Les inhibiteurs des canaux calciques pour le phénomène de Raynaud primitif

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Le phénomène de Raynaud est une pathologie dans laquelle des vaisseaux sanguins dans les doigts et des orteils se contractent et réduisent la circulation sanguine, provoquant des douleurs et une décoloration. Il s’agit généralement d’une réponse à l’exposition au froid ou à un stress émotionnel. Dans un petit nombre de cas, le phénomène de Raynaud est associé à une maladie sous-jacente mais, pour la plupart des personnes, il est idiopathique (cause incertaine, ou « primitive »). Le phénomène de Raynaud primitif est extrêmement fréquent (en particulier chez les femmes), avec une étude réalisée au Royaume-Uni qui suggérait que plus de 15 % de la population est affecté.

Pour les personnes atteintes du phénomène de Raynaud primitif et qui ne répondent pas aux mesures classiques (par exemple, se maintenir au chaud), les inhibiteurs des canaux calciques représentent la première ligne dans le traitement médicamenteux. Les inhibiteurs des canaux calciques (parfois appelés inhibiteurs calciques) sont des médicaments qui ont une influence sur le passage du calcium à l’intérieur de certaines cellules musculaires et ils sont les médicaments les plus couramment prescrits contre le phénomène de Raynaud primitif.

Cette revue a examiné sept essais randomisés portant sur 296 participants. Bien que dans l'ensemble tous les essais aient été classés comme étant à risque de biais faible ou incertain, la taille des échantillons des essais inclus était de petite taille et le compte-rendu des résultats n’était pas clair. Deux différents inhibiteurs des canaux calciques ont été inclus : la nifédipine et la nicardipine. Dans six essais, les comparaisons se faisaient face à un placebo et dans un essai avec le placebo et un autre type de médicament (bien que seules les données relatives à l’inhibiteur des canaux calciques et au placebo aient été utilisées dans ce cas). Le traitement oral avec les inhibiteurs des canaux calciques était peu efficace dans le phénomène de Raynaud primitif, la réduction de la fréquence des crises était d'environ 1,7 crises par personne et par semaine. Un essai a fourni des informations sur la durée des crises ne rapportant pas de différence entre les groupes sous placebo et sous inhibiteur des canaux calciques. Les inhibiteurs des canaux calciques n'ont eu aucun effet sur les scores de gravité dans les essais où ils ont été évalués. Seuls deux essais rapportaient des scores de préférence (dans laquelle les participants indiquaient quel traitement ils préféraient) spécifiquement chez les patients avec le phénomène de Raynaud primitif, et une différence entre les groupes de traitement n’était rapportée que dans un seul de ces essais (les participants préféraient la nifédipine à un placebo). Des mesures physiologiques (par exemple la mesure du débit sanguin au doigt) ont été effectuées dans cinq essais ; aucune différence n'était observée entre l’inhibiteur des canaux calciques et le traitement placebo. Le traitement par des inhibiteurs des canaux calciques était associé à un certain nombre d'événements indésirables, y compris des céphalées, des rougeurs et le gonflement de la cheville. Les résultats de cette revue étaient cependant limités par le faible nombre de participants recrutés dans ces études et par des limitations dues aux mesures de résultats actuellement utilisées.

Conclusions des auteurs: 

Les essais contrôlés randomisés inclus dans cette revue apportent des preuves de qualité moyenne indiquant que les inhibiteurs des canaux calciques par voie orale sont peu efficaces dans le traitement du phénomène de Raynaud primitif en se fondant sur la fréquence des crises. Toutefois, les résultats de cette revue étaient limités par des échantillons de petite taille dans les études incluses et par les données de qualité variable, en particulier en ce qui concerne les mesures de résultats.

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Contexte: 

Les inhibiteurs des canaux calciques sont les médicaments les plus fréquemment prescrits pour les personnes atteintes de le du phénomène de Raynaud primitif. Le phénomène de Raynaud primitif est une pathologie courante qui se caractérise par une réponse angioplastique au froid ou émotionnelle avec un : de façon classique, les doigts et les orteils deviennent incolores, puis bleus, puis rouges.

Objectifs: 

Évaluer les effets de différents inhibiteurs des canaux calciques pour le phénomène de Raynaud primitif à partir de taux de crises, de scores de gravité, de scores de préférence des patients et de mesures physiologiques.

Stratégie de recherche documentaire: 

Le coordinateur de recherche des essais (CRE) du groupe Cochrane sur les maladies vasculaires périphériques a effectué des recherches dans le registre spécialisé (dernière recherche en février 2013) et le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (de 2013, numéro 1). En outre le CRE a effectué des recherches dans les bases de données d'essais cliniques.

Critères de sélection: 

Essais contrôlés randomisés évaluant les effets des inhibiteurs des canaux calciques par voie orale pour le traitement du phénomène de Raynaud primitif.

Recueil et analyse des données: 

Trois auteurs de la revue ont indépendamment évalué les essais à inclure et leur qualité méthodologique, et extrait les données. L'extraction des données comprenait les événements indésirables. Nous avons contacté les auteurs des essais pour obtenir des données manquantes.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus sept essais randomisés totalisant 296 participants. Bien que dans l'ensemble de tous les essais aient été classés comme étant à risque de biais faible ou incertain, la taille des échantillons inclus était petite et il était difficile de rendre compte des résultats. Quatre essais examinaient la nifédipine et le reste la nicardipine. Les comparaisons ont été effectuées avec un placebo dans six essais et à la fois avec le dazoxiben et un placebo dans un essai (seules les données de la nifédipine versus placebo ont été utilisées dans cette revue). Le traitement avec les inhibiteurs des canaux calciques par voie orale était peu efficace dans le phénomène de Raynaud primitif pour diminuer la fréquence des crises (différence moyenne standardisée de 0,23 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,08 à 0,38, P = 0,003). Cela se traduit par de 1,72 (IC à 95 % 0,60 à 2,84) crises en moins par semaine sur les inhibiteurs des canaux calciques par rapport à un placebo. Un essai a fourni des détails sur la durée des crises ne rapportant aucune différence statistiquement significative entre la nicardipine et les groupes sous placebo (pas de valeur P rapporté). Seuls deux essais rapportaient des détails sur des comparaisons statistiques de scores de gravité (non validés) entre les groupes de traitement : l'un de ces essais (60 participants) a rapporté une moyenne de score de gravité de 1,55 sous placebo et 1,36 sur la nicardipine, différence de 0,2 (IC à 95 % de différence de 0 à 0,4, aucune valeur P rapporté) et l'autre essai (trois participants seulement avec le phénomène de Raynaud primitif) a rapporté un score de gravité médian de 2 à la fois pour la nicardipine et le traitement placebo (P > 0,999). Des scores de préférence des participants ont été inclus dans quatre essais, mais seulement deux rapportaient des résultats spécifiques à des participants avec le phénomène de Raynaud primitif, et les systèmes de score étaient différents entre les deux : les scores différaient entre les traitements dans seulement un essai, dans lequel 33 % des participants sous placebo et 73 % sur la nifédipine rapportaient une amélioration des symptômes (P < 0,001). Des mesures physiologiques ont été incluses comme mesures de résultats dans cinq essais (différentes méthodologies ont été utilisées dans chaque essai) : aucun de ces essais n’a rapporté de différence statistiquement significative entre les groupes de traitement. Le traitement avec des inhibiteurs des canaux calciques a semblé être associé à un certain nombre de réactions indésirables, comprenant des céphalées, des rougeurs et des œdèmes (gonflement).

Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.