Halopéridol versus placebo dans la schizophrénie

L'halopéridol a été initialement développé à la fin des années 1950. La recherche a, par la suite, montré ses effets thérapeutiques sur les symptômes de la schizophrénie, tels que le fait d'entendre des voix et de voir des choses (hallucinations), d'avoir des croyances étranges (idées délirantes), de l'agressivité, de l'impulsivité et des états d'excitation. Cela conduisit à l'introduction de l'halopéridol, comme l'un des premiers médicaments antipsychotiques. Les médicaments antipsychotiques constituent le principal traitement pour les symptômes de la schizophrénie. Malgré l'introduction de nouveaux médicaments antipsychotiques (médicaments de deuxième génération dits "atypiques"), l'halopéridol reste d'une utilisation courante et constitue le médicament de référence pour juger de l'efficacité des médicaments antipsychotiques plus récents.

L'objectif de cette revue était d'évaluer les effets de l'halopéridol dans la schizophrénie et d'autres troubles mentaux graves de même nature par rapport à l'absence de traitement ou à un traitement factice (placebo). Une nouvelle recherche d'essais a été effectuée en mai 2012 et la revue inclut désormais 25 études portant sur un total de 4651 personnes. Les auteurs de la revue ont évalué la qualité des preuves rapportées dans les essais relatives à sept critères de jugement principaux (l'état général, le décès, la sortie d'hôpital, la rechute, l'abandon précoce de l'étude, les effets indésirables et la satisfaction vis-à-vis du traitement). Pour l'état général, l'abandon précoce de l'étude et les effets indésirables les auteurs de la revue ont évalué les preuves comme étant de qualité modérée, cependant, pour la rechute et la sortie d'hôpital, les preuves ont été considérées comme de très faible qualité. Il n'y avait pas de données disponibles pour la mortalité et la satisfaction vis-à-vis du traitement.

S'appuyant sur des preuves de qualité modérée, l'halopéridol a été estimée être plus efficace que le placebo dans le traitement de la schizophrénie. Plus de personnes ayant reçu de l'halopéridol présentaient une amélioration dans les six premières semaines de traitement que celles ayant reçu un placebo. Cependant, un nombre significatif de participants sous halopéridol ont souffert d'effets secondaires, notamment de rigidité musculaire, de mouvements incontrôlables, de tremblements, de somnolence et d'agitation.

Les auteurs ont conclu que l'halopéridol est un antipsychotique puissant et efficace pour traiter les symptômes de la schizophrénie, mais a le potentiel de provoquer des effets secondaires invalidants. Les personnes atteintes de schizophrénie et les psychiatres peuvent souhaiter la prescription d'un médicament antipsychotique plus récent avec moins d'effets secondaires.

Enfin, une grande proportion d'autres informations et données des essais étaient de mauvaise qualité et mal rapportées, ce qui signifie que de meilleures études sont nécessaires. Beaucoup de personnes, dans les deux groupes, abandonnaient les essais de manière prématurée. Ceci suggère que la conception et la conduite des essais étaient médiocres et peut-être pas acceptables pour les personnes. À la lumière de ces résultats, il peut être surprenant que l'halopéridol soit un antipsychotique de référence d'utilisation courante dans le traitement de la schizophrénie. Il est également surprenant que l'halopéridol soit largement utilisé en tant que comparateur pour les nouveaux médicaments. L'halopéridol est un antipsychotique efficace mais a des effets secondaires graves et invalidants.

Benjamin Gray, bénéficiaire du service et expert auprès des bénéficiaires du service, Rethink Mental Illness.

Conclusions des auteurs: 

L'halopéridol est un médicament antipsychotique puissant mais il est associé à un risque élevé d'effets indésirables. En l'absence d'autre option de traitement, l'utilisation d'halopéridol est justifiée pour éviter les conséquences néfastes et potentiellement dangereuses de la schizophrénie non traitée. Néanmoins, lorsque d'autres médicaments sont disponibles, les patients atteints de schizophrénie et les cliniciens pourraient préférer un antipsychotique moins susceptible d'entraîner des effets indésirables tels qu' un syndrome parkinsonien, une akathisie et des dystonies aiguës. L'halopéridol devrait être moins favorisé en tant que médicament témoin pour les essais randomisés portant sur de nouveaux antipsychotiques.

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Contexte: 

L'halopéridol a été développé à la fin des années 1950 pour être utilisé dans le domaine de l'anesthésie. Les recherches ont ensuite démontré ses effets sur les hallucinations, les idées délirantes, l'agressivité, l'impulsivité et les états d'excitation, ce qui a débouché sur la commercialisation de l'halopéridol en tant qu' antipsychotique.

Objectifs: 

Évaluer les effets cliniques de l'halopéridol dans la prise en charge de la schizophrénie et d'autres troubles mentaux graves de même nature par rapport à un placebo.

Stratégie de recherche documentaire: 

A l'origine nous avions effectué des recherches électroniques dans les bases de données Biological Abstracts (1985-1998), CINAHL (1982-1998), The Cochrane Library (1998, numéro 4), le registre du groupe Cochrane de Schizophrénie (décembre 1998), EMBASE (1980-1998), MEDLINE (1966-1998), PsycLIT (1974-1998) et SCISEARCH. Nous avons également examiné les références bibliographiques de toutes les études pertinentes afin d'identifier d'autres essais, et avons contacté les auteurs des essais ainsi que des sociétés pharmaceutiques afin d'obtenir davantage d'informations et des documents d'archive.

Pour la mise à jour de 2012, le 15 mai 2012, nous avons effectué des recherches dans le registre d'essais cliniques du groupe Cochrane sur la schizophrénie.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus tous les essais contrôlés randomisés pertinents comparant l'utilisation d'halopéridol (n'importe quelle dose orale) à un placebo chez des patients atteints de schizophrénie ou d'autres troubles psychotiques non affectifs graves de même nature (indépendamment du mode de diagnostic). Nos critères de jugement principaux étaient le décès, la perte de suivi, la réponse clinique et sociale, la rechute et la gravité des effets indésirables.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons évalué les données de manière indépendante et nous avons extrait, réexaminé et évalué la qualité des données. Nous avons analysé les données dichotomiques en utilisant le risque relatif (RR) et calculé les intervalles de confiance (IC) à 95%. Pour les données continues, nous avons calculé les différences moyennes (DM). Nous avons exclu les données continues lorsque la perte de suivi était supérieure à 50% et nous avons examiné l'hétérogénéité des données. Nous avons utilisé un modèle à effets fixes pour toutes les analyses. Pour la mise à jour de 2012, nous avons évalué le risque de biais des études incluses et utilisé l'approche GRADE pour créer un tableau 'Résumé des résultats'.

Résultats principaux: 

Vingt-cinq essais randomisant 4651 personnes sont désormais inclus dans cette revue. Nous avons choisi sept critères de jugement principaux d'intérêt pour le tableau 'Résumé des résultats'. Plus de personnes recevant de l'halopéridol présentaient une amélioration dans les six premières semaines de traitement que celles ayant reçu un placebo (4 ECR, n =472, RR de 0,67, IC à 95% 0,56 à 0,80, preuves de qualité modérée ). Huit autres essais observaient également une différence en faveur de l'halopéridol dans la période des six semaines à six mois, (8 ECR, n =307 RR 0,67, ICentre 0,58 et 0,78, preuves de qualité modérée ). Des données sur la rechute issues de deux essais ont été favorables à l'halopéridol à < 52 semaines, mais les preuves étaient de très faible qualité (2 ECR, n =70, RR 0,69, IC entre 0,55 et 0,86). preuves de qualité modérée environ la moitié de ceux qui entraient dans les études n'ont pas terminé les essais de courte durée (six semaines à six mois), mais, jusqu'à six semaines, 16 études rapportaient une différence marginalement favorable à l'halopéridol (n =1812, RR de 0,87, IC à 95% 0,80 à 0,95). Les données des effets indésirables confirment cependant l'impression clinique selon laquelle l'halopéridol est fortement responsable de troubles des mouvements, tout du moins à court terme. Des preuves de qualité modérée indiquent que l'halopéridol est responsable de parkinsonisme (5 ECR, n =485, RR de 5,48 95% 2,68 à 11,22), d'akathisie (6 ECR, n =695, RR de 3,66, IC entre 2,24 à 5,97, et de dystonie aiguë (5 ECR, n =471, RR 11,49 IC à 95% 3,23 à 10,85). La sortie de l'hôpital était équivoque entre les groupes (1 ECR n =33, RR 0,85, IC entre 0,47 et 1,52, preuves de qualité très médiocre ). Les données n'étaient pas rapportés pour le décès et la satisfaction du patient.

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