Les traitements par matrices modulatrices des protéases pour la cicatrisation des ulcères veineux aux jambes

Question de la revue

Nous avons examiné les preuves concernant les effets des traitements conçus pour réduire les niveaux de protéase en cas d'ulcères veineux aux jambes. La protéase est une enzyme, un produit chimique produit par l'organisme. Il est supposé que des niveaux élevés de protéase dans une plaie pourraient ralentir la cicatrisation. Nous voulions découvrir si les traitements qui retirent cette protéase des plaies pourraient aider les ulcères veineux aux jambes à guérir plus rapidement, et si ces traitements présentaient des risques.

Contexte

Les ulcères veineux aux jambes sont des plaies ouvertes sur les jambes qui peuvent durer plusieurs semaines, voire des mois ou des années. Les ulcères de jambe peuvent être douloureux, s'infecter et peuvent affecter la mobilité et la qualité de vie. En 2012 au Royaume-Uni, traiter une personne ayant des ulcères veineux ouverts aux jambes coûtait environ 1700 GBP par an.

Habituellement les ulcères veineux de jambe sont traités par compression (par exemple, avec des bandages de compression), mais cette approche n'est pas efficace pour tous les patients (environ un tiers des personnes continuent de présenter des plaies qui ne sont toujours pas guéries après six mois). Par conséquent, nous avons besoin d'essayer d'autres traitements, et divers pansements ont été utilisés en complément de la thérapie par compression. L'un de ceux-ci est le pansement de type « matrice modulatrice des protéases » (MMP). Les recherches suggèrent que les plaies mettent longtemps à guérir lorsque la plaie contient des niveaux élevés d'une substance appelée « protéase ». Les pansements MMP sont conçus pour retirer ces protéases des exsudats, et il est attendu que cela aide la cicatrisation des plaies.

Dans cette étude, nous avons tenté de savoir s'il existe des preuves indiquant que les pansements MMP permettent de guérir les ulcères de jambe plus rapidement que d'autres types de pansements.

Caractéristiques de l'étude

En septembre 2016, nous avons recherché autant d'études pertinentes que possible ayant été conçues de manière fiable (des essais contrôlés randomisés) et ayant comparé les traitements MMP à d'autres traitements pour les ulcères veineux de jambe. Nous avons trouvé 12 études portant sur un total de 784 personnes. Dix études ont donné des résultats utilisables et tous les traitements étaient des pansements. Toutes ces études ont offert aux participants la thérapie de compression, ainsi que des pansements. La plupart des personnes dans les essais avaient des plaies qui ne s'étaient pas améliorées ou étaient déjà présentes depuis longtemps.

Principaux résultats

Les résultats de quatre essais ne permettent pas d'établir s'il existe un bénéfice des pansements MMP quant à la cicatrisation des ulcères veineux par rapport à d'autres pansements. Cinq essais ont fourni des données concernant les effets secondaires reliés à la plaie et leurs résultats ne permettaient pas de savoir s'il existe une différence dans les taux d'effets secondaires entre les pansements MMP et d'autres pansements. Il est également difficile de savoir si les pansements MMP entraînent une diminution de la quantité de solution saline utilisée, du temps nécessaire aux changements de pansements, et s'il y a un effet sur le total des coûts.

La certitude des preuves
Dans l'ensemble, la certitude des preuves a été jugée comme étant faible : la plupart des études que nous avons trouvées étaient de petite taille et pourraient avoir été mieux réalisées, de sorte qu'il était difficile d'être sûr de la pertinence des résultats. La prochaine étape serait de réaliser d'autres recherches de meilleure qualité afin de déterminer si les pansements MMP aident les ulcères veineux à guérir plus rapidement comparé à d'autres pansements.

Ce résumé en langage simplifié est à jour en septembre 2016.

Conclusions des auteurs: 

Les preuves sont généralement de faible certitude, en particulier en raison du risque de biais et de l'imprécision des effets. Au vu de ces limitations, il est difficile de savoir si les protocoles de pansement MMP influencent la cicatrisation des ulcères veineux par rapport aux protocoles de pansement sans MMP. Il est également difficile de savoir s'il existe une différence dans les taux d'événements indésirables entre les traitements MMP et non-MMP. On ignore si l'utilisation des ressources (le matériel et le temps de travail pour le personnel) ou les coûts associés aux protocoles de pansement MMP sont différents de ceux pour les protocoles de pansement non-MMP. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour clarifier l'impact des protocoles de pansement MMP sur la cicatrisation des ulcères veineux.

