Question de la revue
L'acide ursodéoxycholique permet-il d'améliorer les mesures de la fonction hépatique, de réduire les risques de développement d'une maladie hépatique chronique et d'améliorer globalement les résultats chez les personnes atteintes de la mucoviscidose ?
Contexte
Les problèmes liés à la consistance de la bile (épaisse) et au flux biliaire provoquent une maladie hépatique chez près de 20 % des jeunes atteints de mucoviscidose. Les voies biliaires peuvent être obstruées et cela peut entraîner la cirrhose dans une ou plusieurs parties du foie. L'acide ursodéoxycholique, un acide biliaire sécrété naturellement, est administré sous forme de comprimés ou de liquide pour tenter d'éviter le développement d'une maladie hépatique chez les personnes atteintes de mucoviscidose. La meilleure réponse semble être obtenue par une dose totale de 20 mg/kg/jour en deux à trois prises séparées, administrée initialement pendant plusieurs mois, et peut-être indéfiniment. Utilisé à l'origine pour traiter les calculs biliaires, l'acide ursodéoxycholique a été utilisé au cours de ces dernières années pour traiter et prévenir la progression de la maladie hépatique liée à la mucoviscidose.
Date de recherche
Nous avons effectué la dernière recherche de preuves le 29 mai 2014.
Caractéristiques des études
Nous avons recherché des essais sur l'acide ursodésoxycholique ayant duré au moins trois mois, et avons pu en inclure trois dans cette revue. Dans trois autres essais, il n'y avait pas suffisamment d'informations pour pouvoir déterminer leur pertinence. Cette revue porte sur 118 participants âgés de quatre à 32 ans. La dose de médicament administré dans les essais allait de 10 à 20 mg/kg/jour. Dans deux essais, l'acide ursodésoxycholique était comparé à des comprimés sans médicament (placebo), et dans le troisième, au traitement « habituel ». La conception complexe de deux essais signifiait que les données ne pouvaient pas être analysées pour l'ensemble des participants. Les essais ont duré jusqu'à 12 mois au plus ; un essai rapporte cependant quelques données de suivi après neuf ans.
Principaux résultats
Parmi les critères énumérés dans cette revue, seuls quelques-uns ont été évalués : la prise de poids, l'épaisseur du pli cutané et l'excrétion biliaire. Il n'y a pas eu de véritable différence entre les traitements pour aucun de ces critères d'évaluation. Les critères à long terme que nous avons estimés importants, comme le décès ou la nécessité d'une greffe du foie, n'ont été rapportés que dans le suivi d'un seul essai, et les données ne révèlent pas si les gens décédés ou ayant eu besoin d'une greffe de foie avaient reçu l'acide ursodésoxycholique ou un placebo.
Les recherches actuelles montrent que les effets secondaires de ce traitement sont rares, mais il n'y a pas suffisamment d'information sur son utilisation à long terme pour justifier son administration systématique aux personnes atteints de mucoviscidose. Étant donné qu'il n'existe aucun autre traitement préventif pour la maladie hépatique, des recherches supplémentaires sur l'acide ursodéoxycholique doivent être effectuées.
Qualité des preuves
Les essais semblaient être bien organisés et gérés, mais il n'y avait pas toujours suffisamment d'informations pour les évaluer correctement. Alors que, dans l'ensemble, nous ne pensons pas que des facteurs liés à la façon dont les essais ont été effectués auraient une grande influence sur les résultats, nous avons cependant eu quelques préoccupations à propos d'un essai dans lequel les personnes recevant l'acide ursodésoxycholique n'étaient généralement pas en aussi bonne santé au début de l'essai que le groupe prenant le placebo. En outre, dans un autre essai, certaines personnes se sont retirées et n'ont pas été incluses dans l'analyse finale, mais aucune explication n'a été fournie sur les raisons.
Il existe peu d'essais évaluant l'efficacité de l'acide ursodéoxycholique. Les preuves sont insuffisantes pour justifier son administration systématique dans la mucoviscidose.
Une sécrétion biliaire anormale conduit à l'épaississement de la bile et à la formation de bouchons dans les conduits biliaires ; l'obstruction et les anomalies du flux biliaire qui en résultent aboutissent finalement au développement d'une maladie hépatique liée à la mucoviscidose. Cette affection atteint un pic à l'adolescence, avec près de 20 % des adolescents atteints de mucoviscidose développant une maladie hépatique chronique. Des modifications précoces au niveau du foie peuvent finir par provoquer une maladie hépatique en phase terminale chez les personnes ayant besoin d'une greffe. Une option thérapeutique actuellement utilisée est l'acide ursodéoxycholique.
Analyser les preuves selon lesquelles l'acide ursodéoxycholique améliore les indices de la fonction hépatique, réduit les risques de développement d'une maladie hépatique chronique et améliore globalement les résultats concernant la mucoviscidose.
Nous avons effectué des recherches dans le registre d'essais du groupe Cochrane sur la mucoviscidose et les autres maladies génétiques qui comprend des références bibliographiques identifiées lors de recherches exhaustives dans des bases de données électroniques et des recherches manuelles dans des journaux et des résumés d'actes de conférence pertinents. Nous avons également contacté des laboratoires pharmaceutiques.
Date de la recherche la plus récente effectuée dans le registre des essais cliniques du groupe : 29 mai 2014.
Essais contrôlés randomisés comparant l'administration d'acide ursodéoxycholique pendant une durée d'au moins trois mois à un placebo ou à l'absence de traitement complémentaire chez des personnes atteintes de mucoviscidose.
Deux auteurs ont indépendamment évalué l'éligibilité et la qualité méthodologique des essais.
Dix essais ont été identifiés, dont trois totalisant 118 participants ont été inclus ; la dose d'acide ursodésoxycholique allait de 10 à 20 mg/kg/jour pendant jusqu'à 12 mois. La conception complexe utilisée dans deux essais signifiait que les données pouvaient uniquement être analysées pour des sous-ensembles de participants. Il n'y avait aucune différence significative au niveau de la variation pondérale, différence moyenne -0,90 kg (intervalle de confiance à 95 % de -1,94 à 0,14) chez 30 participants issus de deux essais. Une amélioration de l'excrétion biliaire a été signalée dans un seul essai, mais aucun changement significatif n'a été constaté après le traitement. Aucune donnée n'était disponible pour une analyse des critères de jugement à long terme, comme le besoin d'une greffe hépatique ou la mortalité.
Traduction réalisée par Cochrane France