L'ibuprofène et/ou le paracétamol (acétaminophène) pour le soulagement de la douleur après l’extraction des dents de sagesse inférieures

Question de la revue

Cette revue, réalisée par le groupe Cochrane sur la santé bucco-dentaire, a pour objectif de comparer l'efficacité de deux analgésiques couramment utilisés, le paracétamol et l'ibuprofène et la combinaison des deux dans un comprimé unique dans le soulagement de la douleur après l’extraction des dents de sagesse inférieures.

Contexte

Dans le monde entier, le nombre d'opérations chirurgicales pour l’extraction des dents de sagesse est immense. Au Royaume-Uni seul, environ 63 000 sont retirées chaque année par les hôpitaux du National Health Service (NHS). De nombreux patients ont besoin de temps d'arrêt de travail et leur qualité de vie est significativement affectée. Cependant, malgré ces conséquences, les personnes sont souvent plus préoccupées par la douleur après l'opération qui peut être grave. Il est suggéré que la douleur la plus intense est ressentie trois à cinq heures après la chirurgie. La douleur ressentie après la chirurgie par voie orale est largement utilisée comme modèle pour mesurer l'efficacité des analgésiques en général.

Le paracétamol et l'ibuprofène sont couramment utilisés pour le soulagement de la douleur après l’extraction des dents de sagesse. En 2010, un nouveau médicament antidouleur (commercialisé sous le nom de Nuromol), contenant du paracétamol et de l'ibuprofène dans le même comprimé, a été autorisé pour le traitement au Royaume-Uni.

Tous les médicaments étudiés dans cette revue présentaient des effets secondaires minimes observés lorsqu'utilisés de manière adéquate à court terme pour le soulagement de la douleur.

Les caractéristiques de l'étude

Les preuves sur lesquelles cette revue est basée étaient à jour le 20 mai 2013. Sept études, portant sur un total de 2 241 participants, toutes impliquant une comparaison directe de l'ibuprofène avec le paracétamol ou la combinaison des deux, ont été inclues dans cette revue. Tous les participants subissaient une chirurgie pour l’extraction de dents de sagesse inférieures qui nécessitaient une ablation osseuse ou qui causaient au minimum une douleur modérée à sévère. Des analgésiques ont été pris après la chirurgie et différentes doses de ces médicaments ont été comparées.

La majorité des études a été réalisée aux États-Unis et une à Puerto Rico. Quatre de ces essais ont été réalisés dans des établissements de recherche clinique, deux dans des facultés de chirurgie dentaire et une dans une clinique privée de chirurgie par voie orale. L'âge des participants était légèrement différent entre les études, mais était généralement comparable, allant de 15 à 65 ans. Toutes les études incluaient des hommes et des femmes.

Toutes les études incluses dans cette revue examinaient uniquement le soulagement de la douleur et l'intensité des informations après une dose unique de l'analgésie suite à la chirurgie. Il est connu que la douleur se poursuit après cette chirurgie et les médicaments évalués dans cette revue sont normalement pris toutes les six à huit heures (maximum de quatre fois par jour).

Résultats principaux

L'ibuprofène est plus efficace que le paracétamol pour toutes les doses étudiées dans cette revue. Sur des preuves limitées, la combinaison d'ibuprofène et de paracétamol ne semblait pas plus efficace que les médicaments unique lorsque mesurée deux heures après l'opération. Cependant, de nouveau sur des preuves limitées, cette combinaison était plus efficace que les médicaments pris seuls lorsque mesurée six heures après la chirurgie. Les participants prenant le médicament combiné présentaient également un plus faible risque de recourir à des médicaments.

Les informations disponibles concernant les effets indésirables (y compris des nausées, des vomissements, des céphalées et des étourdissements) ont indiqué qu'ils étaient comparables entre les groupes de traitement. Cependant, les auteurs de la revue n'ont pas pu analyser les données de manière formelle car il n'a pas été possible de déterminer le nombre total d’effets indésirables.

Qualité des preuves

Tous les résultats (critères de jugement) comparant l'ibuprofène au paracétamol sont de bonne qualité. Cela signifie que d'autres recherches ont très peu de chances de changer notre confiance dans les estimations de l'effet.

En comparant la combinaisons avec des médicaments uniques, l’ensemble des preuves pour la proportion de patients avec 50% de soulagement maximal de la douleur (TOTPAR) pendant deux et six heures, a été évalué en tant que qualité modérée en raison d’estimations imprécises basées sur des études uniques. Cela signifie que d'autres recherches sont susceptibles d'avoir un impact important sur notre confiance dans l'estimation de l'effet. L’ensemble des preuves pour l'utilisation d'un médicament de secours a été évalué comme étant de haute qualité.

Conclusions des auteurs: 

Il existe des preuves de qualité élevée que l'ibuprofène est plus efficace que le paracétamol à des doses respectives de 200 mg et 512 mg, ainsi que de 600 mg et 1000 mg, basé sur le soulagement de la douleur et l'utilisation d'un médicament de secours six heures après l'opération. La majorité de ces preuves (cinq des six essais) comparait l'ibuprofène 400 mg au paracétamol 1000 mg, ce sont les doses plus fréquemment prescrites dans la pratique clinique. La nouvelle combinaison montre des résultats encourageants sur la base des critères de jugement de deux essais par rapport au médicament seul.

