Principaux messages
- Nous ne savons pas si la coagulation par micro-ondes, ajoutée à une autre méthode de destruction des cellules cancéreuses administrée directement dans le foie (chimioembolisation transartérielle conventionnelle (CETA)), par rapport à la CETA seule, présente un bénéfice en termes d'effets secondaires ou de complications.
- Nous ne savons pas si la coagulation par micro-ondes, comparée à la chirurgie conventionnelle ou à une autre méthode de destruction des cellules cancéreuses (ablation par radiofréquence), présente un bénéfice en termes de décès, d'allongement de la durée de vie et d'effets secondaires ou de complications.
Que sont les métastases hépatiques et la coagulation par micro-ondes ?
Les métastases hépatiques sont de nouveaux foyers de cancer qui se propagent à d'autres parties du corps. Ils proviennent généralement de cancers du poumon, de l'estomac, du côlon (gros intestin), du rectum et de l'endomètre (paroi de l'utérus). Il existe différentes manières de traiter les métastases hépatiques chez les personnes pour lesquelles une résection (ablation chirurgicale du cancer) n'est pas possible. L'une des méthodes, l'ablation par micro-ondes, consiste à placer une électrode spéciale près du site du cancer, ce qui détruit les cellules cancéreuses environnantes à l'aide d'ondes électromagnétiques.
Que voulions-nous découvrir ?
Nous voulions savoir si l'ablation par micro-ondes apporte un bénéfice par rapport à l'absence d'intervention, à d'autres méthodes de destruction des cellules cancéreuses administrées directement dans le foie, ou à d'autres types de traitements agissant sur l'ensemble du corps, lorsqu'elle est appliquée à des personnes atteintes de métastases hépatiques, quelle que soit la localisation du cancer primitif. Nous avons examiné la probabilité de décès, le délai avant lé décès, la possibilité d'éliminer les métastases, la fréquence de réapparition des tumeurs, l'aggravation de la maladie, la qualité de vie en termes d'évolution de la santé et l'apparition éventuelle d'effets secondaires.
Comment avons-nous procédé ?
Nous avons recherché dans les bases de données médicales des essais randomisés comparant l'ablation par micro-ondes à l'absence d'intervention ou à d'autres types de traitement des métastases hépatiques. Dans un essai randomisé, les participants sont alloués de manière aléatoire aux traitements de l'étude.
Qu’avons-nous trouvé ?
Nous avons trouvé trois essais, tous menés dans des pays à revenu moyen supérieur ou élevé.
Une étude menée en Chine a réparti 50 personnes entre l'ablation par micro-ondes et la CETA conventionnelle, par rapport à la CETA conventionnelle seule. Dans la CETA classique, un mélange de médicaments toxiques pour les cellules cancéreuses et de substances bloquant les vaisseaux sanguins est injecté directement dans l'artère qui alimente la tumeur afin de la détruire et de la fermer. L'étude était très incertaine quant à l'effet de l'ablation par micro-ondes plus la CETA conventionnelle sur la diminution de la taille de la tumeur. Elle a rapporté des effets secondaires dans le groupe ablation par micro-ondes uniquement, tels que de la fièvre, de légères douleurs à l'estomac, des signes d'inflammation légère du foie ou de lésions hépatiques, et une légère accumulation de liquide dans l'abdomen. Les auteurs n'ont pas indiqué combien de personnes sont décédées, si la qualité de vie s'est améliorée après le traitement, si les personnes ont vécu plus longtemps, si les métastases ont été éliminées et si le cancer est réapparu.
Une étude menée au Japon a réparti 40 personnes entre l'ablation par micro-ondes et la chirurgie conventionnelle. L'essai a montré que la proportion de personnes survivant trois ans plus tard était similaire dans les deux groupes. Les patients ont vécu des périodes de temps similaires (environ 27 mois avec l'ablation par micro-ondes et 25 mois avec la chirurgie conventionnelle). La fréquence des effets secondaires ou des complications était similaire entre les traitements, mais les personnes du groupe ayant subi une chirurgie conventionnelle ont plus souvent eu besoin d'une transfusion sanguine. L'essai n'a pas fourni de données sur la qualité de vie, l'élimination des métastases et la réapparition du cancer.
Une étude menée en Allemagne a réparti 50 personnes entre l'ablation par micro-ondes et une autre méthode de destruction des cellules cancéreuses (utilisant des ondes de radiofréquence, appelée ablation par radiofréquence). Selon l'étude, la proportion de personnes décédées était similaire dans les deux groupes. Un nombre comparable de personnes dans les deux groupes ont vécu un, deux et trois ans. Deux complications mineures ont été observées dans le groupe ablation par radiofréquence. Dans le groupe d'ablation par micro-ondes, aucun participant n'a vu son cancer réapparaître dans la même zone après 12 mois. Cependant, dans le groupe d'ablation par radiofréquence, le cancer est réapparu dans la même zone chez deux personnes. Le cancer est apparu dans une zone différente du corps chez 10 personnes du groupe ablation par micro-ondes et chez 9 personnes du groupe ablation par radiofréquence. L'essai n'a pas rapporté la qualité de vie, le délai avant le décès et l'élimination des métastases.
