Thérapies psychologiques dans le traitement de troubles de stress post-traumatique chez l'enfant et l'adolescent

Les troubles de stress post-traumatique (TSPT) sont très fréquents chez les enfants et les adolescents ayant subi des traumatismes, leurs frais personnels et médicaux étant très élevés. L'objectif de la présente revue était d'examiner l'efficacité de l'ensemble des thérapies psychologiques pour le traitement de TSPT chez les enfants et les adolescents.

Nous avons recherché des essais contrôlés randomisés comparant des thérapies psychologiques à un groupe témoin, d'autres thérapies psychologiques ou d'autres thérapies pour le traitement de TSPT chez des enfants et adolescent âgés de 3 à 18 ans. Nous avons identifié 14 études totalisant 758 participants. Les types de traumatismes liés aux TSPT étaient des abus sexuels, des violences civiles, des catastrophes naturelles, des violences domestiques et des accidents impliquant un véhicule motorisé. La majorité des participants étaient des patients d'un service d'aide lié à un traumatisme.

Les thérapies psychologiques utilisées dans les études incluses étaient une thérapie comportementale cognitive (TCC), des conseils d'exposition, psychodynamiques, narratifs, de soutien, ainsi qu'une désensibilisation et un retraitement par mouvements oculaires (EMDR pour « Eye Movement Desensitisation and Reprocessing »). La plupart des études incluses comparaient une thérapie psychologique à un groupe témoin. Aucune étude ne comparait les thérapies psychologiques à des médicaments ou des médicaments associés à une thérapie psychologique.

Il y avait des preuves satisfaisantes concernant l'efficacité des thérapies psychologiques, plus particulièrement de la TCC, dans le traitement de TSPT chez les enfants et adolescents jusqu'à un mois après le traitement. Davantage de preuves sont requises concernant l'efficacité des thérapies psychologiques à plus long terme et pour pouvoir comparer l'efficacité de l'une d'entre elles à une autre.

Les résultats de la présente revue sont limités par la présence d'un éventuel biais dans les études incluses, de différences potentielles entre les études qui n'ont pas pu être identifiées, d'un nombre réduit d'études identifiées et d'un nombre insuffisant de participants dans la majorité des études.

Conclusions des auteurs: 

Il existe des preuves concernant l'efficacité des thérapies psychologiques, plus particulièrement des TCC, dans le traitement de TSPT chez les enfants et les adolescents au bout d'un mois de traitement. À ce stade, il n'existe aucune preuve probante concernant l'efficacité d'une thérapie psychologique par rapport aux autres. Aussi, il n'existe pas suffisamment de preuves permettant de conclure que les enfants et les adolescents souffrant de types de traumatismes particuliers sont plus ou moins susceptibles d'être réceptifs aux thérapies psychologiques par rapport aux autres.

Les résultats de cette revue sont limités par d'éventuels biais méthodologiques, ainsi que par le nombre réduit et la taille généralement limitée des études identifiées. De plus, il existait des preuves concernant une hétérogénéité substantielle dans certaines analyses qui ne pouvait être expliquée par les analyses en sous-groupes ou de sensibilité.

Davantage de preuves sont requises concernant l'efficacité de l'ensemble des thérapies psychologiques après plus d'un mois de traitement. Encore plus de preuves sont requises pour démontrer l'efficacité relative des différentes thérapies psychologiques ou leur efficacité par rapport à d'autres traitements. Les essais futurs devront contenir des informations complémentaires concernant les types de traumatismes antérieurs au diagnostic de TSPT et indiquer si ces traumatismes sont des événements isolés ou en cours. De futures études devront également identifier les mesures les plus valides et fiables des symptômes de TSPT et s'assurer que tous les scores, les scores totaux et les sous-scores, sont systématiquement rapportés.

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Contexte: 

Les troubles de stress post-traumatique (TSPT) sont très fréquents chez les enfants et les adolescents ayant subi des traumatismes, leurs frais personnels et médicaux étant très élevés. Bien qu'un large éventail de thérapies phsychologiques ait été utilisé dans le traitement de TSPT, il n'existe aucune revue systématique de ces thérapies réalisées chez des enfants et des adolescents.

Objectifs: 

Examiner l'efficacité des thérapies psychologiques dans le traitement d'enfants et d'adolescents chez lesquels des TSPT ont été diagnostiqués.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur la dépression, l'anxiété et la névrose (CCDANCTR) jusqu'à décembre 2011. Le CCDANCTR inclut des essais contrôlés randomisés pertinents issus des bases de données bibliographiques suivantes : CENTRAL (le Registre Cochrane des essais contrôlé) (toutes les années), EMBASE (1974 -), MEDLINE (1950 -) et PsycINFO (1967 -). Nous avons également consulté les listes bibliographiques des études et revues pertinentes. Nous n'avons appliqué aucune restriction de date ou de langue.

Critères de sélection: 

Tous les essais contrôlés randomisés comparant des thérapies psychologiques à un groupe témoin, une thérapie pharmacologique ou d'autres traitements administrés à des enfants et des adolescents ayant été exposés à un événement traumatisant ou chez lesquels des TSPT ont été diagnostiqués.

Recueil et analyse des données: 

Deux membres du groupe de la revue ont indépendamment extrait des données. Tout différend était résolu par consensus ou en faisant appel à l'équipe de la revue.

Nous avons calculé l'odds ratio (OR) pour les résultats binaires, la différence moyenne standardisée (DMS) pour les résultats continus et les intervalles de confiance (IC) pour les deux à l'aide d'un modèle à effets fixes. En cas d'hétérogénéité, nous avons utilisé un modèle à effets aléatoires.

Résultats principaux: 

Quatorze essais incluant 758 patients ont été inclus dans cette revue. Les types de participants traumatisés avaient notamment été exposés à des abus sexuels, des violences civiles, des catastrophes naturelles, des violences domestiques et des accidents impliquant un véhicule motorisé. La majorité des participants étaient des patients d'un service d'aide lié à un traumatisme.

Les thérapies psychologiques utilisées dans ces études étaient une thérapie comportementale cognitive (TCC), des conseils d'exposition, psychodynamiques, narratifs, de soutien, ainsi qu'une désensibilisation et un retraitement par mouvements oculaires (EMDR). La plupart d'entre elles comparaient une thérapie psychologique à un groupe témoin. Aucune étude n'a comparé des thérapies psychologiques à des thérapies pharmacologiques seules ou en tant que thérapie adjuvante à une thérapie psychologique.

Dans l'ensemble des thérapies psychologiques, des améliorations significatives (trois études, n = 80, OR 4,21, IC à 95 % 1,12 à 15,85) et une diminution manifeste des symptômes de TSPT (sept études, n = 271, DMS - 0,90, IC à 95 % - 1,24 à - 0,42), de l'anxiété (trois études, n = 91, DMS - 0,57, IC à 95 % - 1,00 à - 0,13) et de la dépression (cinq études, n = 156, DMS - 0,74, IC à 95 % - 1,11 à - 0,36) ont été constatés au bout d'un mois de thérapie psychologique par rapport à un groupe témoin.

La TCC était la thérapie psychologique dont les preuves d'efficacité étaient les plus probantes. Les améliorations étaient significatives jusqu'à un an après le traitement (au bout d'un mois : deux études, n = 49, OR 8,64, IC à 95 % 2,01 à 37,14 ; au bout d'un an : une étude, n = 25, OR 8,00, IC à 95 % 1,21 à 52,69). Les scores des symptômes de TSPT avaient aussi sensiblement baissé au bout d'un an (au bout d'un mois : trois études, n = 98, DMS - 1,34, IC à 95 % - 1,79 à - 0,89 ; au bout d'un an : une étude, n = 36, DMS - 0,73, IC à 95 % - 1,44 à - 0,01) et les scores de dépression avaient diminué au bout d'un mois (trois études, n = 98, DMS - 0,80, IC à 95 % - 1,47 à - 0,13) dans le groupe suivant une TCC par rapport à un groupe témoin. Aucun effet indésirable n'a été identifié.

Aucune étude n'a été considérée comme présentant des risques élevés de biais de sélection ou de détection, mais une minorité d'études ont été jugées comme présentant des risques élevés de biais d'attrition, de notification et autres. La plupart des études incluses étaient considérées comme présentant des risques incertains de biais de sélection, de détection et d'attrition.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.