Chirurgie au laser pour abaisser la pression intraoculaire en détruisant une partie de l'œil qui produit le liquide à l'intérieur du globe oculaire chez les personnes atteintes de glaucome non maîtrisé

Objectif de la revue
L'objectif de cette revue Cochrane était de comparer les interventions au laser à d'autres approches visant à réduire la pression à l’intérieure de l'œil chez les personnes atteintes d’un glaucome qui ne répond pas à d'autres types de traitement. Nous avons recueilli et analysé toutes études pertinentes sur les procédures cyclodestructives afin de répondre à cette question et nous avons trouvé cinq études.

Messages clés
Il n'y avait pas assez d'informations pour comparer les différentes options chirurgicales entre elles. Nous n'avons pas été en mesure de déterminer le type de chirurgie qui fonctionnait le mieux et qui était le plus sûr.

Sujets étudiés dans la revue
Certaines personnes atteintes de glaucome (lésion du nerf optique à l'arrière de l'œil) éprouvent également une montée en pression dans l'œil. Il est possible que cette pression augmente parce que le liquide à l’intérieur de l'œil a de la difficulté à se drainer. Si le corps ciliaire est détruit, il ne peut plus produire un excès de liquide. Cela peut réduire la pression à l'intérieur de l'œil et soulager la douleur des personnes atteintes de glaucome. Il y a plusieurs façons de détruire le corps ciliaire, que l’on appelle cyclodestruction. Les médecins peuvent utiliser un laser pour détruire les cellules du corps ciliaire ou bien on peut les congeler. Nous avions l’intention de comparer ces types de chirurgies avec des chirurgies plus traditionnelles pour le glaucome. La chirurgie au laser peut se faire de différentes manières parce qu'il existe différents types de lasers et différentes façons de les utiliser. Nous avons également cherché à comparer ces chirurgies laser entre elles pour voir si une méthode fonctionnait mieux que les autres.

Principaux résultats de la revue
Nous avons trouvé cinq études qui ont examiné les procédures de destruction du corps ciliaire. Une étude a comparé la destruction des cellules par laser à un autre type de chirurgie qui impliquait l'implantation d'un tube dans l'œil pour drainer le surplus de liquide. Quatre des études ont comparé soit les différents types de lasers soit les différentes façons d'utiliser le laser pour le traitement. Nous visions déterminer si ces interventions chirurgicales contribuaient à réduire la douleur chez les personnes atteintes de glaucome, mais seulement deux des cinq études ont interrogé les participants sur la douleur.

Deux des études ont comparé les deux mêmes types de lasers ; nous avons combiné leurs données pour nous aider à comprendre les résultats globaux. Les deux études ont fait état du niveau de pression dans l'œil après les interventions chirurgicales. Nous avons constaté que les deux types d'interventions chirurgicales au laser menaient à plus ou moins la même baisse en pression. Nous n'avions qu'une faible confiance dans ces résultats parce que plusieurs patients d’une des études n’ont pas participé au suivi et l’étude n’en a pas signalé la raison.

Il nous intéressait de savoir comment les participants se sentaient après la chirurgie, mais aucune des études incluses ne les a interrogés à ce sujet. Les études futures devraient poser cette question importante aux participants. Nous croyons également que les études futures devraient demander aux participants si leur douleur a diminué après la chirurgie.

Cette revue est-elle à jour ?
Nous avons recherché les études publiées jusqu'au 21 septembre 2018.

Conclusions des auteurs: 

Les données probantes des cinq études incluses dans cette revue étaient peu concluantes quant à savoir si les procédures cyclodestructivesives donnent de meilleurs résultats pour le traitement du glaucome réfractaire et moins de complications que d’autres traitements, et à savoir si un type de procédure cyclodestructive est meilleur qu'un autre. Les effets indésirables signalés le plus souvent dans les cinq études étaient l'hypotonie oculaire et la phtisie oculaire. Des essais contrôlés randomisés bien conçus et de grande envergure sont nécessaires. On devrait considérer les critères de jugement déclarés par les patients, comme la douleur et la qualité de vie, comme critères primaires ou critères secondaires importants de futurs essais.

