Traitement physique préopératoire pour les patients subissant une chirurgie cardiaque élective

Les patients subissant une chirurgie cardiaque présentent un risque accru de complications pulmonaires postopératoires, telles qu'une pneumonie. Ces complications ralentissent le rétablissement postopératoire et peuvent même conduire au décès. Une meilleure forme physique améliore la capacité fonctionnelle des patients, notamment pulmonaire, et pourrait leur permettre d'être mieux préparés à supporter les conséquences du stress physique de la chirurgie.

Les auteurs de cette revue ont évalué l'efficacité et l'innocuité du traitement physique préopératoire basé sur des exercices chez les patients subissant une chirurgie cardiaque. Au sein de la littérature pertinente, huit études incluant au total 856 participants répondaient aux critères d'inclusion. Les résultats ont montré que le traitement physique préopératoire réduisait le nombre de patients développant une atélectasie ou une pneumonie, mais pas le nombre de patients développant un pneumothorax ou subissant une ventilation prolongée ou un décès postopératoire. Les patients qui avaient suivi un traitement physique préopératoires sortaient plus tôt de l'hôpital (plus de trois jours avant en moyenne). Les informations sur les événements indésirables étaient limitées mais les études qui les prenaient en compte n'en signalaient aucun. Aucune des études ne mentionnait le coût du traitement physique préopératoire.

Les auteurs ont conclu que le traitement physique préopératoire, notamment le renforcement du muscle respiratoire, permet d'éviter certaines complications postopératoires, notamment l'atélectasie, la pneumonie et la durée de l'hospitalisation.

Conclusions des auteurs: 

Les données issues de petits essais suggèrent que le traitement physique préopératoire permet de réduire les complications pulmonaires postopératoires (atélectasie et pneumonie) et la durée de l'hospitalisation chez les patients subissant une chirurgie cardiaque élective. Les preuves sont insuffisantes pour affirmer que le traitement physique préopératoire permet de réduire le pneumothorax, la ventilation mécanique prolongée ou toutes les causes de décès suite à l'opération.

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Contexte: 

Après la chirurgie cardiaque, le traitement physique est une procédure de routine visant à prévenir les complications pulmonaires postopératoires.

Objectifs: 

Déterminer si un traitement physique préopératoire basé sur des exercices permet de prévenir les complications pulmonaires postopératoires chez les patients subissant une chirurgie cardiaque et évaluer chez quel type de patient ce traitement est bénéfique et quel traitement physique est le plus efficace.

Stratégie de recherche documentaire: 

Des recherches ont été effectuées dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) dans The Cochrane Library (2011, numéro 12), ainsi que dans MEDLINE (de 1966 au 12 décembre 2011), EMBASE (de 1980 à la semaine 49 de 2011), la Physical Therapy Evidence Database (PEDro) (jusqu'au 12 décembre 2011) et CINAHL (de 1982 au 12 décembre 2011).

Critères de sélection: 

Essais contrôlés randomisés ou quasi-randomisés comparant le traitement physique préopératoire avec l'absence de traitement ou un traitement fantôme chez les patients adultes subissant une chirurgie cardiaque élective.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons recueilli des données concernant le type d'étude, les participants, les traitements utilisés, les critères de jugement principaux (complications pulmonaires postopératoires de niveau 2 à 4 : atélectasie, pneumonie, pneumothorax, ventilation mécanique > 48 heures, toutes les causes de décès, événements indésirables) et les critères de jugement secondaires (durée de l'hospitalisation, mesure des fonctions physiques, qualité de vie liée à la santé, décès respiratoire, coûts). Les données ont été extraites par un auteur et vérifiées par un deuxième auteur. Nous avons utilisé le logiciel Review Manager 5.1 pour l'analyse.

Résultats principaux: 

Huit essais contrôlés randomisés totalisant 856 participants ont été inclus. Trois études utilisaient une intervention mixte (incluant soit des exercices d'aérobic, soit des exercices de respiration) et cinq études utilisaient le renforcement du muscle respiratoire. Une seule étude utilisait un traitement fantôme comme témoin. Les patients suivant le traitement physique préopératoire présentaient un risque réduit d'atélectasie postopératoire (quatre études totalisant 379 participants ; risque relatif (RR) = 0,52 ; IC à 95 % : 0,32 à 0,87 ; P = 0,01), mais pas de pneumothorax (une étude incluant 45 participants ; RR = 0,12 ; IC à 95 % : 0,01 à 2,11 ; P = 0,15) ou de ventilation mécanique plus de 48 heures après la chirurgie (deux études totalisant 306 participants ; RR = 0,55 ; IC à 95 % : 0,03 à 9,20 ; P = 0,68). Les décès postopératoires, toutes causes confondues, ne différaient pas entre les groupes (trois études totalisant 552 participants ; RR = 0,66 ; IC à 95 % : 0,02 à 18,48 ; P = 0,81). Aucun événement indésirable n'a été détecté dans les trois études qui les prenaient en compte. La durée de l'hospitalisation postopératoire étaient significativement plus courte chez les patients ayant suivi le traitement que chez les patients du groupe témoin (trois études totalisant 347 participants, différence moyenne = -3,21 jours ; IC à 95 % : -5,73 à -0,69; P = 0,01). Une seule étude faisait état d'une mesure réduite de la fonction physique lors du test de marche de six minutes chez les patients du groupe de traitement par rapport aux patients du groupe témoin. Une autre étude faisait état d'une meilleure qualité de vie liée à la santé chez les patients du groupe de traitement par rapport aux patients du groupe témoin. Les décès postopératoires dus à des causes respiratoires étaient similaires dans les différents groupes (une étude incluant 276 participants ; RR = 0,14 ; IC à 95 % : 0,01 à 2,70 ; P = 0,19). Les données relatives aux coûts n'ont pas été mentionnées.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.