Effets sur le poids des contraceptifs progestatifs

Les contraceptifs progestatifs (CP) peuvent être utilisés par les femmes qui ne peuvent ou ne doivent pas prendre d'œstrogènes. Beaucoup sont à longue durée d'action, sont moins coûteux que d'autres méthodes, et sont efficaces pour prévenir les grossesses. Certaines personnes craignent que la prise de poids est un effet secondaire de cette méthode de contraception. Les inquiétudes concernant la prise de poids peuvent empêcher les femmes d'utiliser cette méthode de contraception. En outre, certaines femmes peuvent interrompre précocement leur contraception, ce qui peut conduire à une grossesse non désirée. Nous avons examiné les études de CP et les modifications de poids corporel.

Nous avons effectué des recherches informatisées jusqu'au 4 août 2016 pour trouver des études comparant un CP à une autre méthode contraceptive ou à une absence de contraception. Pour la revue initiale, nous avons écrit aux chercheurs afin de trouver d'autres essais. On s'est centré sur la modification de poids corporel ou d'autres mesures de la masse maigre ou adipeuse.

Avec six nouvelles études dans cette mise à jour, nous avons 22 études incluant 11 450 femmes. Les groupes comparés n'étaient pas très différents pour la modification du poids corporel ou d'autres mesures corporelles dans 15 études. Cinq études avec des résultats de qualité faible ou moyenne ont montré une différence entre les groupes d'étude. Trois études ont montré des différences pour les utilisatrices du contraceptif injectable retard par rapport à l'absence de contraception hormonale. Les utilisatrices de la forme retard présentaient une prise de poids supérieure dans deux études. Dans la troisième étude, les adolescentes présentaient une augmentation supérieure de la masse adipeuse (%) et une diminution de la masse maigre (%). Deux études ont montré une augmentation supérieure de la masse adipeuse (%) pour les utilisatrices de la contraception hormonale intra-utérine par rapport à des femmes n'utilisant pas une méthode hormonale. Une étude a également montré une différence similaire avec une pilule progestative. Les deux études ont montré une diminution supérieure de la masse maigre avec l'utilisation d'un CP.

Nous avons trouvé peu de preuves de prise de poids associée aux CP. La prise de poids moyenne à 6 ou 12 mois était de moins de 2 kg (4,4 lb) pour la plupart des études. Les groupes utilisant d'autres méthodes contraceptives présentaient à peu près la même prise de poids. De bonnes informations concernant la prise de poids habituelle pourraient aider les femmes à continuer à utiliser la contraception.

Conclusions des auteurs: 

Nous avons estimé que la qualité globale des preuves était faible ; plus de la moitié des études présentaient des preuves de faible qualité. Les principales raisons de cet abaissement de l'appréciation étaient le manque de randomisation (ENR) et un taux élevé de perte de suivi ou d'arrêt précoce.

Ces 22 études montraient des preuves limitées d'une modification de poids ou de composition corporelle avec l'utilisation des CP. La prise de poids moyenne à 6 ou 12 mois était inférieure à 2 kg (4,4 lb) pour la plupart des études. Les études avec des données sur plusieurs années ont montré que la modification moyenne du poids était d'environ deux fois supérieure entre deux et quatre ans qu'à un an, mais généralement les groupes d'étude n'étaient pas significativement différents. Des informations appropriées concernant la prise de poids habituelle pourraient permettre de réduire l'arrêt des contraceptifs en raison des préjugés sur la prise de poids.

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Contexte: 

Les contraceptifs progestatifs (CP) conviennent pour de nombreuses femmes qui ne peuvent ou ne doivent pas prendre d'œstrogènes. Les CP incluent les contraceptifs injectables, intra-utérins, les implants et les contraceptifs oraux. De nombreux CP ont une longue durée d'action et un bon rapport coût-efficacité pour la prévention de la grossesse. Néanmoins, des préoccupations concernant la prise de poids pourraient dissuader de débuter une prise de contraceptifs ou entraîner un arrêt précoce chez les utilisatrices.

Objectifs: 

L'objectif principal était d'évaluer le lien entre la prise d'un contraceptif progestatif et la modification de poids corporel.

Stratégie de recherche documentaire: 

Jusqu'au 4 août 2016, nous avons effectué des recherches dans MEDLINE, CENTRAL, POPLINE, LILACS, ClinicalTrials.gov, et ICTRP. Pour la revue initiale, nous avons contacté des investigateurs afin d'identifier d'autres essais.

Critères de sélection: 

Nous avons pris en compte les études comparant un CP à une autre méthode contraceptive ou à une absence de contraception. Le critère de jugement principal était la modification moyenne du poids corporel ou la modification moyenne de la composition corporelle. Nous avons également pris en compte les résultats dichotomiques de perte ou de gain d'une certaine quantité spécifiée de prise de poids.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont extrait les données. Les études non-randomisées (ENR) ont nécessité de neutraliser les facteurs de confusion. Pour les effets principaux concernant les ENR, nous avons utilisé les mesures ajustées ou les résultats d'une analyse d'échantillons appariés. Si le rapport n'a pas fourni les mesures ajustées pour l'analyse primaire, nous avons utilisé les critères de jugement non-ajustés. Pour les ECR et ENR sans mesures ajustées, nous avons calculé la différence moyenne (DM) avec un intervalle de confiance (IC) à 95 % pour les variables continues. Pour les résultats dichotomiques, nous avons calculé le rapport de cotes de Mantel-Haenszel (RC) avec un IC à 95 %.

Résultats principaux: 

Nous avons trouvé 22 études éligibles portant sur un total de 11 450 femmes. Avec 6 ENR ajoutés dans cette mise à jour, la revue inclut 17 ENR et 5 ECR. Par méthode contraceptive, la revue inclut 16 études de l'acétate de médroxyprogestérone-retard (AMPR), 4 de la contraception intra-utérine au lévonorgestrel (CIU-LNG), 5 pour les implants et 2 pour les pilules progestatives.

Les groupes de comparaison ne différaient pas significativement quant à la modification de poids ou à d'autres mesures de la composition corporelle dans 15 études. Cinq études avec des preuves de qualité moyenne ou faible ont montré des différences entre les groupes d'étude. Deux études portant sur un implant indiquaient également certaines différences, mais les preuves étaient de faible qualité.

Trois études ont montré des différences pour les utilisatrices d'AMPR par rapport aux femmes n'utilisant pas une méthode hormonale. Dans une étude rétrospective, la prise de poids (kg) était plus importante pour l'AMPR versus un dispositif intra-utérin au cuivre (DIU Cu), à un an (DM 2,28, IC à 95 % de 1,79 à 2,77), à deux ans (DM 2,71, IC à 95 % de 2,12 à 3,30), et à trois ans (DM 3,17, IC à 95 % de 2,51 à 3,83). Une étude prospective a montré que des adolescentes utilisant l'AMPR présentaient une augmentation supérieure de la masse adipeuse (%) par rapport à un groupe n'utilisant pas une méthode hormonale (DM 11,00, IC à 95 % de 2,64 à 19,36). Le groupe AMPR présentait également une plus forte diminution de la masse maigre (%) (DM -4,00, IC à 95 % de -6,93 à -1,07). Une étude rétrospective plus récente a rapporté des augmentations plus importantes de la moyenne avec l'utilisation de l'AMPR versus un DIU Cu pour le poids (kg) à 1 an (1,3 contre 0,2), 4 ans (3,5 contre 1,9), et 10 ans (6,6 contre 4,9).

Deux études ont rapporté une augmentation plus importante de la moyenne de la masse adipeuse (%) pour les utilisatrices de CP par rapport à des femmes n'utilisant pas une méthode hormonale. La méthode était CIU-LNG dans deux études (moyennes rapportées 2,5 versus -1,3 ; P = 0,029) ; (DM 1,60, IC à 95 % de 0,45 à 2,75). Une étude a aussi étudié une pilule contenant du desogestrel (DM 3,30, IC à 95 % de 2,08 à 4,52). Les deux études ont montré une diminution supérieure de la masse maigre chez les utilisatrices de CP.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Daniel Pinchenzon et révisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.