Contexte
L'acné vulgaire ("acné") est une maladie de la peau courante et coûteuse qui provoque l'obstruction des follicules pileux. L'acné touche jusqu'à 85% des adolescents et des jeunes adultes. Les rétinoïdes topiques (traitement dérivé de la vitamine A) et les antimicrobiens (traitement qui tue les micro-organismes tels que les bactéries) sont des traitements courants. D'autres médicaments topiques sont également utilisés, mais leur efficacité et leur sécurité suscitent des questionnements et des inquiétudes.
Problématique de la revue
Cette revue Cochrane visait à évaluer les effets de six traitements topiques (acide azélaïque, acide salicylique, nicotinamide, soufre, zinc et acide alpha-hydroxylé (acide organique présent dans les aliments, parfois appelé acide de fruits) chez les personnes souffrant d'acné, par rapport à une substance inactive (placebo), à l'absence de traitement ou à d'autres traitements topiques. Les données probantes sont à jour jusqu'en mai 2019.
Caractéristiques des études
Nous avons inclus 49 essais (3880 participants déclarés). Au moins une étude a évalué chaque traitement éligible.
La plupart des participants inclus dans l'essai étaient des femmes, âgées de 12 à 30 ans, souffrant d'une acné légère à modérée. Près de 60 % des essais ont traité les participants pendant une période supérieure à huit semaines. La durée des études variait de trois mois à trois ans.
Neuf essais ont rapporté un financement d’origine pharmaceutique. Les études ont été menées principalement en Europe, en Asie et aux États-Unis, dans des cliniques, des hôpitaux, des centres de recherche et des universités.
Principaux résultats
Les résultats suivants ont été mesurés à la fin du traitement. Celui-ci était principalement à long terme (plus de 8 semaines) pour le critère de jugement « Auto-évaluation globale de l'amélioration de l'acné par les participants » (AGP) et de durée variable, mais principalement à moyen terme (de 5 à 8 semaines) pour le critère de jugement « Nombre total de participants ayant subi au moins un effet secondaire mineur ».
L'acide azélaïque entraîne probablement une AGP plus mauvaise que le peroxyde de benzoyle, mais par rapport à la trétinoïne, il y a probablement peu ou pas de différence (données probantes de qualité modérée pour les deux comparaisons). Lorsque l'on compare l'acide azélaïque à la clindamycine, il pourrait n’y avoir que peu ou pas de différence dans l’AGP (données probantes de faible qualité), mais nous ne savons pas si l'acide azélaïque réduit le score de l’AGP par rapport à l'adapalène (données probantes de très faible qualité).
En ce qui concerne le retrait des participants (pour quelque raison que ce soit), il pourrait ne pas y avoir de différence lorsque l'acide azélaïque est comparé au peroxyde de benzoyle, à la clindamycine et à la trétinoïne (données probantes de faible qualité pour toutes ces comparaisons). Nous ne savons pas si l'acide azélaïque réduit les retraits de participants par rapport à l'adapalène (données probantes de très faible qualité).
Nous ne savons pas si l'acide azélaïque présente moins d'effets indésirables mineurs totaux que l'adapalène ou le peroxyde de benzoyle (données probantes de très faible qualité). Lorsque l'on compare l'acide azélaïque à la clindamycine, il pourrait ne pas y avoir de différence dans le nombre total d'effets indésirables (données probantes de faible qualité). Les études qui ont comparé l'acide azélaïque à la trétinoïne n'ont rapporté que d'effets secondaires individuels (par exemple la desquamation).
Nous ne savons pas s'il existe une différence entre l'acide salicylique et l'acide pyruvique sur le score AGP (données probantes de très faible qualité). Il pourrait y avoir peu ou pas de différence dans l’AGP entre l'acide salicylique et la trétinoïne (données probantes de faible qualité). Les études comparant l'acide salicylique au peroxyde de benzoyle n'ont pas mesuré l’AGP. Il pourrait ne pas y avoir de différence dans les retraits des études lorsque l'on compare l'acide salicylique et l'acide pyruvique ; il n'y a pas eu de retraits de l’étude lorsque l'acide salicylique a été comparé à la trétinoïne (données probantes de faible qualité). Nous ne savons pas s'il y a une différence dans les retraits de l’étude lorsqu’on compare l'acide salicylique et le peroxyde de benzoyle (données probantes de très faible qualité).
Nous ne savons pas si l'acide salicylique réduit le nombre total d'effets indésirables mineurs par rapport au peroxyde de benzoyle ou à la trétinoïne (données probantes de très faible qualité). Concernant l'acide salicylique par rapport à l'acide pyruvique, seules des réactions individuelles au site d'application ont été signalées (écaillage et rougeur par exemple).
Aucune des quatre études évaluant la nicotinamide (par rapport à la clindamycine ou à l'érythromycine) n'a mesuré l’AGP. Le nicotinamide pourrait ne pas induire de différence dans les retraits de l’étude par rapport à la clindamycine ou à l'érythromycine, et pourrait ne pas induire de différence dans le total des effets indésirables mineurs par rapport à la clindamycine (données probantes de faible qualité) ; cependant, les études comparant le nicotinamide à l'érythromycine n'ont pas examiné le total des effets indésirables mineurs.
Les exfoliations à l'acide glycolique ne semblent pas induire de différence dans l’AGP comparés aux peelings à l'acide salicylique-mandélique (données probantes de faible qualité). Nous sommes incertains quant à l'effet de ceux-ci sur le total des événements indésirables mineurs (données probantes de très faible qualité), et il n'y a pas eu de retraits de l’étude (données probantes de faible qualité).
Qualité des données probantes
La qualité des données probantes était mitigée pour le critère de jugement « Auto-évaluation globale de l'amélioration de l'acné par les participants » (AGP) (très faible à modérée), principalement de faible qualité pour les retraits des études, et de très faible qualité pour l'ensemble des effets secondaires mineurs. Nous avions quelques inquiétudes quant à la petite taille des études et à la manière dont elles étaient menées.
Par rapport au peroxyde de benzoyle, l'acide azélaïque entraîne probablement une réponse au traitement plus mauvaise lorsque celle-ci est mesurée à l'aide de l’« auto-évaluation globale de l'amélioration de l'acné par les participants » (AGP). Comparé à la trétinoïne, l'acide azélaïque entraîne peu ou pas de différence dans la réponse au traitement. Pour d'autres comparaisons et critères de jugement, la qualité des données probantes était faible ou très faible.
Le risque de biais et d'imprécision limite notre confiance dans les données probantes. Nous encourageons la comparaison d'essais cliniques plus solides sur le plan méthodologique avec des médicaments actifs couramment utilisés.
L'acné est un trouble inflammatoire constituant un vrai poids au quotidien. Elle est fréquente chez les adolescents et touche principalement les zones sébacées riches en glandes. Le bénéfice clinique des traitements topiques de l'acné - acide azélaïque, acide salicylique, nicotinamide, soufre, zinc et acide alpha-hydroxy - n'est pas clair.
Évaluer les effets des traitements topiques (acide azélaïque, acide salicylique, nicotinamide, zinc, acide alpha-hydroxy et soufre) de l'acné.
Nous avons effectué des recherches jusqu’en mai 2019 dans les bases de données suivantes : le registre spécialisé du groupe Cochrane sur la dermatologie, CENTRAL, MEDLINE, Embase et LILACS. Nous avons également effectué des recherches dans cinq registres d’essais cliniques.
Essais cliniques contrôlés randomisés des six traitements topiques comparés à d'autres traitements topiques, à un placebo ou à l'absence de traitement chez les personnes souffrant d'acné.
Nous avons suivi les procédures méthodologiques standard définies par Cochrane. Parmi les principaux critères de jugement, on peut citer l’« Auto-évaluation globale de l'amélioration de l'acné par les participants » (AGP), le retrait de l’étude pour quelque raison que ce soit, les événements indésirables mineurs (évalués comme le nombre total de participants ayant subi au moins un événement indésirable mineur) et la qualité de vie.
Nous avons inclus 49 essais (3880 participants déclarés) réalisés dans des cliniques, des hôpitaux, des centres de recherche et des universités en Europe, en Asie et aux États-Unis.
La grande majorité des participants avaient une acné légère à modérée, étaient âgés de 12 à 30 ans (fourchette : 10 à 45 ans), et étaient de sexe féminin. Le traitement a duré plus de huit semaines dans 59% des études. La durée des études variait de trois mois à trois ans.
Nous avons évalué 26 études comme présentant un risque élevé de biais dans au moins un domaine, mais la plupart des domaines présentaient un risque de biais faible ou peu clair.
Nous avons regroupé l'évaluation des critères de jugement en traitement à court terme (inférieur ou égal à 4 semaines), à moyen terme (de 5 à 8 semaines) et à long terme (plus de 8 semaines). Les résultats suivants ont été mesurés à la fin du traitement, qui était principalement de longue durée pour le critère de jugement « AGP » et de durée variable (principalement à moyen terme) pour les événements indésirables mineurs.
Acide azélaïque
En termes de réponse au traitement (AGP), l'acide azélaïque est probablement moins efficace que le peroxyde de benzoyle (risque relatif (RR) 0,82, intervalle de confiance (IC) à 95% de 0,72 à 0,95 ; 1 étude, 351 participants), mais il y a probablement peu ou pas de différence lorsque l'on compare l'acide azélaïque à la trétinoïne (RR 0,94, IC à 95 % de 0,78 à 1,14 ; 1 étude, 289 participants) (données probantes de qualité modérée pour les deux comparaisons). Il pourrait y avoir peu ou pas de différence dans l’AGP lorsque l'on compare l'acide azélaïque à la clindamycine (RR 1,13, IC à 95 % de 0,92 à 1,38 ; 1 étude, 229 participants ; données probantes de faible qualité), mais nous ne savons pas s'il y a une différence entre l'acide azélaïque et l'adapalène (1 étude, 55 participants ; données probantes de très faible qualité).
