Aripiprazole versus placebo dans le traitement de la schizophrénie

La schizophrénie est l’un des troubles psychiatriques les plus graves ; elle affecte la pensée, la perception, l'affect et le comportement des patients. Elle peut toucher environ 1 % de la population. L'aripiprazole est l’un des antipsychotiques les plus récents dans le traitement de la schizophrénie. Par rapport au placebo, les patients sous aripiprazole souffraient moins de rechutes, moins de participants abandonnaient les études prématurément, et ils avaient besoin d'une quantité moindre d'antipsychotiques supplémentaires. Les insomnies et les maux de tête étaient les effets secondaires les plus souvent rapportés, mais il existait peu de différences avec le placebo. Les effets secondaires tels que l'akathisie, les nausées et la prise de poids étaient plus fréquents dans le groupe de l’aripiprazole que dans celui du placebo. Certaines inquiétudes ont été soulevées concernant les nouveaux antipsychotiques et leurs effets sur les problèmes de conductance dans le cœur, la réduction des niveaux de glucose et la production excessive de prolactine (qui peut causer des douleurs thoraciques et des sécrétions désagréables). Sur la base de preuves limitées (à cause du nombre de participants abandonnant les études prématurément et du petit nombre d'études), l'aripiprazole semble avoir les mêmes effets que le placebo. Les résultats globaux concernant son efficacité dans le traitement de la schizophrénie sont inchangés par rapport à la revue d'origine.

Conclusions des auteurs: 

L'aripiprazole pourrait être efficace dans le traitement de la schizophrénie. L'aripiprazole est associé à un risque inférieur d'augmentation de la prolactine et d’allongement de l'intervalle QTc. Des essais contrôlés randomisés pragmatiques et clairement documentés à court, moyen et long termes devront être entrepris afin de déterminer sa place dans la pratique clinique quotidienne.

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Contexte: 

Les antipsychotiques typiques de première génération comme la chlorpromazine et l'halopéridol constituaient le pilier du traitement jusqu'à l'introduction des antipsychotiques atypiques de deuxième génération comme la rispéridone et l'olanzapine. Les antipsychotiques typiques et atypiques permettent d’obtenir une réponse chez la plupart des patients souffrant de schizophrénie, qu’il s’agisse d’une réduction des épisodes psychotiques ou d’une diminution de la gravité de leur maladie. Cependant, un certain nombre de patients ne répondent pas de façon adéquate aux antipsychotiques. De plus, les antipsychotiques atypiques, et surtout typiques, sont associés à des effets indésirables graves, qui peuvent souvent compromettre l'observance du traitement et donc augmenter l’incidence des rechutes. Dans cette revue, les effets de l'aripiprazole sont comparés à ceux du placebo.

Objectifs: 

Évaluer les effets de l'aripiprazole par rapport au placebo chez les patients souffrant de schizophrénie et de psychoses schizophréniformes.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué une recherche dans le registre des essais du groupe Cochrane sur la schizophrénie (janvier 2008), qui est basé sur des recherches régulières issues de BIOSIS, CENTRAL, CINAHL, EMBASE, MEDLINE et PsycINFO. Pour cette mise à jour, une recherche initiale a été effectuée en mai 2007 et une seconde recherche en août 2008.

Critères de sélection: 

Tous les essais randomisés comparant l'aripiprazole à un placebo chez les patients souffrant de schizophrénie ou de psychoses schizophréniformes ont été inclus.

Recueil et analyse des données: 

Les données ont été extraites indépendamment. Pour les données dichotomiques, les risques relatifs (RR) ont été calculés, ainsi que leurs intervalles de confiance (IC) à 95 %, sur une base d'intention de traiter à partir d’un modèle à effets fixes. Le nombre de sujets à traiter (NST)/nombre nécessaire pour nuire (NNN) ont été calculés lorsque cela était approprié. Pour les données continues, la différence moyenne (DM) a été calculée, de nouveau sur la base d’un modèle à effets fixes.

Résultats principaux: 

Bien que 2 585 personnes aient participé à neuf études randomisées portant sur l'aripiprazole, nous n'avons pas pu extraire de données utilisables concernant les décès, les résultats pour les services, le fonctionnement général, le comportement, l'engagement envers les services, la satisfaction vis-à-vis du traitement ; les résultats économiques ou le fonctionnement cognitif. En général, le taux d’attrition était très important dans toutes les études durant plus de quatre semaines. Le taux d'attrition était élevé dans la plupart des études incluses. Moins de patients abandonnaient prématurément le groupe de l’aripiprazole par rapport au groupe du placebo (n = 2 585, 9 ECR, RR de 0,73, IC entre 0,60 et 0,87). Par rapport au placebo, l'aripiprazole réduisait significativement les rechutes à la fois sur le court terme (n = 310, 1 ECR, RR de 0,59, IC entre 0,45 et 0,77) et le moyen terme (n = 310, 1 ECR, RR de 0,66, IC entre 0,53 et 0,81). Il entraînait également une meilleure observance du protocole de l'étude (n = 2 275, 8 ECR, RR de 0,74, IC entre 0,59 et 0,93). L'aripiprazole pourrait réduire les niveaux de prolactine en deçà de ceux attendus avec le placebo (n = 305, 2 ECR, RR de 0,21, IC entre 0,11 et 0,37). L’insomnie (~23 %) et les maux de tête (~15 %) étaient fréquemment rapportés dans les deux groupes, sans différence significative.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.