Antidépresseurs pour le traitement de la douleur neuropathique

Un certain nombre de médicaments utilisés pour traiter la dépression (antidépresseurs) sont efficaces pour traiter la douleur associée à des lésions nerveuses (douleur neuropathique). Au moins un tiers des patients souffrant de douleur neuropathique et prenant des antidépresseurs traditionnels (tels que l'amitriptyline) ont obtenu un soulagement modéré ou plus efficace de la douleur. Il existe également des preuves indiquant que la venlafaxine, un nouvel antidépresseur, a une efficacité similaire à des antidépresseurs traditionnels. Cependant, environ un cinquième des patients, prenant ces médicaments pour soulager la douleur, arrêtent le traitement en raison d'effets indésirables. Il existe des preuves très limitées que certains autres nouveaux antidépresseurs, connus comme SSRI, peuvent être efficaces, mais des études supplémentaires sont nécessaires pour confirmer cela. La douleur neuropathique peut être traitée par des antidépresseurs et l'effet est indépendant de tout effet sur la dépression.

Conclusions des auteurs: 

Cette mise à jour a permis d'obtenir une confirmation supplémentaire sur l'efficacité des antidépresseurs contre la douleur neuropathique et de nouvelles informations sur un autre antidépresseur, la venlafaxine. Les preuves concernant le rôle des ISRS restent cependant limitées. Il reste à clarifier si les antidépresseurs préviennent le développement de la douleur neuropathique (utilisation préemptive). L'ATC et la venlafaxine ont des NNT proches de trois. Cela signifie que sur trois patients souffrant de douleur neuropathique qui sont traités par l'un de ces antidépresseurs, un patient obtiendra au moins un soulagement modéré de la douleur. Des preuves suggèrent que d'autres antidépresseurs peuvent être efficaces, mais le nombre de participants est insuffisant pour calculer des NNT solides. Les ISRS sont en général mieux tolérés par les patients et d'autres études de haute qualité sont nécessaires.

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Contexte: 

Ceci est une version mise à jour de la revue Cochrane originale publiée dans le numéro 3, 2005, de La Bibliothèque Cochrane.

Durant de nombreuses années, les médicaments antidépresseurs ont été utilisés pour gérer la douleur neuropathique, et sont souvent la première option de traitement. Il reste cependant à clarifier quel antidépresseur est plus efficace, quel rôle les nouveaux antidépresseurs peuvent jouer dans le traitement de la douleur neuropathique et quels sont les effets indésirables ressentis par les patients.

Objectifs: 

Déterminer l'efficacité analgésique et l'innocuité des antidépresseurs contre la douleur neuropathique.

Stratégie de recherche documentaire: 

Des essais contrôlés randomisés (ECR) portant sur des antidépresseurs dans la douleur neuropathique ont été identifiés dans MEDLINE (de 1966 à octobre 2005) ; EMBASE (de 1980 à octobre 2005) ; le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) dans La Bibliothèque Cochrane, numéro 3, 2005 ; et le registre Cochrane sur la douleur et les soins palliatifs (mai 2002). Des rapports supplémentaires ont été identifiés à partir des références bibliographiques des articles obtenus et en contactant les investigateurs.

Critères de sélection: 

Les ECR rapportant les effets analgésiques des médicaments antidépresseurs chez des patients adultes, avec une évaluation subjective de la douleur d'origine neuropathique. Les études qui incluaient des patients souffrant de céphalées chroniques et de migraines ont été exclues.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de revues se sont mis d'accord sur les études à inclure, ont extrait les données et ont évalué la qualité méthodologique de manière indépendante. Dans cette mise à jour, un total de soixante-et-un essais portant sur 20 antidépresseurs, étaient considérés comme éligibles à l'inclusion (y compris 11 études supplémentaires (778 participants)), le risque relatif (RR) et le Nombre Nécessaire à Traiter (NNT) ont été calculés à partir des données dichotomiques pour l'efficacité et les effets indésirables.

Résultats principaux: 

Soixante-et-un ECR ont été inclus. Les antidépresseurs Tricycliques (ATC) sont efficaces et ont un NNT de 3,6 (IC à 95 % 3 à 4,5) et un RR de 2,1 (IC à 95 % de 1,8 à 2,5) pour obtenir au minimum un soulagement modéré de la douleur. Les preuves de l'efficacité des nouveaux ISRS sont limitées, mais aucune étude sur les ISRN n'a été identifiée. La venlafaxine (trois études) a un NNT de 3,1 (IC à 95%, entre 2,2 à 5,1) et un RR de 2,2 (IC à 95%, entre 1,5 à 3,1). Il n'y avait pas suffisamment de données pour évaluer l'efficacité d'autres antidépresseurs, comme le millepertuis perforé et le L-tryptophane. Pour la neuropathie diabétique, le NNT pour l'efficacité était de 1,3 (IC à 95%, entre 1,2 et 1,5) et le RR de 12,4 (IC à 95%, entre 5,2 et 29,2) (cinq études) ; pour la névralgie post-herpétique 2,7 (IC à 95 % 2 à 4,1), RR de 2,2 (IC à 95%, entre 1,6 et 3,1) (quatre études). Il y a des preuves indiquant que les ATC ne sont pas efficaces contre les neuropathies liées au VIH. Une étude a été arrêtée prématurément car le nombre de sujets traités ayant des effets indésirables majeurs était de 28 (IC à 95 % entre 17,6 et 68,9) pour l'amitriptyline et de 16,2 (IC à 95%, entre 8 et 436) pour la venlafaxine. Le nombre de sujets traités pour les effets indésirables mineurs était de 6 (IC à 95%, entre 4,2 à 10,7) pour l'amitriptyline et 9,6 (IC à 95%, entre 3,5 à 13) pour la venlafaxine.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.