Des données probantes de faible qualité indiquent qu'il pourrait ne pas y avoir de différences dans les taux de retraits de l’étude pour quelque raison que ce soit lorsque l'on compare l'acide azélaïque au peroxyde de benzoyle (RR 0,88, IC à 95 % de 0,60 à 1,29 ; 1 étude, 351 participants), à la clindamycine (RR 1,30, IC à 95 % de 0,48 à 3.56 ; 2 études, 329 participants), ou la trétinoïne (RR 0,66, IC à 95 % de 0,29 à 1,47 ; 2 études, 309 participants), mais nous ne savons pas s'il existe une différence entre l'acide azélaïque et l'adapalène (1 étude, 55 participants ; données probantes de très faible qualité).
En termes d'événements indésirables mineurs totaux, nous ne savons pas s'il existe une différence entre l'acide azélaïque et l'adapalène (1 étude, 55 participants) ou le peroxyde de benzoyle (1 étude, 30 participants) (données probantes de très faible qualité pour les deux comparaisons). Il pourrait ne pas y avoir de différence lorsque l'on compare l'acide azélaïque à la clindamycine (RR 1,50, IC à 95 % de 0,67 à 3,35 ; 1 étude, 100 participants ; données probantes de faible qualité). Des événements indésirables n’ont pas été rapportés dans la comparaison entre l'acide azélaïque et la trétinoïne, mais des réactions individuelles au niveau du site d'application ont été signalées, comme l’écaillage.
Acide salicylique
Concernant l’AGP, il pourrait y avoir peu ou pas de différence entre l'acide salicylique et la trétinoïne (RR 1,00, IC à 95 % de 0,92 à 1,09 ; 1 étude, 46 participants ; données probantes de faible qualité) ; nous ne sommes pas certains qu'il y ait une différence entre l'acide salicylique et l'acide pyruvique (1 étude, 86 participants ; données probantes de très faible qualité) ; et l’AGP n'a pas été mesuré dans la comparaison entre l'acide salicylique et le peroxyde de benzoyle.
Il pourrait ne pas y avoir de entre les groupes en matière de retraits de l’étude lorsque l'on compare l'acide salicylique et l'acide pyruvique (RR 0,89, IC à 95 % de 0,53 à 1,50 ; 1 étude, 86 participants) . Lorsque l'acide salicylique a été comparé à la trétinoïne, aucun des deux groupes n'a rapporté de retraits de l’étude (données probantes de faible qualité pour les deux comparaisons (2 études, 74 participants)). Nous ne sommes pas sûrs qu'il y ait une différence dans les retraits de l’étude entre l'acide salicylique et le peroxyde de benzoyle (1 étude, 41 participants ; données probantes de très faible qualité).
Pour l'ensemble des effets indésirables mineurs, nous ne savons pas s'il existe une différence entre l'acide salicylique et le peroxyde de benzoyle (1 étude, 41 participants) ou la trétinoïne (2 études, 74 participants) (données probantes de très faible qualité pour les deux études). Ce critère de jugement n'a pas été rapporté pour l'acide salicylique par rapport à l'acide pyruvique, mais des réactions individuelles au site d'application ont été signalées, telles que l'écaillage ou une rougeur.
Nicotinamide
Quatre études ont évalué la nicotinamide par rapport à la clindamycine ou à l'érythromycine, mais elles n'ont pas mesuré l’AGP. Des données probantes de faible qualité ont montré qu'il pourrait ne pas y avoir de différence dans les retraits de l’étude entre la nicotinamide et la clindamycine (RR 1,12, IC à 95 % de 0,49 à 2,60 ; 3 études, 216 participants) ou l'érythromycine (RR 1,40, IC à 95 % de 0,46 à 4,22 ; 1 étude, 158 participants), ou de différence d’effets indésirables mineurs totaux entre la nicotinamide et la clindamycine (RR 1,20, IC à 95 % de 0,73 à 1,99 ; 3 études, 216 participants ; données probantes de faible qualité). Dans la comparaison entre la nicotinamide et l'érythromycine, le total des effets indésirables mineurs n'a pas été rapporté.
Acide alpha-hydroxylé (acide de fruit)
Il pourrait ne pas y avoir de différence d’AGP lorsque l'on compare l’exfoliation à l'acide glycolique à l’exfoliation à l'acide salicylique-mandélique (RR 1,06, IC à 95 % de 0,88 à 1,26 ; 1 étude, 40 participants ; données probantes de faible qualité), et nous ne savons pas s'il y a une différence d’événements indésirables mineurs totaux en raison de données probantes de très faible qualité (1 étude, 44 participants). Aucun des deux groupes n'a pas rapporté les retraits de l’étude (2 études, 84 participants ; données probantes de faible qualité).
Post-édition effectuée par Judith Ravetta et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr