La formation par réalité virtuelle pour améliorer les compétences nécessaires pour la chirurgie de l'oreille, du nez ou de la gorge

Question de la revue

Cette revue a évalué les résultats de chirurgiens formés à l'aide d'une simulation en réalité virtuelle par rapport à ceux formés par des méthodes classiques. Elle a également évalué si la formation par réalité virtuelle aidait les participants à acquérir autant (ou davantage) de compétences techniques nécessaires pour obtenir de bons résultats chirurgicaux, ainsi que d'autres compétences non techniques telles que l'aptitude à prendre de bonnes décisions et à mener une équipe en salle d'opération. Une autre compétence évaluée était le niveau d'expérience des participants dans les essais, étant donné que certains d'entre-eux étaient des internes en chirurgie, tandis que d'autres étaient des étudiants en médecine.

Contexte

La réalité virtuelle offre une alternative aux programmes de formation actuels pour la chirurgie de l'oreille, du nez et de la gorge. Cependant, la capacité de la formation par réalité virtuelle à fournir une approche, équivalente ou supérieure, à des méthodes de formation traditionnelles doit être identifiée de manière fiable. Comme la réalité virtuelle est une technologie émergente, peu d'études comparatives existent, ce qui rend difficile d'identifier avec précision sa valeur pour la formation chirurgicale.

Les caractéristiques de l'étude

Nous avons inclus neuf études impliquant 210 internes spécialistes de l'oreille, du nez et de la gorge, ainsi que des étudiants en médecine. Quatre études ont comparé la formation à la chirurgie sinusale endoscopique par réalité virtuelle à la formation classique ; une étude a comparé la formation à la dacryocystorhinostomie endoscopique par réalité virtuelle à une formation à l'aide de manuels ; deux études ont comparé une formation virtuelle de dissection de l'os temporal à un entraînement sur un cadavre, et deux études ont comparé une formation virtuelle de dissection de l'os temporal à une formation dans un petit groupe d'étude sur des modèles d'os temporaux. Aucune des études n'a été financée par un organisme ayant un intérêt commercial dans les résultats.

Résultats principaux

Aucune des études n'a évalué si la formation par réalité virtuelle a une influence sur les résultats pour les patients ou sur les compétences non techniques. Il existe des preuves qui recommandent l'introduction de la réalité virtuelle dans la formation chirurgicale car les compétences techniques acquises par cette méthode sont aussi efficaces, voire meilleures, que celles apprises grâce à la formation classique. La réalité virtuelle peut ainsi être ajoutée au vaste éventail d'activités qui constituent un programme de formation chirurgicale exhaustif. La réalité virtuelle devrait également être considérée comme un outil d'apprentissage supplémentaire pour les étudiants en médecine.

La qualité des preuves

Dans cette revue, nous avons évalué la qualité des preuves comme « faible » pour la plupart des critères de jugement (en utilisant le système GRADE). Les principales raisons de cette évaluation sont les problèmes liés à la conception de l'étude. Les preuves dans cette revue sont à jour au 27 juillet 2015.

Conclusions des auteurs: 

Il existe des preuves limitées favorables à l'introduction de la réalité virtuelle dans les programmes de formation chirurgicale. Celles-ci montrent que la réalité virtuelle peut permettre de développer des compétences techniques au moins aussi élevées que celles obtenues grâce à la formation classique. Des études supplémentaires sont nécessaires afin de déterminer si la formation par réalité virtuelle est associée à de meilleurs résultats pour des patients réels et au développement de compétences non techniques. La réalité virtuelle peut être considérée comme un outil d'apprentissage supplémentaire pour les étudiants en médecine.

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Contexte: 

La réalité virtuelle utilise des images générées par ordinateur pour créer un environnement de formation simulé. Cette revue s'est attachée à examiner s'il existe des preuves pour recommander l'introduction de la réalité virtuelle dans les programmes de formation à la chirurgie de l'oreille, du nez et de la gorge.

Objectifs: 

1. Évaluer si les chirurgiens effectuant une formation par réalité virtuelle ont des résultats chirurgicaux au moins aussi bons, ou meilleurs, que ceux obtenus grâce à des méthodes de formation classiques.

2. Évaluer s'il existe des preuves en bloc opératoire ou en environnements contrôlés (simulation en centre) que la formation chirurgicale par réalité virtuelle conduit à des compétences chirurgicales qui sont comparables, ou meilleures, que celles obtenues grâce à la formation classique.

Stratégie de recherche documentaire: 

Le coordinateur des recherches d'essais du groupe Cochrane sur l'otorhinolaryngologie a interrogé le registre des essais de ce groupe, le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL 2015, numéro 6), PubMed, EMBASE, ERIC, CINAHL, Web of Science, ClinicalTrials.gov, ICTRP et d'autres sources afin de recenser des essais publiés et non publiés. Ces recherches ont été effectuées le 27 juillet 2015.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus tous les essais contrôlés randomisés et les essais contrôlés comparant la formation par réalité virtuelle et toute autre méthode de formation dans la chirurgie de l'oreille, du nez ou de la gorge.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standard prévues par The Cochrane Collaboration. Nous avons évalué à la fois les compétences techniques et non techniques.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus neuf études impliquant 210 participants. Parmi elles, quatre études (impliquant 61 internes) ont évalué les compétences techniques au bloc opératoire (critères de jugement principaux). Cinq études (impliquant 149 internes et étudiants en médecine) ont évalué les compétences techniques dans un environnement contrôlé (critères de jugement secondaires). La majorité des essais étaient à risque élevé de biais. Nous avons évalué la qualité des preuves pour la plupart des résultats entre les études comme « faible » selon GRADE.

Bloc opératoire (critères de jugement principaux)

Aucune étude au bloc opératoire n'a examiné deux des trois critères de jugement principaux : les résultats pour les patients et l'acquisition de compétences non techniques. Le troisième critère de jugement principal (les compétences techniques au bloc opératoire) a été évalué dans deux études comparant la formation à la chirurgie endoscopique des sinus par réalité virtuelle à la formation classique. Dans une étude, les compétences psychomotrices (qui concernent des techniques opératoires ou la coordination physique pour le maniement des instruments) a été évaluée sur une échelle à 10 points. Une deuxième étude évaluait le temps passé à réaliser une procédure. Les performances du groupe de formation par réalité virtuelle étaient significativement plus élevées, avec un meilleur score pour les compétences psychomotrices (différence moyenne (DM) 3,20, IC à 95 % 2,05 à 4,34 ; échelle sur 10 points) et une durée moins élevée nécessaire pour terminer l'opération (DM -5,50 minutes, IC à 95 % -9,97 à -1,03).

Environnements de formation contrôlés (critères de jugement secondaires)

Cinq études évaluaient les compétences techniques des internes en chirurgie (une étude) et des étudiants en médecine (trois études) dans un environnement contrôlé. Une étude a été exclue de l'analyse.

Les internes : une étude (80 participants) évaluait les performances techniques des internes durant une chirurgie de l'os temporal où le critère de jugement était la qualité de la dissection finale. Aucune différence n'a été observée entre le groupe formé par réalité virtuelle et celui formé sur des cadavres.

Les étudiants en médecine : deux autres études (40 participants) évaluaient les compétences techniques médicales obtenues par les étudiants sur l'os temporal en laboratoire. Les connaissances du déroulement de la procédure opératoire (score procédural) étaient meilleures après la formation par réalité virtuelle que la formation classique (DMS 1,11, IC à 95 % 0,44 à 1,79). Il y avait également une différence significative dans les scores du résultat final entre les groupes de formation par réalité virtuelle et conventionnelle (DMS 2,60, IC à 95 % 1,71 à 3,49). Une étude (17 participants) a révélé que les étudiants en médecine acquièrent de meilleures connaissances anatomiques (sur une échelle de 0 à 10) avec la réalité virtuelle que pendant la formation classique (DM 4,3, IC à 95 % 2,05 à 6,55). Aucune étude dans un environnement de formation contrôlé n'a évalué les compétences non techniques.

Notes de traduction: 

Post-édition : Florence Haenel (M2 ILTS, Université Paris Diderot)

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.