Thérapies dans le traitement de la douleur dans la rectocolite hémorragique

Quel est l’objectif de cette revue ?

L'objectif de cette revue Cochrane était de déterminer si les traitements destinés aux personnes atteintes de rectocolite hémorragique (RCH) ou colite ulcéreuse peuvent améliorer la douleur.

Nous avons analysé les données de cinq études pour répondre à cette question.

Principaux messages

Nous ne pouvons pas tirer de conclusion sur aucun de ces traitements pour la prise en charge de la douleur dans la RCH en raison des données probantes d’un niveau de confiance très faible.

Il n'est pas clair si l'une ou l'autre des thérapies envisagées est meilleure que l'autre, mais les données probantes sont limitées en raison du faible nombre d'études et de participants, et des problèmes dus au faible niveau de confiance dans les rapports des études.

Qu'étudie cette revue ?

Les personnes atteintes de RCH souffrent souvent de douleurs, que leur maladie soit active ou inactive.

Plusieurs types de thérapies ont tenté de réduire la douleur dans la RCH, notamment les régimes alimentaires, les thérapies psychologiques, les médicaments, les thérapies par l'exercice et les thérapies cérébrales.

Actuellement, les cliniciens ne s'accordent pas sur la meilleure thérapie.

Quels sont les principaux résultats de cette revue ?

Nous avons recherché des essais contrôlés randomisés (ECR ; études cliniques dans lesquelles des personnes sont placées de manière aléatoire dans l'un des deux groupes de traitement ou plus) comparant un traitement à un autre ou à un traitement factice/placebo. Nous avons trouvé cinq ECR portant sur 360 participants.

1) Les auteurs ont rapporté une amélioration de la douleur pour un entraînement à la relaxation par rapport à l'absence d'entraînement à la relaxation, mais nous ne pouvons pas tirer de conclusions quant à savoir si c'est vraiment le cas en raison des données probantes d’un niveau de confiance très faible.

2) Il n'est pas clair s'il existe une différence entre les autres thérapies étudiées pour la gestion de la douleur.

3) Il n'est pas clair si l'un des traitements entraîne une différence dans les effets indésirables (mineurs ou graves) par rapport à tout autre traitement.

Conclusion

Nous disposons de données probantes d’un niveau de confiance très faible pour toutes les interventions étudiées dans cette revue quant à la capacité de l'une d'entre elles à améliorer la douleur chez les personnes atteintes de rectocolite hémorragique. Nous ne sommes pas confiants dans le fait que ces méthodes puissent réellement améliorer la douleur dans la colite ulcéreuse.

Nous ne pouvons pas tirer de conclusions en raison du manque de données probantes et des problèmes de qualité des études que nous avons trouvées. D'autres recherches sont nécessaires, qui abordent les questions de niveau de confiance que nous soulignons.

Dans quelle mesure cette revue est-elle à jour ?

Cette revue est à jour jusqu'en avril 2021.

Conclusions des auteurs: 

Nous avons trouvé des données probantes d’un niveau de confiance très faible sur l'efficacité et la tolérance des interventions pour la prise en charge des douleurs abdominales dans la rectocolite hémorragique. Des problèmes omniprésents d'imprécision très importante due à la petite taille des échantillons et au risque élevé de biais ont conduit à des critères de jugement d’un niveau de confiance très faible, empêchant toute conclusion.

Bien que peu d'effets indésirables et aucun effet indésirable grave aient été signalés, le niveau de confiance de ces résultats était à nouveau très faible pour toutes les comparaisons, de sorte qu'aucune conclusion ne peut être tirée.

Il est nécessaire de poursuivre les recherches. Nous avons identifié huit études en cours dans cette revue, une mise à jour sera donc nécessaire. Il est essentiel que les recherches futures s'attaquent aux problèmes qui abaissent le niveau de confiance des critères de jugement, notamment la taille de l'échantillon et les rapports qui entraînent un risque élevé de biais. Il est également important que, si les chercheurs considèrent la douleur comme un critère de jugement critique, ils indiquent clairement si les participants n'avaient pas de douleur à l’inclusion; dans ce cas, il serait préférable de présenter les données sous forme de sous-groupes distincts tout au long de leur recherche.

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Contexte: 

La rectocolite hémorragique (RCH) ou colite ulcéreuse est une inflammation chronique du côlon caractérisée par des périodes de rechute et de rémission. Elle commence dans le rectum et peut s'étendre à tout le côlon. La RCH et la maladie de Crohn (MC) sont les maladies inflammatoires de l'intestin (MII) les plus courantes. Cependant, la RCH tend à être plus fréquente que la MC. Il n'existe pas de traitement curatif connu, mais elle peut être prise en charge par des médicaments et des interventions chirurgicales. Toutefois, des études ont montré que les douleurs abdominales persistent chez un tiers des personnes atteintes de RCH en rémission. Les douleurs abdominales peuvent être le symptôme d'une rechute de la maladie due aux effets indésirables des médicaments, aux complications chirurgicales et aux sténoses ou adhérences secondaires à la RCH.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité et la tolérance des interventions visant à gérer les douleurs abdominales chez les personnes atteintes de rectocolite hémorragique.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL, MEDLINE et cinq autres bases de données et registres d'essais cliniques le 28 avril 2021. Nous avons contacté les auteurs des études pertinentes et des essais en cours ou non publiés qui pourraient être pertinents pour la revue. Nous avons également recherché les références des essais et des revues systématiques pour tout essai supplémentaire.

