L'utilisation d'épinéphrine (adrénaline) dans la prise en charge de la tachypnée transitoire du nouveau-né

Question de la revue : L'épinéphrine réduit-t-elle la durée de l'oxygénothérapie et le besoin d'assistance respiratoire chez les nouveau-nés atteints de tachypnée transitoire ?

Contexte : La tachypnée transitoire (respiration anormalement rapide) du nouveau-né se caractérise par une fréquence respiratoire élevée (plus de 60 respirations par minute) ainsi que par des signes de détresse respiratoire (difficulté à respirer). Elle apparait généralement dans les deux premières heures de vie chez les nouveau-nés à 34 semaines d'âge gestationnel ou après. Bien que la tachypnée transitoire du nouveau-né s'améliore habituellement sans traitement, elle est associée à des syndromes de respiration sifflante à un stade tardif de l'enfance. L'idée derrière l'utilisation de l'épinéphrine pour la tachypnée transitoire du nouveau-né est basée sur des études montrant que les médicaments appelés β-agonistes, tels que l'épinéphrine, peuvent accélérer le taux de clairance du liquide des petites cavités dans des poumons appelées alvéoles. Cette revue a rapporté et analysé de manière critique les données disponibles sur l'efficacité de l'épinéphrine dans la prise en charge de la tachypnée transitoire du nouveau-né.

Caractéristiques de l'étude : Dans les recherches sur la littérature médicale complétées en mars 2016, nous avons identifié et inclus un essai portant sur 20 nouveau-nés comparant l'épinéphrine avec le placebo.

Résultats : L'épinéphrine n'a pas réduit la durée du traitement par l'oxygène, le besoin d'assistance respiratoire ou toute autre mesure pertinente chez les nouveau-nés atteints de tachypnée transitoire.

Conclusions : En raison du petit nombre de nouveau-nés inclus dans l'essai en question, cette revue n'a trouvé ni un avantage ni un effet négatif de l'épinéphrine et n'a pas fourni de réponse définitive à la question posée dans la revue.

Conclusions des auteurs: 

À l'heure actuelle, il n'existe pas suffisamment de preuves pour déterminer l'efficacité et l'innocuité de l'épinéphrine dans la prise en charge de la tachypnée transitoire du nouveau-né.

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Contexte: 

La tachypnée transitoire chez le nouveau-né se caractérise par une tachypnée et des signes de détresse respiratoire. La tachypnée transitoire apparaît généralement dans les deux premières heures de vie chez les nourrissons nés à terme et chez les prématurés tardifs. Bien que la tachypnée transitoire du nouveau-né se résolut habituellement sans traitement, elle est associée à des syndromes de respiration sifflante à un stade tardif de l'enfance. La justification de l'utilisation de l'épinéphrine (adrénaline) pour la tachypnée transitoire du nouveau-né est basée sur des études montrant que les β-agonistes peuvent accélérer le taux de clairance des liquides alvéolaires.

Objectifs: 

Evaluer si l'épinéphrine par rapport au placebo, l'absence de traitement ou tout autre médicament (à l'exclusion du salbutamol) est efficace et sûre en tant que traitement pour la tachypnée transitoire chez les nourrissons nés à l'âge gestationnel de 34 semaines ou plus.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL, 2016, numéro 3), MEDLINE (de 1996 à mars 2016), EMBASE (de 1980 à mars 2016) et CINAHL (de 1982 à mars 2016). Nous n'avons appliqué aucune restriction concernant la langue. Nous avons effectué des recherches dans les résumés des principales conférences dans le domaine (Perinatal Society of Australia and New Zealand et les Pediatric Academic Societies) de 2000 à 2015.

Critères de sélection: 

Essais contrôlés randomisés, essais contrôlés quasi-randomisés et essais en grappes comparant l'épinéphrine et le placebo ou aucun traitement ou tout autre médicament administré aux nourrissons nés à l'âge gestationnel de 34 semaines ou plus âgés de moins de trois jours et atteints d'une tachypnée transitoire du nouveau-né.

Recueil et analyse des données: 

Pour l'essai inclus, deux auteurs de la revue ont extrait les données indépendamment (par exemple, le nombre de participants, le poids de naissance, l'âge gestationnel, la durée de l'oxygénothérapie (heures), la nécessité d'une ventilation en pression positive continue et le besoin d'une ventilation mécanique, la durée de la ventilation mécanique, etc.) et ils ont évalué le risque de biais (par exemple, l'adéquation de randomisation, la mise en aveugle, l'exhaustivité du suivi). Les principaux critères de jugement pris en compte dans cette revue étaient la durée de l'oxygénothérapie (heures), la nécessité d'une ventilation en pression positive continue et la nécessité d'une ventilation mécanique.

Résultats principaux: 

Un essai portant sur 20 nourrissons, satisfaisait aux critères d'inclusion de cette revue. Les auteurs de l'étude ont administré trois doses de 2,25 % d'épinéphrine racémique ou placebo nébulisés. Nous n'avons trouvé aucune différence entre les deux groupes dans la durée de l'oxygénothérapie supplémentaire (différence moyenne (DM) -6,60, intervalle de confiance de 95 % (IC) -54,80 à 41,60 heures) et le besoin de ventilation mécanique (rapport de risque (RR) 0,67, IC de 95 % : 0,08 à 5,88; difference du risque (DR) -0,07, IC de 95 % : 0,4 à 0,32). Parmi les résultats secondaires, nous n'avons trouvé aucune différence concernant l'initiation de l'alimentation orale. La qualité de la preuve était limitée en raison de l'imprécision des estimations.

Notes de traduction: 

Post-édition : Margarita López Mendez (M2 ILTS, Université Paris Diderot)

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.