Alimentation trophique précoce versus jeûne entéral chez les nourrissons très prématurés ou de très faible poids de naissance

Il n'exisite pas suffisamment de preuves pour déterminer si l'alimentation des nourrissons très prématurés ou de très faible poids de naissance avec de petites quantités de lait pendant la première semaine suivant la naissance (alimentation trophique précoce) comparativement au jeûne facilite le développement intestinal et améliore l'alimentation, la croissance et le développement ultérieurs. L'analyse de neuf essais ne suggère pas que cette pratique augmente le risque d'une grave maladie intestinale appelée « entérocolite nécrosante ». D'autres essais pourraient fournir davantage de preuves solides permettant d'orienter la prise en charge dans ce domaine de soins essentiel.

Conclusions des auteurs: 

Les données des essais disponibles ne fournissent aucune preuve d'effets bénéfiques ou nocifs importants de l'alimentation trophique précoce chez les nourrissons très prématurés ou de très faible poids de naissance. L'applicabilité de ces résultats aux nourrissons extrêmement prématurés, de poids de naissance extrêmement faible ou de croissance retardée est limitée. D'autres essais contrôlés randomisés seraient nécessaires pour déterminer comment l'alimentation trophique comparée au jeûne entéral affecte des critères de jugement importants dans cette population.

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Contexte: 

L'introduction d'une alimentation par voie entérale chez des nourrissons très prématurés (< 32 semaines) ou de très faible poids de naissance (< 1 500 grammes) est souvent retardée en raison des inquiétudes concernant la possibilité que l'introduction précoce ne soit pas tolérée et qu'elle augmente le risque d'entérocolite nécrosante. Cependant, le jeûne entéral prolongé peut diminuer l'adaptation fonctionnelle du tractus gastro-intestinal immature et accroître la nécessité d'une nutrition entérale avec les risques infectieux et métaboliques qui l'accompagnent. L'alimentation trophique, consistant à administrer à des nourrissons de très petites quantités de lait pour favoriser la maturation intestinale, peut renforcer la tolérance à l'alimentation et diminuer le temps nécessaire pour arriver à une alimentation complète par voie entérale indépendamment de la nutrition parentérale.

Objectifs: 

Déterminer l'effet d'une alimentation trophique précoce comparée à un jeûne entéral sur la tolérance à l'alimentation, la croissance et le développement, et l'incidence de la morbidité (notamment l'entérocolite nécrosante et l'infection invasive) et la mortalité néonatales chez les nourrissons très prématurés ou de très faible poids de naissance.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons utilisé la stratégie de recherche standard du Groupe thématique Cochrane sur la néonatologie. Celle-ci comprenait des recherches électroniques dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (The Cochrane Library, 2012, numéro 12), MEDLINE, EMBASE et CINAHL (de 1980 jusqu'en décembre 2012), des actes de conférences et des revues antérieures.

Critères de sélection: 

Les essais contrôlés randomisés ou quasi-randomisés ayant comparé les effets de l'alimentation trophique précoce (introduction de volumes de lait allant jusqu'à 24 ml/kg/jour avant l'âge postnatal de 96 heures et poursuite au moins pendant une semaine après la naissance) à une période comparable de jeûne entéral chez les nourrissons très prématurés ou de très faible poids de naissance.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons extrait les données à l'aide des méthodes standard du Groupe thématique Cochrane sur la néonatologie, avec une évaluation séparée de la qualité de l'essai et de l'extraction des données par deux auteurs, et réalisé une synthèse des données à l'aide du risque relatif, de la différence de risques et de la différence moyenne.

Résultats principaux: 

Neuf essais dans lesquels ont participé au total 754 nourrissons très prématurés ou de très faible poids de naissance étaient éligibles à l'inclusion. Peu de participants étaient des nourrissons extrêmement prématurés (< 28 semaines) ou de poids de naissance extrêmement faible (< 1 000 grammes) ou dont la croissance a été retardée. Ces essais n'ont pas fourni de preuves indiquant que l'alimentation trophique précoce affectait la tolérance à l'alimentation ou la vitesse de croissance. La méta-analyse n'a détecté aucun effet statistiquement significatif sur l'incidence de l'entérocolite nécrosante : risque relatif type 1,07 (intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,67 à 1,70) ; différence de risques 0,01 (-0.03 à 0,05).

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