Bronchodilatateurs pour la bronchiolite chez les nourrissons atteints de respiration sifflante pour la première fois

Qu’est-ce que la bronchiolite ?

La bronchiolite est une infection virale aiguë des poumons, très contagieuse, qui est courante chez les nourrissons de 0 à 12 mois d'âge. Elle survient chaque année en hiver. Elle est responsable d’une inflammation des petites voies respiratoires dans les poumons et de leur obstruction par des débris. Les voies respiratoires sont rétrécies et cela entraîne une gêne de la circulation de l'air. Le nourrisson a une forte toux, un écoulement nasal et généralement de la fièvre. L'enfant peut devenir essoufflé, avoir une respiration sifflante et manquer d’oxygène.

Pourquoi faire une revue des bronchodilatateurs ?

Les bronchodilatateurs sont des médicaments souvent utilisés sous forme d'aérosols pour accroître le passage de l'air en relâchant le muscle bronchique. Ils sont efficaces pour aider les enfants plus âgés et les adultes asthmatiques. Cependant, contrairement aux asthmatiques, les nourrissons atteints de bronchiolite respirent généralement bruyamment pour la première fois. Leur respiration sifflante est due à une autre cause, à savoir, parce que leurs voies respiratoires sont obstruées par des débris. Par conséquent, les nourrissons atteints d'une bronchiolite sont moins susceptibles de réagir aux bronchodilatateurs.

Les caractéristiques de l'étude

Nous avons examiné les preuves concernant l'effet des bronchodilatateurs chez les nourrissons atteints de bronchiolite. Nous avons trouvé 30 essais qui incluaient un total de 1 922 nourrissons, dans plusieurs pays. Les preuves sont à jour jusqu'en janvier 2014. Nous avons analysé séparément les études réalisées sur des patients externes et des patients hospitalisés. Tous les bronchodilatateurs ont été inclus dans la revue, sauf l'adrénaline, car elle est examinée dans une autre revue Cochrane. Le salbutamol (également connu sous le nom d’albutérol) est couramment utilisé dans les études, de sorte que nous avons également examiné ce bronchodilatateur comme un sous-groupe.

Résultats principaux

Nous n'avons trouvé aucun effet des bronchodilatateurs sur la saturation en oxygène. Les nourrissons hospitalisés pour bronchiolite n'ont montré aucun bénéfice significatif du traitement par bronchodilatateur. Cette étude a également révélé que les bronchodilatateurs ne réduisent pas le besoin d'hospitalisation, la durée du séjour à l'hôpital et ne permettent pas de réduire la durée de la maladie à domicile. En examinant le sous-groupe des études utilisant le salbutamol (l’albutérol), nous n'avons trouvé aucun effet de ce bronchodilatateur sur la saturation en oxygène ou les scores cliniques. Les effets secondaires des bronchodilatateurs comprennent une accélération du rythme cardiaque, une diminution de l’oxygène et des tremblements. Compte tenu de ces effets secondaires, du peu de preuves indiquant qu'ils sont efficaces et du coût associé à ces traitements, les bronchodilatateurs ne sont pas utiles dans la prise en charge de la bronchiolite.

Qualité des preuves

Cette revue est limitée par le faible nombre d'études utilisant les mêmes mesures et méthodes d'évaluation. Par exemple, seulement 22 études incluaient uniquement des nourrissons atteints de respiration sifflante pour la première fois. Les études plus anciennes incluaient des nourrissons ayant des antécédents de respiration sifflante et qui auraient pu être atteints d’asthme. Par conséquent, ces études plus anciennes étayent l'utilisation de bronchodilatateurs. Les études plus récentes qui excluent les nourrissons ayant des antécédents de respiration sifflante et étaient mieux conçues ne montrent pas de bénéfice des bronchodilatateurs. Cette revue est également limitée par le petit nombre de nourrissons inclus dans chaque étude. Pour finir, les scores cliniques utilisés pour mesurer l'effet des bronchodilatateurs dans certaines études peuvent varier d'un observateur à l’autre, ce qui rend cette mesure peu fiable. Des études qui incluent davantage de nourrissons, utilisent de meilleures mesures et ont un plan d'étude plus robuste sont nécessaires pour définir l'efficacité de ces médicaments.