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Contexte: 

Les procédures cyclodestructives sont souvent utilisées chez les patients atteints de glaucome réfractaire qui n'ont pas réussi à abaisser la pression intraoculaire (PIO) avec des procédures filtrantes et le traitement médical maximal. La destruction du corps ciliaire aide à abaisser la PIO en réduisant la formation d'humeur aqueuse. Parmi les nombreux types d'interventions cyclodestructives, la cyclophotocoagulation (CPC) au laser est devenue la méthode chirurgicale la plus courante pour réduire le flux d’humeur aqueuse. Les options pour la cyclophotocoagulation au laser sont nombreuses : elles peuvent être réalisées à l'aide d'un laser grenat-néodyme:yttrium-aluminium (Nd:YAG) ou d'un laser à diode et l'énergie laser peut être employée avec ou sans contact. Une autre procédure cyclodestructive est la cyclophotocoagulation endoscopique (CPE). L'ophtalmologiste peut utiliser cette intervention sélectivement pour cibler l'épithélium ciliaire et le détruire. On ne s'entend pas sur la meilleure méthode cyclodestructive et sur la façon dont elle se compare aux autres chirurgies pour le traitement du glaucome.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité et l'innocuité relatives des interventions cyclodestructives comparativement à d'autres interventions chez les personnes atteintes de glaucome réfractaire de tout type et évaluer l'efficacité et l'innocuité relatives des interventions cyclodestructives individuelles entre eux.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le Registre central des essais contrôlés de Cochrane (CENTRAL), qui contient le Registre des essais contrôlés sur la vue et les yeux Cochrane (2018, numéro 9) ; Ovid MEDLINE ; Embase.com ; PubMed ; LILACS BIREME ; ClinicalTrials.gov et le ICTRP de l'OMS. La date de recherche était le 21 septembre 2018.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés ou quasi randomisés dans lesquels les participants ont subi une intervention secondaire pour un glaucome réfractaire. Nous avons inclus des essais avec tout type de laser, voie d'administration et paramètre laser. La principale comparaison consistait en n’importe quelle procédure cyclodestructive par rapport à un traitement différent contre le glaucome, et la comparaison secondaire consistait en procédures cyclodestructives individuelles par rapport à elles-mêmes.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de cette revue ont examiné de façon indépendante les titres et les résumés d’études figurant dans les bases de données et, après avoir récupéré toute étude possiblement pertinente dans son intégralité, ont classé les études comme «incluse» ou «exclue». Deux auteurs de la revue ont ensuite extrait indépendamment les données des études incluses et évalué le risque de biais. Toute divergence a été résolue par la discussion ou par la consultation d'un troisième auteur de revue, au besoin.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus cinq essais faisant état de données sur 330 yeux (326 participants). Une étude présentait un faible risque de biais pour la plupart des domaines et les autres études présentaient un risque global de biais peu clair. Cette revue comprend quatre comparaisons différentes : 1) la CPE par rapport à la valve d’Ahmed, 2) la CPC à micro-impulsion par rapport à la CPC à onde continue ; 3) la CPC au laser diode par rapport à la CPC au laser Nd:YAG ; et 4) CPC au laser Nd:YAG de puissance 8 J par rapport à 4 J.

Aucune étude n'a fait état de données sur notre principal critère de jugement, c’est-à-dire des changements par rapport aux valeurs de départ quant à la gravité de la douleur signalée par le participant ou de changements dans le montant d'analgésiques utilisés.

Pour notre comparaison principale, nous avons inclus un essai qui comparait la CPE avec la valve d'Ahmed. Après un suivi de 12 mois, la différence moyenne (DM) de PIO entre les groupes était de -1,14 mmHg (intervalle de confiance (IC) à 95 % -4,21 à 1,93 ; 58 participants ; données probantes de faible certitude). Vingt-quatre mois après l'intervention, de très faibles données probantes suggèrent que l'acuité visuelle des participants du groupe CPE serait meilleure que cela des participants recevant une valve d’Ahmed (DM -0,24 logMAR, IC à 95 % -0,52 à 0,04 ; 54 participants) et la différence entre les deux groupes en ce qui concerne le nombre moyen de médicaments utilisés par les participants n’était pas évidente (DM -0,50, IC à 95 % -1,17 à 0,17 ; 54 participants, données de très faible certitude). Les effets indésirables signalés dans le groupe ayant subi la CPE (34 participants) comprenaient: un cas d'hypotonie intraoculaire, un cas de phtisie oculaire, un cas de décollement de la rétine et un cas de décollement choroïdien ; chez les patients ayant reçu une valve d’Ahmed (34 participants), il y avait un cas d'endophtalmie, deux cas de décollement de la rétine et six cas de décollement choroïdien.

Trois types de comparaisons effectuées dans quatre des études incluses dans cette revue ont fourni des données aux fins de comparaison secondaire. L'étude qui comparait la CPC à micro-impulsion par rapport à la CPC à onde continue a signalé que la PIO médiane était semblable entre les deux groupes de patients à tout moment donné. Dix-huit mois après l'intervention, le nombre médian de médicaments hypotenseurs oculaires utilisés par les participants est passé de deux à un dans les deux groupes. Un participant du groupe traité avec la CPC à micro-impulsion et deux du groupe de la CPC à onde continue ont éprouvé une détérioration de l'acuité visuelle. Un cas d'inflammation prolongée a été observé chez le groupe de patients ayant subi la CPV à micro-impulsion (23 participants). Sept cas d'inflammation prolongée, cinq cas d'hypotonie intraoculaire et un cas de phtisie oculaire ont été observés dans le groupe traité avec CPC à onde continue (23 participants).

Deux études ont comparé la CPC au laser utilisant une diode à semiconducteur et la CPC à laser Nd:YAG. Selon une des études, la DM de la PIO était de 1,02 mmHg (IC à 95 % : -1,49 à 3,53) 12 mois après l'intervention (données probantes de faible certitude). Une deuxième étude n'a pas fait état d'une PIO moyenne au-delà de trois mois de suivi. Ni l'une ni l'autre étude n'a fait état du changement moyen de la meilleure acuité visuelle corrigée ou du nombre de médicaments utilisés contre le glaucome. Les deux études ont signalé l'hypotonie oculaire comme effet indésirable éprouvé par trois participants dans chaque étude.

Une étude a comparé l’utilisation de différents paramètres de puissance d'un même laser Nd:YAG pour le traitement par CPC. Au suivi à 12 mois, l'acuité visuelle est demeurée pareille ou bien s’est améliorée chez 21 des 33 participants du groupe 8 J et chez 20 des 27 participants du groupe 4 J (risque relatif de 0,86, IC à 95 % : 0,61 à 1,21 ; données probantes de très faible certitude). Un plus grand nombre de participants au groupe 8 J ont réduit le nombre de médicaments qu’ils prenaient par rapport au groupe 4 J (RR 1,49, IC à 95 % : 0,76 à 2,91 ; 50 participants ; données probantes de très faible certitude). La présence de fibrine ou d'hyphéma a été observée chez cinq participants qui ont été traités au laser à une puissance de 8 J, mais chez aucun participant ayant été traité à 4 J. Onze des 26 participants (42 %) ayant reçu un traitement de CPC au laser de puissance 8 J ainsi que 2 des 21 participants (10 %) ayant été traité à 4 J ont subi une réaction grave dans la chambre antérieure.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Dar O’Connor et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.