Des préparations à action prolongée et à effet retard (décanoate et énanthate) de la perphénazine (antipsychotique oral) sont disponibles pour les patients schizophrènes. Les preuves disponibles concernant leur efficacité et leur innocuité sont limitées. Cette revue identifie les essais randomisés comparant de la perphénazine à effet retard à d'autres antipsychotiques à effet retard, et du décanoate à de l'énanthate de perphénazine.
La perphénazine à effet retard est utilisée dans la pratique clinique dans les pays nordiques, en Belgique, au Portugal et aux Pays-Bas. Selon une estimation conservatrice, 250 000 patients souffrent de schizophrénie dans ces pays et pourraient être traités à la perphénazine à effet retard. Les quatre essais qui apportaient des données utiles portaient sur un total de 313 participants. Aucune étude n'examinait les effets des médicaments antipsychotiques oraux par rapport aux médicaments à effet retard. En l'absence d'essais randomisés bien réalisés et documentés, les cliniciens ne sont pas en mesure de connaître les effets de la perphénazine à effet retard et les patients schizophrènes doivent se fier de leur propre jugement ou demander à être randomisés.
Les médicaments antipsychotiques sont généralement administrés par voie orale mais l'observance du traitement peut être difficile à quantifier. Le développement des injections à effet retard dans les années 1960 a donné lieu à une utilisation extensive de ces médicaments en tant que traitement d'entretien à long terme. Le décanoate et l'énanthate de perphénazine sont des antipsychotiques à effet retard qui appartiennent à la famille des phénothiazines et qui possèdent une chaîne latérale d'éthanol pipérazine.
Évaluer les effets du décanoate et de l'énanthate de perphénazine à effet retard par rapport à un placebo, à des antipsychotiques oraux et à d'autres préparations antipsychotiques à effet retard chez les patients schizophrènes en termes de résultats cliniques, sociaux et économiques.
Nous avons mis à jour les précédentes recherches effectuées dans le registre du groupe Cochrane sur la schizophrénie (juin 1998), Biological Abstracts (1982-1998), la Bibliothèque Cochrane (numéro 2, 1998), EMBASE (1980-1998), MEDLINE (1966-1998) et PsycLIT (1974-1998) en consultant le registre du groupe Cochrane sur la schizophrénie (mars 2004). Les références bibliographiques de tous les essais pertinents ont également été examinées afin d'identifier d'autres études, et des représentants de l'industrie ont été contactés.
Nous avons sélectionné les essais cliniques randomisés portant sur des patients schizophrènes et comparant du décanoate et de l'énanthate de perphénazine à effet retard à des antipsychotiques oraux ou à d'autres préparations à effet retard.
Nous avons sélectionné les études, évalué la qualité et extrait les données de manière fiable. Pour les données dichotomiques, nous avons estimé le risque relatif (RR) avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %. Dans la mesure du possible, nous avons calculé les statistiques du nombre de sujets à traiter (NST). L'analyse a été effectuée sur la base de l'intention de traiter.
Quatre études seulement (Ahlfors 1980, Eufe 1979, Knudsen 1985c, Tegeler 1979) randomisant un total de 313 patients ont pu être incluses dans la revue. Ce nombre limité d'études, ajouté à une absence globale de données utilisables, limite toute interprétation des résultats. L'énanthate de perphénazine ne présentait pas de supériorité ou d'infériorité significative par rapport aux autres antipsychotiques à effet retard pour la plupart des critères de jugement, tels que l'état global, les rechutes ou les arrêts prématurés. Nous avons observé certaines différences favorables aux groupes témoins en termes d'effets indésirables.
Une étude (Ahlfors 1980) d'une durée de six mois (n = 172) comparait de l'énanthate de perphénazine à du décanoate de clopenthixol. Il n'existait aucune différence entre les deux groupes concernant les critères de jugement de l'amélioration globale, des rechutes et des arrêts prématurés. Néanmoins, davantage de patients du groupe de l'énanthate de perphénazine avaient recours à des anticholinergiques par rapport aux patients du groupe du décanoate de clopenthixol (RR de 1,12, IC entre 1,0 et 1,2, NST de 10).
Une seule étude (n = 64, durée de six semaines) comparait de l'énanthate de perphénazine à son ester de décanoate à action prolongée. Les données des rechutes et des arrêts prématurés ne révélaient pas de différences convaincantes. Néanmoins, le groupe de l'énanthate présentait davantage de troubles du mouvement (RR de 1,36, IC entre 1,1 et 1,8, NST de 5) que le groupe de l'ester de décanoate du même médicament, et avait recours à davantage d'anticholinergiques (RR de 1,47, IC entre 1,1 et 2,0, NST de 4).