L'effet des rappels générés automatiquement et transmis sur papier aux prestataires de soins sur la qualité des soins et les résultats chez le patient

Quel est l'objectif de cette revue ?

L'objectif de cette revue Cochrane était de déterminer si les rappels, générés automatiquement par un ordinateur, mais transmis sur papier aux médecins les aident à fournir les meilleurs soins recommandés. Les chercheurs de Cochrane ont identifié 35 études et analysé 34 de ces études pour répondre à cette question.

Principaux messages

Fournir des rappels aux médecins améliore probablement légèrement la qualité des soins reçus par les patients. Toutefois, étant donné que le niveau des preuves est modéré, d'autres études de haute qualité sur l'efficacité des rappels sont nécessaires pour confirmer les résultats de cette revue.

Qu'est-ce qui a été étudié dans la revue ?

Les médecins ne fournissent pas toujours les soins recommandés ou qui reflètent les dernières recherches, en partie en raison de trop peu d'informations ou de l'inaccessibilité des informations. Les rappels peuvent aider les médecins à surmonter ces problèmes en leur rappelant des directives et les résultats des recherches, ou en fournissant des conseils, dans un format plus accessible et pertinent, à un moment particulièrement opportun. Par exemple, quand un médecin voit un patient pour un bilan annuel, le médecin devrait recevoir le dossier du patient avec une section rappel présentant des listes de tests de dépistage prévus cette année, comme le dépistage du cancer colorectal. Dans cette revue, nous avons évalué les effets des rappels sur la qualité des soins fournis par les médecins, sur les résultats pour les patients, et sur les effets indésirables. Ces rappels ont été générés automatiquement par un système informatique, mais transmis sur papier.

Quels sont les principaux résultats de la revue ?

Vingt-neuf études provenaient des États-Unis et six études du Canada, de France, d'Israël et du Kenya. Les études ont examiné des rappels aux médecins pour effectuer des tests de dépistage, fournir des vaccins, prescrire des médicaments spécifiques, ou pour discuter des soins avec les patients.

Cette revue indique que :

- dans l'ensemble, les rappels améliorent probablement légèrement la qualité des soins de 6,8 % (dans 34 études (40 comparaisons) ; niveau de preuve modéré),

- les rappels seuls (à composant unique d'intervention) améliorent probablement la qualité des soins de 11,0 % par rapport aux soins habituels (dans 27 études (27 comparaisons) ; niveau de preuve modéré),

- ajouter des rappels à une ou plusieurs co-interventions (intervention à composantes multiples) améliore probablement légèrement la qualité des soins de 4,0 % par rapport à la co-intervention sans la composante de rappel (dans 11 études (13 comparaisons) ; niveau de preuve modéré),

- on ignore si les rappels améliorent les résultats chez les patients, car la certitude des preuves est très faible ;

- aucune des études incluses n'a signalé les résultats liés aux préjudices ou effets indésirables.

Cette revue est-elle à jour ?

Les auteurs de la revue ont recherché des études qui avaient été publiées jusqu'au 21 septembre 2016.

Conclusions des auteurs: 

Il existe des niveaux de preuves modérés que les rappels générés par ordinateur et transmis sur papier aux professionnels de santé améliorent probablement légèrement la qualité des soins, en termes de conformité avec les directives préventives et de conformité avec les protocoles de prise en charge de la maladie. Il n'est pas certain que les rappels améliorent les résultats chez les patients, car le niveau des preuves est très faible. L'hétérogénéité des interventions de rappel incluses dans cette revue suggère également que les rappels peuvent probablement améliorer la qualité des soins dans divers contextes, sous certaines conditions.

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Contexte: 

La pratique clinique ne reflète pas toujours les meilleures pratiques et preuves, en partie du fait d'oublis inconscients, d'une surcharge d'informations ou d'une inaccessibilité des informations. Les rappels peuvent aider les cliniciens à surmonter ces problèmes en les incitant à se souvenir d'informations qu'ils connaissent déjà ou devraient connaître, et en fournissant des informations ou des conseils dans un format plus accessible et plus pertinent, à un moment particulièrement approprié. Ceci est une mise à jour d'une revue publiée précédemment.

