Quels types de médicaments sont les plus efficaces lorsqu'ils sont injectés au niveau de la main pour traiter un doigt douloureux et gonflé (doigt à ressaut) ?

Principaux messages

1. Une seule injection d'un AINS (anti-inflammatoire non stéroïdien) pour traiter le doigt à ressaut n'a apporté que peu ou pas de bénéfices à six mois.

2. Une injection d’AINS pourrait ne pas être plus efficace qu'une injection de corticoïdes dans le traitement des symptômes du doigt à ressaut.

3. Un plus grand nombre de personnes pourraient continuer à présenter des symptômes modérés à sévères 3 à 6 mois après une injection d’AINS par rapport à celles qui ont reçu une injection de corticoïdes.

4. Il n'y a pas eu de différence dans le nombre d'effets indésirables signalés après des injections de l'un ou l'autre type de médicament (corticoïde ou non).

Qu'est-ce que le doigt à ressaut ?

Le doigt à ressaut est une affection qui touche un ou plusieurs des tendons de la main. Les tendons sont des tissus qui relient les muscles aux os, pour vous permettre de mobiliser vos articulations. Lorsqu'un tendon de la main est le siège de gonflement et d’inflammation, la flexion du doigt concerné est difficile et douloureuse. Sans traitement, le doigt affecté pourrait se tordre de façon permanente, rendant les tâches quotidiennes difficiles.

Traitement du doigt à ressaut

Chez certaines personnes, le doigt à ressaut pourrait s'améliorer sans traitement. Si ce n'est pas le cas, les traitements comprennent :

1. le repos - éviter certaines activités ;

2. la thérapie physique ;

3. le port d’une attelle (fixer le doigt à un morceau de plastique) pour réduire les mouvements ;

4. des médicaments connus sous le nom d’AINS, pris par voie orale ou directement à travers la peau pour réduire la douleur ; et

5. des corticostéroïdes injectés pour réduire le gonflement.

Si aucun de ces traitements ne fonctionne, une intervention chirurgicale pourrait être nécessaire pour permettre au tendon de bouger à nouveau librement.

Pourquoi avons-nous réalisé cette revue Cochrane ?

L'injection de corticostéroïdes au niveau de la main dans le traitement du doigt à ressaut pourrait entraîner des effets indésirables. Nous avons voulu savoir si l'injection d’AINS au niveau de la main pouvait aider les personnes souffrant de doigts à ressaut et provoquer moins d'effets indésirables que les stéroïdes.

Comment avons-nous procédé ?

Nous avons recherché des études ayant testé des médicaments AINS injectés dans le traitement du doigt à ressaut. Nous avons comparé les résultats des études que nous avons trouvées pour parvenir à une estimation globale de l'efficacité d'une injection d’AINS dans le traitement du doigt à ressaut.

Dans quelle mesure cette revue est-elle à jour ?

Nous avons inclus des données probantes jusqu'au 30 septembre 2020.

Qu’avons-nous trouvé ?

Nous avons trouvé 2 études portant sur 231 adultes (âge moyen 59 ans ; 60% de femmes) qui ont été traités pour un doigt à ressaut dans des cliniques externes à Singapour et en Malaisie. Une étude a duré 3 mois ; l'autre a duré 6 mois. Une étude n'a pas indiqué sa source de financement ; l'autre étude n'a reçu aucun financement commercial.

Dans les deux études, les personnes participantes ont reçu une injection de l'un ou l'autre des deux produits :

1. un médicament corticostéroïde (appelé triamcinolone) ; ou

2. un AINS (diclofénac ou kétorolac).

Quels sont les principaux résultats de notre revue ?

Une injection d’AINS pourrait avoir peu ou pas d'effet en comparaison à une injection d’un corticostéroïde :

1. sur la disparition des symptômes (données probantes issues de 2 études sur 231 personnes) ;

2. sur la capacité d'une personne à bouger le doigt affecté 3 à 6 mois plus tard (1 étude sur 99 personnes) ;

3. le nombre de personnes qui gardent des douleurs après 3 à 6 mois de traitement (2 études sur 231 personnes) ; et

4. le nombre de personnes qui déclarent que leur traitement a réussi (1 étude sur 121 personnes).

En moyenne, pour 100 personnes traitées :

1. les symptômes pourraient disparaître au bout de 3 mois chez 34 personnes ayant reçu un AINS contre 41 personnes ayant reçu un stéroïde ;

2. 28 personnes ayant reçu un AINS pourraient encore présenter des symptômes modérés à graves après 3 à 6 mois, contre 14 personnes ayant reçu un stéroïde ;

3. 20 personnes ayant reçu un AINS pourraient encore ressentir des douleurs après 3 à 6 mois, contre 24 personnes ayant reçu un stéroïde ;

4. 64 personnes ayant reçu un AINS pourraient dire que leur traitement a réussi, contre 68 personnes ayant reçu un corticostéroïde.

Nous ne savons pas si une injection d’AINS :

1. affecte le fait que les symptômes du doigt à ressaut réapparaissent après le traitement ; ou

2. provoque moins d'effets indésirables qu'une injection de stéroïdes (données probantes issues de 2 études sur 231 personnes).

Limites des données probantes

Notre confiance dans ces résultats est limitée car ils ne proviennent que de deux petites études. Ces études ont utilisé différentes doses de corticostéroïde pour l'injection, ce qui pourrait avoir affecté notre comparaison des études. D'autres recherches sont susceptibles de modifier ces résultats ou d'accroître notre confiance en eux.

Conclusions des auteurs: 

Pour les adultes souffrant d'un doigt à ressaut, les résultats de deux essais montrent que l'injection d’AINS comparée à l’injection de corticoïdes n'offre que peu ou pas de bénéfices après 24 semaines de suivi. Plus précisément, il n’y avait pas de différence en ce qui concerne la résolution des symptômes, la récidive, la mobilité active totale, la douleur résiduelle, la réussite du traitement selon les participants ou les événements indésirables.

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Contexte: 

Le doigt à ressaut est une affection courante de la main qui survient lorsque le passage du tendon fléchisseur du doigt à travers la première poulie annulaire (A1) est gêné par la dégénérescence, l'inflammation et la tuméfaction. Cela entraîne une douleur et une limitation de la mobilité du doigt affecté. Les options de traitement non chirurgical comprennent le changement d’activité, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) oraux et topiques, les attelles et les injections locales d'anti-inflammatoires .

Objectifs: 

Examiner les bénéfices et les risques des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) par rapport au placebo, aux glucocorticoïdes ou des différents AINS administrés par la même voie dans le traitement du doigt à ressaut.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL, Medline, Embase, CINAHL, CNKI (China National Knowledge Infrastructure), la base de données de thèses et de mémoires ProQuest, www.ClinicalTrials.gov, et le Système d'enregistrement international des essais cliniques de l'OMS (ICTRP) jusqu'au 30 septembre 2020. Nous n'avons appliqué aucune restriction de langue ou de statut de publication.

Critères de sélection: 

Notre recherche a ciblé les essais contrôlés randomisés (ECR) et les essais quasi randomisés comparant les AINS administrés par voie topique, orale ou par injection à un placebo, un glucocorticoïde ou différents AINS administrés par la même voie chez des adultes présentant un doigt à ressaut.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ou plus de la revue ont indépendamment examiné les rapports, extrait les données et évalué le risque de biais et le niveau de confiance des données probantes selon le système GRADE. Les sept principaux critères de jugement étaient : la résolution des symptômes du doigt à ressaut, la persistance de symptômes modérés ou graves, la récurrence des symptômes, l'amplitude totale des mouvements actifs du doigt, la douleur résiduelle, la satisfaction du patient et les effets indésirables. Les effets du traitement ont été rapportés sous forme de risque relatif (RR) et de différences moyennes (DM) avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %.

Résultats principaux: 

Deux ECR menés dans un cadre hospitalier ambulatoire ont été inclus (231 participants adultes, âge moyen 58,6 ans, 60 % de femmes, 95 % à 100 % de formes modérées à sévères). Les deux études ont comparé une injection unique d'un AINS non sélectif (12,5 mg de diclofénac ou 15,0 mg de kétorolac) administré à des doses inférieures à la dose efficace, à une injection unique d'un glucocorticoïde (triamcinolone 20 mg ou 5 mg), avec une durée de suivi maximale de 12 semaines ou 24 semaines.

Dans les deux études, nous avons détecté un risque d'attrition et de biais de performance. Une étude présentait également un risque de biais de sélection. Les effets du traitement étaient sensibles aux hypothèses concernant les critères de jugement manquants. La totalité des sept critères de jugement ont été notés dans une étude, et cinq dans l'autre.

L'injection d'AINS pourrait présenter peu ou pas de bénéfices par rapport à l'injection de glucocorticoïdes, d'après les données probantes d’un niveau de confiance faible à très faible issues de deux essais. Les données probantes ont été abaissées pour cause de biais et d'imprécision. Il pourrait y avoir peu ou pas de différence entre les groupes en ce qui concerne la résolution des symptômes après 12 à 24 semaines (34 % avec les AINS, 41 % avec les glucocorticoïdes ; dans le sens d'une réduction de 7 %, intervalle de confiance (IC) à 95 % : réduction de 16 % jusqu'à augmentation de 5 % ; 2 études, 231 participants ; RR 0,83, IC à 95 % : 0,62 à 1,11 ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Le taux de symptômes persistants modérés à sévères pourrait être plus élevé après 12 à 24 semaines dans le groupe AINS (28 %) par rapport au groupe glucocorticoïdes (14 %) (différence absolue dans le sens d’une augmentation de 14 %, IC à 95 % : augmentation de 2 % à 33 % ; 2 études, 231 participants ; RR 2,03, IC à 95 % : 1,19 à 3,46 ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Nous ne sommes pas certains que les AINS entraînent moins de récidives à 12 ou 24 semaines (1 %) que les glucocorticoïdes (21 %) (différence absolue dans le sens d’un réduction de 20 %, IC à 95 % : réduction de 21 % à 13 % ; 2 études, 231 participants ; RR 0,07, IC à 95 % : 0,01 à 0,38 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible. Il pourrait y avoir peu ou pas de différence entre les groupes en ce qui concerne l’amplitude moyenne de la mobilité active à 24 semaines (235 degrés avec les AINS, 240 degrés avec le glucocorticoïde) (différence absolue dans le sens d’un réduction de 5 %, IC à 95 % : réduction de 34,54 % jusqu’à augmentation de 24,54 % ; 1 étude, 99 participants ; DM -5,00, IC à 95 % : -34,54 à 24,54 ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Il pourrait y avoir peu ou pas de différence entre les groupes en ce qui concerne la douleur résiduelle à 12 - 24 semaines (20 % avec les AINS, 24 % avec le glucocorticoïde) (différence absolue dans le sens d’un réduction de 4 %, IC à 95 % : réduction de 11 % à augmentation de 7 % ; 2 études, 231 participants ; RR 0,84, IC à 95 % : 0,54 à 1,31 ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Il pourrait y avoir peu ou pas de différence entre les groupes en ce qui concerne le succès du traitement rapporté par les participants à 24 semaines (64 % avec les AINS, 68 % avec le glucocorticoïde) (différence absolue dans le sens d’un réduction de 4%, IC à 95 % : réduction de 18 % jusqu’à augmentation de 15 % ; 1 étude, 121 participants ; RR 0,95, IC à 95 % 0,74 à 1,23; données probantes d’un niveau de confiance faible).

Nous ne sommes pas certains que l'injection d’AINS ait un effet sur les événements indésirables à 12 ou 24 semaines (1 % avec les AINS, 1 % avec le glucocorticoïde) (différence absolue : 0 % de différence, IC à 95 % : réduction de 2 % jusqu’à augmentation de 3 % ; 2 études, 231 participants ; RR 2,00, IC à 95 % : 0,19 à 21,42 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Fella Hanni et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.