Techniques de dégagement des voies respiratoires comparées à l'absence de techniques de dégagement des voies respiratoires pour la mucoviscidose

Problématique de la revue

Quels sont les effets de l'utilisation d'une technique de dégagement des voies respiratoires par rapport à la non-utilisation d'une technique de dégagement des voies respiratoires pour éliminer l'excès de mucus des poumons des personnes atteintes de mucoviscidose ?

Contexte

Les poumons des personnes atteintes de mucoviscidose (également appelée fibrose kystique) produisent un excès de mucus. Cela cause des infections répétées et des lésions tissulaires dans les poumons. Il est important d'éliminer le mucus en utilisant des médicaments et des techniques de dégagement des voies respiratoires (physiothérapie). Il existe différentes techniques de dégagement des voies respiratoires pour éliminer le mucus, dont certaines pourraient inclure l'utilisation de dispositifs mécaniques. La physiothérapie quotidienne demande beaucoup de temps et d'efforts, il est donc important de savoir si elle est efficace. Nous avons recherché des études dans lesquelles les participants avaient les mêmes chances de faire partie du groupe utilisant des techniques de dégagement des voies respiratoires ou du groupe n'utilisant pas ces techniques. Il s’agit ici d’une mise à jour d'une revue déjà publiée.

Date de la recherche

Les données probantes sont à jour jusqu'au 17 octobre 2022.

Caractéristiques des études

Nous avons inclus 12 études incluant 194 personnes atteintes de mucoviscidose. Les études étaient très différentes et certaines portaient sur des traitements multiples par rapport à l'absence de traitement. Une étude a utilisé le drainage autogène (une technique de respiration contrôlée qui utilise différentes vitesses et profondeurs d'expiration pour faire remonter le mucus dans les voies respiratoires afin qu'il puisse être évacué par la toux) ; cinq études ont utilisé la kinésithérapie respiratoire conventionnelle (techniques manuelles de percussion et de vibration appliquées à la paroi thoracique, généralement avec l'aide d'un physiothérapeute ou d'un membre de la famille) ; neuf ont utilisé la pression expiratoire positive (expiration à travers un masque ou un embout buccal contre une résistance qui provoque une augmentation de la pression dans les poumons pour déplacer le mucus), et l'une d'entre elles a varié la pression et a donc utilisé à la fois la pression expiratoire positive standard et la haute pression ; trois études ont utilisé la pression expiratoire positive oscillante (pression expiratoire positive combinée à des vibrations dans les voies respiratoires pour décoller le mucus) ; deux ont utilisé l'exercice (sur un tapis roulant) ; et deux ont utilisé l'oscillation à haute fréquence de la paroi thoracique (vibrations à haute fréquence appliquées à l'extérieur de la paroi thoracique par l'intermédiaire d'un vêtement gonflable). Nous n'avons pas pu combiner les résultats pour les analyser statistiquement.

Principaux résultats

En résumant les résultats des 12 études, nous avons trouvé des données probantes limitées quant à l'impact à court terme sur la fonction pulmonaire. Une seule étude a reporté une amélioration de la fonction pulmonaire dans certains groupes de traitement, tandis que six autres études n'ont constaté aucune amélioration.

Cette revue a montré que les méthodes visant à dégager les voies respiratoires pourraient avoir des bénéfices à court terme pour l'élimination du mucus. Quatre études ont montré que les personnes utilisant des techniques de dégagement des voies respiratoires crachaient plus, mais une étude n'a rapporté aucune différence avec ou sans l'utilisation d'une technique de dégagement des voies respiratoires. Cinq études ont reporté une augmentation de la clairance des traceurs radioactifs (test consistant à prendre des images en continu de personnes ayant inhalé un aérosol radioactif afin d'évaluer le temps qu'il met à être éliminé des poumons) lors de l'utilisation du dégagement des voies respiratoires, mais une étude portant sur la pression expiratoire positive n'a pas constaté de différence. À l'heure actuelle, il n'existe pas de données probantes montrant les effets à long terme de la mise en œuvre de techniques de dégagement des voies respiratoires sur la qualité de vie ou la survie.

