La comparaison directe de deux antipsychotiques (la chlorpromazine comparée à la clotiapine) pour le traitement de la schizophrénie

Question de la revue

L'objectif de cette revue était de trouver des preuves de bonne qualité comparant l'efficacité de la chlorpromazine à la clotiapine pour le traitement de la schizophrénie.

Contexte

La chlorpromazine est l'un des premiers antipsychotiques ayant réussi à atténuer les symptômes de la psychose. Celle-ci a été introduite dans les années 1950 et reste l'un des antipsychotiques les plus couramment utilisés. Cependant, la chlorpromazine peut entraîner de graves effets secondaires désagréables, en particulier des troubles du mouvement, entraînant un arrêt du traitement chez un grand nombre de personnes ayant une schizophrénie. Au cours des 70 dernières années, de nouveaux médicaments ont été développés et la plupart des médecins ont maintenant un large choix de médicaments pour la prise en charge de la schizophrénie, bien qu'aucun ne permette une guérison, et que tous causent certains effets secondaires. Le choix du traitement est encore difficile. La clotiapine est un médicament antipsychotique plus récent, avéré efficace pour traiter les symptômes de la schizophrénie, et est également connue pour être efficace pour le traitement des personnes ayant une schizophrénie et étant résistantes à d'autres médicaments, toutefois, de la même manière que la chlorpromazine, celle-ci peut causer de graves troubles du mouvement.

Recherche de preuves

Le spécialiste Cochrane de l'information sur la schizophrénie a effectué une recherche électronique en janvier 2016, en effectuant des recherches, dans le registre spécialisé, des essais ayant randomisé des personnes ayant une schizophrénie à un traitement à base de chlorpromazine ou de clotiapine. La recherche a identifié six rapports. Nous avons examiné ces rapports et nous avons trouvé quatre essais, publiés entre 1974 et 2003, randomisant 276 participants ayant pu être inclus dans la revue.

Principaux résultats

Les quatre essais inclus n'étaient pas correctement réalisés et n'avaient pas rapporté de données concernant les changements cliniquement importants au niveau de l'état général ou mental, ou quant au coût des soins. Une amélioration globale de l'état mental était rapportée et les participants recevant la clotiapine présentaient de meilleurs scores d'amélioration comparés à ceux recevant de la chlorpromazine. Cependant, les essais ont également rapporté des données concernant l'amélioration des symptômes négatifs, et aucune différence entre les deux traitements n'a été trouvée. La clotiapine n'entraînait pas plus de troubles du mouvement que la chlorpromazine, et le même nombre de participants a quitté les essais de manière prématurée.

Conclusions

Il existe des preuves de très faible qualité en faveur de la clotiapine par rapport à la chlorpromazine pour améliorer l'état mental global. Pour les autres résultats, dont les effets indésirables, il n'existe aucune preuve d'une différence entre ces deux antipsychotiques. Cependant, il est très difficile de tirer des conclusions de ces données car seuls quatre petits essais ont fourni des données et ceux-ci n'étaient pas correctement réalisés. Nous ne pouvons pas tirer de conclusions quant à l'efficacité de la chlorpromazine comparé à la clotiapine à partir de ces données.

Conclusions des auteurs: 

Des changements cliniquement importants de l'état global et mental n'étaient pas rapportés. Un seul essai a rapporté le changement moyen de l'état mental général ; les résultats sont favorables à la clotiapine, mais il est très difficile d'avoir confiance en ces données limitées en raison des limitations méthodologiques de l'étude. L'efficacité comparative de la chlorpromazine par rapport à la clotiapine sur le changement de l'état général reste inconnue. Les résultats de cette revue suggèrent que la chlorpromazine et la clotiapine causent des effets indésirables similaires, bien que à nouveau, la qualité des preuves est médiocre, ce qui rend difficile de tirer des conclusions définitives.

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Contexte: 

La schizophrénie est une maladie chronique et invalidante ainsi qu'un trouble mental grave, caractérisé par des perturbations de la perception, de la pensée, de la parole, de l'affect et du comportement moteur. La chlorpromazine et à la clotiapine font partie des médicaments antipsychotiques utilisés pour le traitement des personnes ayant une schizophrénie.

Objectifs: 

Déterminer les effets cliniques, l'innocuité et le rapport coût-efficacité de la chlorpromazine par rapport à la clotiapine chez les adultes ayant une schizophrénie.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre d'essais du groupe Cochrane sur la schizophrénie (dernière recherche mise à jour le 16/01/2016), basé sur des recherches régulières issues de CINAHL, BIOSIS, AMED, Embase, PubMed, MEDLINE, PsycINFO et des registres d'essais cliniques. Il n'y avait aucune restriction de langue, de date, de type de document ou de statut de publication pour l'inclusion des dossiers dans le registre.

Critères de sélection: 

Tous les essais cliniques randomisés portant sur la chlorpromazine comparée à la clotiapine pour le traitement de la schizophrénie. Nous avons inclus les essais répondant à nos critères de sélection et rapportant des données utilisables.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons extrait les données de manière indépendante. Pour les résultats binaires, nous avons calculé le risque relatif (RR) et son intervalle de confiance à 95 % (IC), sur une base d'intention de traiter. Pour les données continues, nous avons estimé la différence moyenne (DM) entre les groupes et ses IC à 95 %. Nous avons utilisé un modèle à effets aléatoires pour les analyses. Nous avons évalué le risque de biais des études incluses et créé un tableau « Résumé des résultats » en utilisant le système GRADE.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus quatre études, publiées entre 1974 et 2003, randomisant 276 patients ayant une schizophrénie à un traitement à base de chlorpromazine ou de clotiapine. Les études avaient insuffisamment caché l'assignation des traitements et mis en aveugle les évaluateurs des résultats. Nos critères de jugement principaux étaient les changements cliniquement importants au niveau de l'état global et mental, les changements spécifiques dans les symptômes négatifs, l'incidence des troubles du mouvement (dyskinésies), l'abandon précoce de l'étude pour n'importe quelle raison, ainsi que les coûts. Toutes les données rapportées portaient sur le court terme (moins de six mois de suivi).

Les essais ne rapportaient pas de données concernant les critères de jugement importants de changements cliniquement importants de l'état général ou mental, ou du coût des soins. L'amélioration de l'état mental a été rapportée en utilisant l'Echelle des Symptômes Positifs et Négatifs (ESPN ou PANSS). Lorsque la chlorpromazine était comparée à la clotiapine, l'amélioration moyenne des scores de l'état mental évalués à l'aide de l'échelle ESPN étaient plus élevés dans le groupe recevant la clotiapine (1 ECR, N = 31, DM de 11,50, IC à 95 % 9,42 à 13,58, preuves de très faible qualité). La variation moyenne des scores de la sous-catégorie des symptômes négatifs de l'échelle ESPN était similaire entre les groupes de traitement (1 ECR, N = 21, DM de -0,97, IC à 95 % -2,76 à 0,82, preuves de très faible qualité). Il n'y avait aucune différence claire quant à l'incidence des dyskinésies (1 ECR, N = 68, RR de 3,00, IC à 95 % 0,13 à 71,15, preuves de très faible qualité). Le même nombre de participants a abandonné l'étude de manière prématurée dans chaque groupe de traitement (3 ECR, N = 158, RR de 0,68, IC à 95 % 0,24 à 1,88, preuves de très faible qualité).

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Martin Vuillème et révisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.