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Contexte: 

Les ulcères veineux aux jambes (UVJ) sont des plaies ouvertes aux jambes qui surviennent en raison d'une mauvaise circulation sanguine dans les veines des jambes ; les ulcères aux jambes peuvent durer de plusieurs semaines à plusieurs années, et sont douloureux et coûteux. Au Royaume-Uni, leur prévalence est d'environ 2,9 cas pour 10 000 personnes. Le traitement de première intention pour les UVJ est la compression, mais environ 60 % des personnes présentent encore des ulcères non cicatrisés après 12 semaines de traitement et environ 40 % après 24 semaines ; par conséquent, il existe une marge d'amélioration supplémentaire. Des preuves limitées suggèrent que les ulcères de jambe ne guérissant pas peuvent présenter des niveaux élevés de protéases, et il est supposé que celles-ci empêchent la plaie de passer aux prochains stades de cicatrisation ; par conséquent, des traitements par matrices modulatrices des protéases (MMP) pourraient améliorer la cicatrisation en éliminant physiquement les protéases des liquides de la plaie.

Objectifs: 

Déterminer les effets des traitements par matrices modulatrices des protéases (MMP) sur la cicatrisation des ulcères veineux de jambe, chez les personnes prises en charge dans tout contexte de soins.

Stratégie de recherche documentaire: 

En septembre 2016, nous avons effectué des recherches dans : le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les plaies et contusions, CENTRAL, Ovid MEDLINE, Ovid MEDLINE (In-Process & Other Non-Indexed Citations), Ovid EMBASE et EBSCO CINAHL Plus. Nous avons également effectué des recherches dans les registres d'essais cliniques pour les études en cours et non publiées, et passé au crible les références bibliographiques des études incluses ainsi que des revues, les méta-analyses et les rapports de technologie de la santé afin d'identifier des études supplémentaires. Il n'y avait aucune restriction concernant la langue, la date de publication ou le contexte de l'étude.

Critères de sélection: 

Nous avons recherché des essais contrôlés randomisés publiés ou non publiés (ECR) évaluant les traitements MMP pour les UVJ. Nous avons défini les traitements MMP comme étant ceux ayant comme intention spécifique de réduire les protéases. La cicatrisation des plaies était le principal critère de jugement.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont effectué indépendamment la sélection des études, l'évaluation du risque de biais et l'extraction des données.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus 12 études (784 participants) dans cette revue ; les échantillons variaient de 10 à 187 participants (médiane de 56,5). Une étude avait trois bras qui étaient tous pertinents pour cette revue et toutes les autres études avaient deux bras. Une étude était une comparaison inter-participants. Toutes les études étaient financées par l'industrie. Deux études ont fourni des données non publiées pour la cicatrisation.

Neuf études incluses comparaient des traitements MMP par rapport à d'autres traitements et ont rapporté des résultats pour les critères de jugement principaux. Tous les traitements étaient des pansements. Toutes les études ont également offert aux participants des bandages de compression. Sept de ces études portaient sur des participants décrits comme ayant des ulcères « ne répondant pas aux traitements » ou « difficiles à guérir ». Les résultats rapportés, à court, moyen et long terme ainsi que les données de temps jusqu'à l'événement, ont été résumés pour la comparaison de n'importe quel protocole de pansement incorporant des MMP par rapport à un autre protocole de pansement. La majorité des preuves étaient de certitude faible ou très faible, et ont principalement été rabaissées en raison des risques de biais et pour imprécision.

Il n'était pas possible d'établir si les protocoles de pansements MMP aident les UVJ à guérir plus rapidement que les protocoles faisant recours à des pansements sans MMP (faible certitude des preuves issues d'un essai avec 100 participants) (HR 1,21, IC à 95 % 0,74 à 1,97).

A court terme (quatre à huit semaines), il est difficile de savoir s'il existe une différence entre un protocole de pansement MMP et non-MMP concernant la probabilité de cicatrisation (preuves de très faible certitude, 2 essais portant sur 207 participants).

À moyen terme (12 semaines), il est difficile de savoir si les protocoles de pansement MMP augmentent la probabilité d'une cicatrisation par rapport à un protocole de pansement non-MMP (preuves de faible certitude issues de 4 essais avec 192 participants) (RR 1,28, IC à 95 % 0,95 à 1,71). A long terme (6 mois), il est également difficile de savoir s'il existe une différence entre un protocole de pansement MMP et non-MMP concernant la probabilité de cicatrisation (preuves de faible certitude, 1 essai, 100 participants) (RR 1,06, IC à 95 % 0,80 à 1,41).

On ignore s'il existe une différence dans les événements indésirables entre les protocoles de pansement MMP et non-MMP (preuves de faible certitude issues de 5 essais, 363 participants) (RR 1,03, IC à 95 % 0,75 à 1,42). Il est également difficile de savoir si l'utilisation des ressources est plus faible pour les protocoles de pansement MMP (preuves de faible certitude, un essai, portant sur 73 participants), ou si la moyenne totale des coûts dans un contexte de soins en Allemagne est différente (faible certitude des preuves, 1 essai, 187 participants). Une analyse de rentabilité n'a pas été incluse car l'efficacité n'était pas basée sur la guérison complète.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Martin Vuillème et révisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.