L'utilisation de l'anticoagulant antithrombine pour réduire le risque d'hémorragie intraventriculaire (c'est-à-dire des saignements dans le cerveau) chez les nouveau-nés très prématurés

Question de la revue : L'antithrombine réduit-elle le risque d'hémorragie intraventriculaire (c'est-à-dire des saignements dans le cerveau) et la mortalité chez les nouveau-nés très prématurés ?

Contexte : L'antithrombine est un médicament qui module la coagulation du sang en association avec d'autres facteurs. Les nouveau-nés de très faible poids (c'est-à-dire les nouveau-nés d'un âge gestationnel inférieur à 32 semaines) présentent de faibles niveaux d'antithrombine dans le sang. Sur la base d'une étude observationnelle chez les nouveau-nés très prématurés, il a été suggéré que l'administration de médicaments qui préviennent la formation de caillots de sang (anticoagulants) tels que l'antithrombine pourrait réduire le risque d'hémorragie intraventriculaire et la progression de l'hémorragie intraventriculaire, une complication fréquente des nouveau-nés prématurés. Cette revue systématique synthétise les preuves disponibles sur l'efficacité de l'antithrombine dans la prévention de l'hémorragie intraventriculaire chez les nouveau-nés très prématurés.

Caractéristiques de l'étude : Nous avons inclus deux essais pour un total de 182 nouveau-nés et comparant l'antithrombine à un placebo (sucre ou solution d'albumine).

Résultats : L'utilisation de l'antithrombine ne réduit ni le risque de saignement dans le cerveau, ni la mortalité, ni d'autres critères de jugement pertinents chez les nouveau-nés très prématurés en comparaison avec un placebo. Cependant, les données recueillies sont trop limitées pour tirer des conclusions définitives sur l'utilisation de l'antithrombine dans la prévention de l'hémorragie intraventriculaire (c'est-à-dire des saignements dans le cerveau).

Conclusion : Les résultats de cette revue systématique sont cohérents que ce soit avec un bénéfice ou avec un effet délétère de l'antithrombine, et ne fournissent pas une réponse définitive à la question de la revue.

Conclusions des auteurs: 

L'administration d'antithrombine ne semble pas réduire l'incidence et la gravité de l'hémorragie intraventriculaire chez les nouveau-nés très prématurés. Peu de preuves sont disponibles sur d'autres critères de jugement cliniquement pertinents. Compte tenu de l'imprécision de l'estimation, les résultats de cette revue systématique sont cohérents avec soit un bénéfice, soit un effet délétère de l'antithrombine, et ne permettent pas de fournir une réponse définitive à la question de la revue.

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Contexte: 

L'accouchement prématuré reste le facteur de risque majeur pour le développement d'une hémorragie intraventriculaire, une blessure qui survient chez 25 % des nourrissons de très faible poids à la naissance. L'hémorragie intraventriculaire est supposée être d'origine veineuse et les thromboses intrinsèques dans la matrice germinale sont susceptibles de jouer un rôle déclencheur. L'antithrombine, une glycoprotéine synthétisée dans le foie, est le principal inhibiteur plasmatique de la thrombine et module ainsi la coagulation du sang. Les nouveau-nés de très faible poids à la naissance présentent de faibles niveaux d'antithrombine et le risque de développer une hémorragie intraventriculaire est augmenté par la présence de l'hypercoagulabilité dans les premières heures de vie. L'administration d'anticoagulants tels que l'antithrombine pourrait annuler le risque accru de développer une hémorragie intraventriculaire. Les anticoagulants pourraient également réduire le risque de développer un infarctus veineux parenchymateux, une affection connue pour compliquer l'hémorragie intraventriculaire.

Objectifs: 

Évaluer si l'administration prophylactique de l'antithrombine (commencée dans les premières 24 heures après l'accouchement) réduit l'incidence des hémorragies intraventriculaires dans la matrice germinale chez les nouveau-nés très prématurés par rapport à un placebo, à l'absence de traitement, ou à l'héparine.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (The Cochrane Library 2015), MEDLINE (de 1996 au 22 novembre 2015), EMBASE (de 1980 au 22 novembre 2015), CINAHL (de 1982 au 22 novembre 2015). Aucune restriction de langue n'a été appliquée. Nous avons également consulté les résumés des principales conférences dans le domaine (Perinatal Society of Australia and New Zealand et les Pediatric Academic Societies) de 2000 à 2015.

Critères de sélection: 

Les essais contrôlés randomisés, les essais contrôlés quasi-randomisés et les essais en cluster comparant l'administration d'antithrombine de manière précoce, c'est-à-dire dans les 24 premières heures de vie, chez les nouveau-nés très prématurés (< 32 semaines d'âge gestationnel, quelque soit le poids de naissance).

Recueil et analyse des données: 

Pour chacun des essais inclus, deux auteurs ont extrait les données indépendamment (par exemple le nombre de participants, le poids de naissance, l'âge gestationnel, la préparation de l'antithrombine [dérivée du plasma ou recombinée], le mode d'administration, la durée du traitement, etc.) et ont évalué le risque de biais (par exemple : l'adéquation de la randomisation, l'aveugle, l'exhaustivité du suivi). Les principaux critères de jugement pris en compte dans cette revue sont les hémorragies intraventriculaires et les hémorragies intraventriculaires sévères.

Résultats principaux: 

Deux essais contrôlés randomisés, pour un total de 182 nourrissons, remplissaient les critères d'inclusion de cette revue. Les deux essais ont comparé l'antithrombine avec un placebo. Nous n'avons trouvé aucune différence significative dans les taux d'hémorragie intraventriculaire (RR typique de 1,30, IC à 95 % 0,87 à 1,93 ; DR typique de 0,09, IC à 95 % de -0,05 à 0,23 ; 2 études, 175 nourrissons ; I² = 18 % pour les RR et I² = 42 % pour la DR) et les hémorragies intraventriculaires sévères (RR typique de 1,04, IC à 95 % 0,55 à 1,94 ; DR typique de 0,01, IC à 95 % de −0,11 à 0,12 ; 2 études, 175 nourrissons ; I ² = 0 % pour les RR et I ² = 0 % pour la DR). Parmi les critères de jugement secondaires, nous n'avons trouvé aucune différence significative en termes de mortalité néonatale (RR typique de 2,00, IC à 95 % 0,62 à 6,45 ; DR typique de 0,04, IC à 95 % de −0,03 à 0,12 ; 2 études, 182 nourrissons ; I ² = 46 % pour les RR et I ² = 61 % pour la DR), ni dans les autres critères de jugement, tels que la dysplasie broncho-pulmonaire. La qualité des preuves étayant ces résultats est limitée en raison de l'imprécision des estimations.

Notes de traduction: 

Post-édition : Mickaël Mergirie (M2 ILTS, Université Paris Diderot)

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.