Approches visant à aider les personnes atteintes de BPCO qui ont une ou plusieurs affections de longue durée

Qu'est-ce que la BPCO et la comorbidité ?

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une affection courante causée principalement par le tabagisme et peut entraîner des problèmes respiratoires à long terme. Les symptômes comprennent la dyspnée et la toux avec production d'expectorations en raison de lésions des voies respiratoires et des poumons. Les personnes atteintes de BPCO pourraient souffrir d'une ou de plusieurs autres affections de longue durée (comorbidités), telles que les maladies cardiaques, l'hypertension, le diabète, l'asthme et le cancer du poumon, qui peuvent entraîner une mauvaise santé. Les personnes qui vivent avec deux comorbidités ou plus peuvent également être appelées « personnes souffrant de multimorbidité ».

Pourquoi avons-nous fait cette revue ?

Comme de nombreuses personnes atteintes de BPCO vivent avec une multimorbidité, il va de soi que les personnes participant aux essais cliniques auront des multimorbidités. Toutefois, les résultats de ces essais ne sont généralement pas ventilés en fonction de la multimorbidité. Les personnes souffrant de comorbidités pourraient avoir besoin d'adapter les interventions pour tenir compte de leur comorbidité - par exemple, faire de l'exercice dans l'eau plutôt que sur terre pour que leur corps soit mieux soutenu. Historiquement, les revues Cochrane du groupe Cochrane sur les voies aériennes n'ont pas pris en compte les comorbidités des personnes, et cette revue est un premier pas pour y remédier. Nous avons décidé d'effectuer une revue centrée sur les personnes atteintes de BPCO et de comorbidités à la suite d'une réunion avec notre groupe de patients atteints de BPCO, qui a souligné les préoccupations relatives aux comorbidités. Après quelques délibérations, nous avons décidé d'inclure les deux types d'essais suivants.

1. Toute intervention unique pour la BPCO délivrée aux personnes atteintes de BPCO, adaptée à leur comorbidité ou ciblant celle-ci, comparée aux soins de routine ou à toute autre intervention.

2. Toute intervention visant à modifier la prise en charge des personnes souffrant de BPCO et de comorbidités, qui pouvait être simple (par exemple, programmer des consultations BPCO et cardiaques le même jour) ou plus complexe (par exemple, développer un nouvel ensemble de soins pour la prise en charge des personnes souffrant de BPCO dans un service de santé local), par rapport aux soins de routine.

Nous voulions savoir quels traitements améliorent la qualité de vie et réduisent les exacerbations chez les personnes vivant avec une BPCO et une ou plusieurs comorbidités.

Nous voulions également savoir ce que les personnes atteintes de BPCO, les soignants et les professionnels de la santé pensaient de ces traitements.

Quelles informations avons-nous trouvées ?

Nous avons effectué une recherche d'études en janvier 2021. Nous avons trouvé sept essais contrôlés randomisés (ECR) éligibles incluant 1197 personnes, et une étude qualitative qui faisait partie de l'un des essais randomisés et qui a fourni des informations sur les opinions et les expériences des personnes concernant l'utilisation des équipements de télémédecine. Les personnes incluses dans les essais étaient âgées de 64 à 72 ans, et la gravité de leur BPCO allait de légère à très grave. Les essais portaient soit sur des personnes souffrant de BPCO et d'une comorbidité spécifique telle qu'une maladie cardiovasculaire ou un cancer du poumon, soit sur des personnes souffrant de BPCO et d'une ou plusieurs autres affections de toute sorte.

Résultats et conclusions

Il n'y a pas assez de données probantes sur les personnes atteintes de BPCO et d'autres comorbidités pour tirer des conclusions fermes sur les interventions visant la BPCO qui sont adaptées à la comorbidité. Les données probantes disponibles indiquent ce qui suit :

- La qualité de vie, mesurée par le score total du Questionnaire Respiratoire du St George’s Hospital (QRSG), pourrait s'améliorer avec une réadaptation pulmonaire sur mesure par rapport aux soins habituels (notez que la réadaptation pulmonaire chez les personnes atteintes de BPCO repose sur des données probantes solides).

- La réadaptation pulmonaire est susceptible d'améliorer la qualité de vie, mesurée par les scores du test d'évaluation de la BPCO (COPD assessment test, CAT), par rapport aux soins habituels à 52 semaines et à une intervention de télémédicine à composantes multiples.

- Les données probantes sont incertaines quant aux effets de l'optimisation de la pharmacothérapie ou des interventions de télésurveillance sur l'amélioration du CAT par rapport aux soins habituels.

- Il pourrait y avoir peu ou pas de différence dans le nombre de personnes souffrant d'exacerbations ou d'exacerbations moyennes avec la gestion de cas par rapport aux soins habituels.

- En ce qui concerne les critères de jugement secondaires, la distance parcourue par les participants en six minutes pourrait s'améliorer avec la réadaptation pulmonaire, les exercices dans l'eau ou les interventions à volets multiples. Une intervention à plusieurs composantes pourrait permettre de réduire le nombre de personnes admises à l'hôpital, bien qu'il puisse y avoir peu ou pas de différence dans une intervention de télésurveillance.

