Le baclofène dans le traitement du syndrome de sevrage alcoolique

Problématique de la revue

Cette revue a tenté d'évaluer l'efficacité et l'innocuité du baclofène comme traitement du syndrome de sevrage alcoolique (SSA) chez les personnes souffrant d'alcoolisme.

Contexte

Le SSA est une maladie pénible et potentiellement mortelle qui affecte habituellement les personnes dépendantes à l'alcool, lorsqu'elles cessent ou diminuent leur consommation d'alcool. Le baclofène a démontré du potentiel quant à la réduction des symptômes de SSA grave chez les personnes atteintes d'alcoolisme. Le traitement par le baclofène est facile à gérer et sans effets secondaires évidents. Ceci est une version mise à jour de la Revue Cochrane originale publiée en 2011 et mise à jour pour la dernière fois en 2017.

Date de la recherche

Les données sont à jour jusqu'en juin 2019.

Caractéristiques de l'étude

Nous avons effectué des recherches dans des bases de données scientifiques afin de trouver des essais cliniques comparant le baclofène à un placebo (un traitement factice) ou à un autre médicament potentiellement utile chez les personnes atteintes de SSA. Nous avons inclus quatre essais contrôlés randomisés (études cliniques dans lesquelles les personnes sont réparties au hasard dans un des deux groupes, ou plus, de traitement) avec 189 participants. Une étude américaine a comparé le baclofène à un placebo administré pendant au moins 72 heures. Les 31 participants étaient principalement des hommes âgés en moyenne de 47 ans. Deux études menées auprès de 85 participants ont comparé le baclofène au diazépam (un médicament sédatif) pendant 10 jours consécutifs, ou pendant 10 jours d'hospitalisation avec une flexibilité permettant la négociation de la date de sortie entre le 10e et le 15e jour. Une étude a comparé le baclofène au chlordiazépoxide administré pendant neuf jours, dans laquelle les 60 participants étaient tous des hommes, avec une moyenne d’âge de 38 ans. Aucune étude n'a signalé de conflit d'intérêts. Addolorato 2006 a été soutenu par l'Associazione Ricerca in Medicina, Italie. Girish 2016 a été soutenu par KIMS Hospital and Research Centre (Bangalore, Inde). Jhanwar 2014 n'a pas rapporté de source de financement. Lyon 2011 a été soutenu par la Duluth Clinic Foundation (MN, USA).

Principaux résultats

Aucune des études incluses n'évalue les critères de jugement principaux de la revue, c'est-à-dire, les crises convulsives du sevrage alcoolique, le délire du sevrage alcoolique (pensées confuses et troubles de la conscience) et l'état de manque. Nous ne savons pas si le baclofène améliore les symptômes et les signes de sevrage et réduit les effets secondaires, par rapport au placebo ou à d'autres médicaments, la qualité des données probantes étant très faible.

Qualité des données probantes

La qualité des données probantes provenant des études était très faible et les résultats doivent être interprétés avec prudence. A l'avenir, des essais contrôlés randomisés bien conçus, en double aveugle (où ni le participant ni le chercheur ne sait quel traitement a été administré avant que les résultats n'aient été recueillis), avec un grand nombre de participants, seront nécessaires pour vérifier l'efficacité et la tolérance du baclofène chez les personnes atteintes de SSA.

Conclusions des auteurs: 

Nous ne pouvons pas tirer de conclusion au sujet de l'efficacité et de l'innocuité du baclofène dans la gestion du sevrage alcoolique, car nous avons trouvé des données probantes insuffisantes et de très faible qualité.

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Contexte: 

Le syndrome de sevrage alcoolique (SSA) est une maladie pénible et potentiellement mortelle qui affecte habituellement les personnes dépendantes à l'alcool lorsqu'elles cessent ou diminuent leur consommation d'alcool. Le baclofène offre un potentiel pour réduire rapidement les symptômes d'un SSA grave chez les personnes atteintes d'alcoolisme. Le traitement par le baclofène est facile à gérer et occasionne rarement de l'euphorie ou d'autres effets agréables, ou un état de manque. Il s'agit d'une version mise à jour de la Revue Cochrane originale publiée pour la première fois en 2011 et mise à jour pour la dernière fois en 2017.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité et l'innocuité du baclofène chez les personnes souffrant de SSA.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons mis à jour nos recherches dans les bases de données suivantes jusqu'en juin 2019 : le registre du groupe Cochrane spécialisé sur les drogues et l'alcool, CENTRAL, PubMed, Embase et CINAHL. Nous avons également effectué des recherches dans les registres des essais en cours. Nous avons effectué une recherche manuelle des références citées dans les essais identifiés et demandé des renseignements aux chercheurs, aux sociétés pharmaceutiques et aux auteurs d'essais pertinents sur des essais non publiés ou inachevés. Nous n’avons pas appliqué de restriction de langage.

Critères de sélection: 

Tous les essais contrôlés randomisés (ECR) évaluant le baclofène par rapport à un placebo ou à un autre traitement pour les personnes souffrant de SSA ont été inclus. Les essais non contrôlés, non randomisés ou quasi randomisés ont été exclus. Nous avons inclus tant les études en groupes parallèles que les études croisées.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons suivi les procédures méthodologiques standard définies par Cochrane.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus quatre ECR avec 189 participants randomisés (un nouvel ECR pour cette mise à jour). Aucune des études incluses n'a rapporté les critères de jugement principaux qu’étaient, les crises convulsives du sevrage alcoolique, le délire du sevrage alcoolique et l'état de manque.

Pour la comparaison du baclofène et du placebo (1 étude, 31 participants), il n'y avait pas de preuve d'une différence dans les scores d’évaluation du sevrage par l'échelle CIWA-Ar (Clinical Institute Withdrawal Assessment of Alcohol Scale, Revised) pour des périodes de huit heures du premier au cinquième jour (données probantes de très faible qualité).

Pour la comparaison du baclofène et du diazépam (2 études, 85 participants), il n’y avait pas de preuve d’une différence dans le changement entre les scores CIWA-Ar de départ et les scores du 10ème au 15ème jour (données probantes de très faible qualité, pas de méta-analyse effectuée en raison du manque de données). Dans une étude (37 participants), il n'y avait pas de preuve d'une différence pour les participants présentant au moins un événement indésirable (différence de risque (DR) de 0,00, intervalle de confiance à 95 % (IC) de -0,10 à 0,10 ; données probantes de très faible qualité), les abandons (DR 0,00, IC à 95 % -0,10 à 0,10 ; données probantes de très faible qualité) et ceux ayant abandonné le programme en raison d’effets indésirables (DR 0,00, IC à 95 % -0,10 à 0,10 ; données probantes de très faible qualité).

Pour la comparaison du baclofène et du chlordiazépoxide (1 étude, 60 participants), il n'y avait pas de preuve d’une différence dans les différences entre le début et le 9ème jour d'intervention à dose fixe décroissante : scores CIWA-Ar (différence moyenne (DM) 1,00, IC à 95 % : 0,70 à 1,30 ; données probantes de très faible qualité), amélioration globale (DM 0,10, IC à 95 % : -0,03 à 0,23 ; données probantes de très faible qualité), 14/60 participants avec des effets indésirables (DR 2.50, IC à 95 % : 0,88 à 7,10 ; données probantes de très faible qualité), les abandons (DR 0,00, IC à 95 % : -0,06 à 0,06 ; données probantes de très faible qualité) et les abandons attribuables à des effets indésirables (DR 0,00, IC à 95 % : -0,06 à 0,06 ; données probantes de très faible qualité). Aucun des ECR n'a fourni d'information sur la génération de séquence aléatoire ou la dissimulation de l'attribution ; par conséquent, nous les avons évalués comme présentant un risque de biais incertain. Deux ECR n'étaient pas en double aveugle et présentaient un risque élevé de biais pour la mise en insu (Addolorato 2006 ; Girish 2016). Un ECR a enregistré plus de 5 % d'abandons avec un risque élevé de biais d'attrition (Lyon 2011). Nous n'avons pas pu évaluer le biais de notification, car aucun des protocoles pré-publiés n'était disponible.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Carole Lescure et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.