Pourquoi est-il important d’améliorer le diagnostic du cancer de la peau ?
Il existe plusieurs types de cancer de la peau. Le mélanome est l’une des formes les plus dangereuses, il est donc important de le détecter tôt et de l’enlever dès que possible. Ne pas reconnaître un mélanome lorsqu’il est présent (appelé résultat faux négatif) peut retarder le traitement, ce qui augmente le risque de propagation du cancer à d’autres organes du corps et le risque de décès prématuré. D’autres cancers de la peau, comme le carcinome épidermoïde cutané et le carcinome basocellulaire, sont plus localisés. Cependant, le carcinome épidermoïde cutané peut se propager à d’autres parties du corps, et le carcinome basocellulaire peut causer une défiguration s’il n’est pas traité. Le diagnostic d’une lésion inoffensive (un grain de beauté ou une zone de peau d’apparence inhabituelle par rapport à la peau environnante) comme étant un cancer de la peau (un résultat faux positif) peut entraîner une chirurgie inutile et d’autres tests qui peuvent causer du stress et de l’anxiété chez le patient. Le fait de confondre un cancer de la peau avec un autre peut donner lieu à un mauvais traitement ou retarder un traitement efficace. Il est donc important de poser un diagnostic correct.
Quel est le but de la revue ?
Nous voulions savoir si l’échographie à haute fréquence peut aider les médecins à diagnostiquer le cancer de la peau. Nous avons trouvé six études pour tenter de répondre à cette question. Cinq études portaient sur le diagnostic du mélanome et trois sur le diagnostic du carcinome basocellulaire.
Quel est le sujet de la revue ?
Un certain nombre d’outils permettent aux spécialistes du cancer de la peau d’examiner la peau plus en détail qu’à l’œil nu. La plupart des spécialistes du cancer de la peau utilisent actuellement un dermatoscope, qui agrandit la lésion cutanée en utilisant une source de lumière naturelle. L’échographie est une autre technique non invasive qui mesure la réflexion des ondes sonores par les tissus du corps. L’échographie à haute fréquence peut produire une image de bonne qualité des structures proches de la surface de la peau. Lorsqu’elle est utilisée en même temps que l’examen médical et la dermoscopie, l’échographie haute fréquence peut aider les médecins à poser un diagnostic plus précis.
Quels sont les principaux résultats de la revue ?
La revue incluait six études : cinq portant sur 1 125 lésions cutanées soupçonnées d’être un mélanome, et trois portant sur 993 lésions suspectées d’être un carcinome basocellulaire. Nous n’avons trouvé aucune étude sur le diagnostic du carcinome épidermoïde cutané.
Les études incluses étaient de petite taille et trop différentes les unes des autres pour permettre de faire des estimations fiables de l’exactitude pour identifier un mélanome ou un carcinome basocellulaire. La moitié d’entre elles n’étaient en fait pas conçues pour établir l’exactitude de l’examen et toutes peuvent être considérées comme des expériences préliminaires sur la valeur potentielle de l’échographie à haute fréquence. La principale valeur des études pourrait être d’aider les chercheurs à identifier les meilleures façons d’interpréter l’échographie à haute fréquence pour le diagnostic du mélanome ou du carcinome basocellulaire en vue d’une évaluation dans de futures études de recherche.
Quelle est la fiabilité des résultats ?
Les résultats des études ne sont pas très fiables lorsqu’ils sont considérés collectivement. Le petit nombre d’études et la variabilité entre les études réduisent la fiabilité, alors que toutes présentaient des limites importantes. En particulier, les participants aux études et la manière dont les tests étaient utilisés pourraient ne pas refléter des situations réelles. Dans toutes les études, le diagnostic final a été confirmé par biopsie. Il s’agit probablement d’une méthode fiable pour déterminer si les patients avaient réellement un cancer de la peau*.
À qui s’appliquent les résultats de cette revue ?
Toutes les études ont eu lieu en Europe et une seule indiquait l’âge moyen des participants (55,3 ans). Le pourcentage de personnes ayant reçu un diagnostic définitif de mélanome variait de 14 % à 58 %, alors que 8 % à 49 % avaient un carcinome basocellulaire. Il n’a pas été possible de déterminer si les médecins suspectaient un cancer de la peau à la suite d’un examen clinique seul ou d’un examen clinique et un examen dermoscopique.
Quelles sont les implications de cette revue ?
À l’heure actuelle, il n’y a pas suffisamment de bonnes recherches pour tirer une conclusion sur l’utilisation de l’échographie à haute fréquence pour le diagnostic des cancers de la peau. Les résultats de cette revue suggèrent que l’échographie à haute fréquence a le potentiel de séparer le mélanome ou le carcinome basocellulaire de certains types inoffensifs de lésions, mais il n’est pas encore clair si elle peut distinguer adéquatement ces cancers de la peau de la gamme complète d’affections cutanées que les patients montrent à leurs médecins dans la pratique quotidienne. D’autres études sont nécessaires pour étudier l’échographie à haute fréquence en parallèle de la dermoscopie ou d’autres techniques microscopiques (comme la microscopie confocale par réflectance) chez les personnes présentant des lésions cutanées suspectes.
Dans quelle mesure cette revue est-elle à jour ?
Les auteurs de la revue ont recherché et utilisé des études publiées jusqu’en août 2016.
*Dans ces études, la biopsie était la procédure de référence (moyen d’établir le diagnostic final).
