Suturer de nouveau (resuturer) les plaies périnéales déhiscentes (rouvertes) par rapport à s'abstenir de suturer (la zone périnéale est située entre le vagin et l'anus)

Chaque année, on estime que 350 000 femmes au Royaume-Uni et des millions d'autres à travers le monde ont une suture périnéale en raison d'une déchirure naturelle ou d'une incision (épisiotomie) liées à l'accouchement. Parfois la plaie périnéale se rouvre. Cela peut être parce qu'elle s'infecte, ce qui pourrait entraîner une infection systémique et une septicémie. Le traitement actuel des plaies déhiscentes varie largement selon les pratiques des professionnels de santé et des hôpitaux. Pour la plupart des femmes, on laisse cicatriser naturellement la plaie déhiscente du périnée (prise en charge expectative). C'est un processus lent qui peut prendre plusieurs semaines pour atteindre la cicatrisation complète des plaies entraînant des douleurs persistantes et de la gêne au niveau du site de la plaie périnéale, une rétention urinaire et des problèmes de défécation sont également possibles. L'alternative est de suturer à nouveau (resuture). Étant donné l'absence de preuves issues de recherches, nous ne savons pas la meilleure manière de traiter ce type de complication. Cette revue a examiné les essais contrôlés randomisés portant sur une nouvelle suture (resuture) des plaies déhiscentes par rapport à l'absence de suture. Deux petites études ont été identifiées. Une étude, portant sur 17 femmes, a montré une tendance marginale à l'amélioration de la guérison chez les femmes qui ont été resuturées, cependant, ces preuves ne sont pas concluantes. Dans l'autre étude portant sur 35 femmes, davantage de femmes avaient repris des rapports sexuels à deux mois dans le groupe des resutures. Étant donné que les études étaient de petite taille et de qualité médiocre, il n'est pas possible de tirer des conclusions concernant la meilleure façon de prendre en charge une déhiscence de plaie après accouchement. Par conséquent, il est urgent de réaliser des études supplémentaires pour comparer de manière exhaustive les bénéfices et les risques des deux traitements.

Conclusions des auteurs: 

En ce basant sur cette revue, il n'existe actuellement pas suffisamment de preuves disponibles pour soutenir ou réfuter la suture secondaires pour la prise en charge des plaies périnéales déhiscentes après un accouchement. Il est urgent de réaliser un essai contrôlé randomisé robuste pour évaluer pleinement les effets comparatifs de ces deux options de traitement.

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Contexte: 

Chaqueannée, environ 350000 femmes au Royaume-Uni et des millions d'autres à travers le monde, ont une suture périnéale après leur accouchement. La prise en charge en postpartum des traumatismes du périnée est un composant clé de soins courants d'une maternité. Cependant, pour les femmes dont la plaie périnéale se rouvre, la prise en charge varie selon les préférences individuelles des professionnels de santé, car il n'existe que des preuves scientifiques limitées et aucune directive claire pour éclairer sur les meilleures pratiques. La la plupart des femmes auront une prise en charge expectative de leur plaie alors qu'une suture secondaire pourra être proposée à d'autres.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité thérapeutique de la suture secondaire des plaies périnéales déhiscentes par rapport à l'absence de suture (cicatrisation de seconde intention, expectative).

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais cliniques du groupe Cochrane sur la grossesse et la naissance (31 juillet 2013) et les références bibliographiques des études trouvées.

Critères de sélection: 

Les essais contrôlés randomisés relatifs à la suture secondaire des plaies périnéales déhiscentes (déchirure périnéale du second, troisième ou quatrième degré ou épisiotomie), après le débridement de la plaie et l'élimination de tout matériel de suture restant, effectuée dans les six premières semaines suivant l'accouchement par rapport à la non-suture.

Recueil et analyse des données: 

Trois auteurs de la revue ont indépendamment évalué les essais à inclure. Deux auteurs de la revue ont indépendamment évalué la qualité des essais et extrait les données. L'exactitude des données a été vérifiée.

Résultats principaux: 

Deux petites études de faible qualité méthodologique, ayant inclus 52 femmes présentant une plaie d'épisiotomie déhiscente et/ou infectée au point d'entrée ont été incluses dans la revue.

Une seule petite étude présentait des données en lien avec la cicatrisation des plaies à moins de quatre semaines (le critère de jugement principal de cette revue), bien qu'aucune référence n'a été faite sur la manière dont la cicatrisation avait été mesurée. Il y avait une tendance en faveur de ce critère de jugement dans le groupe resuturé, cependant, cette différence n'était pas statistiquement significative (risque relatif (RR) à 95% 1,69, intervalle de confiance (IC) à 95% 0,73 à 3,88, une étude, 17 femmes).

De même, un seul essai a rapporté des données sur les taux de dyspareunie (un critère de jugement secondaire pour cette revue) à deux mois et à six mois avec une absence de différence statistiquement significative entre les deux groupes; à deux mois, (RR 0,44, IC à 95% 0,18 à 1,11, une étude, 26 femmes) et à six mois, (RR 0,39, IC à 95% 0,04 à 3,87, une étude de 32 femmes). Cet essai avait également inclus des données sur le nombre de femmes ayant repris des rapports sexuels à deux mois et à six mois. De manière significative, plus de femmes dans le groupe de suture secondaire avaient repris des rapports sexuels à deux mois (RR de 1,78, IC à 95% 1,10 à 2,89, une étude, 35 femmes), bien qu'à six mois, il n'y avait aucune différence significative entre les deux groupes (RR 1,08, IC à 95% 0,91 à 1,28).

Aucun des essais navait inclus des données en lien avec les critères de jugement secondaires prédéfinis suivante: la douleur quelle qu'en soit la fréquence; la satisfaction de la femme relative aux résultats esthétiques de la plaie périnéale; l'allaitement au sein exclusif; l'anxiété ou la dépression maternelles.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.