- Il pourrait y avoir peu ou pas de différence entre l'intervention et les soins habituels pour les décès dans plusieurs études.

- Une étude a comparé les exercices dans l'eau aux exercices sur terre. Nous n'avons pas trouvé de données probantes concernant la qualité de vie ou les exacerbations. Il pourrait y avoir peu ou pas de différence entre les exercices dans l'eau et sur terre en ce qui concerne la distance parcourue par les participants en six minutes.

- Une étude qualitative a exploré les perceptions et les expériences de personnes souffrant de BPCO et d'affections de longue durée, ainsi que de chercheurs et de professionnels de la santé qui ont participé à un ECR sur les équipements de télésurveillance. Plusieurs thèmes ont été identifiés, notamment l'état de santé, les croyances et les préoccupations, la fiabilité de l'équipement, l'auto-efficacité, la facilité d'utilisation perçue, les facteurs affectant l'utilité et l'utilité perçue, les attitudes et l'intention, l'autogestion et les changements dans l'utilisation des soins de santé.

Des études de plus grande envergure portant sur un plus grand nombre de personnes souffrant de BPCO et de comorbidités pourraient permettre de déterminer si des approches ciblées peuvent améliorer la santé.

Niveau de confiance de l'information

Dans l'ensemble, il y avait très peu d'études et la plupart d'entre elles étaient de petite taille. Cela signifie que les résultats sont basés sur une petite quantité d'informations. Les essais avec des interventions différentes et des personnes différentes ou plus nombreuses pourraient donner un résultat différent.

Conclusions des auteurs: 

En raison de la rareté des essais admissibles, ainsi que de la diversité des types d'intervention, des comorbidités et des mesures des critères de jugement rapportés, nous n'avons pas été en mesure de fournir une synthèse solide des données. La réadaptation pulmonaire ou les interventions à volets multiples pourraient améliorer la qualité de vie et l'état fonctionnel (test de marche de 6 minutes, TM6), mais les données probantes sont trop limitées pour tirer une conclusion solide. Le principal message à retenir de cette revue est le manque de données issues d'essais cliniques randomisés sur les traitements destinés aux personnes vivant avec une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et des comorbidités.

Compte tenu de la variation du nombre et du type de comorbidité(s) qu'une personne peut avoir, et de la gravité de la BPCO, des études plus importantes rapportant des données individuelles sur les patients sont nécessaires pour déterminer ces effets.

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Contexte: 

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une affection respiratoire chronique caractérisée par une dyspnée, une toux et des exacerbations récurrentes. Les personnes atteintes de BPCO vivent souvent avec une ou plusieurs affections de longue durée coexistantes (comorbidités). Les personnes atteintes d'une BPCO plus sévère présentent souvent un plus grand nombre de comorbidités, ce qui les expose à un risque accru de morbidité et de mortalité.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité de toute intervention unique chez les personnes atteintes de BPCO, adaptée ou personnalisée en fonction de leur(s) comorbidité(s), par rapport à toute autre intervention chez les personnes atteintes de BPCO et d'une ou plusieurs comorbidités courantes (données quantitatives, ECR) en fonction des critères de jugement suivants : Qualité de vie, exacerbations, état fonctionnel, admissions à l'hôpital toutes causes confondues et liées à la respiration, mortalité, douleur, dépression et anxiété.

Évaluer l'efficacité d'une intervention unique adaptée ou personnalisée sur la BPCO (simple ou complexe) qui vise à modifier la prise en charge des personnes atteintes de BPCO et d'une ou plusieurs comorbidités courantes (données quantitatives, ECR) par rapport aux soins habituels en ce qui concerne les critères de jugement suivants : Qualité de vie, exacerbations, état fonctionnel, admissions à l'hôpital toutes causes confondues et liées à la respiration, mortalité, douleur, dépression et anxiété.

Identifier les thèmes émergents qui décrivent les points de vue et les expériences des patients, des soignants et des professionnels de la santé lorsqu'ils reçoivent ou fournissent des soins utilisés dans la prise en charge de la multimorbidité (données qualitatives).

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans plusieurs bases de données, dont le registre des essais du groupe Cochrane sur les voies respiratoires, CENTRAL, MEDLINE, Embase et CINAHL, afin d'identifier les études randomisées et qualitatives pertinentes. Nous avons également consulté les registres d'essais et effectué des recherches de citations. La dernière recherche a été effectuée en janvier 2021.