Critères de sélection: 

Tous les essais randomisés publiés, non publiés et en cours qui comparaient les interventions pour la prise en charge des douleurs abdominales à d'autres interventions actives ou à un traitement standard, à un placebo ou à l'absence de traitement ont été inclus. Les personnes atteintes de maladies actives et inactives ont été incluses. Nous avons exclu les études qui ne rapportaient pas de critères de jugement concernant la douleur abdominale.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment effectué l'extraction des données et l'évaluation du « risque de biais ». Nous avons analysé les données à l'aide de Review Manager 5. Nous avons exprimé les critères de jugement dichotomiques et continus sous forme de risque relatif (RR) et de différences moyennes (DM), respectivement, avec des intervalles de confiance à 95 %. Nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes en utilisant la méthodologie GRADE.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus cinq études (360 participants randomisés). Les études ont concerné principalement des patients avec une maladie inactive.

Nous n’avons pas pu tirer de conclusions quant à l'efficacité de l'une ou l'autre des interventions sur la fréquence de la douleur, l'intensité de la douleur et la réussite du traitement. Le niveau de confiance des données probantes était très faible pour toutes les comparaisons en raison de l'imprécision due aux données éparses et au risque de biais.

Une étude a comparé un régime pauvre en FODMAPs (n=13) à un régime simulé (n=13). Les données probantes sont très incertaines quant à l'effet de ce traitement sur la fréquence (DM -4.00, IC à 95 % -20.61 à 12.61) et l'intensité de la douleur (DM -9.00, IC à 95 % -20.07 à 2.07). Le succès du traitement n'a pas été rapporté.

Une étude a comparé un entraînement à la relaxation (n=20) à une liste d'attente (n=20). Les données probantes sont très incertaines quant à l'effet de ce traitement sur la fréquence de la douleur à la fin de l'intervention (DM 2,60, IC à 95 % 1,14 à 4,06) et au suivi à 6 mois (DM 3,30, IC à 95 % 1,64 à 4,96). De même, les données probantes sont très incertaines quant à l'effet de ce traitement sur l'intensité de la douleur à la fin de l'intervention (DM -1,70, IC à 95 % -2,92 à -0,48) et au suivi à 6 mois (DM -2,30, IC à 95 % -3,70 à -0,90). Le succès du traitement n'a pas été rapporté.

Une étude a comparé le yoga (n=30) à l’absence d'intervention (n=30). L'étude a défini le succès du traitement comme la présence ou l'absence de douleur ; cependant, les données fournies n'étaient pas claires. La fréquence et l'intensité de la douleur n'ont pas été rapportées.

Une étude a comparé un régime à base de kéfir (bactéries Lactobacillus, n=15) à l’absence d'intervention (n=15). Les données probantes sont très incertaines quant à l'effet de ce traitement sur l'intensité de la douleur (DM -0,17, IC à 95 % -0,91 à 0,57). La fréquence de la douleur et la réussite du traitement n'ont pas été rapportées.

Une étude a comparé un traitement par bloc du ganglion stellaire (n=90) à un traitement par sulfasalazine (n=30). Dans cette étude, le critère de jugement était la « douleur abdominale ». Cependant, les données qu'elle a fournies n'étaient pas claires. La fréquence et l'intensité de la douleur n'ont pas été rapportées.

Deux études ont rapporté d'abandons en raison d'événements indésirables. Une étude n'a pas rapporté d'abandon pour cause d'effets indésirables. Deux études n'ont pas rapporté ce critère de jugement. Nous ne pouvons pas tirer de conclusions quant aux effets de l'une ou l'autre des interventions sur les retraits dus à des événements indésirables en raison des données probantes très limitées.

Les rapports des critères de jugement secondaires n'étaient pas cohérents.

Les événements indésirables ont eu tendance à être très faibles ou inexistants. Cependant, nous ne pouvons pas porter de jugement clair sur les événements indésirables pour aucune des interventions, en raison du faible nombre d'événements.

L'anxiété a été mesurée et rapportée à la fin de l'intervention dans une seule étude (yoga par rapport à l’absence d'intervention), et la dépression n'a pas été mesurée dans les études. Nous ne pouvons donc pas tirer de conclusions significatives sur ces critères de jugement.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Celine Delluc et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.