Objectifs: 

Pour évaluer les effets des rappels générés automatiquement par un système informatisé (générés par ordinateur) et transmis sur papier aux professionnels de santé sur la qualité des soins (critères de jugement liés à la pratique des professionnels de santé) et les résultats des patients (critères de jugement liés à l'état de santé des patients).

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL, MEDLINE, Embase, six autres bases de données et deux registres d'essais cliniques jusqu'au 21 septembre 2016, ainsi que des vérifications de références, des recherches de citations et nous avons pris contact avec les auteurs des études afin d'identifier des études supplémentaires.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais randomisés individuels ou en grappes et des essais non randomisés évaluant l'impact des rappels générés par ordinateur et transmis sur papier aux professionnels de santé, seuls (intervention à composant unique) ou combinés à une ou plusieurs co-interventions (intervention à composantes multiples), en comparaison avec les soins habituels ou la co-intervention sans la composante de rappel.

Recueil et analyse des données: 

Les auteurs de la revue travaillant en binôme ont examiné indépendamment l'éligibilité des études et l’extraction des données. Pour chaque étude, nous avons extrait le critère principal quand il était défini ou nous avons calculé l'ampleur de l'effet médian pour tous les critères de jugement rapportés. Nous avons ensuite calculé l'amélioration médiane et intervalle interquartile (IQR) dans toutes les études incluses en utilisant le critère de jugement principal ou le résultat médian comme résultat représentatif. Nous avons évalué le niveau des preuves selon l'approche GRADE.

Résultats principaux: 

Nous avons identifié 35 études (30 essais randomisés et cinq essais non randomisés) et analysé 34 études (40 comparaisons). Vingt-neuf études ont été réalisées aux États-Unis et six études ont été réalisées en France, au Canada, au Kenya et en Israël. Toutes les études sauf deux, ont été réalisées en soins ambulatoires. Les rappels visaient à améliorer l'observance des guides de prévention (par ex. les directives de tests de dépistage du cancer, la vaccination) dans la moitié des études et à améliorer le respect des directives pour la prise en charge d'une maladie aiguë ou chronique (par ex. le suivi annuel, les tests de laboratoire, l'ajustement de médicaments, les conseils) dans l'autre moitié.

Les rappels générés par ordinateur et transmis sur papier aux professionnels de santé, seuls ou en complément de co-interventions, améliorent probablement légèrement la qualité des soins, par rapport aux soins habituels ou à la co-intervention sans la composante de rappel (amélioration médiane de 6,8 % (intervalle interquartile : 3,8 % à 17,5 %) ; 34 études (40 comparaisons) ; niveau de preuve modéré).

Les rappels générés par ordinateur et transmis sur papier aux professionnels de santé seuls (intervention à composant unique) améliorent probablement la qualité des soins par rapport aux soins habituels (amélioration médiane de 11,0 % (IQR de 5,4 % à 20,0 %) ; 27 études (27 comparaisons) ; niveau de preuve modéré). Ajouter des rappels générés par ordinateur et transmis sur papier aux professionnels de santé à une ou plusieurs co-interventions (intervention à composantes multiples) améliore probablement légèrement la qualité des soins, par rapport à la co-intervention sans la composante de rappel (amélioration médiane de 4,0 % (IQR de 3,0 % à 6,0 %) ; 11 études (13 comparaisons) ; niveau de preuve modéré).

Nous ne savons pas si les rappels, seuls ou en complément de co-interventions, améliorent les résultats chez les patients étant donné que le niveau des preuves est très faible (n = 6 études (sept comparaisons)). Aucune des études incluses n'a rendu compte de critères de jugement liés aux préjudices ou aux effets indésirables de l'intervention.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Hatem Mechri et révisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.