Chlorpromazine versus pipéracétazine pour la schizophrénie

Problématique

La chlorpromazine, un médicament antipsychotique (ou neuroleptique) est-elle meilleure ou moins bien que la pipéracétazine, un autre antipsychotique, pour traiter les symptômes de la schizophrénie ?

Contexte

La schizophrénie est une maladie mentale grave qui perturbe gravement les processus de pensée d'une personne et touche environ 1 % de la population générale. La schizophrénie figure parmi les 10 principales causes d'années de vie corrigées de l'incapacité (AVCI ou DALY en anglais) dans le monde. Les personnes atteintes de schizophrénie ont souvent une espérance de vie plus courte et un risque accru de suicide. Il existe deux principaux types de symptômes, positifs et négatifs. Les symptômes positifs courants comprennent les délires (croyances qui ne sont pas fondées sur la réalité) et les hallucinations (voir ou entendre des choses qui ne sont pas réelles). Les symptômes négatifs comprennent le retrait social, le manque de motivation et une mauvaise réponse émotionnelle. Les symptômes positifs sont habituellement de courte durée et les symptômes négatifs peuvent être de longue durée. La schizophrénie est habituellement traitée par une combinaison d'antipsychotiques et de thérapies psychologiques. La chlorpromazine et la pipéracétazine sont des antipsychotiques utilisés pour traiter la schizophrénie, mais tous deux peuvent aussi causer des effets indésirables désagréables. Cette revue vise à évaluer les données probantes provenant d'essais contrôlés randomisés concernant l'efficacité et l'innocuité de ces deux médicaments.

Recherche de données probantes

Une recherche d'essais contrôlés randomisés susceptibles d'être pertinents pour cette revue a été effectuée le 6 juin 2015 et une autre recherche a été effectuée le 8 octobre 2018. Pour ce faire, on a consulté le Registre spécialisé du groupe Cochrane sur la schizophrénie. La recherche de 2015 a permis de trouver six essais possibles et nous les avons soigneusement vérifiés pour voir si nous pouvions les inclure dans la revue. La recherche de 2018 n'a trouvé aucun nouvel essai.

Résultats

Cinq essais, randomisant un total de 343 participants, ont satisfait aux exigences de la revue pour être inclus. Dans le cadre de ces essais, les participants ont été répartis au hasard entre la chlorpromazine et la pipéracétazine. Des données ont été fournies sur l'état global et mental des participants après le traitement, l'incidence des effets indésirables et le nombre de ceux qui ont quitté l'essai prématurément. Cependant, nous n'avons trouvé aucune donnée concernant l'utilisation des services, le fonctionnement des participants ou les coûts économiques de ces traitements. Les résultats globaux ont montré que la chlorpromazine et la pipéracétazine peuvent avoir une efficacité clinique et des profils d'effets indésirables similaires. Toutefois, ces résultats sont basés sur des données de très faible qualité.

Conclusions

Le nombre d'études incluses et la taille de l'échantillon des participants inclus dans cette revue sont petits, et la qualité des données est très faible ; les résultats de cette revue ne sont donc pas concluants et doivent être utilisés avec prudence. D'autres recherches seraient nécessaires avant que des décisions puissent être prises quant au médicament le plus efficace.

Conclusions des auteurs: 

Les résultats de cette revue montrent que la chlorpromazine et la pipéracétazine pourraient avoir une efficacité clinique similaire, mais les données sont fondées sur un très petit nombre de participants et les données probantes de très faible qualité. Nous ne pouvons pas tirer de conclusions définitives à partir de ces données. Actuellement, si les cliniciens et les personnes atteintes de schizophrénie doivent choisir entre la chlorpromazine et la pipéracétazine, ils doivent savoir qu'il n'existe pas de données probantes de bonne qualité pour fonder leurs décisions. D'autres recherches de meilleure qualité devront être réalisées.

