Question de la revue
Nous avons effectué cette revue afin d'évaluer les preuves issues d'essais randomisés sur l'efficacité et la sécurité de l'immunoglobuline intraveineuse (IgIV) pour les personnes atteintes de PDIC.
Contexte
La polyradiculoneuropathie démyélinisante inflammatoire chronique (PDIC) est une maladie caractérisée par une inflammation des nerfs conduisant à des paralysies. La cause probable est l'attaque par l'organisme de ses propres nerfs. La PDIC nécessite généralement un traitement de long terme pour prévenir une aggravation de l'incapacité. Il existe de nombreux débats sur le traitement à choisir en premier. Un des choix est un médicament appelé immunoglobuline, qui est un produit fabriqué à partir des anticorps purifiés de sang de donneurs humains, administrée par injection dans une veine. Les stéroïdes et l'échange de plasma(plasmaphérèse, un traitement dans lequel on remplace le plasma du sang d'une personne) sont connus pour être efficaces.
Les caractéristiques de l'étude
Huit essais contrôlés randomisés totalisant 332 participants atteints de PDIC étaient éligibles pour cette revue. Ils comparaient l'IgIV à un placebo (médicament factice), à l'échange de plasma ou aux stéroïdes.
Résultats principaux et qualité des preuves
Nous avons identifié cinq essais randomisés démontrant globalement que l'IgIV améliore l'incapacité plus que le placebo (médicament factice). Les résultats ont montré que trois personnes devraient être traitées pour qu'une personne soit améliorée. Dans les trois essais qui comparaient l'IgIV avec d'autres traitements, les résultats avec l'IgIV étaient similaires à la plasmaphérèse, à la prednisolone orale ou à la méthylprednisolone intraveineuse. Les preuves étaient de qualité modérée ou élevée. Dans cette revue, il y avait des effets secondaires légers et de court terme chez environ la moitié de ceux ayant reçu de l'IgIV. Six pour-cent de ceux traités par l'IgIV avaient des effets secondaires graves, la plasmaphérèse ou les corticostéroïdes ont des taux similaires.
Chaque essai avait défini l'amélioration à sa propre façon et les essais utilisaient différentes échelles de mesure, de sorte qu'il est difficile de faire le lien avec les modifications de l'état clinique des personnes atteintes de PDIC. Une seule des études qui comparaient l'IgIV avec un placebo avait un suivi à long terme. Elle suggérait que l'IgIV améliorait plus que le placebo l'incapacité sur 24 semaines et possiblement sur 48 semaines. D'autres recherches sont nécessaires afin de comparer les bénéfices à long terme et les effets secondaires de l'IgIV à d'autres traitements.
La plus récente recherche d'études a été réalisée en décembre 2012 et nous avons mis à jour la revue avec les résultats d'un essai supplémentaire.
Les preuves issues d'ECR montrent que l'IgIV améliore l'incapacité sur une durée d'au moins deux à six semaines par rapport à un placebo, avec un NST de trois. Pendant cette période, son efficacité est similaire à celle de la plasmaphérèse, de la prednisolone orale et de la méthylprednisolone intraveineuse. Dans un essai à grande échelle, le bénéfice de l'IgIV persistait pendant 24 et peut-être 48 semaines. D'autres recherches sont nécessaires afin de comparer les bénéfices à long terme ainsi que les effets secondaires de l'IgIV avec d'autres traitements.
La polyradiculoneuropathie démyélinisante inflammatoire chronique (PDIC) entraîne une faiblesse progressive ou récurrente et un engourdissement des membres, se développant sur une période d'au moins deux mois. Des études non contrôlées suggèrent que l'immunoglobuline intraveineuse (IgIV) est utile. Cette revue a été publiée pour la première fois en 2002 et a depuis lors été mise à jour, le plus récemment en 2013.
Réaliser une revue systématique des preuves issues d'essais contrôlés randomisés (ECR) concernant l'efficacité et l'innocuité de l'IgIV dans la PDIC.
Le 4 décembre 2012, nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les affections neuromusculaires, CENTRAL (2012, numéro 11 dans la Bibliothèque Cochrane), MEDLINE et EMBASE jusqu'à décembre 2012 et ISI de janvier 1985 à mai 2008. Nous avons recherché des essais en cours dans deux méta-registres (World Health Organization International Clinical Trials Registry Platform Search Portal et Current Controlled Trials).
Nous avons sélectionné les ECR évaluant n'importe quelle dose d'IgIV par rapport à un placebo, une plasmaphérèse ou des corticostéroïdes dans la PDIC avérée ou probable.
Deux auteurs ont examiné les recherches de littérature afin d'identifier des ECR potentiellement pertinents, ils ont évalué leur qualité et extrait les données de manière indépendante. Nous avons contacté les auteurs pour obtenir des informations supplémentaires.
Nous avons pris en compte huit ECR, portant sur 332 participants, pour être éligibles pour l'inclusion dans la revue. Ces essais étaient homogènes et le risque de biais global faible. Cinq études, pour un total de 235 participants comparaient l'IgIV à un placebo. Un essai avec 20 participants comparait l'IgIV à la plasmaphérèse, un essai comparait l'IgIV à la prednisolone chez 32 participants, et un essai, récemment intégré à cette mise à jour, comparait l'IgIV à la méthylprednisolone intraveineuse chez 46 participants.
Une proportion significativement supérieure de participants présentaient une amélioration de l'incapacité au cours du mois suivant l'administration d'IgIV par rapport à un placebo (risque relatif (RR) 2,40, intervalle de confiance à 95 % (IC) de 1,72 à 3,36 ; nombre de sujets à traiter pour obtenir un résultat bénéfique supplémentaire de 3,03 (IC à 95 % 2,33 à 4,55), preuves de qualité élevée). On ne peut pas déduire de cette analyse si toutes ces améliorations sont pareillement cliniquement pertinentes car chaque essai utilisait différentes échelles d'incapacité et différentes définitions de l'amélioration significative. Dans trois essais, comprenant 84 participants, le score de l'incapacité pouvait être converti en score de Rankin modifié, pour lequel une amélioration d'un point après l'administration d'IgIV par rapport à un placebo était à peine significative (RR 2,40, IC à 95 % 0,98 à 5,83) (preuves de qualité modérée). Une seule étude contrôlée par placebo inclue dans cette revue effectuait un suivi à long terme. Les résultats de cette étude suggèrent que l'IgIV, plus que le placebo, améliore l'incapacité sur 24 et 48 semaines.
Le score moyen d'incapacité ne révélait aucune différence significative entre l'IgIV et la plasmaphérèse à six semaines (preuves de qualité modérée). Il n'y avait aucune différence significative dans l'amélioration de l'incapacité pour la prednisolone par rapport à l'IgIV après deux ou six semaines, ou pour la méthylprednisolone par rapport à l'IgIV après deux semaines ou six mois (preuves de qualité modérée).
Il n'y avait aucune différence statistiquement significative en termes de fréquence des effets secondaires entre les trois types de traitement pour lesquels les données étaient disponibles (IgIV versus placebo ou stéroïdes) (preuves de qualité modérée ou élevée). Des événements indésirables légers et transitoires étaient observés chez 49 % des participants traités avec l'IgIV, tandis que des événements indésirables graves ont été observés dans six pour-cent des cas.