D'autres essais cliniques randomisés sont nécessaires pour renforcer les données probantes sur l'effet de l'ablation par micro-ondes par rapport aux traitements décrits ci-dessus. Nous n'avons pas trouvé des données probantes permettant de comparer l'ablation par micro-ondes à d'autres méthodes de destruction des cellules cancéreuses et à des traitements agissant sur l'ensemble du corps.
Quelles sont les limites des données probantes ?
Notre confiance dans les résultats est limitée car aucun des essais n'a clairement rapporté ses méthodes, ni indiqué si les participants à l'essai connaissaient le traitement reçu. Nous manquons encore de données probantes sur l'effet de l'ablation par micro-ondes en complément de la CETA conventionnelle par rapport à la CETA conventionnelle seule sur la mortalité, la qualité de vie, la durée de vie, l'élimination des métastases, la récidive du cancer, ainsi que sur l'effet de l'ablation par micro-ondes par rapport à la chirurgie conventionnelle et à l'ablation par radiofréquence sur la qualité de vie, l'élimination des métastases et la récidive du cancer.
Ces données probantes sont-elles à jour ?
Les données probantes sont à jour jusqu'au 14 avril 2023.
Les données probantes sont très incertaines quant à l'effet indésirable de l'ablation par micro-ondes en plus de la chimio-embolisation transartérielle conventionnelle (CETA) conventionnelle par rapport à la CETA conventionnelle seule sur les événements indésirables ou les complications. Nous ne savons pas si l'ablation par micro-ondes comparée à la chirurgie conventionnelle pourrait avoir peu ou pas d'effet sur la mortalité toutes causes confondues. Nous ne connaissons pas non plus l'effet de l'ablation par micro-ondes par rapport à l'ablation par radiofréquence sur la mortalité toutes causes confondues et sur les événements indésirables ou les complications.
Les données sur la mortalité toutes causes confondues et le délai avant décès, la qualité de vie liée à la santé (QVLS), les événements indésirables ou les complications, la mortalité par cancer, la survie sans maladie, l'absence d'élimination des métastases hépatiques, la récurrence des métastases hépatiques, le délai avant la progression des métastases hépatiques et les mesures de la réponse tumorale étaient soit insuffisantes, soit manquantes.
À la lumière des données probantes actuelles et des lacunes substantielles dans les données, la poursuite d'essais cliniques randomisés supplémentaires de bonne qualité est non seulement justifiée mais également essentielle pour élucider l'efficacité et les bénéfices comparatifs de l'ablation par micro-ondes par rapport à diverses interventions pour les métastases hépatiques.
La version actuelle de la revue, par rapport à la précédente, intègre deux nouveaux essais dans deux comparaisons supplémentaires d'ablation par micro-ondes : 1. en complément de la CETA conventionnelle par rapport à la CETA conventionnelle seule et 2. par rapport à l'ablation par radiofréquence.
Les métastases hépatiques (c'est-à-dire les tumeurs malignes hépatiques secondaires) sont significativement plus fréquentes que le cancer primitif du foie. La survie à long terme après un traitement chirurgical radical est d'environ 50 %. D'autres traitements doivent être envisagés pour les personnes chez qui la résection en vue d'une guérison n'est pas possible. L'une des options de traitement est la coagulation par micro-ondes utilisant des ondes électromagnétiques. Elle consiste à placer une électrode dans une lésion avec guidage par échographie ou par tomodensitométrie.
Évaluer les bénéfices et les risques de la coagulation par micro-ondes par rapport à l'absence d'intervention, à d'autres méthodes d'ablation ou à des traitements systémiques chez les personnes atteintes de métastases hépatiques, quelle que soit la localisation de la tumeur primaire.
Nous avons utilisé les méthodes de recherche standards et exhaustives de Cochrane. La dernière date de recherche était le 14 avril 2023.
Essais cliniques randomisés évaluant les effets bénéfiques ou risques de la coagulation par micro-ondes et de ses comparateurs chez les personnes atteintes de métastases hépatiques, quelle que soit la localisation de la tumeur primaire. Nous avons inclus les essais quels que soient les critères de jugement rapportés.
Nous avons suivi les procédures méthodologiques standard de Cochrane. Nos critères de jugement principaux étaient : la mortalité toutes causes confondues lors du dernier suivi et le délai avant décès ; la qualité de vie liée à la santé (QVLS) ; et tout événement indésirable ou complication. Nos critères de jugement secondaires étaient : la mortalité due au cancer, la survie sans maladie, l'échec de l'élimination des métastases hépatiques, la récurrence des métastases hépatiques, le délai avant la progression des métastases hépatiques et les mesures de la réponse tumorale. Nous avons utilisé des risques relatifs (RR) et des rapports des risques instantanés (hazard ratio, HR) avec des intervalles de confiance (IC) à 95 % pour présenter les résultats. Deux auteurs de la revue ont indépendamment extrait les données et évalué le risque de biais à l'aide de l'outil Cochrane RoB 1. Nous avons utilisé la méthodologie GRADE pour évaluer le niveau de confiance des données probantes.
Trois essais cliniques randomisés répondaient aux critères d'inclusion. Les interventions de contrôle étant différentes dans les trois essais, il n'a pas été possible de réaliser des méta-analyses. Ces essais présentaient des risques de biais élevés. Le niveau de confiance des données probantes des critères de jugement dans les trois comparaisons est très faible. Les données relatives à nos critères de jugement préspécifiés étaient soit manquantes, soit non rapportées.
La coagulation par micro-ondes plus chimio-embolisation transartérielle conventionnelle (CETA) par rapport à la CETA conventionnelle seule
Un essai, mené en Chine, a randomisé 50 participants (âge moyen de 60 ans, 76 % d'hommes) atteints de métastases hépatiques provenant de divers sites primaires. Les auteurs ont indiqué que la période de suivi était d'au moins un mois. L'essai a rapporté des événements indésirables ou des complications uniquement dans le groupe expérimental et pour les mesures de la réponse tumorale. Il n'y a pas eu d'abandon dans l'essai. L'essai n'a pas rapporté les autres critères de jugement.
L’ablation par micro-ondes par rapport à la chirurgie conventionnelle
Un essai, mené au Japon, a randomisé 40 participants (âge moyen 61 ans, 53 % d'hommes) présentant de multiples métastases hépatiques d'un cancer colorectal. Dix participants ont été exclus après la randomisation (six du groupe expérimental et quatre du groupe témoin) ; les analyses de l'essai ont donc porté sur 30 participants. Le suivi a duré trois ans. Le nombre de décès, toutes causes confondues, a été de 9/14 participants inclus dans le groupe micro-ondes par rapport à 12/16 participants inclus dans le groupe chirurgie conventionnelle. La survie globale moyenne était de 27 mois dans le groupe ablation par micro-ondes et de 25 mois dans le groupe chirurgie conventionnelle. La survie globale à trois ans était de 14 % avec l'ablation par micro-ondes et de 23 % avec la chirurgie conventionnelle, soit un HR de 0,91 (IC à 95 % de 0,39 à 2,15). La fréquence rapportée des événements indésirables ou des complications était comparable entre les deux groupes, à l'exception de la transfusion sanguine nécessaire, qui était plus fréquente dans le groupe de chirurgie conventionnelle. Il n'y a pas eu de décès liés à l'intervention. La survie sans maladie était de 11,3 mois dans le groupe ablation par micro-ondes et de 13,3 mois dans le groupe chirurgie conventionnelle. L'essai n'a pas fait rapporté la QVLS.
L’ablation par micro-ondes par rapport à l’ablation par radiofréquence
Un essai, mené en Allemagne, a randomisé 50 participants (âge moyen de 62,8 ans, 46 % d'hommes) qui ont été suivis pendant 24 mois. La mortalité à deux ans a montré un RR de 0,62 (IC à 95 % de 0,26 à 1,47). L'essai a rapporté qu'à deux ans, 76,9 % des participants du groupe ablation par micro-ondes et 62,5 % des participants du groupe ablation par radiofréquence ont survécu (HR 0,63, IC à 95 % 0,23 à 1,73). L'essai n'a rapporté aucun décès ni aucune complication majeure au cours des interventions, dans aucun des deux groupes. Deux complications mineures ont été observées uniquement dans le groupe ablation par radiofréquence (RR 0,19, IC à 95 % 0,01 à 3,67). L'essai a rapporté une efficacité technique dans 100 % des procédures dans les deux groupes. Une récidive à distance a été signalée pour 10 participants dans le groupe ablation par micro-ondes et neuf participants dans le groupe ablation par radiofréquence (RR 1,03, IC à 95 % 0,50 à 2,08). Aucun participant du groupe ablation par micro-ondes n'a présenté de progression locale à 12 mois, alors que cela s'est produit chez deux participants du groupe ablation par radiofréquence (RR 0,19, IC à 95 % 0,01 à 3,67). L'essai n'a pas fait rapporté la QVLS.
Un essai a rapporté un soutien partiel de Medicor (MMS Medicor Medical Supplies GmbH, Kerpen, Allemagne) pour l'analyse statistique. Les deux essais restants n'ont pas fourni d'informations sur le financement.
Nous avons identifié quatre essais en cours.
Post-édition effectuée par Inès Belalem et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr