Gamma-hydroxybutyrate pour le traitement des symptômes associés au sevrage de l'alcool et la prévention des rechutes pour les personnes présentant une dépendance à l'alcool

La consommation excessive et prolongée d'alcool peut entraîner une dépendance à l'alcool. Lorsqu'une personne alcoolo-dépendante arrête subitement de boire, elle présente alors des symptômes de sevrage. Les principaux objectifs de la prise en charge clinique du sevrage de l'alcool sont de réduire au maximum la sévérité des symptômes et de faciliter l'admission pour un sevrage thérapeutique, de manière à ce que la personne réussisse à s'abstenir durablement de consommer de l'alcool. Les symptômes du sevrage vont des tremblements, des nausées, de l'anxiété, de la nervosité et de l'insomnie à des effets plus sévères tels que les crises convulsives, les hallucinations, l'agitation et le délire. Il peut s'ensuivre un coma ou un arrêt cardiaque. Les médicaments conçus pour aider les personnes alcoolo-dépendantes à se sevrer de l'alcool comprennent les benzodiazépines, les anticonvulsivants et le gamma-hydroxybutyrate (GHB). Le GHB était initialement vendu en tant qu'aliment santé et supplément alimentaire pour culturistes, mais il a été retiré de ce marché en raison des effets indésirables signalés.

Treize essais contrôlés randomisés portant sur 648 participants ont été inclus dans cette revue. Onze de ces essais ont été réalisés en Italie. Cependant, les recherches effectuées à ce jour ne comportent pas suffisamment de preuves fiables pour indiquer une différence entre le GHB et un placebo, ou pour déterminer de façon formelle si le GHB est plus ou moins efficace que d'autres médicaments dans le sevrage thérapeutique en l'alcool ou la prévention des rechutes.

Six essais portant sur un total de 286 participants ont évalué l'efficacité du GHB dans la réduction du syndrome de sevrage. Ces essais comparaient le médicament à une variété d'autres interventions, ce qui n'a pas permis de toutes les utiliser au sein d'une seule et même analyse. Une étude semble indiquer que le GHB pourrait réduire les symptômes de sevrage davantage qu'un placebo, mais elle ne repose que sur un très petit nombre de patients. Aucune différence importante n'a été observée entre le GHB et les benzodiazépines ou le Clométhiazole. Dans d'autres comparaisons, les différences n'étaient pas statistiquement significatives.

Sept essais portant sur 362 participants ont testé l'utilisation du GHB pour traiter la dépendance à l'alcool ou prévenir les rechutes si une personne était déjà sevrée ou désintoxiquée (résultats à moyen terme). Ces essais comportant plusieurs comparaisons différentes, chaque analyse ne pouvait comprendre qu'un ou deux essais. Par ailleurs, les essais étaient généralement de petite taille (de 17 à 98 participants). D'après deux différents essais et un essai individuel, respectivement, utilisés pour ces comparaisons, le GHB s'est avéré plus efficace que la naltrexone et le disulfiram pour le maintien de l'abstinence et la prévention des envies impérieuses de boire. L'effet secondaire le plus fréquemment signalé du GHB était les étourdissements et les vertiges, la fréquence de ces effets augmentant en fonction de la dose. Les résultats de cette revue doivent être considérés en tenant compte des préoccupations qui ont été soulevées au sujet du GHB concernant le risque de développement d'une addiction, et le mésusage ou l'abus du médicament, qui indiquent qu'il convient de n'utiliser le GHB que sous surveillance médicale étroite.

Conclusions des auteurs: 

Il n'existe pas suffisamment de données randomisées pour indiquer une différence entre le GHB et un placebo, ou pour déterminer de façon formelle si le GHB est plus ou moins efficace que d'autres médicaments dans le traitement du sevrage en alcool ou de la prévention des rechutes. Les quelques données randomisées disponibles semblent indiquer que le GHB 50 mg pourrait être plus efficace qu'un placebo dans le traitement du SSA, et dans la prévention des rechutes et des envies impérieuses de boire chez les personnes alcooliques déjà désintoxiquées pendant les 3 premiers mois de suivi. Cette revue ne fournit pas de preuves pour ou contre le GHB par rapport aux benzodiazépines et au clométhiazole dans le traitement du SSA ; mais, sur la base, cette fois encore, d'un petit nombre de données randomisées, le GHB semble plus efficace que la NTX et le disulfiram pour le maintien de l'abstinence et la prévention des envies impérieuses de boire à moyen terme (3 à 12 mois). Cette revue ne fournit pas de données prouvant qu'il existe une différence d'effets secondaires entre le GHB et les benzodiazépines, la NTX ou le disulfiram. Ces résultats doivent être considérés en tenant compte des préoccupations qui ont été soulevées au sujet du GHB concernant le risque de développement d'une addiction, et le mésusage ou l'abus du médicament, qui donnent à penser qu'il convient de n'utiliser le GHB que sous surveillance médicale étroite.