Critères de sélection: 

Les essais contrôlés randomisés (ECR) éligibles ont comparé a) toute intervention unique dans la BPCO adaptée ou personnalisée à leur(s) comorbidité(s) par rapport à toute autre intervention, ou b) toute intervention unique dans la BPCO adaptée ou personnalisée (simple ou complexe) qui vise à modifier la prise en charge des personnes atteintes de BPCO et d'une ou plusieurs comorbidités, par rapport aux soins habituels. Nous avons inclus les études qualitatives ou les études à méthodes mixtes pour identifier les thèmes.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons utilisé les méthodes standard de Cochrane pour l'analyse des ECR. Nous avons utilisé l'outil d'évaluation du risque de biais de Cochrane pour les ECR et la liste de vérification du Programme de Développement des Compétences en évaluation critique (Critical Appraisal Skills Programme, CASP) pour les études qualitatives. Nous avions prévu d'utiliser l’outil d’évaluation de la qualité méthodologique des études incluses dans une revue mixte (Mixed Methods Appraisal tool, MMAT) pour évaluer le risque de biais dans les études à méthodes mixtes, mais nous n'en avons trouvé aucune. Nous avons utilisé GRADE et CERQual pour évaluer la qualité des données probantes quantitatives et qualitatives respectivement. Les principaux critères de jugement pour cette revue étaient la qualité de vie et les exacerbations.

Résultats principaux: 

Études quantitatives

Nous avons inclus sept études (1197 participants) dans les analyses quantitatives, avec des interventions comprenant la télésurveillance, la réadaptation pulmonaire, l'optimisation du traitement, l'entraînement à l'exercice dans l'eau et la gestion de cas. Les interventions ont été comparées soit aux soins habituels, soit à un comparateur actif (tel qu'un entraînement physique terrestre). La durée des essais variait de 4 à 52 semaines. L'âge moyen des participants était compris entre 64 et 72 ans et la sévérité de la BPCO allait de légère à très sévère. Les essais ont inclus soit des personnes atteintes de BPCO et d'une comorbidité spécifique (y compris une maladie cardiovasculaire, un syndrome métabolique, un cancer du poumon, un cancer de la tête ou du cou et des affections musculo-squelettiques), soit une ou plusieurs comorbidités de tout type.

Dans l'ensemble, nous avons jugé que les données probantes présentées étaient d'un niveau de confiance modéré à très faible (GRADE), principalement en raison de la qualité méthodologique des essais inclus et de l'imprécision des estimations de l'effet.

Intervention par rapport aux soins habituels

La qualité de vie, mesurée par le score total du Questionnaire Respiratoire du St George’s Hospital (QRSG), pourrait s'améliorer avec la réadaptation pulmonaire personnalisée par rapport aux soins habituels après 52 semaines (différence moyenne (DM) -10,85, intervalle de confiance (IC) à 95 % -12,66 à -9,04 ; 1 étude, 70 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). La réadaptation pulmonaire personnalisée est susceptible d'améliorer les scores du test d'évaluation de la BPCO (COPD assessment test, CAT) par rapport aux soins habituels à 52 semaines (DM -8,02, IC à 95 % -9,44 à -6,60 ; 1 étude, 70 participants, données probantes d’un niveau de confiance modéré) et à une intervention de télémédecine multicomposante à 52 semaines (DM -6,90, IC à 95 % -9,56 à -4,24 ; données probantes d’un niveau de confiance modéré). Les données probantes sont incertaines quant aux effets de l'optimisation de la pharmacothérapie ou des interventions de télésurveillance sur l'amélioration du CAT par rapport aux soins habituels.

Il pourrait y avoir peu ou pas de différence dans le nombre de personnes souffrant d'exacerbations ou d'exacerbations moyennes avec la gestion de cas par rapport aux soins habituels (RC 1,09, IC à 95 % 0,75 à 1,57 ; 1 étude, 470 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).

En ce qui concerne les critères de jugement secondaires, la distance de marche de six minutes (test de marche de 6 minutes, TM6) pourrait s'améliorer avec la réadaptation pulmonaire, l'exercice dans l'eau ou les interventions à volets multiples entre 38 et 52 semaines (données probantes d’un niveau de confiance faible). Une intervention à volets multiples pourrait permettre de réduire le nombre de personnes admises à l'hôpital à 17 semaines, bien qu'il puisse y avoir peu ou pas de différence dans une intervention de télésurveillance. Il pourrait y avoir peu ou pas de différence entre l'intervention et les soins habituels en ce qui concerne la mortalité.

Intervention par rapport au comparateur actif

Nous avons inclus une étude comparant des exercices dans l'eau et sur terre (30 participants). Nous n'avons pas trouvé de données probantes concernant la qualité de vie ou les exacerbations.

Il pourrait y avoir peu ou pas de différence entre l'exercice dans l'eau et l'exercice sur terre pour le TM6 (DM 5 mètres, IC à 95 % -22 à 32 ; 38 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).

Études qualitatives

Une étude qualitative emboitée (21 participants) a exploré les perceptions et les expériences de personnes souffrant de BPCO et d'affections de longue durée, ainsi que de chercheurs et de professionnels de la santé qui ont participé à un ECR sur les équipements de télésurveillance.

Plusieurs thèmes ont été identifiés, notamment l'état de santé, les croyances et les préoccupations, la fiabilité de l'équipement, l'auto-efficacité, la facilité d'utilisation perçue, les facteurs affectant l'utilité et l'utilité perçue, les attitudes et l'intention, l'autogestion et les changements dans l'utilisation des soins de santé. Nous avons jugé les données probantes qualitatives présentées comme ayant un niveau de confiance très faible dans l'ensemble.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Mamadou Lamarana Diallo et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.