Limites des données probantes

Nous avons peu ou très peu confiance dans les données probantes, et ce pour plusieurs raisons. La plupart des études incluses présentaient des problèmes de plan d'étude et, dans un peu moins de la moitié des études, il n'était pas certain que tous les résultats aient été rapportés. De plus, dans les études sur la physiothérapie, la personne qui reçoit le traitement et son physiothérapeute savent quel traitement elle reçoit, ce qui pourrait affecter certains résultats. Par exemple, la quantité de mucus expectorée et les tests de la fonction pulmonaire (mesurés par la moitié des études incluses) et l’avis d'une personne sur une technique particulière (enregistrée dans un quart des études incluses) pourraient être influencés si la personne sait quel traitement elle reçoit. Enfin, la plupart des études n'indiquent pas clairement si la personne était expérimentée dans la technique qu'elle utilisait.

Nous n'avons pas trouvé d'études portant sur les effets des techniques de dégagement des voies respiratoires chez les personnes traitées par les nouveaux traitements modulateurs du régulateur de la conductance transmembranaire de la mucoviscidose (CFTR). La mucoviscidose est causée par des protéines défectueuses à la surface des cellules, produites par le gène CFTR muté ; ces nouveaux médicaments sont conçus pour corriger la fonction des protéines défectueuses.

Conclusions des auteurs: 

Les données probantes de cette revue montrent que les techniques de dégagement des voies respiratoires pourraient avoir des effets à court terme sur l'augmentation du transport du mucus chez les personnes atteintes de mucoviscidose. Toutes les études incluses avaient un suivi à court terme ; par conséquent, nous n'avons pas pu tirer de conclusions sur les effets à long terme des techniques de dégagement des voies respiratoires par rapport à l'absence des techniques de dégagement des voies respiratoires chez les personnes atteintes de mucoviscidose.

Les données probantes de cette revue représentent l'utilisation des techniques de dégagement des voies respiratoires dans une population d'enfants atteints de mucoviscidose avant l'utilisation des modulateurs du régulateur de la conductance transmembranaire de la mucoviscidose. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer l'efficacité et l'acceptabilité du dégagement des voies respiratoires chez les personnes traitées avec des modulateurs du régulateur de la conductance transmembranaire très efficaces.

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Contexte: 

La mucoviscidose (également appelée fibrose kystique) est une maladie héréditaire progressive qui limite l'espérance de vie et qui est caractérisée par l'accumulation de mucus anormalement épais et collant, affectant principalement les poumons, le pancréas et le système digestif. Les techniques de dégagement des voies respiratoires, traditionnellement appelées kinésithérapie respiratoire, sont recommandées dans le cadre d'un programme de traitement complexe pour les personnes atteintes de mucoviscidose. L'objectif d'une technique de dégagement des voies respiratoires est d'améliorer la clairance mucociliaire et d'éliminer les sécrétions visqueuses des voies respiratoires basses afin de prévenir leur obstruction. Cela réduit la charge infectieuse et les effets inflammatoires associés sur l'épithélium des voies respiratoires.

Il existe un certain nombre de techniques de dégagement des voies respiratoires reconnues, dont aucune n'a démontré sa supériorité dans l'amélioration des critères de jugement à court terme liés au transport du mucus. Cette revue systématique, qui a été régulièrement mise à jour depuis sa première publication en 2000, examine l'efficacité des techniques de dégagement des voies respiratoires par rapport à leur absence chez les adultes et les enfants atteints de mucoviscidose. Il est important de continuer à examiner ces données probantes, en particulier les critères de jugement à long terme, compte tenu de l'introduction récente de traitements modulateurs très efficaces, de l'amélioration des critères de jugement de santé et des changements potentiels dans la prise en charge de la mucoviscidose associés à ces médicaments.

