Le changement de traitement antipsychotique peut-il améliorer les effets secondaires comme la prise de poids, l’hyperglycémie ou hypercholestérolémie ?

La prise de poids est commune chez les patients souffrant de schizophrénie. Les traitements couramment utilisés pour traiter la schizophrénie peuvent entraîner une prise de poids substantielle. Cette prise de poids peut être traitée par des interventions portant sur la vie quotidienne et visant à augmenter l'activité physique ou à modifier le régime alimentaire ; ou en utilisant d'autres formes de traitements qui peuvent aider à perdre du poids. Cependant, une alternative plus simple pourrait consister à substituer un antipsychotique par un autre entraînant moins de prise de poids. Cette revue examine les preuves disponibles concernant cette alternative. Le changement d'antipsychotique entraînait effectivement une certaine réduction de la prise de poids et avait également des effets bénéfiques plus larges sur la santé, tels qu’une réduction de la glycémie à jeun. Il n'y avait aucune différence significative concernant les critères de jugement de l'état mental, l'état global et les événements indésirables entre les groupes qui avaient changé de traitement et ceux qui avaient conservé leur traitement de départ.

Conclusions des auteurs: 

Les preuves issues de cette revue suggèrent que la substitution d'un traitement antipsychotique par un autre entraînant potentiellement moins de prise de poids ou de problèmes métaboliques pourrait être un moyen efficace de gérer ces effets secondaires, mais les données étaient insuffisantes en raison du nombre limité d'essais dans ce domaine et des effectifs réduits. Les données étaient parfois mal documentées, ce qui ne nous a pas permis d’utiliser certains essais et résultats. Aucune différence n’était observée en termes d'état mental, d’état global et d’autres événements indésirables induits par le traitement entre le changement de traitement et le maintien du traitement initial. Lorsque les trois stratégies de changement étaient comparées, aucune ne semblait supérieure aux autres en termes d’effets sur les critères de jugement principaux examinés dans cette revue. Des essais mieux planifiés et présentant une puissance statistique adaptée permettraient d’obtenir des preuves plus convaincantes de l’efficacité du changement de médicament en tant que stratégie d'intervention.

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Contexte: 

La prise de poids est commune chez les patients schizophrènes et ceci a des implications graves pour la santé du patient et son bien-être. Des stratégies de changement de traitement ont été recommandées en tant qu’option de prise en charge.

Objectifs: 

Déterminer les effets du changement d'antipsychotique en tant que stratégie de réduction ou de prévention de la prise de poids et des problèmes métaboliques chez les patients souffrant de schizophrénie.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons consulté les principales bases de données ainsi que le registre des essais du groupe Cochrane sur la schizophrénie (janvier 2005 et juin 2007) et les sections des références bibliographiques des articles pertinents, et contacté l’auteur principal de chaque étude pertinente ainsi que d'autres experts afin d’obtenir davantage d'informations.

Critères de sélection: 

Tous les essais cliniques contrôlés randomisés comparant le changement d'antipsychotique en tant qu'intervention visant à réduire la prise de poids et les problèmes métaboliques induits par les antipsychotiques par rapport au maintien du traitement et/ou d'autres traitements de perte de poids (pharmacologiques et non pharmacologiques) chez les patients atteints de schizophrénie ou de psychoses schizophréniformes.

Recueil et analyse des données: 

Les études ont été sélectionnées, la qualité a été évaluée et les données ont été extraites de manière fiable. Pour les données dichotomiques, le risque relatif (RR) et les intervalles de confiance (IC) à 95 % ont été calculés sur une base d'intention de traiter à partir d’un modèle à effets fixes. Les critères de jugement principaux étaient la perte de poids, le syndrome métabolique, la rechute et l'état mental général.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus quatre études dans cette revue, pour un total de 636 participants. Toutes les études sauf une duraient 26 semaines au maximum. Une perte de poids moyenne de 1,94 kg était observée (2 ECR, n = 287, IC entre -3,9 et 0,08) lorsque l'olanzapine était substituée par de l'aripiprazole ou de la quétiapine. L'IMC diminuait également lorsque l'olanzapine était substituée par de la quétiapine (1 ECR, n = 129, DM de -0,52, IC entre -1,26 et 0,22) et de l'aripiprazole (1 ECR, n = 173, RR de 0,28, IC entre 0,13 et 0,57).

Le taux de glycémie à jeun diminuait considérablement lorsque l'olanzapine était substituée par de l'aripiprazole ou de la quétiapine. (2 ECR, DM de -2,53, n = 280, IC entre -2,94 et -2,11). Un ECR rapportait également un profile lipidique favorable lors de la substitution par de l'aripiprazole, mais ces mesures étaient rapportées sous forme de changements de pourcentage plutôt que de moyennes avec écart type.

Les patients étaient moins susceptibles d’abandonner les études de manière prématurée lorsqu'ils demeuraient sous olanzapine par rapport à la substitution du traitement par de la quétiapine ou de l'aripiprazole.

Aucune différence significative n’était observée concernant les critères de jugement de l'état mental, l'état global et les événements indésirables entre les groupes qui avaient changé de traitement et ceux qui avaient conservé leur traitement initial. Trois stratégies de changement étaient comparées et aucune stratégie ne s’avérait supérieure aux autres concernant les critères de jugement de la prise de poids, de l'état mental et de l'état global.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.