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Contexte: 

Le paracétamol et l'ibuprofène sont des analgésiques couramment utilisés pour le soulagement de la douleur après l’extraction des dents de sagesse inférieures (troisièmes molaires). En 2010, un nouvel analgésique (commercialisé sous le nom de Nuromol) contenant à la fois du paracétamol et de l'ibuprofène dans le même comprimé a été introduit au Royaume-Uni. À ce jour, ce médicament a indiqué des résultats prometteurs et nous avons également choisi de comparer les médicaments combinés avec un médicament seul en utilisant ce modèle. Dans cette revue, nous avons étudié les doses optimales du paracétamol et de l'ibuprofène en comparant les deux et par comparaison avec le nouveau médicament combiné. Nous avons pris en compte le profil des effets secondaires des médicaments étudiés. Cette revue permettra aux chirurgiens-dentistes de décider quel analgésique prescrire après l'extraction de la dent de sagesse.

Objectifs: 

Comparer les effets bénéfiques et néfastes du paracétamol, de l'ibuprofène et de leur nouvelle combinaison dans un comprimé unique pour le soulagement de la douleur après l'extraction des dents de sagesse inférieures, à différents dosages et administré après l'opération.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais du groupe Cochrane sur la santé bucco-dentaire (jusqu' au 20 mai 2013); le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (La Bibliothèque Cochrane 2013, numéro 4); MEDLINE via OVID (de 1946 au 20 mai 2013); EMBASE via OVID (de 1980 au 20 mai 2013) et le méta-registre des essais contrôlés (jusqu' au 20 mai 2013). Nous avons vérifié les bibliographies des essais cliniques et des articles de revue pour d'autres études. Nous avons écrit aux auteurs des essais contrôlés randomisés (ECR) identifiés et consulté les références personnelles dans le but d'identifier des ECR non publiés ou en cours. Aucune restriction de langue n'a été appliquée aux recherches dans les bases de données électroniques.

Critères de sélection: 

Seuls les essais cliniques en double aveugle contrôlés randomisés ont été inclus. Les études croisées ont été inclues lorsqu'il y avait une période de sevrage d'au moins 14 jours. Une comparaison directe devait être effectuer dans deux essais ou plus à n'importe quelle dose. Tous les essais utilisaient le modèle de douleur de la troisième molaire.

Recueil et analyse des données: 

Tous les essais identifiés ont été examinés de manière indépendante et en double par deux auteurs de la revue, les désaccords ont été résolus par discussion, ou si nécessaire, un troisième auteur de la revue a été consulté. La proportion de patients présentant au moins 50% de soulagement de la douleur (sur la base de soulagement total de la douleur (TOTPAR) et les différences entre les scores d'intensité de la douleur (SPID)) a été calculée pour les trois médicaments six heures après la prescription et une méta-analyse a été effectuée pour la comparaison. Le nombre de participants utilisant un médicament de secours après six et huit heures était également collecté et comparé. Le nombre de patients présentant des effets indésirables ou le nombre total d'effets indésirables rapportés ou les deux ont été analysés pour la comparaison.

Résultats principaux: 

Sept études ont été inclues, elles étaient toutes en groupes parallèles, deux études ont été évaluées comme présentant un faible risque de biais et trois à risque de biais élevé; deux ont été considérées comme ayant un biais incertain dans leur méthodologie. 2 241 participants ont été inclus dans ces essais.

L'ibuprofène s’est révélé être un analgésique supérieur au paracétamol à plusieurs doses avec des preuves de haute qualité, suggérant que l'ibuprofène 400 mg est supérieur au paracétamol 1000 mg, basé sur le soulagement de la douleur (estimé à partir des données TOTPAR) et les méta-analyses sur l'utilisation d'un médicament de secours. Le risque relatif pour au moins 50% de soulagement de la douleur (TOTPAR) à six heures était de 1,47 (intervalle de confiance à 95% (IC) de 1,28 à 1,69; cinq essais), favorisant l'ibuprofène 400 mg au paracétamol 1000 mg et le risque relatif pour ne avoir recours à un médicament de secours (également en faveur de l'ibuprofène) était de 1,50 (IC à 95% 1,25 à 1,79; quatre essais).

Le médicament combiné a montré des résultats prometteurs, avec un risque relatif pour au moins 50% du soulagement maximal de la douleur sur six heures de 1,77 (IC à 95% de 1,32 à 2,39) (paracétamol 1000 mg et ibuprofène 400 mg) (un essai; preuves de qualité modérée) et le risque relatif pour ne avoir recours à un médicament de secours était de 1,60 (IC à 95% 1,36 à 1,88) (deux essais; preuves de qualité modérée).

Les informations disponibles concernant les effets indésirables dans les études (y compris des nausées, des vomissements, des céphalées et des étourdissements) ont indiqué qu’ils étaient comparables entre les groupes de traitement. Toutefois, nous n'avons pas pu analyser les données de manière formelle car il n'a pas été possible de déterminer le nombre total d’effets indésirables.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.