Comment le changement de pression dans les appareils à pression positive continue augmente-t-il leur utilisation par les adultes souffrant d'apnée du sommeil ?

Quel est l’objectif de cette revue ?

Cette revue examine les différentes façons d'aider les personnes qui souffrent d'apnée obstructive du sommeil (AOS) à utiliser des appareils de ventilation spontanée en pression positive continue (PPC). L'AOS fait référence à la fermeture et à l'ouverture temporaires mais fréquentes de la gorge pendant le sommeil. Puisque les adultes atteints d’ AOS ne dorment pas suffisamment, ils peuvent se sentir fatigués pendant la journée, ce qui entraîne donc des répercussions sur leur qualité de vie. Ils risquent de s'endormir durant leurs activités quotidiennes et risquent également d'avoir une maladie cardiaque ou un accident vasculaire cérébral à long terme.

Messages clés

Les adultes qui utilisent des appareils de ventilation spontanée en PPC qui font varier automatiquement la pression de traitement augmentent probablement l'utilisation de leur appareil d'environ 13 minutes par nuit, mais il est peu probable qu'ils se sentent moins fatigués que les personnes qui utilisent des appareils de ventilation spontanée en PPC à pression fixe. La ventilation en PPC à pression fixe est légèrement meilleure pour réduire le nombre d'épisodes où les voies respiratoires se ferment la nuit. Nous avons besoin de plus d'informations pour pouvoir évaluer s'il existe des différences importantes entre ces machines en matière de qualité de vie et de tolérabilité.

Qu'est-ce qui a été étudié dans cette revue ?

Les appareils de PPC sont portés sur le nez et la bouche pendant que les gens dorment la nuit. Ils soufflent de l'air à une pression fixe par le nez et la bouche pour garder les voies respiratoires ouvertes. Ceci permet d’avoir un sommeil réparateur plus facilement, mais certaines personnes trouvent les machines difficiles à utiliser régulièrement. Elles peuvent trouver le niveau de pression trop élevé ou avoir la bouche sèche au réveil. Les machines pourraient être plus faciles à utiliser plus souvent si la pression nécessaire pour maintenir les voies respiratoires ouvertes est plus faible.

Nous avons cherché des études qui comparaient différentes façons de varier la façon dont la pression est exercée. Nous nous sommes concentrés sur des études comparant des appareils de PPC qui font varier automatiquement la pression de traitement pendant que la personne dort (ex : auto-PPC) à des appareils qui distribuent une pression au même niveau pendant toute la nuit (PPC à pression fixe).

Quels sont les principaux résultats de la revue ?

Nous avons trouvé 64 études sur 3922 personnes. Trente-six études portant sur 2 135 personnes étaient pertinentes pour la comparaison entre l’auto-PPC et la PPC à pression fixe. Les études provenaient d'Europe, des États-Unis, de Hong Kong et d'Australie. Soixante-quinze pour cent des personnes recrutées pour les études étaient des hommes qui avaient récemment reçu un diagnostic d'apnée du sommeil et qui n'avaient aucune expérience de l'utilisation de la CPAP.

Par rapport à la PPC à pression fixe, les personnes qui commencent un traitement par auto-PPC utiliseront probablement leur appareil environ 13 minutes de plus par nuit environ six semaines (preuves de certitude modérée), bien que lorsque nous ayons examiné le nombre de personnes qui utilisent les appareils plus de quatre heures par nuit, nous n'avions pas suffisamment d'informations pour savoir s'il y avait une différence entre les différents appareils (données probantes de certitude faible).

L'auto-PPC réduit probablement les symptômes diurnes dans une faible mesure par rapport à la PPC à pression fixe (données probantes de certitude modérée). Un nombre similaire de personnes se sont retirées des études : 11 % en PPC à pression fixe et 10 % en auto-PPC (données probantes de certitude modérée). Les deux appareils ont réduit le nombre de fois que les voies aériennes supérieures se sont refermées pendant le sommeil, bien que la PPC à pression fixe ait été légèrement meilleure (données probantes de haute certitude). Trois études ont utilisé une échelle que nous avons choisie comme étant la plus pertinente pour mesurer la qualité de vie en matière d'apnée du sommeil (le Questionnaire sur les Résultats Fonctionnels du Sommeil). Chez les personnes utilisant les appareils, la différence moyenne entre les appareils de cette échelle était faible, mais il n'y avait pas suffisamment de données pour être sûr de ce résultat (données probantes de faible certitude). L'auto-PPC peut être moins efficace pour contrôler la pression artérielle que la PPC à pression fixe, mais d'autres études sont nécessaires pour confirmer ce résultat. Nous sommes incertains de la façon dont les gens ont trouvé l'utilisation de leurs appareils parce que les informations sur la tolérabilité (nez bouché, bouche sèche, fuite du masque ou sentiment que le niveau de pression est trop élevé) ont été mesurées différemment selon les études (très faible certitude).