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Contexte: 

La consommation excessive chronique d'alcool peut entraîner une dépendance et un syndrome de sevrage en alcool (SSA) en cas d'arrêt brutal de la boisson. L'acide gamma-hydroxybutyrique (GHB) peut prévenir et supprimer les symptômes de sevrage et améliorer le taux d’abstinence à moyen terme. Cependant, des estimations claires de ses effets bénéfiques et néfastes n'ont pas encore été établies.

Objectifs: 

Évaluer l’efficacité et l’innocuité du GHB pour le traitement du SSA et la prévention des rechutes.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué une recherche dans le registre d’essais cliniques du groupe Cochrane sur les drogues et l’alcool (octobre 2008), dans PubMed, EMBASE, CINAHL (de janvier 2005 à octobre 2008), EconLIT (de 1969 à février 2008), et dans les listes de référence des articles analysés.

Critères de sélection: 

Essais contrôlés randomisés (ECR) et études prospectives contrôlées (EPC) évaluant l'efficacité et l'innocuité du GHB en comparaison avec un placebo ou d'autres traitements pharmacologiques.

Recueil et analyse des données: 

Trois auteurs ont extrait les données et évalué la qualité méthodologique des études de façon indépendante.

Résultats principaux: 

Treize ECR ont été inclus, 11 d'entre eux ayant été réalisés en Italie.

Pour le syndrome de sevrage en alcool, les résultats de 1 étude (23 participants) ayant comparé le GHB 50 mg à un placebo donnent l'avantage au GHB pour les symptômes de sevrage : DM -12,1 (IC à 95 % -15,9 à -8,29), mais les effets secondaires tolérés étaient plus fréquents dans le groupe sous GHB : RR 16,2 (IC à 95 % 1,04 à 254,9 ; basé sur le fait que 7 patients sur 11 dans le groupe sous GHB présentaient des vertiges transitoires, contre zéro patient dans le groupe sous placebo). Pour la comparaison du GHB 50 mg avec le clométhiazole, les résultats de 1 étude (21 participants) donnent l'avantage au GHB pour les symptômes de sevrage : DM -3,40 (IC à 95 % -5,09 à -1,71). Pour la comparaison du GHB 100 mg avec le clométhiazole, les résultats de 1 étude (98 participants) donnent l'avantage au clométhiazole pour les effets secondaires : RR 1,84 (IC à 95 % 1,19 à 2,85).

À moyen terme, lorsque l'on compare le GHB 50 mg/jour à un placebo, 1 étude (71 participants, suivi de 3 mois) donne l'avantage au GHB pour le taux d'abstinence (RR 5,35, IC à 95 % 1,28 à 22,4), la consommation contrôlée d'alcool (RR 2,13, IC à 95 % 1,07 à 5,54), les rechutes (RR 0,36, IC à 95 % 0,21 à 0,63), et le nombre de verres par jour (DM -4,60, IC à 95 % -6,18 à -3,02). Pour l'abstinence, le GHB montrait de meilleurs résultats que la naltrexone (NTX) (2 études, 64 participants) (RR 2,59, IC à 95 % 1,35 à 4,98 après 3 mois) et que le disulfiram (1 étude, 59 participants) (RR 1,66, IC à 95 % 0,99 à 2,80 après 12 mois, légèrement significatif). L'association du GHB et de la NTX donnait de meilleurs résultats que la NTX pour l'abstinence (RR 12,3, IC à 95 % 1,79 à 83,9 après 3 mois ; 1 étude, 35 participants). L'association de la NTX, du GHB et de l'escitalopram donnait de meilleurs résultats que l'escitalopram seul pour l'abstinence (RR 2,02, IC à 95 % 1,03 à 3,94 à 3 mois ; RR 4,58, IC à 95 % 1,28 à 16,5 à 6 mois ; 1 étude, 23 participants). Concernant l'échelle sur les envies impérieuses de boire, les résultats donnent l'avantage au GHB par rapport au placebo (DM -4,50, IC à 95 % -5,81 à -3,19 après 3 mois ; 1 étude, 71 participants) et au disulfiram après 12 mois (DM -1,40, IC à 95 % -1,86 à -0,94, 1 étude portant sur 41 participants).

Toutes les autres comparaisons et les autres résultats n'ont pas montré de différence significative.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.