La prégabaline comme traitement d'appoint dans l’épilepsie focale pharmaco-résistante

Il s'agit d'une mise à jour d'une revue publiée en 2019.

Contexte

L'épilepsie est une maladie neurologique chronique courante qui touche environ 1 % de la population du Royaume-Uni. Environ une personne épileptique sur 400 a des crises qui se poursuivent malgré un traitement antiépileptique (épilepsie pharmaco-résistante). De nouveaux antiépileptiques ont été mis au point pour traiter l'épilepsie, dont notamment la prégabaline. L'utilisation de la prégabaline en combinaison avec d'autres médicaments antiépileptiques peut réduire la fréquence des crises, mais présente certains effets indésirables.

Objectif de la revue

Cette revue visait à évaluer l'efficacité et la tolérabilité de la prégabaline comme traitement antiépileptique d'appoint dans l'épilepsie focale résistante.

Caractéristiques des études

Cette revue a examiné les données d’onze essais portant sur 3949 participants. Les participants à l'étude ont été répartis au hasard selon une méthode aléatoire pour prendre de la prégabaline, un placebo ou un autre antiépileptique en complément de leurs médicaments antiépileptiques habituels.

Principaux résultats

Les participants qui prenaient de la prégabaline étaient deux fois plus susceptibles de voir leur fréquence de convulsions réduite de 50 % ou plus au cours d'une période de traitement de 12 semaines, par rapport à ceux qui prenaient le placebo. Ils étaient aussi presque quatre fois plus susceptibles d'être complètement dépourvus de convulsions. La prégabaline s'est avérée efficace à diverses doses (de 150 mg à 600 mg), avec une efficacité croissante à des doses plus élevées. Il y avait également un probabilité de perte d’observance du traitement plus élevée avec la prégabaline. Les effets secondaires associés à la prégabaline comprenaient l'ataxie, les étourdissements, la fatigue, la somnolence, les maux de tête, les nausées et la prise de poids. Lorsque nous avons comparé la prégabaline à trois autres antiépileptiques (la lamotrigine, le lévétiracétam et la gabapentine), les participants prenant la prégabaline étaient plus susceptibles de voir réduire la fréquence des crises de 50 % par rapport à ceux prenant la lamotrigine. Nous n'avons trouvé aucune différence significative entre la prégabaline et le lévétiracétam ou la gabapentine comme médicaments d'appoint.

Niveau de confiance des données probantes

Nous avons évalué toutes les études incluses comme présentant un risque de biais faible ou pas clair en raison de l'absence d'informations sur les méthodes utilisées pour mener l'essai ainsi que d'un possible biais de publication. Un biais de publication peut se produire lorsque des études qui obtiennent des résultats non significatifs ne sont pas publiées. Nous soupçonnions un biais de publication car la majorité des études incluses avec des résultats significatifs étaient parrainées par la même société pharmaceutique. Nous avons jugé que le niveau de confiance des données probantes pour le critère de jugement principal - la réduction des crises - était faible, ce qui signifie que nous ne pouvons pas être certains que les résultats déclarés soient exacts. Cependant, nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes concernant les critères de jugement d’absence de crises et de retrait du traitement comme étant modéré, de sorte que nous pouvons être assez certains que ces résultats soient exacts. Il n'y avait pas de données concernant l'efficacité à long terme de la prégabaline ni sur l'utilisation de la prégabaline dans l'épilepsie généralisée pharmaco-résistante, ce qui devrait faire l’objet d’études futures.

Les données probantes sont à jour jusqu'au 16 novembre 2020.

Conclusions des auteurs: 

Chez les personnes souffrant d'épilepsie focale pharmaco-résistante, la prégabaline utilisée comme traitement d'appoint s'est avérée significativement plus efficace que le placebo pour obtenir une réduction de 50 % ou plus des crises et une absence de crises. Les résultats ont démontré une efficacité pour des doses allant de 150 mg/jour à 600 mg/jour, avec une efficacité croissante aux doses de 600 mg, bien qu'il y ait eu des problèmes de tolérabilité à des doses plus élevées. Cependant, les essais inclus dans cette revue étaient de courte durée, et donc des essais à plus long terme sont nécessaires pour mieux éclairer la prise de décision clinique. Cette revue s'est concentrée sur l'utilisation de la prégabaline dans l'épilepsie focale pharmaco-résistante ainsi les résultats obtenus ne peuvent pas être généralisés au traitement d’appoint des épilepsies généralisées. De même, aucune conclusion ne peut être tirée sur les effets de la prégabaline lorsqu'elle est utilisée en monothérapie.

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Contexte: 

Il s'agit d'une version actualisée de la revue Cochrane publiée dans le numéro 7 de 2019 ; elle inclut deux études supplémentaires.

L'épilepsie est une maladie neurologique courante qui touche environ 1 % de la population britannique. Environ un tiers de ces personnes continuent d'avoir des crises malgré le traitement médicamenteux. La prégabaline constitue l'un des nouveaux médicaments antiépileptiques mis au point pour améliorer les critères de jugement. Dans cette revue, nous avons résumé les données probantes actuelles concernant la prégabaline en tant que traitement d'appoint de l'épilepsie focale pharmaco-résistante.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité et la tolérabilité de la prégabaline lorsqu'elle est utilisée comme traitement d'appoint de l'épilepsie focale pharmaco-résistante.

Stratégie de recherche documentaire: 

Pour la dernière mise à jour, nous avons effectué des recherches le 16 novembre 2020 dans les bases de données suivantes: le registre Cochrane des études (CRS Web), et MEDLINE (Ovid, de 1946 au 16 novembre 2020). CRS Web comprend des essais contrôlés randomisés ou quasi randomisés provenant de PubMed, Embase, ClinicalTrials.gov, le Système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP), le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) et les registres spécialisés des groupes Cochrane y compris le groupe sur l’épilepsie.

Nous n'avons imposé aucune restriction sur la langue. Nous avons contacté les fabricants de la prégabaline et les auteurs dans le domaine pour identifier toute étude pertinente non publiée.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés comparant la prégabaline à un placebo ou à un autre antiépileptique comme adjuvant chez des personnes de tout âge souffrant d'épilepsie focale pharmaco-résistante. Les essais en double aveugle et en simple aveugle étaient éligibles. Le critère de jugement principal était une réduction de 50 % ou plus de la fréquence des crises ; les critères de jugement secondaires étaient l'absence de crises, l'interruption du traitement toutes causes confondues, l'interruption du traitement en raison d'effets indésirables et la proportion de personnes ayant subi des effets indésirables.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont sélectionné de manière indépendante les essais à inclure et ont extrait les données pertinentes. Les analyses principales étaient en intention de traiter (ITT). Nous avons présenté les résultats sous forme de risque relatif (RR) et de rapport des cotes (RC) avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %. Nous avons évalué la dose-réponse dans des modèles de régression. Nous avons évalué le risque de biais pour chaque étude incluse à l'aide de l'outil Cochrane d'évaluation du risque de biais ainsi qu’évalué niveau de confiance global des données probantes en utilisant l'approche GRADE.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus 11 essais contrôlés randomisés (3949 participants). Neuf essais ont comparé la prégabaline à un placebo. Concernant le critère de jugement principal, les participants randomisés pour la prégabaline étaient significativement plus susceptibles d'atteindre une réduction de 50 % ou plus de la fréquence des crises par rapport au placebo (RR 1,95, IC à 95 % 1,40 à 2,72, 9 essais, 2663 participants, données probantes d’un niveau de confiance faible). La probabilité de réponse a été multipliée par deux en augmentant la dose de 300 mg/jour à 600 mg/jour (RC 1,99, IC à 95 % entre 1,74 et 2,28), ce qui indique une relation dose-effet. La prégabaline était significativement associée à l’arrêt des convulsions (RR 3,94, IC à 95 % entre 1,50 et 10,37, 4 essais, 1125 participants, données probantes d’un niveau de confiance modéré). Les retraits pour toutes causes confondues étaient significativement plus élevés chez les participants sous prégabaline par rapport au placebo (RR 1,33, IC à 95 % entre 1,10 et 1,60 ; 9 essais, 2663 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré) ainsi que pour les retraits en raison d'effets indésirables (RR 2,60, IC à 95 % entre 1,86 et 3,64 ; 9 essais, 2663 participants données probantes d’un niveau de confiance modéré).

Trois essais ont comparé la prégabaline à trois médicaments témoins actifs : la lamotrigine, le lévétiracétam et la gabapentine. Les participants ayant reçu la prégabaline étaient significativement plus susceptibles d'obtenir une réduction de 50 % ou plus de la fréquence des crises que ceux ayant reçu la lamotrigine (RR 1,47, IC à 95 % 1,03 à 2,12 ; 1 essai, 293 participants), mais pas ceux ayant reçu le lévétiracétam (RR 0,94, IC à 95 % entre 0,80 et 1,11 ; 1 essai, 509 participants) ou la gabapentine (RR 0,96, IC à 95 % entre 0,82 et 1,12 ; 1 essai, 484 participants). Nous n'avons trouvé aucune différence significative entre la prégabaline et la lamotrigine concernant l'absence de crises (RR 1,39, IC à 95 % entre 0,40 et 4,83). Cependant, un nombre significativement plus faible de participants ont obtenu une absence de crise avec la prégabaline comme traitement d’appoint par rapport au lévétiracétam (RR 0,50, IC à 95 % entre 0,30 et 0,85). Aucune donnée n'a été rapportée pour ce critère de jugement concernant la prégabaline et la gabapentine. Nous n’avons trouvé aucune différence significative dans les taux de retraits toutes causes confondues ni en raison d'effets indésirables, lors de l'analyse groupée ou de l'analyse en sous-groupes. L'ataxie, les étourdissements, la somnolence, la prise de poids, les maux de tête et la fatigue étaient significativement associés à la prégabaline par rapport au contrôle actif.

Nous avons jugé que le risque global de biais dans les études incluses était faible ou imprécis, en raison d’un biais de publication possible et de l'absence de détails méthodologiques. Nous avons estimé que toutes les études présentaient un risque de biais de financement élevé car elles étaient toutes sponsorisées par Pfizer. Nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes comme étant très faible à modérée en utilisant l'approche GRADE.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Astrid Zessler et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.