Traitement des troubles mitochondriaux

Les mitochondries sont présentes au sein de chacune des cellules humaines et sont responsables de la majorité de la production d'énergie par chaque cellule. Lorsque les mitochondries ne fonctionnent pas adéquatement, elles provoquent des maladies touchant de nombreux organes du corps. Normalement, ces organes sont ceux qui ont les besoins énergétiques les plus importants, tels que les muscles, le cerveau, les yeux et le cœur, bien que ces maladies soient particulièrement variables. En tant que groupe, ces affections sont désignées par troubles mitochondriaux ; elles peuvent en outre provoquer une incapacité significative ou le décès précoce. Nous avons réalisé cette revue du traitement des troubles mitochondriaux afin de déterminer si les traitements disponibles sont efficaces. Nous avons identifié 12 essais contrôlés randomisés qui étaient d'une qualité suffisamment grande pour être inclus dans la revue. Parmi ces derniers, huit étaient des études nouvelles qui avaient été publiées depuis la version précédente de cette revue. Deux études qui avaient été incluses dans la version précédente de cette revue ont été exclues en raison d'un risque élevé que les résultats d'étude puissent être biaisés.

Les études incluses ne sont pas facilement comparables en raison de différences dans le traitement étudié, la posologie de ces traitements, la longueur de l'étude (et d'autres différences dans les méthodes d'étude), et de différences dans les types de participants inclus pour la recherche. Les études étaient généralement bien conçues afin de réduire la possibilité de biais, bien que pour la plupart des études les méthodes décrivant comment les participants avaient été randomisés n'étaient pas décrites en détail. Autrement, le risque de biais était faible pour la plupart des études dans les autres catégories. Les effets secondaires graves du traitement étaient rares, sauf pour les lésions nerveuses dans un essai à long terme du dichloroacétate chez l'adulte.

Un essai étudiait le traitement par la coenzyme Q10 à forte dose. Ce traitement n'a eu aucun effet clinique bénéfique. Trois essais utilisaient du monohydrate de créatine : un essai rapportait une amélioration de la force musculaire et des mesures biochimiques, mais les deux autres essais ne rapportaient aucun effet bénéfique (total de 38 participants). Un essai étudiait les effets d'une combinaison de coenzyme Q10, de monohydrate de créatine et d'acide lipoïque, et rapportait une amélioration statistiquement significative dans les mesures biochimiques et la force de la cheville, mais aucune amélioration clinique (16 participants). Cinq essais étudiaient les effets du dichloroacétate : trois essais portant sur des enfants ont montré une amélioration statistiquement significative dans les mesures biochimiques mais aucun bénéfice clinique sur les mesures physiologiques et les exercices tests (total de 63 participants) ; un essai concernant un traitement à court terme chez l'adulte n'a montré aucune amélioration clinique dans les mesures physiologiques (total de huit participants), et un essai à plus long terme chez l'adulte a été terminé prématurément en raison d'effets indésirables sans bénéfice clinique (en utilisant une échelle combinée d'effet du traitement, chez 30 participants). Un essai utilisant la diméthylglycine n'a montré aucun effet significatif sur les marqueurs biochimiques chez cinq participants. Un essai utilisant un supplément à base de lactosérum a montré une amélioration statistiquement significative dans les marqueurs biochimiques mais aucun bénéfice clinique dans la force musculaire ou sur les questionnaires de santé (13 participants).

D'autres essais contrôlés randomisés de grande qualité doivent être effectués. Ils doivent répondre strictement aux critères de jugement qui sont pertinents pour les soins et la qualité de vie du patient, et les étudier dans des sous-types particuliers de maladie mitochondriale un par un. Il n'a pas été établi que le répertoire immunologique actuel des suppléments nutritionnels soit efficace et d'autres essais devront étudier de nouveaux traitements.

Conclusions des auteurs: 

Malgré l'identification de huit nouveaux essais, il n'existe actuellement aucune preuve probante soutenant l'utilisation de toute intervention dans les troubles mitochondriaux. Des recherches supplémentaires doivent être effectuées afin d'établir le rôle d'un large éventail d'approches thérapeutiques. Nous suggérons que les recherches supplémentaires identifient de nouveaux agents à tester chez des populations d'étude homogènes avec des critères de jugement principaux cliniquement pertinents.

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Contexte: 

Les troubles mitochondriaux de la chaîne respiratoire sont le groupe le plus prévalent de maladies neurométaboliques héréditaires. Ils se présentent avec des caractéristiques neurologiques du système central et périphérique habituellement en association avec l'implication d'un autre organe incluant l'œil, le cœur, le foie et les reins, le diabète sucré et la surdité de perception. Le traitement actuel est en grande partie un traitement de soutien et les troubles évoluent inexorablement provoquant une morbidité significative et le décès prématuré. Les suppléments vitaminiques, les agents pharmacologiques et la thérapie par des exercices ont été utilisés dans des cas isolés et de petits essais cliniques, mais l'efficacité de ces interventions est incertaine. La première revue a été élaborée en 2003, et a identifié six essais cliniques. Cette mise à jour majeure a été effectuée afin d'identifier de nouvelles études et de noter les études originales en ce qui concerne les biais potentiels en conformité avec les directives révisées de la Cochrane Collaboration.

Objectifs: 

Déterminer s'il existe des preuves objectives pour soutenir l'utilisation des traitements actuels pour les maladies mitochondriales.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les affections neuro-musculaires (04.07.2011), CENTRAL (2011, numéro 2, MEDLINE (de 1966 à juillet 2011), et EMBASE (de janvier 1980 à juillet 2011), et nous avons contacté les experts dans le domaine.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (incluant des études croisées). Deux des auteurs ont sélectionné les résumés de façon indépendante pour une autre revue détaillée. Une autre revue a été effectuée de façon indépendante par les cinq auteurs pour décider quels essais remplissaient les critères d'inclusion et le risque de biais évalué. Les participants comprenaient des hommes et des femmes de tous les âges ayant eu un diagnostic confirmé de maladie mitochondriale basé sur une histochimie musculaire, une analyse complexe des tissus ou des lignées cellulaires de la chaîne respiratoire ou des études d'ADN. Les interventions comprenaient un agent pharmacologique, une modification de l'alimentation, un supplément nutritionnel, une thérapie par des exercices ou un autre traitement. Les auteurs de la revue ont exclu les études à haut risque de biais dans toutes les catégories. Les mesures des principaux critères de jugement comprenaient un changement dans la force musculaire et/ou l'endurance, ou les caractéristiques cliniques neurologiques. Les mesures des critères de jugement secondaires comprenaient les évaluations de la qualité de vie, les marqueurs biochimiques de la maladie et les résultats négatifs.

Recueil et analyse des données: 

Deux des auteurs (GP et PFC) ont identifié les études nécessitant une évaluation supplémentaire à partir de tous les résumés dans la période de recherche de façon indépendante. Pour les études identifiées pour une autre revue, les cinq auteurs ont ensuite tous déterminé quelles études répondaient aux critères d'entrée de façon indépendante. Pour les études incluses, nous avons extrait des informations détaillées sur le nombre de participants randomisés, le traitement, le plan d'étude, la catégorie de l'étude, l'assignation secrète et d'autres critères concernant le risque de biais, ainsi que les caractéristiques des participants. L'analyse était basée sur des données en intention de traiter. Nous avions prévu d'utiliser la méta-analyse, mais elle ne s'est pas avérée nécessaire.

Résultats principaux: 

Les auteurs ont examiné 1 335 résumés, et en ont identifiés 21 qui étaient potentiellement éligibles. Après une revue détaillée, 12 études répondaient aux critères d'entrée. Parmi ces dernières, huit étaient des études nouvelles qui avaient été publiées depuis la version précédente de cette revue. Deux études qui avaient été incluses dans la version précédente de cette revue ont été exclues en raison du potentiel de biais. La comparabilité des études incluses est extrêmement faible en raison de différences dans les maladies spécifiques étudiées, de différences dans les agents thérapeutiques utilisés, la posologie, le plan d'étude et les critères de jugement. La qualité méthodologique des études incluses était généralement grande, bien que le risque de biais fût incertain dans la génération de séquences aléatoires et l'assignation secrète pour la plupart des études. Autrement, le risque de biais était faible pour la plupart des études dans les autres catégories. Les événements indésirables graves étaient rares, sauf pour la toxicité du système nerveux périphérique dans un essai à long terme du dichloroacétate (DCA) chez l'adulte.

Un essai avait étudié la coenzyme Q10 à forte dose sans amélioration cliniquement significative (bien qu'il existe de nombreux résultats biochimiques, physiologiques et de neuro-imagerie, chez 30 participants). Trois essais avaient utilisé le monohydrate de créatine seul, dont un faisait état de preuves de mesures améliorées de la force musculaire et du lactate post-exercices, mais les deux autres ne faisaient état d'aucun bénéfice (total de 38 participants). un essai avait étudié les effets d'une combinaison de coenzyme Q10, de monohydrate de créatine et d'acide lipoïque, et rapportait une amélioration statistiquement significative dans les marqueurs biochimiques et la force maximale de dorsiflexion de la cheville, mais globalement aucune amélioration clinique chez 16 participants. Cinq essais avaient étudié les effets du dichloroacétate (DCA) : trois essais portant sur des enfants ont montré une amélioration statistiquement significative dans les mesures des critères de jugement secondaires du métabolisme mitochondrial (lactate veineux dans trois essais, et spectroscopie par résonance magnétique (SRM) dans un essai ; total de 63 participants). Un essai à court terme du DCA chez l'adulte n'a montré aucune amélioration cliniquement significative (amélioration du lactate veineux mais aucun changement dans les résultats physiologiques, d'imagerie, ou dans les conclusions des questionnaires, chez huit participants). Un essai à plus long terme du DCA chez l'adulte a été terminé prématurément en raison d'une toxicité du système nerveux périphérique sans bénéfice clinique (les évaluations comprenaient le score GATE, le lactate veineux et la SRM, chez 30 participants). Un essai utilisant la diméthylglycine n'a montré aucun effet significatif (mesures du lactate veineux et de la consommation d'oxygène (VO2) chez cinq participants). Un essai utilisant un supplément à base de lactosérum a montré une amélioration statistiquement significative dans les marqueurs de la capacité de réduire les radicaux libres mais aucun bénéfice clinique (les évaluations comprenaient le questionnaire Short Form 36 Health Survey (SF-36) et la force musculaire du Medical Research Council (MRC) du RU, chez 13 participants).

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.