L'halopéridol pour l'agressivité chronique lors de psychoses

Contexte

Les personnes souffrant de délires et d'hallucinations éprouvantes peuvent souvent devenir agitées et agressives. Le médicament antipsychotique halopéridol est largement utilisé dans le traitement de la schizophrénie et pour les agitations psychotiques malgré le fait qu'il puisse provoquer un certain nombre d'effets secondaires graves, tels que des nausées, des vomissements, des étourdissements, de la nervosité et des spasmes musculaires.

Caractéristiques de l'étude

Le groupe Cochrane sur la schizophrénie a mené une recherche électronique pour identifier les essais cliniques portant sur l'utilisation de l'halopéridol face à l'agressivité induite par des psychoses en juillet 2011 et avril 2015. Nous avons trouvé une étude avec 110 participants, présentant un diagnostic de schizophrénie ou de trouble schizo-affectif. Les participants avaient été agressifs physiquement durant une récente hospitalisation et avaient été impliqués dans au moins un autre événement agressif. L'étude a randomisé les participants pour que ceux-ci reçoivent soit de l'halopéridol, de la clozapine ou de l'olanzapine.

Résultats principaux

La plupart des données présentées étaient impossibles à utiliser et il est ainsi difficile de savoir si l'halopéridol est efficace pour réduire l'agressivité ou améliorer l'état mental chez les personnes qui sont agressives en raison de psychoses. Il n'y avait aucune donnée concernant les effets secondaires. Le nombre de patients arrêtant prématurément de participer aux études était similaire dans chaque groupe de traitement.

Qualité des preuves

La qualité des preuves disponibles est faible, une seule étude avec un risque élevé de notification sélective des résultats a fourni des données. Aucune conclusion définitive ne peut être émise jusqu'à ce que de nouvelles données de bonne qualité soient disponibles.

Conclusions des auteurs: 

Une seule étude a pu être incluse et la plupart des données ont été fortement biaisées, presque impossibles à interpréter et de faible qualité. Il y avait également certaines lacunes dans la conception de l'étude en raison d'une description vague de l'assignation secrète et d'un risque élevé de biais de notification sélective. Par conséquent, aucune conclusion définitive ne peut être émise. Cette revue montre que les essais portant sur ce groupe de patients sont possibles - quoique difficiles. D'autres essais pertinents sont nécessaires pour évaluer l'utilisation de l'halopéridol dans le traitement de l'agressivité persistante/chronique chez les personnes vivant avec une psychose.

Lire le résumé complet...
Contexte: 

Les troubles psychotiques peuvent entraîner de l'agitation chez certains patients. Cette agitation se caractérise par une excitabilité, de l'impatience et de l'irritabilité ; ce qui peut entraîner des comportements physiques agressifs ou une agressivité verbale - deux problèmes qui peuvent perdurer. Dans le contexte psychiatrique, l'agressivité constitue un défi de taille pour les cliniciens et un risque pour les patients ; celle-ci est une cause fréquente d'admission dans des établissements hospitaliers. Si les personnes continuent à être agressives, cela peut prolonger l'hospitalisation. L'halopéridol est utilisé pour traiter les personnes se comportant de manière agressive au long terme.

Objectifs: 

Examiner si l'halopéridol seul, administré par voie orale, intramusculaire ou intraveineuse, est un traitement efficace pour l'agressivité persistante/au long terme lors de psychoses.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre d'essais cliniques du groupe Cochrane sur la schizophrénie (en juillet 2011 et en avril 2015).

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) ou des essais en double aveugle (impliquant une randomisation) ayant des données utilisables et comparant l'halopéridol avec un autre médicament ou à un placebo chez les personnes souffrant de psychoses et d'agressivité persistante ou chronique.

Recueil et analyse des données: 

Un auteur de la revue (AK) a extrait les données. Pour les données dichotomiques, un auteur de la revue (AK) a calculé les risques relatifs (RR) et leurs intervalles de confiance à 95 % (IC) sur la base d'une intention de traiter à partir d'un modèle à effets fixes. Un auteur de la revue (AK) a évalué le risque de biais des études incluses et créé un tableau « Résumé des résultats » en utilisant le système GRADE.

Résultats principaux: 

Nous ne disposons pas de preuves de bonne qualité concernant l'efficacité absolue de l'halopéridol pour les personnes souffrant d'agressivité chronique. Une étude randomisant 110 personnes chroniquement agressives à trois différents médicaments antipsychotiques remplissait les critères d'inclusion. Lorsque l'halopéridol était comparé à la clozapine ou à l'olanzapine, des données inégales (n = 83) à risque élevé de biais suggéraient un avantage en terme de scores sur une échelle de « l'agressivité totale » dont la signification clinique reste incertaine pour l'olanzapine/la clozapine. Les données étaient disponibles pour un seul autre critère de jugement, l'arrêt précoce de la participation à l'étude. Par rapport à d'autres médicaments antipsychotiques, les patients recevant de l'halopéridol n'étaient pas plus susceptibles de quitter l'étude (1 ECR, n = 110, RR de 1,37, IC entre 0,84 et 2,24, preuves de faible qualité). Bien qu'il y ait eu quelques données relatives aux critères de jugement mentionnés ci-dessus, il n'y avait aucune donnée sur la plupart des résultats binaires et aucune donnée sur les résultats en lien avec l'usage des services (hospitalisations ou recours à la police), la satisfaction quant au traitement, l'acceptation du traitement, la qualité de vie ou les variables économiques.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Martin Vuillème et révisée par Cochrane France

Tools
Information

Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.