La schizophrénie touche environ 1 % de la population et se déclare souvent tôt dans la vie. Elle se caractérise généralement par des hallucinations (perceptions injustifiées), des idées délirantes (idées fixes et erronées), une altération de la pensée et un retrait émotionnel. Les résultats varient, mais les médicaments antipsychotiques sont généralement efficaces. La thioridazine fait partie de ces médicaments. Elle est considérée comme efficace et moins susceptible d'entraîner des troubles du mouvement, qui sont particulièrement associés aux précédentes générations d'antipsychotiques. La thioridazine a été retirée du marché car elle a été associée à un rythme cardiaque anormal, mais on continue de l'utiliser dans des circonstances spécifiques.
Nous avons examiné les effets de la thioridazine et observé que de nombreux essais suggéraient qu'elle semblait aussi efficace que d'autres antipsychotiques couramment utilisés chez des patients atteints de schizophrénie, mais justifiaient également les protocoles encourageant la surveillance cardiaque chez les patients prenant ce médicament. Dans la mesure du possible, nous recommandons de choisir d'autres médicaments plutôt que la thioridazine.
Malgré certaines lacunes, la cohérence des résultats pour différents critères de jugement et périodes confirme que la thioridazine est un antipsychotique présentant une efficacité similaire à d'autres antipsychotiques couramment utilisés chez les patients schizophrènes. Son profil d'événements indésirables est similaire à celui d'autres médicaments, mais elle pourrait entraîner moins de problèmes extrapyramidaux et plus de changements à l'ECG. Nous recommandons l'utilisation de médicaments alternatifs. Si l'utilisation de thioridazine est toutefois inévitable, une surveillance cardiaque est justifiée.
La thioridazine est un antipsychotique qui peut toujours être utilisé dans la schizophrénie, bien qu'il soit associé à une arythmie cardiaque de type torsades de pointe.
Examiner les effets de la thioridazine chez les patients schizophrènes.
Pour cette mise à jour de 2006, nous avons consulté le registre du groupe Cochrane sur la schizophrénie (juin 2006).
Nous avons inclus tous les essais cliniques randomisés comparant de la thioridazine à d'autres traitements chez les patients atteints de schizophrénie ou d'autres psychoses.
Nous avons sélectionné les études, évalué la qualité et extrait les données de manière fiable. Pour les données dichotomiques, nous avons estimé les risques relatifs (RR) avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %. Dans la mesure du possible, nous avons calculé les statistiques du nombre de sujets à traiter (NST)/nombre nécessaire pour nuire (NNN) sur la base de l'intention de traiter.
Cette revue inclut désormais 42 ECR portant sur 3 498 participants. Lorsque la thioridazine était comparée à un placebo (n total = 668, 14 ECR), nous avons observé que les résultats de l'état global étaient favorables à la thioridazine (n = 105, 3 ECR, RR d'absence de changement ou aggravation dans les 6 mois de 0,33, IC entre 0,2 et 0,5, NST de 2, IC entre 2 et 3). La thioridazine a un effet sédatif (n = 324, 3 ECR, RR de 5,37, IC entre 3,2 et 9,1, NNN de 4, IC entre 2 et 74). De manière générale, la thioridazine n'entraînait pas plus de troubles du mouvement que le placebo.
Vingt-sept études (n total = 2 598) comparaient de la thioridazine à des antipsychotiques typiques. Nous n'avons observé aucune différence significative en termes d'état global (n = 743, 11 ECR, RR d'absence de changement ou d'aggravation à court terme de 0,98, IC entre 0,8 et 1,2), et d'évaluations à moyen terme (n = 142, 3 ECR, RR de 0,99, IC entre 0,6 et 1,6). Nous n'avons observé aucune différence significative concernant le nombre de patients abandonnant les études de manière prématurée pour n'importe quelle raison (court terme, n = 1 587, 19 ECR, RR de 1,07, IC entre 0,9 et 1,3). Les événements indésirables extrapyramidaux diminuaient chez les patients sous thioridazine (n = 1 082, 7 ECR, RR de recours à des médicaments antiparkinsoniens de 0,45, IC entre 0,4 et 0,6). La thioridazine semblait effectivement associée à des effets cardiaques indésirables (n = 74, 1 ECR, RR de tout événement cardio-vasculaire indésirable de 3,17, IC entre 1,4 et 7,0, NNN de 3, IC entre 2 et 5). Les changements à l'électrocardiogramme étaient significativement plus fréquents dans le groupe de la thioridazine (n = 254, 2 ECR, RR de 2,38, IC entre 1,6 et 3,6, NNN de 4, IC entre 3 et 10).
Six ECR (n total = 344) randomisaient de la thioridazine par rapport à des antipsychotiques atypiques. L'évaluation de l'état global ne révélait aucune différence à court terme entre la thioridazine, le rémoxipride et le sulpiride (n = 203, RR d'absence d'amélioration ou d'aggravation de 1,00, IC entre 0,8 et 1,3). Ces données limitées ne laissaient pas entrevoir de différences en termes de profils d'événements indésirables.