Objectifs: 

Déterminer l'efficacité et l'acceptabilité des techniques de dégagement des voies respiratoires par rapport à l'absence de techniques de dégagement des voies respiratoires ou à la toux seule chez les personnes atteintes de mucoviscidose.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre d'essais cliniques du groupe Cochrane sur la mucoviscidose et les autres maladies génétiques, qui comprend des références identifiées à partir de recherches exhaustives dans des bases de données électroniques et de recherches manuelles dans des revues pertinentes et des livres de résumés d'actes de conférences, jusqu'au 17 octobre 2022. Nous avons recherché des essais en cours dans les registres (Clinicaltrials.gov et le Système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l’OMS) jusqu'au 7 novembre 2022.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des études randomisées ou quasi randomisées comparant les techniques de dégagement des voies respiratoires (kinésithérapie respiratoire) à l'absence de techniques de dégagement des voies respiratoires ou à la toux spontanée seule chez les personnes atteintes de mucoviscidose.

Recueil et analyse des données: 

Les deux auteurs de la revue ont indépendamment évalué l'éligibilité des études, extrait les données et évalué le risque de biais des études incluses. Nous avons utilisé la méthodologie GRADE pour évaluer le niveau de confiance des données probantes.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus 11 études croisées (153 participants) et une étude parallèle (41 participants). Des différences ont été constatées entre les études en ce qui concerne la manière dont les interventions ont été menées, plusieurs groupes d'intervention combinant plus d'une technique de dégagement des voies respiratoires. Une étude a utilisé le drainage autogène, cinq la kinésithérapie respiratoire conventionnelle, neuf la pression expiratoire positive (PEP), une étude faisant varier la pression de l'eau entre les bras d’étude, trois la PEP oscillante, deux l'exercice et deux l'oscillation à haute fréquence de la paroi thoracique. Sur les 12 études incluses, 10 étaient des études portant sur un seul traitement, et deux ont délivré l'intervention sur deux jours consécutifs (une fois par jour dans une étude, deux fois par jour dans la seconde). Cette hétérogénéité substantielle dans les interventions de traitement a empêché la mise en commun des données en vue d'une méta-analyse. Mettre en aveugle les participants, les soignants et les cliniciens est impossible dans les études sur le dégagement des voies respiratoires ; nous avons donc jugé que toutes les études présentaient un risque incertain de biais de performance. Le manque d'informations dans huit études a rendu l'évaluation du risque de biais incertaine pour la plupart des autres domaines.

Nous avons estimé que le niveau de confiance des données probantes est faible ou très faible en raison de la conception de l'essai croisé à court terme, du petit nombre de participants et du risque de biais incertain dans la plupart ou l'ensemble des domaines.

Six études (84 participants) n'ont signalé aucun effet sur les variables de la fonction pulmonaire suivant l'intervention ; mais une étude (14 participants) a reporté une amélioration de la fonction pulmonaire après l'intervention dans certains groupes de traitement. Deux études ont reporté l'index de clairance pulmonaire : l'une (41 participants) a constaté une réponse variable au traitement par oscillation à haute fréquence de la paroi thoracique, tandis que l'autre (15 participants) n'a constaté aucun effet sur l'index de clairance pulmonaire avec le traitement par PEP (données probantes d’un niveau de confiance faible). Cinq études (55 participants) ont indiqué que les techniques de dégagement des voies respiratoires, y compris la toux, augmentaient la clairance du traceur radioactif par rapport au contrôle, tandis qu'une autre étude (huit participants) n'a signalé aucune amélioration de la clairance du traceur radioactif en comparant la PEP au contrôle, bien que la toux ait été découragée pendant l'intervention de la PEP. Nous avons jugé le niveau de confiance des données probantes concernant l'effet des techniques de dégagement des voies respiratoires sur la clairance des traceurs radioactifs comme étant très faible.

Quatre études (46 participants) ont examiné le poids du mucus éliminé des poumons et ont rapporté des sécrétions plus importantes pendant la kinésithérapie respiratoire par rapport au control. Une étude (18 participants) n'a rapporté aucune différence dans le poids des expectorations (données probantes d’un niveau de confiance très faible).

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Khalil El Gharib et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.