction de l'âge, de la taille de la prostate ou de la gravité des symptômes, ni de comparer le PUL à d'autres approches chirurgicales. Étant donné le grand nombre de traitement alternatifs pour traiter les hommes atteints de troubles de la miction secondaires à l'HBP, il s'agit là d'une information importante qui devrait être partagée avec les hommes qui envisagent un traitement chirurgical.

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Contexte: 

Une variété d'approches chirurgicales mini-invasives sont disponibles comme alternative à la résection transurétrale de prostate (RTUP) pour la prise en charge des troubles de la miction chez les hommes présentant une hypertrophie bénigne de la prostate (HBP). Un ajout récent à ces traitement est le prostatic urethral lift (PUL).

Objectifs: 

Évaluer les effets du PUL pour le traitement des troubles de la miction chez les hommes atteints d'HBP.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué une recherche exhaustive dans de multiples bases de données (Cochrane Library, MEDLINE, Embase, LILACS, Scopus, Web of Science et Google Scholar), registres d’essais, autres sources de littérature grise et actes de conférences, sans restriction quant à la langue de publication ou au statut de publication jusqu'au 31 janvier 2019.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais cliniques comparatifs et randomisés (ECR) à groupes parallèles. Nous avions l'intention d'inclure des essais non contrôlés randomisés, si les ECR n’avaient fourni que des éléments probants de faible certitude pour un critère de jugement et une comparaison donnée. Au final nous n'avons pas pu trouver d’essais non contrôlés randomisés.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de l'étude ont examiné indépendamment la littérature, extrait les données et évalué le risque de biais. Nous avons effectué des analyses statistiques à l'aide d'un modèle à effets aléatoires et les avons interprétées conformément au Cochrane Handbook for Systematic Reviews of Interventions. Nous avons planifié des analyses en sous-groupes selon l'âge, le volume de la prostate et la gravité des symptômes de base. Nous avons utilisé l'approche GRADE pour évaluer la certitude des données probantes.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus deux ECR avec 297 participants comparant le PUL à la chirurgie factice ou au RTUP. L'âge moyen était de 65,6 ans et le Score International des Symptômes de la Prostate moyen était de 22,7. Le volume moyen de la prostate était de 42,2 mL. Nous avons considéré les critères de jugement de la revue «à court terme» s’ils étaient mesurés jusqu'à 12 mois inclus après la randomisation et à «long terme» si après 12 mois. Pour ce qui est des critères de jugement déclarés par les patients, les scores les plus bas indiquent une amélioration plus marquée des symptômes urologiques et une meilleure qualité de vie. En revanche,pour les scores de fonction érectile et éjaculatoire, des scores plus élevés sont meilleurs pour les patients.

PUL versus chirurgie factice: d'après une étude menée auprès de 206 participants randomisés avec un court suivi (jusqu'à trois mois), le PUL pourrait entraîner une amélioration cliniquement importante des scores des symptômes urologiques (différence moyenne (DM) -5,20, intervalle de confiance (IC) à 95 % -7,44 à -2,96 ; preuve de faible certitude) et améliorer probablement la qualité de vie (DM -1,20, IC à 95 % -1,67 à -0,73 ; preuve de certitude modérée). Nous ne savons pas avec certitude si le PUL augmente le nombre d'événements indésirables majeurs (preuve de très faible certitude). Aucun traitement à refaire n'a été signalé dans aucun des deux groupes d'étude à l'issue d'une période de trois mois. Le PUL entraîne probablement peu ou pas de différence dans la fonction érectile (DM -1,40, IC à 95 % -3,24 à 0,44 ; preuve de certitude modérée) et dans la fonction éjaculatoire (DM 0,50, IC à 95 % -0,38 à 1,38 ; preuve de certitude moyenne).

PUL contre RTUP : d'après une étude de 91 participants randomisés avec un court suivi (jusqu'à 12 mois), le PUL pourrait entraîner une amélioration considérablement moins importante des scores de symptômes urologiques par rapport au RTUP (DM 4,50, IC à 95 % : 1,10 à 7,90 ; preuve de faible certitude). Le PUL pourrait entraîner une qualité de vie légèrement réduite ou semblable (DM 0,30, IC à 95 % -0,49 à 1,09 ; preuve de faible certitude). Avec incertitude, la PUL pourrait causer moins d'événements indésirables majeurs, mais un plus grand nombre de traitement additionnel (les deux preuves étant de très faible certitude). La PUL n’entraîne probablement que peu ou pas de différence dans la fonction érectile (DM 0,80, IC à 95 % - 1,50 à 3,10 ; preuve de certitude modérée), mais elle entraîne probablement une fonction éjaculatoire nettement meilleure (DM 5,00, IC à 95 % - 3,08 à 6,92 ; preuve de certitude modérée).

En ce qui concerne le suivi à plus long terme (jusqu'à 24 mois) basé sur une étude de 91 participants randomisés, le PUL pourrait entraîner une amélioration considérablement moins importante du score des symptômes urologiques (DM 6,10, IC à 95 % : 2,16 à 10,04 ; preuve de faible certitude). Le PUL pourrait n’entraîner que peu ou pas de différence dans la qualité de vie (DM 0,80, IC à 95 % : 0,00 à 1,60 ; preuve de faible certitude). L'étude n'a pas fait état d'effets indésirables majeurs. Nous ne savons pas avec certitude si le PUL augmente le traitement additionnel (preuve de très faible certitude). Le PUL n’entraîne probablement que peu ou pas de différence dans la fonction érectile (DM 1,60, IC à 95 % -0,80 à 4,00 ; preuve de certitude modérée), mais peut entraîner une amélioration substantielle de la fonction éjaculatoire (DM 4,30, IC à 95 % 2,17 à 6,43 ; preuve de faible certitude).

Nous n'avons pu effectuer aucune des analyses secondaires prédéfinies pour les deux comparaisons.

Nous n'avons trouvé aucune preuve pour d'autres comparaisons telles que PUL versus l'ablation ou la vaporisation au laser.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Sofyan Jankowski et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.