Conclusions des auteurs: 

Les bronchodilatateurs tels que le salbutamol et l’albutérol n'améliorent pas la saturation en oxygène, ne réduisent pas le nombre d'admissions après traitement en consultation externe, n'abrègent pas la durée d'hospitalisation et ne diminuent pas le temps nécessaire à la guérison à domicile. Étant donné les effets secondaires indésirables et le coût associés à ces traitements, les bronchodilatateurs ne sont pas efficaces dans la prise en charge systématique de la bronchiolite. Cette méta-analyse est toujours limitée par la petite taille des échantillons et le manque de plan d'étude standardisé et de résultats homologués dans les études. De nouveaux essais avec de grands effectifs, une méthodologie standardisée entre les sites cliniques et des méthodes d'évaluation cohérentes sont nécessaires pour répondre complètement à la question de l’efficacité.

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Contexte: 

La bronchiolite est une infection aiguë virale des voies respiratoires inférieures touchant les nourrissons, et elle est parfois traitée par des bronchodilatateurs.

Objectifs: 

Évaluer les effets des bronchodilatateurs sur les résultats cliniques chez les nourrissons (de 0 à 12 mois) atteints de bronchiolite aiguë.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL 2013, numéro 12, MEDLINE (de 1966 à la 2ème semaine de janvier 2014) et EMBASE (de 1998 à janvier 2014).

Critères de sélection: 

Les essais contrôlés randomisés (ECR) comparant les bronchodilatateurs (autres que l'adrénaline) avec un placebo pour le traitement de la bronchiolite.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont évalué la qualité des essais et ont extrait les données. Les données non publiées ont été obtenues auprès des auteurs des essais.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus 30 essais (35 ensembles de données) portant sur 1 992 nourrissons atteints de bronchiolite. Dans 11 études portant sur des malades hospitalisés et dix études sur des malades externes, la saturation en oxygène ne s'améliorait pas avec les bronchodilatateurs (différence moyenne (DM) -0,43, intervalle de confiance (IC) à 95 % -0,92 à 0,06, n = 1 242). Le traitement par bronchodilatateurs ne réduisait pas le taux d'hospitalisation des malades externes (11,9 % dans le groupe sous bronchodilatateurs contre 15,9 % dans le groupe sous placebo, rapport des cotes (RC) 0,75, IC à 95 % entre 0,46 et 1,21, n = 710). Pour les malades hospitalisés, le traitement par bronchodilatateurs ne diminuait pas la durée d'hospitalisation (DM 0,06, IC à 95 % entre -0,27 et 0,39, n =349).

Les estimations de l’effet pour les patients hospitalisés (DM -0,62, IC à 95 % -1,40 à 0,16) étaient légèrement plus importantes que pour les patients externes (DM -0,25, IC à 95 % -0,61 à 0,11) pour l'oxymétrie. Les résultats d’oxymétrie ont montré une hétérogénéité significative (I2 statistique = 81 %). Inclure uniquement des études à faible risque de biais avait peu d'impact sur la taille d'effet global de l'oxymétrie (DM -0,38, IC à 95 % -0,75 à 0,00), mais les résultats étaient proches de la signification statistique.

Dans huit études sur des patients hospitalisés, il n'y avait aucun changement dans le score clinique moyen (DM standardisée (DMS) -0,14, IC à 95 % -0,41 à 0,12) avec les bronchodilatateurs. Dans neuf études sur des malades externes, la moyenne du score clinique diminuait légèrement avec les bronchodilatateurs (DMS -0,42, IC à 95 % -0,79 à -0,06) ; ce résultat statistiquement significatif est d’une importance clinique discutable. Les résultats du score clinique ont montré une hétérogénéité significative (I 2 statistique = 73 %). Inclure uniquement les études à faible risque de biais réduisait l'hétérogénéité, mais avait peu d'impact sur la taille d'effet global de la moyenne du score clinique (DMS -0,22, IC à 95 % -0,41 à -0,03).

Les sous-analyses limitées aux formes nébulisées de salbutamol (albutérol) parmi les malades externes (neuf études) n’ont montré aucun effet sur la saturation en oxygène (DM -0,19, IC à 95 % -0,59 à 0,21, n = 572), le score clinique moyen (DMS -0,36, IC à 95 % -0,83 à 0,11, n = 532) ou l'admission à l'hôpital après traitement (RC 0,77, IC à 95 % 0,44 à 1,33, n = 404).

Les effets indésirables comprenaient de la tachycardie, une désaturation et des tremblements.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.