Traitement médicamenteux des douleurs abdominales récurrentes chez l'enfant

Question de la revue

Les médicaments améliorent-ils la douleur ou les autres symptômes ressentis par les enfants souffrant de douleurs abdominales récurrentes ?

Contexte

On appelle douleurs abdominales récurrentes de l’enfant des épisodes de maux de ventre inexpliqués auxquels aucune cause ne peut être trouvée. La douleur est souvent accompagnée d’autres symptômes, tels que des diarrhées ou la pâleur du visage, et certains chercheurs ont classifié différents syndromes douloureux inexpliqués en fonction de ces symptômes associés. Les douleurs abdominales récurrentes sont fréquentes chez les enfants, et il est probable que leur cause sous-jacente ou leur déclencheur diffère d’un enfant à un autre.

Caractéristiques de l'étude

Nous avons effectué des recherches dans la littérature scientifique mondiale jusqu’en juin 2016 pour trouver des études de traitements médicamenteux pour les enfants atteints de douleurs abdominales récurrentes. Nous avons trouvé 16 études qui répondaient à nos critères d’inclusion et examinaient des antidépresseurs, des antibiotiques, des antihistaminiques, des antispasmodiques, un antagoniste des récepteurs de la dopamine et un traitement hormonal. Quatorze études comparaient des traitements médicamenteux à un placebo et deux à des soins médicaux habituels. Les essais ont été réalisés dans sept pays : sept aux États-Unis, quatre en Iran, un au Royaume-Uni, un en Suisse, un en Turquie, un au Sri Lanka et un en Inde. Les études incluaient un total de 1024 enfants âgés de 5 à 18 ans. Tous les enfants ont été recrutés en consultations externes. Le suivi a duré entre deux semaines et quatre mois.

Principaux résultats

Cette revue suggère qu’il n’y a aucune preuve que l’utilisation de médicaments améliore les symptômes ou la qualité de vie des enfants. Par conséquent, si des médicaments sont prescrits, cela doit s’inscrire dans le cadre d’un essai clinique bien mené. Si un médicament est prescrit à un enfant souffrant de douleurs abdominales récurrentes, il faut garder à l’esprit que ces douleurs varient avec le temps et que toute amélioration ou aggravation peut ainsi résulter de l’évolution naturelle de la maladie plutôt que de la réponse au médicament.

Qualité des données probantes

De nombreuses études présentaient des faiblesses dans leur conception et dans la manière dont elles étaient rapportées ; la qualité globale des données probantes concernant les médicaments contre les douleurs abdominales récurrentes est par conséquent mauvaise. Les études dont la méthodologie était meilleure incluaient peu d’enfants et leurs résultats n’ont pas été reproduits depuis par d’autres chercheurs.

Conclusions des auteurs: 

Il n’existe actuellement aucune preuve convaincante à l’appui de l’utilisation de médicaments pour traiter les douleurs abdominales récurrentes des enfants. Des essais cliniques bien menés sont nécessaires pour évaluer les éventuels effets bénéfiques et les risques des interventions pharmacologiques. Dans la pratique, si un clinicien choisit d’utiliser un médicament aux fins d’un « essai thérapeutique », il doit être conscient, comme le patient, que les douleurs abdominales récurrentes sont une affection fluctuante et toute « réponse » pourrait refléter l’évolution naturelle de la maladie ou un effet placebo, plutôt que l’efficacité du médicament.

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Contexte: 

Entre 4 % et 25 % des enfants d’âge scolaire se plaignent un jour ou l’autre de douleurs abdominales récurrentes de gravité suffisante pour les gêner dans leur vie quotidienne. Quand aucune cause organique claire n’est identifiée, on traite ces enfants en les rassurant et par des mesures simples ; un large éventail d’interventions pharmacologiques ont également été recommandées.

Objectifs: 

Déterminer l’efficacité des interventions pharmacologiques sur les douleurs abdominales récurrentes des enfants d’âge scolaire.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), Ovid MEDLINE, Embase et huit autres bases de données électroniques jusqu’à juin 2016. Nous avons également effectué des recherches dans deux registres d’essais et contacté les chercheurs des études publiées.

Critères de sélection: 

Essais contrôlés randomisés portant sur des enfants âgés de 5 à 18 ans souffrant de douleurs abdominales récurrentes ou de troubles fonctionnels gastro-intestinaux associés à des douleurs abdominales, selon la définition des critères de Rome III (Rasquin 2006). Les interventions étaient toutes pharmacologiques et comparées à un placebo, à l’absence de traitement, à une liste d’attente ou à des soins standard. Les critères d’évaluation principaux étaient l’intensité de la douleur, la fréquence ou la durée de la douleur et l’amélioration de la douleur. Les critères d’évaluation secondaires étaient les performances scolaires, le fonctionnement social ou psychologique et la qualité de la vie quotidienne.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont passé au crible indépendamment les titres, résumés et rapports complets potentiellement pertinents des études éligibles. Deux auteurs ont extrait les données et effectué une évaluation du risque de biais. Nous avons utilisé l’approche GRADE pour évaluer la qualité globale des données. Nous avons jugé qu’une méta-analyse n’était pas appropriée en raison de l’hétérogénéité significative des études. Par conséquent, nous avons rédigé un résumé narratif des résultats.

Résultats principaux: 

Cette revue a inclus 16 études avec un total de 1024 participants âgés de 5 à 18 ans, tous recrutés dans des services de consultations externes pédiatriques. Les études ont été menées dans sept pays : sept aux États-Unis, quatre en Iran et une au Royaume-Uni, en Suisse, en Turquie, au Sri Lanka et en Inde, respectivement. La durée du suivi allait de deux semaines à quatre mois. Les études examinaient les interventions suivantes pour le traitement des douleurs abdominales récurrentes : antidépresseurs tricycliques, antibiotiques, agonistes des récepteurs 5-HT4, antispasmodiques, antihistaminiques, anti-H2, antagonistes de la sérotonine, inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, un antagoniste des récepteurs de la dopamine et une hormone. Bien que certaines études uniques aient rapporté que les traitements étaient efficaces, toutes ces études étaient de petite taille ou présentaient des faiblesses méthodologiques essentielles et un important risque de biais. Aucun de ces résultats « positifs » n’a été reproduit dans des études ultérieures. Nous avons jugé que les données d’efficacité étaient de mauvaise qualité. Aucun effet indésirable n’a été rapporté dans ces études.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Suzanne Assénat et révisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.