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Contexte: 

La schizophrénie est un trouble mental grave dont la prévalence est d'environ 1 % dans la population générale. Elle figure parmi les 10 principales causes d'années de vie corrigées de l'incapacité (AVCI ou disability-adjusted life years / DALYs en anglais) dans le monde. Les antipsychotiques (ou neuroleptiques) sont le traitement de base. La pipéracétazine s'est avérée aussi efficace cliniquement que la chlorpromazine, un antipsychotique de référence bien établi, pour les personnes atteintes de schizophrénie. Toutefois, les profils d'effets indésirables de ces antipsychotiques diffèrent et il est important de disposer d'une base de données probantes comparant les avantages et les méfaits potentiels de ces deux antipsychotiques.

Objectifs: 

Évaluer les effets cliniques et les effets indésirables de la chlorpromazine chez les personnes atteintes de schizophrénie et de psychoses schizophréniques comparée à la pipéracétazine.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais cliniques du groupe Cochrane sur la schizophrénie (6 juin 2015 et 8 octobre 2018), qui est basé sur des recherches régulières dans CINAHL, CENTRAL, BIOSIS, AMED, Embase, PubMed, MEDLINE, PsycINFO et les registres des essais cliniques. Il n'y a aucune limite quant à la langue, à la date, au type de document ou au statut de publication pour l'inclusion des documents dans le registre.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) portant sur la chlorpromazine par rapport à la pipéracétazine chez les personnes atteintes de schizophrénie, qui ont rapporté des données utilisables.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons extrait les données de manière indépendante. Pour les critères de jugement binaires, nous avons calculé le risque relatif (RR) et son intervalle de confiance (IC) à 95 %, en fonction de l'intention de traiter. Pour les données continues, nous avons estimé la différence moyenne (DM) entre les groupes et son IC à 95 %. Nous avons utilisé un modèle à effet fixe pour les analyses. Nous avons évalué le risque de biais pour les études incluses et nous avons créé des tableaux de " résumé des résultats " à l'aide de GRADE.

Résultats principaux: 

Nous avons trouvé 12 documents faisant référence à six essais. Nous avons inclus cinq essais, tous des années 1970, randomisant 343 participants. Nous avons exclu un essai. Dans l'ensemble, la méthodologie et les données rapportées par les essais ont été faibles. Seules des données à court terme étaient disponibles.

Les résultats des essais inclus ont révélé qu'en termes d'amélioration globale de l'état, lorsqu'ils ont été évalués par un psychiatre, il n'y avait pas de différence nette entre la chlorpromazine et la pipéracétazine (RR 0,90, IC à 95 % : 0,80 à 1,02 ; participants = 208 ; études = 2 ; données probantes de très faible qualité). Un essai a rapporté des modifications de scores sur l'échelle abrégée d’appréciation psychiatrique (ou Brief Psychiatric Rating Scale (BPRS)) ; aucune différence nette n'a été observée (MD -0,40, 95% IC -1,41 à 0,61 ; participants = 182 ; études = 1 ; données probantes de très faible qualité). La chlorpromazine ne semble ni pire ni meilleure que la pipéracétazine en ce qui concerne les effets indésirables. Dans les deux groupes de traitement, environ 60 % des participants ont subi un effet indésirable quelconque (RR 1,00, IC 95 % : 0,75 à 1,33 ; participants = 74 ; participants = 3 ; études = 3 ; données probantes de très faible qualité), et environ 40 % de ces participants ont présenté un trouble moteur de type parkinsonien (RR 0,95, IC 0,61 à 1,49 ; participants = 106 ; études = 3 ; données probantes de très faible qualité). On n'a observé aucune différence nette dans le nombre de participants ayant quitté l'étude tôt pour quelque raison que ce soit (RR 0,50, IC à 95 % : 0,10 à 2,56 ; participants = 256 ; études = 4 ; données probantes de très faible qualité). Aucun essai n'a fourni de données sur l'évolution des symptômes négatifs ou des coûts économiques.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Amytis HEIM et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.