On ne dispose pas de données suffisantes sur la valeur potentielle de l’échographie à haute fréquence dans le diagnostic du mélanome ou du carcinome basocellulaire. Compte tenu de l’hétérogénéité entre les études, de la qualité méthodologique incertaine à faible et du volume limité de données probantes, nous ne pouvons tirer aucune conclusion pour la pratique. La principale valeur des études préliminaires incluses pourrait être de fournir des recommandations sur les composantes possibles de nouvelles règles de diagnostic du mélanome ou du carcinome basocellulaire à l’aide de l’échographie à haute fréquence qui nécessiteront une évaluation future. Une évaluation prospective de l’échographie à haute fréquence en plus de l’inspection visuelle et de la dermoscopie seule dans un établissement de soins de santé standard, avec une population de participants représentative clairement définie, serait nécessaire pour une évaluation complète et appropriée de l’exactitude diagnostique.
Une détection précoce et correcte de tous les types de cancer de la peau est essentielle pour guider une prise en charge appropriée et pour améliorer la morbidité et la survie. Le mélanome et le carcinome épidermoïde sont des cancers de la peau à haut risque qui peuvent provoquer la formation de métastases et entraîner la mort, alors que le carcinome basocellulaire est généralement localisé, mais peut s’infiltrer et endommager les tissus environnants. Il faut trouver un équilibre entre la peur de ne pas identifier certains cas guérissables précocement et l’envoi inapproprié vers des spécialistes et l’excision inutile de lésions bénignes. L’échographie est une technique d’imagerie non invasive qui repose sur la mesure de la réflexion des ondes sonores par les tissus du corps. À des fréquences plus basses, les structures plus profondes du corps telles que les organes internes peuvent être visualisées, tandis que l’échographie à haute fréquence (EHF) avec des fréquences de transducteurs de 20 MHz ou plus a une profondeur de pénétration tissulaire beaucoup plus faible, mais produit une image à plus haute résolution des tissus et des structures plus proches de la surface de la peau. Utilisée conjointement avec l’examen clinique et/ou dermoscopique d’un cancer de la peau suspecté, l’échographie à haute fréquence peut offrir des informations diagnostiques supplémentaires par rapport à d’autres technologies.
Évaluer l’exactitude diagnostique de l’échographie à haute fréquence pour aider au diagnostic a) du mélanome invasif cutané et des variants mélanocytaires intraépidermiques atypiques, b) du carcinome épidermoïde cutané et c) du carcinome basocellulaire chez les adultes.
Nous avons effectué une recherche exhaustive dans les bases de données suivantes, depuis leur création jusqu’en août 2016 : le registre Cochrane des essais contrôlés, MEDLINE, Embase, CINAHL, CPCI, Zetoc, Science Citation Index, le registre des essais en cours des National Institutes of Health, NIHR Clinical Research Network Portfolio Database, et le Système d’enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l’OMS. Nous avons étudié des listes bibliographiques ainsi que des articles de revues systématiques publiés.
Des études évaluant l’échographie à haute fréquence (20 MHz ou plus) chez des adultes présentant des lésions suspectes de mélanome, de carcinome épidermoïde cutané ou de carcinome basocellulaire par rapport à une procédure de référence de confirmation histologique ou de suivi clinique.
Deux auteurs de la revue ont extrait indépendamment toutes les données à l’aide d’un formulaire normalisé d’extraction et d’évaluation de la qualité des données (basé sur QUADAS-2). En raison de la rareté des données et de la piètre qualité des études, nous n’avons pas entrepris de méta-analyse pour la présente revue. À des fins d’illustration, nous avons placé des estimations de la sensibilité et de la spécificité sur des graphiques en forêt couplés.
Nous avons inclus six études, fournissant 29 ensembles de données : 20 pour le diagnostic de mélanome (1 125 lésions et 242 mélanomes) et 9 pour le diagnostic de carcinome basocellulaire (993 lésions et 119 carcinomes basocellulaires). Nous n’avons identifié aucune donnée relative au diagnostic du carcinome épidermoïde cutané.
Les comptes-rendus des études étaient généralement incomplets, ce qui a limité l’estimation de la qualité méthodologique. La moitié des études ne visaient pas à établir l’exactitude des tests, et toutes devraient être considérées comme des évaluations préliminaires de l’utilité potentielle de l’échographie à haute fréquence. L’applicabilité des résultats était particulièrement préoccupante en raison des populations d’études sélectives et des seuils de positivité des tests guidés par les données. Des études faisant état d’évaluations qualitatives d’images d’échographie à haute fréquence excluaient jusqu’à 22 % des lésions (y compris certains mélanomes) en raison du manque de visualisation dans l’examen.
Les sensibilités dérivées pour les caractéristiques qualitatives de l’échographie à haute fréquence étaient d’au moins 83 % (IC à 95 % : 75 % à 90 %) pour la détection du mélanome ; la combinaison de trois caractéristiques (lésions paraissant hypoéchogènes, homogènes et bien définies) montrant une sensibilité de 100 % dans deux études (limites inférieures des IC à 95 % : 94 % et 82 %), les spécificités variables correspondantes étant respectivement de 33 % (IC à 95 % : 20 % à 48 %) et 73 % (IC à 95 % : 57 % à 85 %). La mesure quantitative des résultats de l’échographie à haute fréquence dans deux études a permis de fixer des seuils de décision pour atteindre une sensibilité de 100 % ; les spécificités étaient de 93 % (IC à 95 % : 77 % à 99 %) et 65 % (IC à 95 % : 51 % à 76 %). Il n’a pas été possible de faire de déclarations récapitulatives concernant la précision de l’échographie à haute fréquence pour le diagnostic du carcinome basocellulaire en raison de sensibilités et de spécificités très variables.
Post-édition effectuée par Sophie FLEURDÉPINE. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr