Pansements rigides versus pansements souples pour les amputations transtibiales (au dessous du genou)

Quel est l’objectif de la revue?

Le but de cette revue est de déterminer si les pansements rigides sont plus efficaces que les pansements mous pour favoriser la cicatrisation de la plaie après une amputation transtibiale (au dessous du genou). Les chercheurs de Cochrane ont recherché toutes les études pertinentes (essais contrôlés randomisés (ECR) et les essais contrôlés quasi randomisés) pour répondre à cette question et ont relevé neuf études pertinentes.

Messages clés

Le niveau de preuve pour toutes les données était très faible puisque les résultats ne permettaient pas de retenir ou d’écarter des avantages ou des inconvénients importants, et parce que la conception et les rapports des études n'étaient pas d'un niveau élevé. Par conséquent, nous ne pouvons pas être certains que l'utilisation de pansements rigides entraîne de meilleurs résultats pour le patient que les pansements mous.

Quel est le sujet de la revue ?

Nous avons évalué les effets des pansements rigides tels que les plâtres ou les pansements en fibre de verre sur la cicatrisation des plaies, la prescription de prothèses, la fonction physique, la durée du séjour à l'hôpital, le confort du patient, la qualité de vie, le coût, l’œdème, ainsi que leurs effets indésirables chez les personnes ayant subi une amputation transtibiale. Les pansements rigides ont été comparés aux pansements mous comme la gaze ou les bandages élastiques dans toutes les études incluses.

Quels sont les principaux résultats de la revue

Nous avons inclus les résultats de neuf ECR et quasi-ECR incluant 436 patients (441 amputations). Les patients ont été recrutés dans des hôpitaux de soins de courte durée et/ou de rééducation à partir de sept pays différents. La taille des échantillons allait de 15 à 154 patients, tandis que l'âge moyen variait entre 54 à 75 ans. Plus de la moitié de tous les patients souffraient de diabète et d'autres comorbidités (p. ex. anémie, antécédents de tabagisme, hypertension, maladie cardiaque). Les amputations étaient toutes secondaires à des affections vasculaires (p. ex. artériopathie périphérique), bien que la cause de l'amputation n’ait pas toujours été précisée.

Nous ne sommes pas certains que les pansements rigides entraînent une meilleure cicatrisation des plaies, moins d'effets indésirables, un temps de récupération plus rapide pour la douleur et la cicatrisation des plaies, la marche et la prescription de prothèses, une réduction plus importante de l’œdème et une durée d’hospitalisation plus courte que les pansements mous. Nous ne sommes pas certains de ces résultats parce que toutes les études présentaient des limites méthodologiques très importantes et que la plupart des résultats étaient fondés sur un petit nombre d'études (c.-à-d. une à trois études portant sur 21 à 65 participants).

Dans quelle mesure cette revue est-elle à jour ?

Nous avons recherché des études qui avaient été publiées jusqu'en décembre 2018.

Conclusions des auteurs: 

Nous sommes incertains des avantages et des inconvénients des pansements rigides par rapport aux pansements mous pour les personnes qui subissent une amputation transtibiale en raison du faible niveau de preuve Il n'est pas clair si les pansements rigides sont supérieurs aux pansements mous pour améliorer les résultats liés à la cicatrisation, aux événements indésirables, à la prescription prothétique, à la fonction de marche, à la durée du séjour à l'hôpital et l’œdème. Les cliniciens devraient faire preuve de jugement clinique pour le choix du type de pansement pour leurs patients et tenir compte des avantages et des inconvénients de chacun (p. ex. les patients à risque élevé de chute peuvent bénéficier de la protection offerte par un pansement rigide, alors que les patients à faible intégrité cutanée auront un risque moindre de d’atteinte cutanée avec un pansement mou).

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Contexte: 

Les pansements font partie de la prise en charge postopératoire de routine des personnes ayant subi une amputation transtibiale. Deux types de pansements sont fréquemment utilisés : les pansements souples (bandages élastiques, crêpes) et les pansements rigides (pansements rigides non amovibles, pansements rigides amovibles, prothèses postopératoires immédiates). Les pansements souples représentent le choix conventionnel car ils sont peu couteux et faciles à appliquer, tandis que les pansements rigides sont couteux, prennent plus de temps à être appliqués, et exigent un personnel qualifié. Cependant, les pansements rigides ont été suggérés pour accélérer la cicatrisation de la plaie en raison de la dureté de l'extérieur qui assure un plus grand degré de compression du moignon.

Objectifs: 

Évaluer les avantages et les inconvénients des pansements rigides par rapport aux pansements souples pour le traitement des amputations transtibiales.

Stratégie de recherche documentaire: 

En décembre 2018, nous avons consulté le Registre spécialisé des plaies de Cochrane, le Registre central des essais contrôlés de Cochrane (CENTRAL), Ovid MEDLINE, Ovid Embase, EBSCO CINAHL Plus, Ovid AMED et PEDro pour identifier les essais pertinents. Pour trouver d'autres études publiées, non publiées et en cours, nous avons également consulté les registres d'essais cliniques, la littérature grise, les listes de références d'études et de revues pertinentes identifiées dans les recherches en amont. Nous avons utilisé la fonction de recherche de références citées sur le site Web de ThomsonReuters Web of Science et nous avons contacté les personnes et les organisations pertinentes. Aucune restriction n’a été appliquée concernant la langue, la date de publication ou le contexte de l'étude.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) et des quasi-RCT qui ont recruté des personnes ayant subi une amputation transtibiale. Il n'y avait aucune restriction quant à l'âge des participants et aux raisons de l'amputation. Les essais comparant l'efficacité des pansements rigides aux pansements mous ont été la principale cible de cette étude.

Recueil et analyse des données: 

Deux des auteurs de la revue ont examiné de façon indépendante les titres, les résumés et les publications en texte intégral des études éligibles. Deux auteurs de la revue ont également extrait de façon indépendante des données sur les caractéristiques et les résultats des études, et ont effectué une évaluation du risque de biais et le GRADE.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus neuf ECR et quasi-ECR impliquant 436 patients (441 amputations). Toutes les études ont inclus des patients admis dans des hôpitaux de soins de courte durée et/ou de rééducation, provenant de sept pays différents (États-Unis, Australie, Indonésie, Thaïlande, Canada, France et Royaume-Uni). Dans toutes les études, à l’exception d’une seule, il était clairement indiqué que les amputations étaient secondaires à des affections vasculaires.

Critères de jugement principaux

Cicatrisation de plaies

Nous ne sommes pas certains que les pansements rigides diminuent le temps de cicatrisation par rapport aux pansements mous (DM -25,60 jours ; IC à 95 % -49,08 à -2,12 ; une étude, 56 patients) ; très faible niveau de preuve, déclassé deux fois pour risque très élevé de biais et une fois pour imprécision grave. Il n'est pas clair si les pansements rigides augmentent la proportion de plaies cicatrisées par rapport aux pansements mous (RR 1,14 ; IC à 95 % : 0,74 à 1,76 ; une étude, 51 patients) ; très faible niveau de preuve, déclassé deux fois pour risque très élevé de biais et deux fois pour très grave imprécision.

Les événements indésirables

Il n'est pas clair si les pansements rigides augmentent la proportion de complications cutanées par rapport aux pansements mous (RR 0,65 ; IC à 95 % : 0,32 à 1,32 ; I2 = 0 % ; six études, 336 patients (340 amputations)) ; très faible niveau de preuve, déclassé deux fois pour un risque très élevé de biais et une fois pour imprécision grave.

Il n'est pas clair si les pansements rigides augmentent la proportion d'effets indésirables non cutanés par rapport aux pansements mous (RR 1,09 ; IC à 95 % : 0,60 à 1,99 ; I2 = 0 % ; six études, 342 patients (346 amputations) ; très faible niveau de preuve, déclassé deux fois pour un risque très élevé de biais et une fois pour une imprécision grave. De plus, nous ne savons pas avec certitude si les pansements rigides réduisent le délai de disparition de la douleur comparativement aux pansements mous (DM -0,35 semaine ; IC à 95 % -2,11 à 1,41 ; une étude portant 23 patients,très faible niveau de preuve, déclassé deux fois pour risque très élevé de biais et deux fois pour très grave imprécision.

Critères de jugement secondaires

Nous ne sommes pas certains que les pansements rigides réduisent le délai avant la reprise de la marche par rapport aux pansements mous (DM -3 jours ; IC à 95 % -9,96 à 3,96 ; une étude avec 56 patients), très faible niveau de preuve, déclassé deux fois pour risque très élevé de biais et deux fois pour très grave imprécision. Nous ne somme pas certains non plus que les pansements rigides diminuent la durée du séjour à l'hôpital par rapport aux pansements mous (DM -30,10 jours ; IC à 95 % -49,82 à -10,38 ; une étude, 56 participants) ; données très peu fiables, déclassées deux fois pour risque très élevé de biais et une fois pour imprécision grave. Il n'est pas clair si les pansements rigides diminuent l’œdème et le délai avant que le patient soit prêt pour la prescription de prothèse par rapport aux pansements mous, car les résultats sont basés sur des preuves de très faible niveau, déclassé deux fois pour risque très élevé de biais et une/deux fois pour imprécision grave ou très grave. Aucune des études n'a fait état de résultats sur le confort des patients, la qualité de vie et le coût.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Fella Hanni et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.