Le partage des soins au travers de l'interface entre les soins primaires et spécialisés dans la prise en charge des maladies chroniques

Quel est l'objectif de cette revue ?

Nous avons réalisé cette revue Cochrane afin de déterminer si le partage des soins entre les médecins de soins primaires et les spécialistes améliore les résultats chez les personnes ayant des maladies chroniques. Les chercheurs de Cochrane ont recueilli et analysé des études afin de répondre à cette question et ceux-ci ont trouvé 42 études pertinentes pour l'inclusion.

Points clés

Cette revue suggère que le partage des soins est efficace pour la prise en charge de la dépression. Les interventions de partage des soins pour d'autres affections devraient être évaluées dans le contexte de recherche, de sorte que des preuves supplémentaires puissent être prises en compte avant que ces interventions ne soient introduites systématiquement dans les systèmes de santé.

Qu'est-ce qui a été étudié dans cette revue ?

Nous avons défini les soins partagés au travers de l'interface soins primaires/soins spécialisés comme étant la participation conjointe des médecins de premier recours et des médecins spécialistes dans l'offre des prestations de soins planifiés. Cela peut être éclairé par l'échange d'informations, à propos de et au-delà de la sortie d'hôpital et d'orientation des patients. Cette approche a le potentiel de pouvoir améliorer la prise en charge des maladies chroniques tout en conduisant à de meilleurs résultats que ceux atteignables en soins primaires ou en soins spécialisés de manière isolée.

Quels sont les principaux résultats de la revue ?

Les auteurs de la revue ont identifié 42 études pertinentes ; 39 étaient des essais contrôlés randomisés. Les études ont été réalisées dans 12 pays différents ayant des systèmes de santé variés. Les chercheurs ont examiné les soins partagés pour un large éventail d'affections chronique, le diabète et la dépression étant les plus couramment incluses. La plupart des études examinaient des interventions de partage des soins composées de multiples éléments et ont duré une moyenne de 12 mois.

Les résultats de l'étude suggèrent que les interventions de partage des soins conduisent à de meilleurs résultats pour les personnes ayant une dépression. Cependant, les effets du partage des soins sur un éventail d'autres critères de jugement sont moins clairs. Le partage des soins n'a probablement que peu ou pas d'effet sur les résultats cliniques, à l'exception de modestes effets sur l'amélioration de la prise en charge de la pression artérielle et des effets mitigés sur les mesures des résultats rapportés par les patients (tels que la qualité de vie et la capacité à réaliser des tâches quotidiennes), sur l'utilisation et la prescription de médicaments, sur la participation aux services de soins partagés et sur la prise en charge des facteurs de risque. Le partage des soins aurait probablement peu ou pas d'effet sur le nombre d'admissions à l'hôpital, sur l'utilisation des services et sur les comportements de santé du patient.

Cette revue est-elle à jour ?

Les auteurs de la revue ont recherché des études qui avaient été publiées jusqu'en octobre 2015.

Conclusions des auteurs: 

Cette revue suggère que le partage des soins améliore les résultats quant à la dépression et a probablement des effets mixtes ou limités sur les autres critères de jugement. Des lacunes méthodologiques, notamment une durée de suivi inappropriée, peuvent expliquer en partie ces effets limités. Les résultats de la revue soutiennent les preuves grandissantes en faveur du partage des soins dans la prise en charge de la dépression, en particulier l'approche étape par étape des soins partagés. Les interventions de partage des soins pour d'autres problèmes doivent être évaluées dans des contextes de recherche, en tenant compte de la complexité des interventions et en ayant conscience de la nécessité de mener des études plus longues pour tester l'efficacité et la viabilité au fil du temps.

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Contexte: 

Le partage des soins a été utilisé dans la prise en charge de nombreuses maladies chroniques car il est supposé que celui-ci mène à de meilleurs soins que lors d'une prise en charge en soins primaires ou en soins spécialisés isolément ; toutefois, on sait peu de choses sur l'efficacité du partage des soins.

Objectifs: 

Déterminer l'efficacité des interventions de partage des soins de santé visant à améliorer la prise en charge des maladies chroniques au travers de l'interface soins primaires/soins spécialisés. Cet article est une mise à jour d'une revue publiée précédemment.

Les questions secondaires étaient les suivantes :

1. Quelles interventions de partage des soins ou éléments du partage des soins sont les plus efficaces ?

2. Qu'est-ce que les systèmes les plus efficaces ont en commun ?

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans MEDLINE, Embase et la Bibliothèque Cochrane jusqu'au 12 octobre 2015.

Critères de sélection: 

Un auteur de la revue a passé au crible les résumés initiaux ; puis deux auteurs de la revue ont examiné et sélectionné les études à inclure. Nous avons pris en compte les essais contrôlés randomisés (ECR), les essais contrôlés non randomisés (ECNR), les études contrôlées avant-après (CAA) et les analyses de séries temporelles interrompues (STI) évaluant l'efficacité des interventions de partage des soins pour les personnes atteintes de maladies chroniques dans des environnements de soins primaires et communautaires. L'intervention était comparée aux soins habituels dans ce contexte.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment extrait les données des études incluses, évalué la qualité des études et estimé la certitude des preuves en utilisant l'approche GRADE. Nous avons réalisé une méta-analyse des résultats lorsque cela était possible et effectué une synthèse narrative des autres résultats. Nous avons présenté les résultats dans un tableau « Résumé des résultats », à l'aide d'un format tabulaire pour montrer les tailles d'effet pour tous les types de résultats.

Résultats principaux: 

Nous avons identifié 42 études portant sur des interventions de partage des soins pour la prise en charge des maladies chroniques (N = 18 859), dont 39 étaient des ECR, deux des études CAA et un dernier un NRCT. Parmi ces 42 études, 41 ont examiné des interventions multidimensionnelles complexes et duraient de six à 24 mois. Globalement, notre confiance dans les résultats concernant l'efficacité des interventions était modérée à élevée. Les résultats ont montré qu'il n'existe probablement peu ou pas de différences dans les résultats cliniques globaux, avec une tendance à l'amélioration de la prise en charge de la pression artérielle dans un petit nombre d'études sur le partage des soins pour l'hypertension, l'insuffisance rénale chronique et les AVC (différence moyenne (DM) 3,47, intervalle de confiance à 95 % (IC) 1,68 à 5,25) (sur la base de preuves de certitude modérée). La santé mentale était améliorée, en particulier par rapport à la réponse de la dépression au traitement (risque relatif (RR) 1,40, intervalle de confiance à 95 % (IC) 1,22 à 1,62 ; six études, N = 1708) et le rétablissement de la dépression (RR 2,59, IC à 95 % 1,57 à 4,26 ; 10 études, N = 4482) dans les études examinant une approche étape par étape des soins dans les interventions de partage des soins (sur la base de preuves de haute certitude). Les investigateurs ont noté de modestes effets sur les scores de dépression moyenne (différence moyenne standardisée (DMS) -0,29, IC à 95 % -0,37 à -0,20 ; six études, N = 3250). Les différences dans les mesures des résultats rapportés par les patients, dans les processus de soins et de participation et dans les taux de services de soins partagés ont probablement été faibles (sur la base de preuves de certitude modérée). Les études ont probablement montré peu ou pas de différence quant au nombre d'admissions à l'hôpital, à l'utilisation des services de santé et aux comportements de santé des patients (preuves de certitude modérée).

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Martin Vuillème et révisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.