Ce résumé simplifié date d’Octobre 2018

Conclusions des auteurs: 

Chez les adultes souffrant d'apnée du sommeil modérée à sévère qui commencent un traitement par pression positive des voies aériennes, l'auto-PPC augmente probablement l'utilisation de l'appareil d'environ 13 minutes par nuit. Les effets sur les scores de somnolence diurne avec l'auto-PPC ne sont pas cliniquement significatifs. Les valeurs de l'IAH sont légèrement inférieures avec une PPC fixe. L'utilisation d'instruments validés de mesure de la qualité de vie dans les études a été limitée jusqu'à présent, bien que dans les cas où ils ont été utilisés, les tailles d'effet n'ont pas dépassé les différences importantes sur le plan clinique proposées. L'adoption d'une approche standardisée pour mesurer la tolérabilité aiderait les décideurs à établir un équilibre entre les avantages et les inconvénients des différentes options de traitement disponibles. Les données probantes disponibles pour d'autres stratégies de modification de la pression ne fournissent pas une base fiable sur laquelle on peut tirer des conclusions fermes. Les études futures devraient porter sur les effets des dispositifs de modification de la pression et de l'humidification chez les personnes qui ont déjà utilisé la PPC mais qui ne peuvent pas poursuivre le traitement.

Lire le résumé complet...
Contexte: 

L'apnée obstructive du sommeil (AOS) est la fermeture répétitive des voies aériennes supérieures pendant le sommeil. Il en résulte un sommeil perturbé et une somnolence diurne excessive. C'est un facteur de risque de morbidité cardiovasculaire à long terme. Les appareils de ventilation spontanée en pression positive continue (PPC) peuvent être utilisés pendant le sommeil. Ils distribuent une pression d'air par un masque nasal ou oro-nasal pour prévenir la fermeture des voies respiratoires, ce qui réduit les troubles du sommeil et améliore la qualité du sommeil. Certaines personnes les trouvent difficiles à tolérer en raison de niveaux de pression élevés et d'autres symptômes tels que la sécheresse de la bouche. Le passage à des machines qui font varier le niveau de pression d'air nécessaire pour réduire les troubles du sommeil pourrait accroître le confort et favoriser une utilisation plus régulière. Les appareils d'humidification humidifient l'air qui est acheminé vers les voies aériennes supérieures par le circuit de PPC. L'humidification peut réduire la sécheresse de la gorge et de la bouche et donc améliorer la tolérance à la PPC. Cette mise à jour de la revue Cochrane se penche sur la modification de l'administration de la pression positive et de l'humidification sur l'utilisation des machines et sur d'autres résultats cliniques dans l'AOS.

Objectifs: 

Déterminer les effets de la modification de la pression positive ou de l'humidification sur l'augmentation de l'utilisation des appareils de PPC chez les adultes atteints d'AOS.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué une recherche dans le registre spécialisé de Cochrane Airways et dans les registres d'essais cliniques le 15 octobre 2018.

Critères de sélection: 

Essais randomisés en groupes parallèles ou croisés chez les adultes atteints d'AOS. Nous avons inclus des études qui comparaient l'ajustement automatique de la PPC (auto-PPC), la pression positive des voies aériennes à deux niveaux (bi-PAP), la PPC avec décharge de la pression expiratoire (PPC exp), l'humidification chauffée plus la PPC fixe, l'ajustement automatique de la PPC avec décharge de la pression expiratoire, la bi-PAP avec décharge de la pression expiratoire, l'auto-bi-PAP et la PPC exp avec détection de l'éveil avec réglage de la pression fixe.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons utilisé les méthodes standard spécifiées par Cochrane. Nous avons évalué la certitude des données probantes à l'aide de l'échelle GRADE pour les critères de jugement de l'utilisation de l'appareil, les symptômes (mesurés par l'échelle de somnolence d'Epworth (ESS)), l'indice d'apnée hypopnotique (IAH), la qualité de vie mesurée par le questionnaire sur les résultats fonctionnels du sommeil (FOSQ), la tension artérielle, les retraits et les événements indésirables (p. ex. blocage nasal ou intolérance au masque). La principale comparaison d'intérêt dans la revue était l'auto-PPC par rapport à la PPC fixe.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus 64 études (3 922 participants, dont 75 % d'hommes). La principale comparaison entre l'auto-PPC et la PPC fixe est basée sur 36 études avec 2135 participants d'Europe, des Etats-Unis, de Hong Kong et d'Australie. La majorité des études ont recruté des participants qui avaient été diagnostiqué récemment d'AOS et qui n'avaient jamais utilisé la PPC. Ils avaient une somnolence excessive (ESS : 13), des troubles graves du sommeil (l'IAH variait de 22 à 59) et un indice de masse corporelle (IMC) moyen de 35 kg/m2. Les interventions ont été faites à domicile et la durée de la plupart des études était de 12 semaines ou moins. Nous avons jugé que les études présentant un risque de biais élevé ou peu clair influençaient probablement l'effet de l'auto-PPC sur l'utilisation des machines, les symptômes, la qualité de vie et la tolérance, mais pas pour d'autres résultats.

Critère de jugement principal

Comparativement à l'utilisation moyenne d'environ cinq heures par nuit avec la PPC fixe, les gens utilisent probablement la PPC automatique pendant 13 minutes de plus par nuit pendant environ six semaines (différence moyenne (DM) de 0,21 heure/nuit, intervalle de confiance (IC) de 95 % de 0,11 à 0,31 ; 31 études, 1 452 participants ; données probantes de certitude modérée). Nous n'avons pas suffisamment de données pour déterminer si l'auto-PPC augmente le nombre de personnes qui utilisent des appareils pendant plus de quatre heures par nuit par rapport à la PPC fixe (rapport de cotes (RC) de 1,16, IC à 95 % de 0,75 à 1,81 ; 2 études, 346 participants ; données probantes de faible certitude).

Critères de jugement secondaires

L'auto-PPC réduit probablement de peu la somnolence diurne par rapport à la PPC fixe à environ six semaines (DM -0,44 unités ESS, 95 % IC -0,72 à -0,16 ; 25 études, 1 285 participants ; données probantes de certitude modérée). L'IAH est légèrement plus élevé avec la PPC automatique qu'avec la PPC fixe (DM 0,48 événement par heure, IC à 95 % de 0,16 à 0,80 ; 26 études, 1 256 participants ; données probantes de haute certitude), bien qu'il ait diminué avec les deux types d'appareils par rapport aux valeurs de base dans les études. Dix pour cent des personnes sous auto-PPC et 11 % des personnes sous PPC fixe se sont retirées des études (RC 0,90, IC à 95 % 0,64 à 1,27 ; données probantes de certitude modérée). L'auto-PPC et la PPC fixe peuvent avoir des effets similaires sur la qualité de vie, telle que mesurée par le FOSQ, mais il faut plus de preuves pour avoir confiance dans ce résultat (DM 0,12, IC à 95 % -0,21 à 0,46 ; 3 études, 352 participants ; données probantes de faible certitude). Deux études (353 participants) ont fourni des données sur la pression artérielle mesurée en clinique. La pression positive continue auto-pilotée peut être légèrement moins efficace pour réduire la tension artérielle diastolique que la ventilation en pression positive continue fixe (DM 2,92 mmHg, IC à 95 % 1,06 à 4,77 mmHg ; données probantes de faible certitude). Les deux modalités de PPC ne diffèrent probablement pas dans leurs effets sur la tension artérielle systolique (DM 1,87 mmHg, 95 % IC -1,08 à 4,82 ; données probantes de certitude modérée). Neuf études (574 participants) ont fourni des renseignements sur des événements indésirables tels que le blocage nasal, la sécheresse de la bouche, la tolérance à la pression du traitement et la fuite du masque. Elles ont utilisé différentes échelles pour saisir ces résultats et, en raison de la variation de la direction et de l'ampleur de l'effet entre les études, les effets comparatifs sur les résultats en matière de tolérabilité sont incertains (données probantes de très faible certitude).

La base de données probantes pour les autres interventions est plus petite et ne fournit pas suffisamment d'informations pour déterminer s'il existe des différences importantes entre les stratégies de modification de la pression et la PPC fixe sur les résultats liés à l'utilisation de l'appareil, les symptômes et la qualité de vie. Comme dans le cas des preuves de l'auto-PPC, les événements indésirables sont mesurés de façon disparate.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Mamadou Lamarana Diallo et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

Tools
Information

Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.