Prière d'intercession pour soulager les problèmes de santé

La prière d'intercession est l'une des interventions les plus anciennes et les plus utilisées pour tenter de soulager la maladie et de promouvoir une bonne santé. Dans de nombreuses religions, une personne ou un groupe prend le temps de prier Dieu (ou un dieu) pour le compte d'une autre personne dans le besoin. L'objectif de cette revue est de déterminer si les résultats sont différents chez les personnes malades ou en cours de rétablissement suite à une maladie ou une opération qui font l'objet d'une prière d'intercession nominale par rapport aux autres patients. Le traitement habituel continuait d'être administré aux deux groupes de patients. Dix essais randomisant un total de 7 807 patients ont été identifiés. La plupart de ces essais comparaient une prière (pour que quelqu'un retrouve la santé) + traitement habituel par rapport au traitement habituel sans prière. Un essai présentait deux groupes de prière et comparait des participants qui savaient que l'on priait pour eux à des participants qui ne le savaient pas. Un autre essai portait sur une prière rétroactive et randomisait des patients un mois à 6 ans après leur admission à l'hôpital. Chaque essai portait sur des patients présentant différentes maladies. Il s'agissait notamment de leucémie, de problèmes cardiaques, d'infection sanguine, d'abus d'alcool, de problèmes psychologiques ou de maladie rhumatismale. Dans un essai, les patients étaient considérés à risque élevé ou faible de décès et assignés au groupe correspondant.

Dans l'ensemble, aucune différence significative n'était observée entre ceux pour qui l'on priait et ceux pour qui l'on ne priait pas en termes de rétablissement ou de décès. Dans les essais qui mesuraient les complications postopératoires ou autres, les résultats indéterminés ou négatifs, ou les réadmissions à l'hôpital, aucune différence significative n'était observée entre les groupes. Néanmoins, dans l'essai qui différentiait entre un risque élevé et faible de décès, les patients à haut risque présentaient une probabilité significativement plus élevée de survivre lorsque l'on priait pour eux. Les complications spécifiques (arrêt cardiaque, chirurgie importante avant la sortie d'hôpital, recours à un cathéter de surveillance cardiaque) étaient significativement plus susceptibles de se produire chez les patients pour lesquels on ne priait pas. Enfin, lorsque l'on comparait les patients qui savaient que l'on priait pour eux à ceux qui ne le savaient pas, les complications postopératoires étaient moins nombreuses chez ceux qui ne savaient pas que l'on priait pour eux.

Les auteurs en concluent qu'en raison des diverses limitations des essais inclus dans cette revue (telles que des procédures de randomisation peu claires et les nombreux critères de jugement et maladies documentés), on ne peut rien affirmer si ce n'est que la prière d'intercession n'est ni significativement bénéfique ni nuisible pour les personnes malades. D'autres études mieux planifiées et documentées sont nécessaires afin de tirer des conclusions plus fermes.

Conclusions des auteurs: 

Ces conclusions sont équivoques et, bien que certains résultats issus d'études individuelles suggèrent un effet positif de la prière d'intercession, ce n'est pas le cas de la majorité des essais. Les preuves ne permettent donc pas de recommander ou de déconseiller le recours à la prière d'intercession. Nous ne sommes pas convaincus de la nécessité de mener d'autres essais concernant cette intervention et préférerions que les ressources disponibles soient utilisées pour étudier d'autres thématiques en rapport avec les soins de santé.

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Contexte: 

La prière est l'une des interventions les plus anciennes et les plus utilisées pour tenter de soulager la maladie et de promouvoir une bonne santé. Compte tenu de l'importance de cette réponse à la maladie chez un pourcentage élevé de la population mondiale, la mesure rigoureuse et scientifique de l'efficacité de la prière d'intercession pour soulager les problèmes de santé a fait l'objet d'un intérêt considérable. La question de savoir si une éventuelle efficacité ou inefficacité serait de nature à prouver ou à réfuter l'existence de Dieu constitue une interrogation philosophique qui dépasse la portée de cette revue sur les effets de la prière. Cette version révisée de la revue a été préparée en réponse aux commentaires reçus, et dans l'intention de refléter les nouvelles méthodes de réalisation et de présentation des revues Cochrane.

Objectifs: 

Examiner les effets de la prière d'intercession en tant qu'intervention supplémentaire chez des patients atteints de problèmes de santé recevant déjà des soins standard.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué une recherche systématique dans 10 bases de données pertinentes, y compris MEDLINE et EMBASE (juin 2007).

Critères de sélection: 

Nous avons inclus tous les essais randomisés comparant une prière d'intercession personnelle, précise, sincère, organisée et réalisée par des personnes convaincues qu'elles prient Dieu ou un dieu, par rapport à n'importe quelle autre intervention. Cette prière pouvait être faite au profit de toute personne ayant des problèmes de santé.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons extrait les données de manière indépendante et les avons analysées sur la base de l'intention de traiter, dans la mesure du possible. Pour les données binaires, nous avons calculé le risque relatif (RR) à effets fixes et les intervalles de confiance (IC) à 95 %.

Résultats principaux: 

Dix études ont été incluses dans la revue (7 646 patients). Pour la comparaison entre la prière d'intercession + soins standard et les soins standard seuls, la prière d'intercession n'avait globalement aucun effet notable sur les décès (6 ECR, n = 3 389, RR effets aléatoires de 0,73, IC entre 0,38 et 1,38). Les données sont hétérogènes (I2 = 85 %). L'exclusion d'une étude de la méta-analyse (n = 760) réduit cette hétérogénéité (I2 = 44 %) et oriente les résultats vers une valeur nulle (5 ECR, n = 2 629, RR aléatoire de 0,97, IC entre 0,63 et 1,50). Concernant l'état clinique général, aucune différence significative n'était observée entre les groupes (5 ECR, n = 2 705, RR de résultat intermédiaire ou négatif de 0,98, IC entre 0,86 et 1,11). Quatre études n'observaient aucun effet sur la réadmission dans une unité de soins coronariens (4 ECR, n = 2 644, RR de 1,00, IC entre 0,77 et 1,30). Deux autres essais observaient que la prière d'intercession n'avait aucun effet sur la réhospitalisation (2 ECR, n = 1 155, RR de 0,93, IC entre 0,71 et 1,22).

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.