Contexte
L'accomodation est la capacité d'adaptation de l'œil à se concentrer sur les objets éloignés et à proximité.
L'accomodation est obtenue grâce à la contraction du muscle ciliaire, ce qui entraîne une augmentation de la courbure et un devancement du cristallin naturel de l'œil. L'accomodation diminue à mesure que les personnes vieillissent en raison d'une diminution de l'élasticité du cristallin et d'une réduction de la contraction du muscle ciliaire, ce qui entraîne des difficultés à visionner de près (presbyties). Ceci est un problème pour la plupart des personnes qui ont la quarantaine ou la cinquantaine.
Pour une performance optique optimale, le cristallin doit être transparent. La cataracte est l'opacification du cristallin humain. Elle est plus fréquente à mesure que les personnes vieillissent et est une cause courante de déficience visuelle. Heureusement, la cataracte est traitable par une procédure chirurgicale dans laquelle le cristallin naturel est retiré à travers une petite incision. Une fois tout le cristallin retiré, un cristallin artificiel, appelé lentille intraoculaire (LIO), est implanté dans l'œil à la position d'origine du cristallin naturel retiré.
Toutes les fonctions du cristallin naturel sont préservées par la LIO, à l'exception de l'accomodation. Les LIO standard, connues sous le nom de LIO monofocales, permettent uniquement une concentration et une vision claire sur les objets éloignés. Les patients ont besoin de lunettes de vue lors d'une vision de près. Ce problème après la chirurgie de la cataracte reste un défi pour les ophtalmologues. Pour surmonter la perte d'accomodation après la chirurgie de la cataracte, diverses stratégies ont été essayées avec un succès mitigé.
Les LIO accommodatives ont été conçues pour restaurer l'accomodation. L'objectif de cette revue systématique est de déterminer dans quelle mesure les LIO accommodatives améliorent la vision de près en comparaison avec les LIO monofocales standard.
Les caractéristiques de l'étude
Cette revue a examiné quatre études impliquant un total de 229 personnes (256 yeux) et comparait l'utilisation des LIO accommodatives par rapport à l'utilisation des LIO monofocales dans la chirurgie de la cataracte. Nous avons recherché des preuves en octobre 2013.
Les principaux résultats
Les résultats de la revue ont montré que les participants ayant reçu des LIO accommodatives présentaient une amélioration de la vision de près à 6 mois et à 12 mois après la chirurgie par rapport à ceux ayant reçu des LIO monofocales.
Cependant, ces améliorations étaient de petite taille et s'atténuaient avec le temps. Des preuves de faible qualité montraient également que plus de 12 mois après l'intervention chirurgicale, la vision à distance était compromise pour les personnes avec des LIO accommodatives. Cela peut être lié au fait que celles ayant reçu des LIO accommodatives semblaient également avoir un taux plus élevé d'opacification capsulaire postérieure (épaississement et opacification du tissu à l'arrière des LIO). Cependant, ces résultats étaient incertains. Des recherches supplémentaires sur les LIO accommodatives sont nécessaires pour pouvoir apporter des conclusions sur leur efficacité et leur innocuité par rapport aux LIO monofocales.
Qualité des preuves
La qualité globale des preuves était faible ou très faible à l'exception des résultats sur la vision de près au bout de six mois.
Des preuves de qualité modérée indiquent que l'acuité visuelle des participants à l'étude ayant reçu des LIO accommodatives s'améliorait légèrement après six mois. Certaines preuves indiquent que l'acuité visuelle à distance avec des lentilles accommodatives peut s'aggraver après 12 mois, mais en raison des preuves de faible qualité et de l'hétérogénéité de l'effet, l'évidence est incertaine. Les personnes recevant des lentilles accommodatives avaient plus de FCP, ce qui pourrait être associé à une détérioration de la vision à distance. Cependant, l'effet des lentilles sur la FCP était incertain.
D'autres recherches sont nécessaires pour mieux comprendre la manière dont les LIO accommodatives peuvent affecter la fonction visuelle rapprochée et si elles apportent des résultats bénéfiques durables. Des essais supplémentaires avec un suivi plus long, comparant différentes LIO accommodatives, LIO multifocales et LIO monofocales, permettraient d'évaluer leur efficacité relative et les complications tardives. Des recherches supplémentaires sont nécessaires sur la maîtrise de la fibrose capsulaire post-implantation.
Les risques de biais, l'hétérogénéité des mesures de résultats et les plans d'étude utilisés, et la domination d'une conception de lentilles accommodatives dans les essais existants (HumanOptics 1 CU) signifient que ces résultats doivent être interprétés avec prudence. Ils pourraient ne pas être applicables à d'autres conceptions de LIO accommodatives.
Après une chirurgie de la cataracte et l'implantation de lentilles intraoculaires (LIO), une perte d'accomodation ou une presbytie postopératoire se produit et reste un problème. Les LIO monofocales standard corrigent seulement la vision à distance; les patients ont besoin de lunettes de vue lors de la vision de près. Les LIO accommodatives ont été conçues pour surmonter la perte d'accomodation après la chirurgie de la cataracte.
Définir (a) dans quelle mesure les LIO accommodatives améliorent la fonction visuelle rapprochée non corrigée, en comparaison avec les LIO monofocales; (b) dans quelle mesure l'acuité visuelle à distance non corrigée est-elle compromise; c) si un taux plus élevé de complications supplémentaires est associé à l'utilisation de LIO accommodatives.
Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL (qui contient le registre des essais du groupe Cochrane sur l'ophtalmologie) (La Bibliothèque Cochrane 2013, numéro 9), Ovid MEDLINE en cours et autres citations non indexées Update Citations, le quotidien Ovid MEDLINE, Ovid OLDMEDLINE (de janvier 1946 à octobre 2013), EMBASE (de janvier 1980 à octobre 2013), Latin American and Caribbean Health Sciences Literature Database (LILACS) (de janvier 1982 à octobre 2013), le registre des essais contrôlés (mECR ) (www.controlled-trials.com), ClinicalTrials.gov (www.clinicaltrial.gov) et le système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l'OMS (www.who.int/ictrp/search/en). Nous n'avons appliqué aucune restriction concernant la langue ou la date dans les recherches électroniques d'essais. Nous avons effectué les dernières recherches dans les bases de données électroniques le 10 octobre 2013.
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) qui comparaient l'implantation de LIO accommodative par rapport à l'implantation de LIO monofocales dans la chirurgie de la cataracte.
Deux auteurs ont indépendamment examiné les résultats de recherche, évalué le risque de biais et extrait les données. Tous les essais inclus ont utilisé les LIO accommodatives 1CU (HumanOptics, Erlangen, en Allemagne) pour leur groupe d'intervention. Un essai présentait un groupe avec les LIO accommodatives AT-45 de Crystalens (Eyeonics Vision). Nous avons effectué une analyse séparée comparant les LIO 1CU aux AT-45.
Nous avons inclus quatre ECR, portant sur 229 participants (256 yeux), réalisés en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni. La tranche d'âge des participants était de 21 à 87 ans. Toutes les études incluaient des personnes atteintes de cataracte bilatérale sans pathologie oculaire préexistante. Nous avons jugé que toutes les études présentaient un risque élevé de biais de performance. Nous avons classé deux études à risque élevé de biais de détection et une étude à haut risque de biais de sélection.
Les participants ayant reçu les LIO accommodatives bénéficiaient d'une meilleure correction de l'acuité visuelle à distance et rapprochée (CAVDR) à six mois (différence moyenne (DM) de -3,10 unités Jaeger; intervalle de confiance (IC) à 95 % de -3,36 à -2,83, 2 études, 106 patients, 136 yeux, preuves de qualité modérée). Une meilleure CAVDR était observée dans le groupe de LIO accommodatives de 12 à 18 mois dans les trois essais qui avaient rendu compte de ces périodes d'évaluation, mais une hétérogénéité considérable d'effet était observée, allant de 1,3 (IC à 95 % de 0,98 à 1,68; 20 patients, 40 yeux) à 6 (IC à 95 % de 4,15 à 7,85; 51 patients, 51 yeux) unités Jaeger et 0,12 (IC à 95 % de 0,05 à 0,19; 40 patients, vision binoculaire) amélioration logMAR (preuves de faible qualité). L'effet relatif de lentilles sur l'acuité visuelle corrigée à distance (AVCD) était moins certain. Au bout de six mois, il y avait une différence moyenne standardisée de -0,04 d'écart type (IC à 95 % de -0,37 à 0,30, 2 études, 106 patients, 136 yeux, preuves de faible qualité). Lors du suivi à long terme, il y avait une hétérogénéité de l'effet avec des données à 18 mois dans deux études indiquant que l'AVCD était meilleure dans le groupe de monofocale (DM de 0,12 logMAR; IC à 95 % de 0,07 à 0,16, 2 études, 70 patients, 100 yeux) et une étude rapportant des données à 12 mois trouvait des résultats similaires d'AVCD dans les deux groupes (-0,02 unités logMAR, IC à 95 % de -0,06 à 0,02, 51 personnes) (preuves de faible qualité).
L'effet relatif des lentilles sur la vitesse de lecture et l'indépendance aux lunettes de vue était incertain, la moyenne de la vitesse de lecture était de 11,6 mots par minute supérieurs dans le groupe de lentilles accommodatives mais les intervalles de confiance à 95 % des études variaient de 12,2 mots inférieurs à 35,4 mots supérieurs (1 étude, 40 participants, preuves de faible qualité). Les personnes avec des lentilles accommodatives étaient plus susceptibles de ne pas être dépendantes aux lunettes de vue mais l'estimation était très incertaine (risque relatif (RR) de 8,18; IC à 95 % 0,47 à 142,62, 1 étude, 40 participants, preuves de très faible qualité).
Plus de cas de fibrose de capsule postérieure (FCP) ont été observés en termes de lentilles accommodatives, mais l'effet des lentilles sur la FCP était incertain (rapport des cotes de Peto (RC) de 2,12; IC à 95 % de 0,45 à 10,02, 91 patients, 2 études, preuves de faible qualité). Les personnes dans le groupe de lentilles accommodatives étaient plus susceptibles de nécessiter une capsulotomie au laser (RC Peto de 7,96; IC à 95 % de 2,49 à 25,45, 2 études, 60 patients, 80 yeux, preuves de faible qualité). L'éblouissement était rapporté moins fréquemment avec des lentilles accommodatives mais l'effet relatif des lentilles sur l'éblouissement était incertain (RR de tout éblouissement de 0,78; IC à 95 % de 0,32 à 1,90, 1 étude, 40 patients et RR de l'éblouissement modéré / sévère de 0,45; IC à 95 % de 0,04 à 4,60, preuves de faible qualité).