Une revue systématique et une méta-analyse des essais contrôlés randomisés portant sur le traitement pharmacologique des troubles anxieux chez les enfants et adolescents

Les troubles anxieux sont des pathologies potentiellement incapacitantes qui apparaissent fréquemment pendant l'enfance et l'adolescence. Le déclenchement précoce des troubles anxieux et l'efficacité des traitements pharmacologiques dans les troubles anxieux chez l'adulte étant de plus en plus reconnus, l'utilisation de traitements pharmacologiques chez les patients pédiatriques suscite un intérêt croissant. Cette revue systématique des essais contrôlés randomisés (ECR) portant sur une pharmacothérapie dans le traitement des troubles anxieux chez les enfants et adolescents a identifié 22 essais contrôlés randomisés de court terme (<= 16 semaines) éligibles dans la revue (2 519 participants). La réponse au traitement était significativement supérieure après la prise du traitement pharmacologique (58,1 %) par rapport au placebo (31,5 %) dans 14 essais. Le traitement pharmacologique étaient plus efficace que le placebo pour réduire la gravité globale des symptômes dans tous les troubles anxieux (nombre d'études (N) = 9). La plupart des essais examinaient le trouble obsessionnel-compulsif (TOC) et observaient que le traitement était efficace pour réduire la gravité des symptômes. Jusqu'ici, la plupart des essais rapportant une efficacité utilisaient des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS). Aucune preuve issue d'essais contrôlés n'a été identifiée concernant l'efficacité des benzodiazépines, toujours prescrites dans les troubles anxieux pédiatriques. Le traitement pharmacologique était moins bien toléré que le placebo, comme en témoigne le grand nombre d'enfants et d'adolescents ayant abandonné les études de manière prématurée pour cause d'effets indésirables pendant les essais à court terme. Bien que peu d'incidences de comportements/idées suicidaires aient été attribuées aux médicaments à l'étude dans les essais inclus, il est important de souligner la nécessité d'une surveillance étroite après l'initiation des ISRS chez cette population. En conclusion, la pharmacothérapie devrait être considérée comme un élément du traitement des troubles anxieux pédiatriques à court terme. Des recherches supplémentaires sont nécessaires afin d'identifier la dose et la durée de traitement optimales, ainsi que les effets de l'âge sur l'efficacité et la tolérance des médicaments.

Conclusions des auteurs: 

Les traitements pharmacologiques peuvent être efficaces pour réduire les principaux symptômes des troubles anxieux pédiatriques et devraient être considérés comme un élément du traitement de ces pathologies. Jusqu'ici, la majorité des essais rapportant une efficacité évaluaient des ISRS dans le traitement du TOC pédiatrique.

Aucune preuve solide ne permet d'identifier une classe spécifique de médicaments plus efficace ou mieux tolérée qu'une autre. Sachant que des données quantitatives n'étaient disponibles que pour les ISRS et la venlafaxine, l'utilisation systématique de benzodiazépines ne peut pas être recommandée, surtout si l'on tient compte de la dépendance et des événements indésirables associés à cette classe de médicaments.

D'autres ECR seraient utiles pour identifier les facteurs cliniques susceptibles de limiter l'efficacité thérapeutique. Des études examinant l'efficacité à long terme et la posologie optimale du traitement pharmacologique, ainsi que des comparaisons directes entre une pharmacothérapie et une psychothérapie sont également nécessaires.

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Contexte: 

Les troubles anxieux sont un groupe de pathologies potentiellement incapacitantes qui sont prévalentes pendant l'enfance et l'adolescence. Le déclenchement précoce des troubles anxieux et l'efficacité du traitement pharmacologique chez l'adulte étant de plus en plus reconnus, l'utilisation de traitements pharmacologiques dans les troubles anxieux pédiatriques suscite un intérêt croissant.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité et la tolérance des médicaments dans le traitement des troubles anxieux pédiatriques.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons consulté le registre spécialisé du groupe Cochrane sur la dépression, l'anxiété et la névrose (études CCDANCTR), MEDLINE (via PubMed, de 1966 à août 2008), EMBASE (1966 à août 2008) et PsycINFO (1972 à août 2008). Des recherches ont été effectuées dans divers registres électroniques afin d'identifier des études non publiées. Les références bibliographiques des articles extraits ont été examinées afin d'identifier des études supplémentaires.

Critères de sélection: 

Tous les essais contrôlés randomisés (ECR) portant sur une pharmacothérapie dans les troubles anxieux chez les enfants/adolescents.

Recueil et analyse des données: 

Deux évaluateurs ont sélectionné les ECR à inclure dans la revue, rassemblé les données des essais et évalué leur qualité de manière indépendante. Les investigateurs ont été contactés afin d'obtenir des données manquantes. Les statistiques de synthèse ont été stratifiées par classe de médicament, et par agent pharmacologique pour les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS). Les mesures dichotomiques et continues ont été calculées à l'aide d'un modèle à effets aléatoires, l'hétérogénéité a été évaluée, et des analyses en sous-groupe/de sensibilité ont été effectuées.

Résultats principaux: 

22 ECR de court terme (<= 16 semaines) ont été inclus dans l'analyse (2 519 participants). La majorité des essais évaluaient l'efficacité des ISRS (N = 15).

Une réponse au traitement pharmacologique et au placebo était observée chez 58,1 % et 31,5 % des patients, respectivement (nombre d'études (N) = 14, nombre de sujets à traiter (NST) = 4). Le traitement pharmacologique était plus efficace que le placebo pour réduire la gravité globale des symptômes de TOC dans une comparaison post hoc (N = 7, différence moyenne pondérée (DMP) = -4,45, IC à 95 % = -5,94 à -2,97, n = 765). Le traitement pharmacologique était globalement moins bien toléré que le placebo, mais le pourcentage absolu de participants qui abandonnaient les études pour cause d'événements indésirables liés aux médicaments était faible (4,9 %).

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.