Les corticostéroïdes pour le traitement de la méningite à éosinophiles parasitaires

Question de la revue

Les corticostéroïdes réduisent-ils l'inflammation de la membrane du cerveau due à des parasites ?

Contexte

La méningite à éosinophiles est une inflammation de la membrane recouvrant le cerveau, dont l'origine peut être infectieuse ou non infectieuse. Parmi les étiologies infectieuses, Angiostrongylus cantonensis, un ver pulmonaire de rat, est la cause majeure des méningites à éosinophiles. Elle touche principalement l'Asie du Sud-Est et l'ensemble du bassin du Pacifique. Cependant, ce parasite s'est propagé au-delà du bassin du Pacifique et on le trouve à présent dans certaines régions d'Amérique du Nord à cause de rats infectés transportés par bateau. Les céphalées sévères, qui se résorbent spontanément, constituent le symptôme principal. Les céphalées sont probablement dues à une réponse immunitaire aux parasites morts. Les autres signes et symptômes comprennent la douleur et la raideur du cou, les troubles visuels, les nausées, les vomissements, la paresthésie et l'hyperesthésie. Les corticostéroïdes sont des médicaments qui réduisent l'inflammation due aux larves mortes qui peut apparaître en cas de méningite à éosinophiles.

Caractéristiques des études

Nous avons effectué une revue systématique et une méta-analyse des essais contrôlés randomisés de corticostéroïdes dans le traitement de la méningite à éosinophiles. Les preuves sont à jour jusqu'à décembre 2014. Nous n'avons trouvé qu'un seul essai contrôlé randomisé répondant à nos critères. Cet essai portait sur 129 patients (63 dans le groupe de traitement, prednisolone à 60 mg/jour, répartis en trois doses pendant deux semaines, et 66 dans le groupe témoin, placebo). Cependant, 19 patients ont été perdus de vue.

Principaux résultats

L'étude incluse montrait que le délai médian avant disparition des céphalées était inférieur dans le groupe traité par prednisolone (10,5 jours contre 25 jours) et que le nombre de patients souffrant toujours de céphalées après 14 jours était inférieur dans le groupe recevant de la prednisolone que dans le groupe témoin (9,1 % contre 45,5 %). Il y avait des différences statistiquement significatives en faveur du groupe de traitement pour d'autres résultats, notamment la fréquence d'utilisation de paracétamol (acétaminophène) (valeur médiane du nombre d'utilisations) chez les personnes souffrant toujours de céphalées après 14 jours de traitement par prednisolone, et le délai moyen avant disparition complète des céphalées. Le nombre de patients nécessitant des ponctions lombaires répétées était également plus faible dans le groupe de traitement. Il n'y avait aucun effet indésirable rapporté dû à la prednisolone dans le groupe de traitement. Les corticostéroïdes permettent de soulager significativement les céphalées chez les patients souffrant de méningite à éosinophiles, qui ont un score de douleur de quatre ou plus sur une échelle visuelle analogique.

Qualité des preuves

Compte tenu de l'absence de dissimulation de la répartition et de mise en insu (notamment dans un essai comportant des critères d'évaluation subjectifs), et de l'attrition (perte de participants), nous avons évalué la qualité de ces preuves comme étant modérée.

Conclusions des auteurs: 

Les corticostéroïdes permettent de soulager significativement les céphalées chez les patients souffrant de méningite à éosinophiles, qui ont un score de douleur de quatre ou plus sur une échelle visuelle analogique. Cependant, il n'existe qu'un seul ECR indiquant ce bénéfice et cet essai ne mentionne pas clairement l'assignation secrète et la stratification. Par conséquent, nous étions d'accord pour considérer l'étude incluse comme un essai de qualité modérée. D'autres ECR correctement conçus sont nécessaires.

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Contexte: 

Angiostrongylus cantonensis (A. cantonensis) est la cause majeure des méningites à éosinophiles d'origine infectieuse. Les larves mortes de ce parasite entraînent une inflammation et exacerbent les symptômes de la méningite. Les corticostéroïdes sont des médicaments utilisés pour réduire l'inflammation causée par ce parasite.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité et l'innocuité des corticostéroïdes dans le traitement de la méningite à éosinophiles.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL (2014, numéro 11), MEDLINE (de 1950 à la 3ème semaine de novembre 2014), EMBASE (de 1974 à décembre 2014), Scopus (de 1960 à décembre 2014), Web of Science (de 1955 à décembre 2014), LILACS (de 1982 à décembre 2014) et CINAHL (de 1981 à décembre 2014).

Critères de sélection: 

Essais contrôlés randomisés (ECR) sur les corticostéroïdes comparés à un placebo pour le traitement de la méningite à éosinophiles.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue (SiT, SaT) ont recueilli et extrait les données de l'étude de façon indépendante. Nous avons évalué la qualité méthodologique des ECR. Nous avons identifié et analysé les résultats et les effets indésirables.

Résultats principaux: 

Nous n'avons pas identifié de nouveaux essais pour inclusion ou exclusion lors de cette mise à jour de 2014. Une étude portant sur 110 participants (55 participants dans chaque groupe) répondait à nos critères d’inclusion. Le corticostéroïde (prednisolone) montrait un bénéfice en termes de raccourcissement du délai médian avant disparition des céphalées (cinq jours dans le groupe de traitement contre 13 jours dans le groupe témoin, P < 0,0001). Les corticostéroïdes étaient également associés à un nombre réduit de participants souffrant toujours de céphalées après deux semaines de traitement (9,1 % contre 45,5 %, P < 0,0001). De même, le nombre de patients nécessitant des ponctions lombaires répétées était plus faible dans le groupe de traitement (12,7 % contre 40 %, P = 0,002). Il y avait une réduction de la durée médiane d'utilisation d'analgésiques chez les participants recevant des corticostéroïdes (10,5 contre 25,0, P = 0,038). Il n'y avait aucun effet indésirable rapporté dû à la prednisolone dans le groupe de traitement.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.