Évaluation de la procalcitonine pour réduire la mortalité chez les adultes atteints de sepsis

Question de la revue

L'évaluation de la procalcitonine est-elle efficace pour réduire la mortalité et la durée du traitement antimicrobien chez les adultes atteints de sepsis ?

Contexte

Le sepsis est défini comme une infection confirmée ou suspectée, associée à un syndrome de réponse inflammatoire systémique (SIRS). Cet état peut évoluer vers un dysfonctionnement aigu des organes, appelé « sepsis sévère », ou vers une hypotension persistante, même après un remplacement adéquat des liquides, appelée « choc septique ». La procalcitonine (PCT) est un indicateur biologique présent dans le sang, dont on a constaté qu’il augmentait au cours d'une infection du sang. Nous avons voulu déterminer si l'évaluation de la PCT peut réduire la mortalité et la durée du traitement antimicrobien chez les adultes atteints d'une infection du sang. Pour cela, nous avons comparé la PCT à l'absence de traitement, aux soins standard (impliquant uniquement l’expérience clinique habituelle) et à d'autres indicateurs chimiques du sang. Aujourd'hui, les autres indicateurs chimiques incluent la protéine C réactive (CRP), les interleukines et la néoptérine.

Caractéristiques des études

Les données probantes sont à jour en juillet 2015. Toutefois, nous avons réitéré la recherche en octobre 2016 et nous intégrerons les trois études présentant un intérêt lorsque nous mettrons à jour la revue. Pour la version présente, nous avons inclus 10 études dans cette revue. Ces études ont été menées en Allemagne, en Australie, au Brésil, en Chine, en France, en Indonésie, en République tchèque et en Suisse. Les chercheurs ont évalué des participants provenant d'unités de soins intensifs (USI) chirurgicaux, généraux et traumatologiques et de services d'urgence, situés dans des établissements universitaires et non universitaires. Toutes les études ont analysé des adultes présentant une infection du sang confirmée ou présumée. Les comparaisons étaient le plus souvent basées sur les « soins standard », mais un essai a utilisé une antibiothérapie guidée par la CRP. Dans six essais, les auteurs de l'étude avaient travaillé comme consultants pour des sociétés impliquées dans l'analyse de la procalcitonine, ou avaient reçu des paiements de la part de ces sociétés.

Principaux résultats

Les résultats n'ont pas montré de différence significative concernant la mortalité au plus long suivi (124/573 ; 21,6 % contre 152/583 ; 26,1 %), à 28 jours (37/160 ; 23,1 % contre 39/156 ; 25 %), à la sortie de l'USI (28/247 ; 11,3 % contre 25/259 ; 9,6 %) ou à la sortie de l'hôpital (82/398 ; 20,6 % contre 81/407 ; 19,9 %), respectivement, pour les groupes avec PCT et les groupes sans PCT. De plus, les chercheurs n'ont pas trouvé de différence dans la ventilation mécanique, la sévérité clinique, la réinfection ou la durée du traitement antimicrobien. Aucune étude n'a fourni de renseignements sur les participants pour lesquels le régime antimicrobien est passé d'un spectre large à un spectre plus étroit.

Qualité des données probantes

Nous avons considéré que l'ensemble des données probantes disponibles était de qualité très faible à moyenne en raison de l'absence de méthodes pour prévenir les erreurs au cours des études, ou de l'absence d'informations sur ces méthodes, ainsi que du nombre potentiellement insuffisant d'études et de patients par critère de jugement. En outre, les auteurs de la plupart des études ont travaillé comme consultants pour des sociétés impliquées dans l'analyse de la procalcitonine et/ou ont reçu des paiements de la part de ces sociétés.

Conclusions des auteurs: 

Les données probantes à jour de très faible qualité à qualité modérée, avec une puissance d'échantillonnage insuffisante par critère de jugement, ne soutiennent pas clairement l'utilisation d'un traitement antimicrobien guidé par la procalcitonine pour réduire au maximum la mortalité, la ventilation mécanique, la sévérité clinique, la réinfection ou la durée du traitement antimicrobien pour les patients atteints d’affections septiques.

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Contexte: 

L'évaluation de la procalcitonine (PCT) sérique a été proposée pour un diagnostic précoce et une stadification précise, et pour guider les décisions concernant les patients atteints de sepsis, de sepsis sévère et de choc septique, avec une réduction possible de la mortalité.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité et la tolérance de l'évaluation de la PCT sérique pour réduire la mortalité et la durée du traitement antimicrobien chez les adultes atteints de sepsis, de sepsis sévère ou de choc septique.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le Registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL ; 2015, numéro 7) ; MEDLINE (1950 à juillet 2015) ; Embase (Ovid SP, 1980 à juillet 2015) ; la Latin American Caribbean Health Sciences Literature (LILACS via BIREME, 1982 à juillet 2015) ; et le Cumulative Index to Nursing and Allied Health Literature (CINAHL ; EBSCO host, 1982 à juillet 2015), et les registres d'essais (registre ISRCTN, ClinicalTrials.gov et CenterWatch, jusqu'en juillet 2015). Nous avons réitéré la recherche en octobre 2016. Nous avons ajouté trois études présentant un intérêt à une liste d'« études en attente de classification » et nous les intégrerons aux conclusions officielles de la revue lors de la mise à jour de la revue.

Critères de sélection: 

Nous n'avons inclus que les essais contrôlés randomisés (ECR) testant les décisions guidées par la PCT dans au moins un des bras de comparaison pour les adultes (≥ 18 ans) atteints de sepsis, de sepsis sévère ou de choc septique, selon les définitions internationales et quel que soit le contexte.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont extrait les données des études et ont évalué la qualité méthodologique des études incluses. Nous avons effectué une méta-analyse avec des modèles à effets aléatoires pour les principaux critères de jugement suivants : mortalité et temps passé sous traitement antimicrobien à l'hôpital et dans l'unité de soins intensifs (USI), ainsi que temps passé sous ventilation mécanique et changement de régime antimicrobien d'un spectre large à un spectre plus étroit.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus 10 essais totalisant 1 215 participants. Les données probantes de faible qualité n'ont pas montré de différences significatives concernant la mortalité au plus long suivi (risque relatif (RR) 0,81, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,65 à 1,01 ; I2 = 10 % ; 10 essais ; N = 1 156), à 28 jours (RR 0,89, IC à 95 % 0,61 à 1,31 ; I2 = 0 % ; quatre essais ; N = 316), à la sortie de l'USI (RR 1,03, IC à 95 % 0,50 à 2,11 ; I2 = 49 % ; trois essais ; N = 506) et à la sortie de l'hôpital (RR 0,98, IC à 95 % 0,75 à 1,27 ; I2 = 0 % ; sept essais ; N = 805 ; données probantes de qualité moyenne). Cependant, la durée moyenne du traitement antimicrobien dans les groupes d'intervention était de -1,28 jours (IC à 95 % de -1,95 à -0,61 ; I2 = 86 % ; quatre essais ; N = 313 ; données probantes de très faible qualité). Aucune étude primaire n'a analysé le changement de régime antimicrobien d'un spectre large à un spectre plus étroit.

Notes de traduction: 

Post-édition : Lucile Vallas - Révision : Lise Mayrand (M2 ILTS, Université de Paris)

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.