Comparaison de deux méthodes utilisées dans le dépistage du cancer colorectal

Le cancer du gros intestin (côlon) et du rectum est l'un des cancers les plus fréquents dans les pays développés. La maladie se développe à partir de lésions bénignes pendant environ 10 ans. Si la lésion s’est transformée en cancer, le pronostic est plus favorable lorsque la maladie est détectée à un stade précoce. Le dépistage et la détection des cancers précoces et des précurseurs bénins pourraient donc réduire le nombre de décès causés par cette maladie. Les cancers et les précurseurs bénins peuvent engendrer des saignements et le sang peut être détecté dans les selles par un test spécifique, connu sous le nom de test de recherche de saignement occulte fécal (RSOS). Si le test est positif (du sang est détecté), une coloscopie sera proposée au patient afin de détecter la source de saignement. Malheureusement, un nombre considérable de cancers et de lésions précancéreuses ne sont pas décelés lors du test RSOS. Par conséquent, un examen endoscopique du rectum et de la partie inférieure du gros intestin (le côlon sigmoide) a été préconisé (appelé sigmoïdoscopie flexible). La sigmoïdoscopie flexible est réalisée avec un instrument flexible inséré à travers l'anus jusqu’à environ 50 centimètres dans la partie inférieure du gros intestin après le nettoyage avec un petit lavement. Cela permet un examen visuel direct de la paroi interne de l'intestin et les lésions bénignes et les tumeurs malignes peuvent ainsi être détectées. Les lésions bénignes peuvent être retirées au cours de cette intervention sans anesthésie et sans gêne pour le patient, un suivi de la coloscopie peut par la suite être proposé.

L'objectif de cette revue était de comparer les deux méthodes de dépistage (test RSOS et sigmoïdoscopie flexible) dans leur capacité à réduire le nombre de décès dus à un cancer du gros intestin et du rectum.

Nous avons identifié quatre essais qui comparaient le test RSOS à l'absence de dépistage et cinq essais qui comparaient la sigmoïdoscopie flexible à l'absence de dépistage. Aucune étude n'avait directement comparé les deux méthodes. La mortalité par cancer colorectal a été réduite avec le test RSOS et le dépistage par sigmoïdoscopie flexible. Lorsque nous avons comparé les deux méthodes, nous n'avons pas pu déterminer si l’une était plus efficace que l'autre.

Aucune complication n’est survenue après le test RSOS, mais 0,03% des participants présentaient une complication majeure après un suivi. Parmi plus de 60 000 tests de dépistages par sigmoïdoscopie flexible et près de 6 000 colonoscopies, une complication majeure a été enregistrée chez 0,08% des participants. Ces résultats doivent être interprétés avec prudence car la notification des effets indésirables était incomplète.

Conclusions des auteurs: 

Il existe des preuves de haute qualité indiquant que la sigmoïdoscopie flexible et le test de recherche de saignement occulte fécal réduisent la mortalité associée au cancer colorectal, lorsqu' ils étaient appliqués en tant qu’outils de dépistage. Des preuves indirectes de faible qualité révèlent qu’une méthode de dépistage ne permet pas plus qu’une autre méthode de réduire les décès par cancer colorectal. Les complications majeures associées au dépistage nécessitent une validation des études avec une notification des effets délétères plus complète.

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Contexte: 

Le cancer colorectal est le troisième cancer le plus fréquent dans le monde. Sachant que le temps de séjour pour ce type de cancer est de plusieurs années et un bon pronostic correspond à un diagnostic identifié à un stade précoce, le dépistage a été mis en œuvre dans un certain nombre de pays. Les deux dépistages comprenant un test de saignement occulte fécal et une sigmoïdoscopie flexible se sont révélés efficaces pour réduire la mortalité par cancer colorectal lors des essais contrôlés randomisés. Toutefois, l'efficacité comparative de ces tests sur la mortalité par cancer colorectal n’a jamais été évaluée et il existe une controverse concernant le choix du test.

Objectifs: 

Comparer l'efficacité du dépistage du cancer colorectal par sigmoïdoscopie flexible par rapport au test de saignement occulte fécal.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans MEDLINE et EMBASE (16 Novembre 2012), le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (2012, numéro 11) et les listes bibliographiques pour trouver des études éligibles.

Critères de sélection: 

Essais contrôlés randomisés comparant le dépistage par sigmoïdoscopie flexible au test de saignement occulte fécal ou à l'absence de dépistage. Seules les études rapportant la mortalité par cancer colorectal ont été incluses. Les tests de saignement occulte fécal devaient être répétés (annuellement ou tous les deux ans).

Recueil et analyse des données: 

Les prélèvements et l'évaluation du risque de biais ont été réalisés indépendamment par deux auteurs de la revue. Des méta-analyses ordinaires, en utilisant un modèle à effets aléatoires, ont été menées séparément pour la sigmoïdoscopie flexible et le test de recherche de saignement occulte fécal (RSOS) et nous avons calculé les risques relatifs avec un intervalle de confiance (IC) à 95%. Nous avons utilisé une approche bayésienne (une méta-analyse de variables aléatoires) pour les analyses indirectes et avons présenté les résultats comme risque relatif de la médiane postérieure avec des intervalles de crédibilité de 95%. Nous avons évalué la qualité des preuves en utilisant le système GRADE.

Résultats principaux: 

Nous avons identifié neuf études comprenant 338 467 individus randomisés pour un dépistage et 405 919 individus appartenant aux groupes témoins. Cinq études comparaient la sigmoïdoscopie flexible à l'absence de dépistage et quatre études comparaient le test répétitif RSOS (annuellement et tous les deux ans) à l'absence de dépistage. Nous n'avons pas pris en compte le fait que le risque de biais des études réduisait notre confiance dans nos résultats. Nous n'avons identifié aucune étude comparant directement les deux méthodes de dépistage. Par rapport à l'absence de dépistage, la mortalité par cancer colorectal était inférieure avec la sigmoïdoscopie flexible (risque relatif de 0,72; IC à 95% de 0,65 à 0,79, preuves de haute qualité) et avec le test RSOS (risque relatif de 0,86; IC à 95% de 0,80 à 0,92, preuves de haute qualité). Dans les analyses basées sur la comparaison indirecte des deux méthodes de dépistage, le risque relatif de décès par cancer colorectal était de 0,85 (IC de à 95% de 0,72 à 1,01, preuves de faible qualité) pour le dépistage par sigmoïdoscopie flexible par rapport au test RSOS. Aucune complication n'est survenue après le test RSOS, mais 0,03% des participants présentaient une complication majeure après un suivi. Parmi plus de 60 000 tests de dépistages par sigmoïdoscopie flexible et près de 6 000 colonoscopies, une complication majeure a été enregistrée chez 0,08% des participants. Ces résultats doivent être interprétés avec prudence car la notification des effets indésirables était incomplète.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.